PDV Irniaëlle :
Je ne parviens résolument pas à trouver le sommeil. J'ai la désagréable impression que ma vie est sur le point d'être totalement chamboulée, que des enjeux qui me dépassent de loin vont bientôt me concerner. Je n'ai pas beaucoup discuté avec mon frère avant d'aller me coucher, je n'étais pas vraiment d'humeur à vrai dire, les événements de l'après-midi m'ayant complètement épuisée et abattue. J'ai donc naïvement cru que je sombrerais dans le sommeil aussitôt glissée sous ma couette.
Je me retourne encore une fois et fais face à la grande baie vitrée de ma chambre. La Lune désormais reine du ciel avec les étoiles pour sujets renvoie des reflets argentés sur la surface de l'étang du jardin. Je me demande si Armand dort profondément ou si comme moi il ressasse sans arrêt la journée qui vient de se dérouler sans que la fatigue ne vienne le cueillir pour lui laisser quelques heures de répit. J'agrippe maladroitement mon téléphone posé par terre et allume l'écran d'accueil : 4h57. Je le repose immédiatement et bascule sur le dos, les mains posées sur mon visage. Faites que je puisse me reposer un peu sinon je ne tiendrai pas demain et n'aurai pas les idées assez claires pour écouter calmement ce que Totsue a de si important à nous annoncer.
Si je décidais d'écouter mon esprit rationnel, celui-ci me hurlerait de m'en aller avant qu'il ne soit trop tard et que je ne puisse plus revenir en arrière. Malheureusement, comme souvent je préfère me fier à mon instinct, et à ce moment précis il me souffle de faire confiance à mon frère. Il a toujours été la pour m'épauler dans n'importe quelle situation et est le mieux à même de savoir reconnaître ce qui pourrait être dangereux pour moi. Il ne veut que mon bonheur alors je suppose qu'il approuve ce qui va m'être appris demain. Et si au contraire il n'y pouvait rien et qu'il m'envoie risquer ma sécurité contre son gré ? Encore plus étrange pourquoi est-il primordial qu'Armand ne s'en aille pas ? Je dois bien avouer que sa présence me rassure énormément mais cela n'explique pas pourquoi il serait obligé de rester. Je n'arrive pas à y voir clair dans tout ça et cela commence à me paniquer quelque peu.
Je me redresse et attrape fermement ma tête entre mes mains. Puis prise d'un subit accès de rage je m'empare de mon coussin et le jette de toutes mes forces sur le mur d'en face. Il le percute dans un bruit sourd avant de retomber mollement sur le sol. Il ne m'en faut pas plus, quelques secondes plus tard je me mets à pleurer silencieusement. Mon corps est rapidement parcouru de spasmes incontrôlés. Ce que je peux être émotive décidément. Au bout de plusieurs minutes mes yeux s'assèchent et se mettent à fixer l'oreiller à terre. Deux coups timides et discrets sont alors frappés à ma porte. J'ai dû sans le vouloir réveiller Armand dans mon instant de colère. Après un petit temps d'hésitation la tête parfaitement éveillée de ce dernier se faufile par l'ouverture qu'il a faite et me cherche. Lorsque nos regards se croisent le monde semble se figer tandis que je me perds dans ses iris si clairs. Ce simple contact visuel réussit à m'apaiser progressivement.
Au bout d'un long moment durant lequel nous ne nous sommes pas lâchés du des yeux, il fait coulisser un peu plus la porte sans un bruit de sorte à pouvoir s'appuyer sur l'encadrement et croiser les bras sur son torse musclé. Il est vêtu d'un simple short de pyjama. Afin d'éviter de me laisser déconcentrer par la vue qui s'offre à moi je détourne mon regard pour le reporter sur le jardin au-dehors.
- Tu n'arrives pas à dormir ? me chuchote-t-il.
- Je ne suis pas la seule apparemment.
Ses yeux se posent sur l'oreiller gisant aux pieds du lit.
- C'est ce malheureux que tu as jeté contre le mur ?
Je me retourne alors vers son visage qui s'illumine de tendresse. Le mien au contraire se renferme et fuis de nouveau celui d'Armand.
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Une Part d'Ombre
ParanormalIls se sont terrés dans la peur. Ils ont vécu dans le mensonge pendant plus d'un siècle. Le temps est venu de changer les choses, de changer le Sakuri...