Chapitre 31

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PDV Armand :

Nous avons ramené le corps de la mère de Totsue au sanctuaire. Une fois là bas, le jeune japonais et sa cousine se sont enfermés dans une pièce pour effectuer une sorte de rite mortuaire auquel Valentin et moi n'avons pas été convié. En attendant, nous sommes allés nous asseoir sur un banc, sous un abri dans la cour. La pluie s'est mise à tomber en début de matinée, s'accordant parfaitement à notre humeur.

Je soupire tristement tandis que Valentin s'agite à côté de moi.

- Qu'y a-t-il ? demandais-je sans pour autant tourner la tête vers lui.

- Ça m'agace de rester ici à rien faire, je m'en fais tellement pour Irniaëlle...

Je laisse échapper un autre soupir presque sans le vouloir, puis me penche en avant et me prends la tête entre les mains.

- Comment en sommes-nous arrivés là ? On se croirait dans un film d'action au script hyper angoissant, soufflais-je.

- Mais le problème, c'est que ce script change sans arrêt, et ce sans que nous puissions y faire quoi que ce soit.

J'ose poser mon regard sur lui. Son
visage est ravagé par la fatigue et la nuit blanche que nous venons de passer. Quoiqu'en y repensant je ne dois pas être en meilleur état.

- Tu sais ce que Totsue a prévu pour la suite ? osais-je timidement.

Il me lance un regard douloureux avant de me répondre.

- Je n'en sais rien, mais j'ai très peur de ce qu'il aura à nous dire, car dans tous les cas, pour notre sécurité, il faudra suivre ses directives.

Et moi qui avais réussi à chasser temporairement le stress de mon esprit il est remonté à une vitesse fulgurante. Pris d'un soudain accès de panique, je me lève et commence à faire les cent pas. Il se passe encore une heure avant que Totsue et Makoto sortent nous rejoindre. Leurs mines sont sombres, leur démarche lourde, rien de rassurant en somme. Ils vont devoir prendre de très importantes décisions avec la perte d'un proche sur les épaules.

J'en viens même à me dire que je serais à coup sûr anéanti si mes parents venaient à mourir prématurément. Il faut savoir mettre ses rancœurs de côté pour avancer, je me promet donc de reprendre contact avec eux dès que possible. Totsue se racle la gorge, ce qui me sort aussitôt de mes rêveries.

- Comment allez-vous ? demande-t-il d'une voix enrouée par l'émotion.

- Très bien je t'assure, ne t'inquiète pas pour nous, le rassuré-je.

- Bon eh bien j'ai plusieurs choses à vous dire, et elles risquent de ne pas vous plaire.

Je retiens ma respiration et lance un bref coup d'œil à Valentin qui est devenu livide. Ses yeux sont ancrés sur le japonais, attendant la sentence. Je me sens soudain très faible et me rassois pour au moins être sûr de ne pas tomber si les prochaines paroles qui seront dites me déstabilisent trop.

- Premièrement, je sais où est Irniaëlle.

Je lève un regard plein d'espoir vers lui et l'incite mentalement à poursuivre.

- Elle se trouve à une grosse centaine de kilomètres d'ici, vers Osaka, chez mon oncle Yuko.

J'allais me lever pour signifier que nous n'avons pas une seconde à perdre et nous mettre en route mais Totsue m'en dissuade d'un geste. On arrive à la partie du fameux « mais ».

- Je sais que tu meurs d'envie de la retrouver, comme nous tous, mais tu ne peux pas partir à l'aveuglette comme ça.

- Quoi mais qu'est-ce que tu dis ? T'es le meilleur là-dessus et tu voudrais me faire croire qu'on ne pourrait pas y aller si tu es avec nous ? m'échauffais-je, la colère montant petit à petit.

- Dois-je te rappeler que nous sommes actuellement 4 contre une vingtaine d'Éclaireurs sur-entraînés, dont mon père ? De plus ils ont l'avantage de la surprise. C'est pour cela qu'il nous faut prendre notre temps. Valentin et toi allez subir une formation intense au Sakuri afin de bien vous préparer et vous armer le mieux possible face à ce qui nous attend.

Qu'est-ce que c'est que ce plan foireux encore ?! Si il croit que je vais accepter ça, il se fourre le doigt dans l'œil jusqu'au coude !

- Mais en terme de temps ça nous retarde de combien ? Et si Irniaëlle se fait tuer avant ? Tu l'as pris en compte ça ?

- Calme-toi Armand, m'intime Makoto gentiment, Irniaëlle est en sécurité avec notre oncle. C'est l'un des meilleurs Éclaireurs qui soit et l'a sauvée à lui seul face à tous les autres.

Je soupire, et me prends la tête entre les mains. Un petit poids s'est enlevé suite aux paroles de Makoto, si Irniaëlle est en sécurité c'est tout ce qui importe. Mais bordel qu'est-ce qu'elle me manque... je donnerais n'importe quoi pour pouvoir enfouir ma tête dans ses longs cheveux noirs, et lui dire à quel point je l'aime. En désespoir de cause je pose la dernière question qui me tracasse.

- Et combien de temps devrons-nous attendre du coup ? Tu ne m'as pas répondu.

- Le temps qu'il faudra pour que vous soyez prêts. Et à vue de nez je dirais environ un an, conclue Totsue.

Sur ce, Valentin se lève d'un bond et part en direction de chez lui. Makoto soupire tristement avant de le suivre. Quant à moi, je peine à réaliser tout ce que je viens d'entendre implique. Mais s'il le faut pour revoir Irniaëlle, je suis prêt à tout. Je me lève à mon tour, me plante devant Totsue, dont le regard trahit une certaine appréhension sûrement due à l'attente de ma réaction.

- Tu sais que je donnerais tout pour la revoir, alors je te suivrai.

Ses yeux se mettent à briller et il hoche la tête en signe de gratitude. Un long et dur combat débute aujourd'hui, mais je suis plus que jamais déterminé à le remporter.

Une Part d'OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant