Chapitre 41

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J'ai toujours très bien réussi à distinguer rêve et réalité, mais cette fois-ci, ce fut bien plus dur. Je pouvais supposer que la moitié du rêve était inventée, et l'autre moitié se passait au moment-même où je visionnais la scène.

Dans la première partie, c'était Luke. Mon vieil amour se trouvait là, et la première chose que j'ai trouvé à dire ne fut pas des plus poétiques.

- Tu es là.

- J'ai toujours été là.

En voyant mon air dubitatif, il s'est empressé de changer sa phrase. On pouvait dire beaucoup de choses romantiques sur le couple que nous formions, mais on ne pouvait pas dire qu'il ait toujours été là.

- Je suis là, maintenant, a-t-il corrigé. Qu'est-ce qui ne va pas ?

- Pourquoi ça n'irait pas ? Nous sommes en quête pour sauver le monde, encore ! Qu'y-a-t-il de mieux ? ironisai-je. Quelle joie !

- Il y a autre chose, devina-t-il.

Ce garçon lisait en moi comme dans un livre ouvert. Ça m'avait toujours troublée quand il faisait ça. Je ne tenais plus de l'énigme pour lui, il connaissait ma solution par cœur.

- Je t'aime, lâchai-je brusquement. Il est là, mon problème. Je t'aime, et toi, toi tu es...

- Mort, termina-t-il. Mais on se retrouvera, Annabella. Et à partir de maintenant, je serai toujours là quand ça ira mal, regarde, je suis là, maintenant ! Tu peux tout me dire.

J'ai caressé son visage, c'était le premier contact physique que j'établissais dans ce rêve. La peau sous mes doigts était chaude, et hérissée d'une légère barbe. Comme s'il ne voulait plus me laisser partir à nouveau, il a attrapé ma main, diffusant ainsi sa douce chaleur dans chaque parcelle de mon corps.

J'ai frissonné, mais je n'avais pas froid. Son contact m'électrisait, et je me sentais comme au premier jour, quand nous étions encore de jeunes adolescents qui courraient à travers la colonie.

-On t'attend, déclara le blond. Je sens ton esprit être attiré ailleurs. Fais ce qui est bon. On se retrouvera.

C'est sur cette promesse qu'il a disparu, laissant derrière lui un grand vide. Toute chaleur avait disparu.

Je me suis retrouvée face à Jason et Nico. Ils ne pouvaient bien sûr pas me voir, mais le regard que le brun a promené sur les alentours est passé sur moi, et je n'ai pas pu m'empêcher de frissonner.

J'ai regardé autour de nous. C'était un port, avec une esplanade bordée par les palmiers. Sur les terrasses des cafés éparpillés discutaient de nombreux adolescents européens, poursuivant le cours de leur vie normale, ne se doutant nullement de ce qu'il se passait.

La ville me semblait être une bonne définition de choc des époques. Les tours médiévales, les murs romains et les petites maisons de pierre lui donnaient son charme.

Jason et Nico se baladaient le long de l'esplanade, et je n'ai eu d'autre choix que celui de les suivre. Nous avons alors trouvé un homme avec des ailes qui achetait une glace.

Il m'a douloureusement rappelé Achar, et donc Vaïyon, tout ce que j'avais pu perdre là-bas. J'étais à la fois heureuse de m'être débarrassée de mon poste de Suprême, bien trop lourd pour mes frêles épaules, mais l'atmosphère qui y régnait et les saveurs me manquaient, autant que ça me rappelait des souvenirs douloureux.

Jason a donné un coup de coude à Nico.

- T'as vu ça ?

- Ouais, acquiesça Nico. On devrait acheter une glace.

[TOME 3]La Folie du TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant