[TOME 3]La Folie du Temps

Chapitre 44

- Vous en comptiez pas partir sans moi ? demandai-je à nos deux acolytes en les rejoignant en courant.

- J'espérais que tu nous rejoindrais, dit Hazel. On pourrait avoir besoin de toi.

- Vous avez toujours besoin de moi, souris-je.

Derrière nous, le tunnel s'est effondré, mais je ne me suis pas inquiétée pour nos amis. Ils étaient bien plus en sécurité que nous. Mais Hazel ne réfléchissait pas comme moi. Après l'effondrement, elle a pas mal pleuré. En fait, elle avait carrément piqué une crise.

- Désolée, s'est-elle finalement excusée.

- Hé, tu sais ...(Léo haussa les épaules.) On a tous déjà attaqué des rochers dans nos mauvais jours.

- Dans ces cas-là, j'attaque mon père, fis-je remarquer. C'est pas mal aussi.

- Frank est... il est...

- Écoute, dit Léo. Frank Zhang va tout déménager. Il va probablement devenir un kangourou et faire du jujitsu marsupial sur leurs visages hideux.

- En plus, dis-je, ils auront moins de problèmes que nous. Ils ont une sortie. Nous... On est piégés. Ou en tout cas, c'est ce que je crois. Donc, on va par où ?

Un peu plus loin, le tunnel se divisait en quatre voies identiques.

- Par là, a désigné Hazel. Ça a l'air plus dangereux.

- Super ! m'exclamai-je.

- J'en ai marre, a déclaré Léo.

Nous nous sommes avancés dans le couloir et un animal qui me semblait être un putois nous a rejoint. Il s'est enroulé autour du cou d'Hazel comme une écharpe, et je me suis décalée d'un pas.

- Pas encore la belette qui pète, se plaignit Léo. Si cette chose se déchaîne comme ça, avec mon feu et tout, nous allons exploser.

Personne ne lui a répondu, et nous avons continué d'avancer.

- Tenez-vous prêts, prévint Hazel. On approche.

- On approche de quoi au juste ? demandai-je. Ce serait bien de savoir.

- De moi, fit une voix de femme.

J'ai dégainé ma faucille. La voix n'était pas celle de Gaïa, mais comme elle, elle semblait venir de partout et nul part à la fois. Peut-être était-ce juste la résonance de la caverne.

- Bienvenue, dit la voix de la femme. J'ai hâte de voir ça.

- Pas moi, déclarai-je. J'aime bien me battre, mais c'était cool quand ce n'était qu'un loisir.

Les murs autour de nous étaient faits d'obsidienne. Des scènes atroces étaient gravées sur les murs : des victimes de la peste, des champs de bataille jonchés de corps, des scènes de torture. Le toit était un grand dôme. Je ne voyais qu'une seule issue, celle qui était derrière nous. Nous devions réussir, ou mourir. Au centre du dôme, un cercle de pierre noire brillait. 

- Ouais, marmonna Léo. Ce sont des portes, d'accord.

À une cinquantaine de mètres se trouvait un ensemble de portes d'ascenseur, leurs panneaux gravés en argent et en fer. Des rangées de chaînes couraient de chaque côté, boulonnant le cadre à de gros crochets dans le sol. La zone autour des portes était jonchée de gravats noirs.

- Où es-tu ? cria Hazel.

- Tu ne nous vois pas ? nargua la voix de la femme. Je pensais qu'Hécate t'avait choisi pour tes compétences.