PDV Irniaëlle :
Tout se bouscule dans ma tête. Je peine à croire ce qu'Armand vient de me montrer. Et s'il avait manipulé mon cerveau, qu'en réalité il me ment et me cache la vérité ? Peut-être qu'après tout c'est lui qui a appelé Saru tout à l'heure et qu'il n'a eu d'autre choix que de livrer mon frère et Makoto.
L'absurdité de ces pensées me stoppe immédiatement dans mes conspirations. Armand n'aurait aucun intérêt à me mentir, et il avait l'air sincèrement navré par le comportement qu'a eu Valentin, qui je dois le dire, ne me surprend qu'à moitié. J'avais senti une grande rancœur en lui dès mon retour, que quelque chose lui tournait en tête sans pour autant arriver à mettre le doigt dessus.
Tout s'explique à présent, et cela me plonge dans une grande colère, du fait de mon impuissance, venant renforcer le sentiment de profond manque qui s'est installé en moi depuis hier. Les mauvaises nouvelles se succèdent, mes proches disparaissent de ma vie progressivement et je redoute de finir seule. N'y tenant plus je saute à terre avant qu'Armand ne sorte de sa cabane. J'ai besoin d'être seule un moment. Sans perdre un instant je me lance dans une course effrénée vers où mes pas veulent bien me guider. Afin de renforcer la sensation grisante de vitesse, je concentre la force de vent dans mon dos, à un tel point que mes pieds touchent à peine terre.
J'oublie tout, me concentrant uniquement sur mes sens pour éviter les éventuels obstacles à ma progression, car à la vitesse à laquelle je suis j'aurais très vite fait de me blesser sérieusement si je venais à tomber. Une idée me traverse alors l'esprit. Totsue désapprouverait à coup sûr, mais j'ai une irrépressible envie de retourner au sanctuaire, voir si Saru et ses acolytes ont terminé d'inspecter les décombres, et qui sait, apercevoir Valentin et Makoto et m'assurer qu'ils sont sains et saufs.
Je ferme mon esprit à Armand au cas où il chercherait à savoir ce que je fais et change de direction. Par chance, j'ai pu mémoriser le trajet que nous avons emprunté et je n'ai donc aucun mal à retrouver mon chemin. Poussée à fond par le vent, j'y suis en à peine une demi-heure au lieu des trois heures de cet après-midi. Alors que je suis sur le point d'atteindre ma destination, je suis prise de doutes. Qu'est-ce qui m'a pris de revenir alors que cela fait bientôt quatre heures que nous sommes partis ? Je ne me l'avoue peut-être pas mais c'est sûrement parce que j'ai envie de raisonner mon frère, ou tout simplement voir s'il est véritablement aussi fermé d'esprit que l'a suggéré Armand.
Comme je m'y attendais, les ruines sont désertes, et ce même en sollicitant le Sakuri. Ils sont déjà partis. Un soudain élan de peur me gagne. Et si Saru avait froidement assassiné les deux mariés et les avait laissé dans les décombres ? Ma respiration s'accélère sous la panique tandis que je m'élance vers les restes du bâtiments tout en veillant à me rendre invisible, au cas où. Je les arpente en cherchant désespérément sans vraiment le vouloir un quelconque corps. Je finis par me faire une raison au bout d'un bon quart d'heure, ils ne sont pas là. Cela me rassure et m'effraie à la fois. Ils sont vivant mais pour combien de temps encore ? Et qui sait ce que Saru pourrait leur faire comme atrocités ?
Je profite de passer ici pour récupérer quelques affaires qui ont subsisté à l'écroulement du bâtiment. En fouillant dans une armoire miraculeusement intacte je tombe sur une importante liasse de billets, qui doit à coup sûr représenter beaucoup d'argent. Ne cherchant pas plus d'explications, je prends le tout, m'extrais des décombres, puis récite une courte prière à la mémoire du sanctuaire avant de me mettre en route pour revenir aux cabanes. Le jour est en train de décliner, je ferais bien de ne pas m'éterniser. J'accommode ma vue a l'obscurité régnante et entame mes grandes et puissantes foulées, poussée par une force invisible. Que c'est agréable de sentir le vent fouetter sur son visage grâce à la vitesse !
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Une Part d'Ombre
FantastiqueIls se sont terrés dans la peur. Ils ont vécu dans le mensonge pendant plus d'un siècle. Le temps est venu de changer les choses, de changer le Sakuri...