Chapitre 11

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PDV Irniaëlle :

La journée suivante est la pire de toutes depuis je suis arrivée. Armand n'ose toujours pas m'adresser la parole depuis son regard (un peu trop) furieux d'hier et de mon côté je l'ignore tout bonnement. Valentin, de son côté, a prétexté une urgence au travail alors qu'il est en vacances et s'est échappé dans la matinée. Seule Makoto reste fidèle à elle-même, toujours aussi impassible quoique maintenant chaque fois que je passe près d'elle je la vois tressaillir légèrement. Et pour couronner le tout il s'est mit à pleuvoir des trombes d'eau dans la matinée, empêchant toute sortie. Et dire que l'été était censé être sec ici, n'est-ce pas ? Quoi qu'il en soit je me retrouve piégée au milieu de gens qui se comportent de façon très bizarre à mon égard sans pouvoir m'en éloigner un peu.

Je m'occupe tant bien que mal pendant la journée tout en priant pour que la pluie cesse dans l'après-midi. Prière inefficace puisqu'elle perdure jusque dans la soirée. Même Armand n'a pas pu sortir faire son excursion quotidienne et est resté cloîtré dans sa chambre sans donner signe de vie à part pendant les repas où il a à peine ouvert la bouche. L'heure du dîner approche à présent et Valentin n'est toujours pas rentré. Je m'approche de la cuisine et vois Makoto faire les cent pas, visiblement préoccupée. Lorsqu'elle remarque ma présence elle se fige puis vient à ma rencontre :

- Je vais devoir m'absenter un bon moment. Je ne sais pas quand Valentin sera de retour, bientôt j'espère, mais j'aimerais que tu prépares à manger durant ce temps-là, sers toi dans le frigo, fais ce qu'il te plaît. Ça ira ?

J'acquiesce lentement, elle me lance un bref sourire, attrape un imperméable dans l'entrée et s'en va en claquant la porte. Elle va sûrement voir ce Totsue. Il ne doit pas habiter bien loin puisque Valentin étant parti avec la seule voiture qu'ils possèdent Makoto est à pieds. Je me demande ce qu'elle va lui dire et la tentation de la suivre traverse un instant mon esprit. Puis je me ravise, elle m'a donné une tâche et je dois la remplir. Je commence à sortir de quoi faire des pâtes carbo. Rapide et efficace ça fera largement l'affaire.

Je commençais à faire revenir les lardons lorsque j'entends des bruits de pas se rapprocher. Enfin, la tête déconfite d'Armand apparaît dans l'encadrement de la porte. Je me tourne alors vers lui, appuyée sur un plan de travail, les bras croisés sur la poitrine. Lui s'avance timidement en passant une main sur sa nuque, ce qui a pour effet de gonfler les muscles de son bras et mon regard se pose instinctivement sur cette zone. Je sens alors le rouge me monter aux joues et me retourne aussi vite pour refaire face aux lardons qui crépitent joyeusement dans la poêle.

- Je vois que Valentin n'est toujours pas rentré, mais j'ai entendu la porte claquer. Makoto est sortie ?

Je décide de garder le silence et ne pas répondre à sa question. Je m'attends à ce qu'il reparte dans le sens inverse mais au lieu de ça il s'avance un peu et reprend la parole :

- Je peux t'aider à faire quelque chose ?

Sa voix est hésitante, je sens qu'il cherche à se racheter. Je me radoucit un peu et ose enfin planter mes yeux dans ses océans si envoûtants. Je reste à le regarder fixement sans ciller d'un air aussi dur que celui qu'il m'a adressé hier. Mais à ma grande surprise il ne détourne pas le sien, empreint d'une profonde douceur. Je finis par céder :

- Occupe toi de la sauce, la crème fraîche est encore dans le frigo.

Il me lance un sourire franc avant de lui aussi se mettre aux fourneaux. À partir de ce moment, les rancœurs sont oubliées et nous continuons à cuisiner dans la bonne humeur, discutant de tout ce qui nous passe par la tête. Une fois les préparations terminées nous dressons la table, et en attendant que les fiancés rentrent, nous laissons choir sur deux tapis face à face autour de la table. C'est lui qui rompt le silence :

Une Part d'OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant