Une Part d'Ombre

Chapitre 32

PDV Irniaëlle :

Ça y est je vole ! Je peine à y croire mais je vole ! Avec des vraies ailes et tout ! Sauf que j'ai une désagréablement impression de déjà vu. Je baisse la tête vers le sol et aperçois une petite silhouette qui me fait de grands signes. C'est pas vrai, alors tout ce qu'il s'est passé ces derniers mois n'était qu'un rêve ! Je vais descendre voir la personne qui m'appelle, ce sera sans aucun doute ma prof de français, et elle va me dire que je me suis encore endormie en cours.

Je fais donc en sorte de me rapprocher d'elle. Mais quelle est ma déception lorsque je me rends compte que c'est Yuko qui me fait de grands signes. Toute penaude, j'accède à sa demande et me réveille.

- Mmmh, grognais-je de mécontentement en lui tournant le dos.

- Ne fais pas l'insolente Irniaëlle, une grosse journée nous attend. Allez, je te veux prête dans dix minutes, comme d'habitude, fait-il en soupirant.

Déjà un mois que je suis ici. Le temps passe si vite. Cela dit, mon entraînement est très dur, ce qui fait que je suis exténuée tout les soirs, et les réveils s'en font par conséquent bien plus difficiles.

Je me redresse tout me frottant les yeux et en baillant bruyamment. Puis j'entreprends mon rituel, comme chaque matin depuis que je suis ici. Je ferme les yeux et me renferme totalement. Une fois en sécurité, je laisse mon Sakuri s'exprimer, le sens parcourir librement mon corps. Il se renforce de jours en jours, j'en ai tout à fait conscience, et c'est pour ça que je dois le canaliser pour mieux me maîtriser. Ce petit exercice me détend aussi énormément, m'apaise face à tous mes tracas permanents concernant mes proches, qui je dois le dire, me manquent terriblement.

Si la première semaine chez Yuko a été un enfer car me sentant retenue de force sans raison particulière, j'ai au fil du temps compris toute l'important de la formation que le japonais veut me faire suivre. J'y ai maintenant pris goût et tout ce qu'il a à m'apprendre m'intéresse beaucoup. Le Sakuri est si complexe et fascinant que cela me pousse encore plus à persévérer pour le maîtriser le mieux possible.

Trois coups sont toqués à la porte, me sortant brusquement de ma rêverie. Je repousse d'un mouvement sec les couvertures de mon lit, me lève et entreprends de m'habiller en quatrième vitesse.

- J'arrive j'arrive ! scandais-je à l'intention du vieil homme.

Une fois ma tenue d'élève enfilée, je me tourne vers le miroir de ma chambre et relève mes cheveux en deux chignons hauts. Une fois prête je cours jusqu'à la cuisine, où Yuko m'attendais patiemment.

- Eh bien il t'en a mis du temps ! J'ai l'impression que c'est de pire en pire chaque jour.

J'encaisse la réflexion sans broncher, veillant à gommer toute expression sur mon visage. Je choisis l'option la plus sage de ne pas répondre et attrape des fruits pour mon petit déjeuner. Je mange en silence, sans qu'aucun de nous ne parle. Puis nous sortons dans la clairière environnante. Je respire l'air frais à grandes goulées, c'est une journée radieuse. Yuko s'assoit, et je fais de même.

- J'aimerais parler d'un point en particulier avec toi avant de réellement commencer l'entraînement d'aujourd'hui, commence-t-il d'un ton grave.

Je hoche la tête, lui signifiant qu'il a toute mon attention.

- Je ne sais pas si Totsue l'avait déjà évoqué en votre présence, mais ton Sakuri et celui d'Armand sont étroitement liés, tout comme l'est votre destin. C'est une caractéristique extrêmement rare qui n'a pas été observée depuis plusieurs décennies. Elle s'avère redoutable au combat, mais vous aurez tout le loisir de vous y atteler plus tard. La chose la plus importante que tu dois savoir est que Totsue va certainement sous peu apprendre à Armand quelque chose qu'il ne se privera pas d'utiliser.