Chapitre 54

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Personne n'a bougé dans la Première Cohorte. J'ai entendu des bruits de bottes. La Cinquième Cohorte marchait vers nous, le centurion Dakota en tête. La légion essayait de se former, un peu plus loin, mais ils devaient faire face à leurs alliés monstrueux plutôt remontés.

- Octave ! appela Dakota. Nous avons de nouvelles commandes.

La paupière gauche d'Octave tressaillit.

- De nouveaux ordres ? De qui ? Pas de moi !

- De Reyna, dit Dakota, assez fort pour s'assurer que tout le monde dans la Première Cohorte puisse entendre. Elle nous a ordonné de nous retirer.

- Reyna ? rit Octave. Tu veux dire cette hors-la-loi que je t'ai envoyé arrêter ? L'ex-préteure qui a conspiré pour trahir son propre peuple avec ces Graecus ? Tu prends ses ordres ?

La Cinquième Cohorte se forma derrière leur centurion, mal à l'aise face à leurs camarades de la Première.

Dakota croisa les bras avec entêtement.

- Reyna est préteure jusqu'à ce que le Sénat vote autrement.

- C'est la guerre ! cria Octave.

- Ce n'est la guerre que parce que tu l'as décidé ! criai-je par-dessus. Je n'ai pas la moindre envie de détruire Rome. Je suis moi-même un leg de Rome. Je suis plus ou moins dans le même cas que toi, Octave.

- Je vous ai mené au bord de la victoire finale, et vous, vous voulez abandonner ? Première Cohorte, arrêtez le centurion Dakota et tout ceux qui sont avec lui. Cinquième Cohorte, rappelez-vous de vos vœux envers la légion et Rome. Vous devez m'obéir.

Will secoua la tête.

- Ne fais pas ça, Octave. Ne force pas ton peuple à choisir. C'est ta dernière chance.

- Ma dernière chance ?

Octave sourit, la folie brillant dans ses yeux. Je savais la reconnaître, c'était elle-même qui brillait dans ceux de ma mère quand elle parlait de Cronos, ou dans les miens quand je me battais.

- Je vais sauver ROME ! Maintenant, Romains, suivez mes ordres ! Arrêtez Dakota. Détruisez ces Graecus. Et rechargez ces onagres !

Tout ne s'est pas passé comme je l'espérais. Clarisse a débarqué, une centaine de Grecs sur les talons. A côté, Grover menait deux fois plus de satyres et de nymphes. Tyson avançait lui aussi accompagné de six autres Cyclopes. Chiron aussi était là, et pourtant je savais qu'il n'était pas un guerrier. C'était impressionnant, mais ce n'était pas le bon moment.

Clarisse cria :

- Romains, vous avez tiré sur notre camp ! Rendez-vous ou nous vous détruirons !

Octave se retourna vers ses troupes.

- Vous voyez ? C'était un piège ! Ils nous ont divisés afin qu'ils puissent mieux lancer une attaque surprise. Légion, cuneum formate ! Chargez !

Je voulais me jeter entre entre eux, mais je savais que ça ne servirait à rien. Les deux camps voulaient le sang de l'autre. C'est Will qui nous a sauvés.

- Ne soyez pas stupide ! a-t-il hurlé. Regardez !

Je me suis retournée et ai vraiment cru que j'allais fondre en larmes de joie. J'ai décidé que c'était vraiment la plus belle chose que j'avais vu ces derniers jours. L'Athéna Parthenos étincelante au soleil levant, suspendue aux attaches de six pégases. Les aigles romains l'ont encerclée, mais n'ont pas attaqué. Certains d'entre eux ont même attrapé les câbles pour aider les pégases.

[TOME 3]La Folie du TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant