[TOME 3]La Folie du Temps

Chapitre 13

Tharròs a poussé un cri, mais au lieu de foncer sur nos ennemis, il a préféré me rejoindre et s'est posé sur mon épaule.

J'ai secoué la tête, envoyant mes cheveux dans le plumage de mon Familier.

- Il n'est pas vraiment un animal de compagnie, expliquai-je. C'est un Familier, une part de moi. 

- Je sais, siffla la reine des neiges. Nous savons tout de toi. La Terre-Mère connait toutes tes erreurs et tes faiblesses.

J'ai pâli.

- Vous ne savez rien, c'est impossible. J'étais hors de portée. Les dieux ne répondaient plus.

- Évidemment que tu étais hors de portée de ces dieux de pacotille. Gaïa est une déesse primordiale, et les Titans et elle sont bien plus puissants que les Olympiens.

Héra a poussé un cri d'indignation. J'ai baissé les yeux. C'était pour ça que le tonnerre ne grondait plus quand je jurais sur le Styx, que les dieux ne répondaient plus, et c'était pour ça que Cronos réussissait à me rendre visite...

- Vous savez tout, murmurai-je en écho.

- Est-ce que c'est toi qui a tenu Encelade informé de tout ce que nous faisions ? demanda Piper. Nous avons été proie à des tempêtes de neige tout le voyage.

- Oui, je me sens si proche de vous maintenant ! a déclaré Chioné. Une fois que vous avez dépassé Omaha, j'ai décidé de demander à Lycaon de vous traquer, afin que Jason puisse mourir ici, à la Maison du Loup. (Chioné sourit.) Tu vois Jason, ton sang répandu sur ce sol sacré le souillera pendant des générations. L'autre camp sera indigné, surtout quand ils retrouveront les corps de ces deux-là de la Colonie des Sang-Mêlés. Ils vont croire que les Grecs ont conspirés avec les géants. Ce sera... délicieux.

J'avais compris l'ampleur de ce plan, et ça me donnait le vertige. L'autre camp, c'était la colonie romaine, le CampJupiter. Nous devions l'en empêcher, je ne comptais pas démarrer une sorte de Guerre de Troie avec d'autres demi-dieux.

- Tu vas monter des demi-dieux contre des demi-dieux, dit Jason en écho à mes pensées.

- C'est tellement facile ! dit Chioné. Comme je l'ai dit, je ne fais qu'avancer ce que vous feriez de toute façon.

- Mais pourquoi ? demanda Piper. Chioné, tu vas déchirer le monde. Les géants vont tout détruire. Tu ne le veux pas. Rappelle tes monstres.

La déesse a semblé hésité, et a amorcer un geste avant de se reprendre. Elle a rit.

- Tes pouvoirs persuasifs s'améliorent, jeune fille. Mais je suis une déesse. Tu ne peux pas me séduire, crois-moi. Nous sommes des divinités du vent, des créatures du chaos. Je renverserai Éole et laisserai les orages libres. Si nous détruisons le monde des mortels, tant mieux ! Ils ne m'ont jamais honoré, même les grecs . Les humains et leur discours sur le réchauffement climatique... Pah ! Je vais les refroidir assez rapidement. Quand nous reprendrons les Terres anciennes, je couvrirai l'Acropole de neige.

- La neige fond vite au soleil, déclarai-je.

- Les Terres anciennes... (Léo écarquilla les yeux.) C'est ce qu'Encelade voulait dire : détruire les racines des dieux. Il voulait dire la Grèce.

- Tu peux te joindre à moi, fils d'Héphaïstos, a déclaré Chioné. Je sais que tu me trouves belle. Ce serait suffisant pour mon plan si les autres devaient mourir. Rejette ce ridicule destin que t'ont donné les Parques. Vis, et soit mon champion à la place.

Léo a semblé abasourdi. C'était sur qu'il pouvait l'être. Il jeta un coup d'œil derrière lui, comme s'il s'attendait à ce que la reine des neiges parle à un autre fils d'Héphaïstos. L'espace d'un moment, j'ai eu peur de ce qu'il allait choisir. Puis il s'est mis à rire, si fort, qu'il en était plié. Un sourire est né sur mes lèvres. Ça valait une réponse.