[TOME 3]La Folie du Temps

Chapitre 27

Je n'ai pas fait de rêves cette nuit-là, ce qui relevait du miracle. Mais je n'allais pas me plaindre, je me suis levée en pleine forme et reposée.

Léo a amarré le navire à une jetée dans le port de Charleston, juste à côté de la digue. Le long de la rive était un quartier historique avec de grandes demeures, des palmiers et des clôtures en fer forgé.

Lorsque Annabeth arriva sur le pont, Jason, Frank et Leo étaient déjà partis pour le musée. Selon Coach Hedge, ils avaient promis d'être de retour au coucher du soleil. Piper, Hazel et moi étaient prêts à partir, mais Annabeth se tourna d'abord vers Percy, qui s'appuyait sur le bastingage droit, regardant la baie.

Annabeth lui prit la main.

- Qu'est-ce que tu vas faire pendant que nous sommes partis ?

- Sautez dans le port, dit-il avec désinvolture. Je veux essayer de communiquer avec les Néréides locales. Peut-être qu'elles peuvent me donner des conseils sur la façon de libérer les prisonniers à Atlanta. D'ailleurs, je pense que la mer pourrait être bonne pour moi. Être dans cet aquarium m'a fait me sentir ... sale.

Annabeth l'a embrassé.

- Bonne chance, Cervelle d'algues. Reviens juste à moi, d'accord ?

- Toujours, promit-il. Tu fais la même chose.

Elle se tourna vers nous.

- D'accord, mesdames. Trouvons le fantôme de la batterie.

Au début, on a passé un bon moment à marcher le long de la batterie. Selon les indications, le parc balnéaire s'appelait White Point Gardens.

La brise de l'océan balayait la chaleur moite de l'après-midi d'été, et il faisait agréablement frais à l'ombre des palmiers. Le long de la route se trouvaient de vieux canons de guerre civile et des statues de bronze de figures historiques. J'ai pensé aux statues de New York pendant la guerre contre les Titans, qui avait pris vie grâce au plan vingt-trois de Dédale.

Le port de Charleston brillait au soleil. Au nord et au sud, des bandes de terre s'étendaient comme des bras enserrant la baie et, assise à l'embouchure du port, à environ un kilomètre et demi de distance, se trouvait une île avec un fort de pierre.

Après la digue, nous avons exploré les jardins. Le parc n'était pas bondé. Nous nous promenions le long de South Battery Street, qui était bordée de demeures coloniales de quatre étages. Les murs de brique étaient recouverts de lierre. Les façades avaient des colonnes blanches s'élevant comme des temples romains. Les jardins de devant regorgent de rosiers, de chèvrefeuille et de bougainvilliers en fleurs. J'ai respiré le parfum des fleurs, me croyant presque de retour sur Vaïyon.

- Ça me rappelle la Nouvelle Rome, a déclaré Hazel. Toutes les grandes demeures et les jardins. Les colonnes et arches.

Annabeth hocha la tête.

- C'est vrai que c'est un bel endroit, et la Nouvelle Rome aussi est magnifique.

Piper regardait autour d'elle comme si elle s'attendait à une embuscade. Elle avait dit qu'elle avait vu ce parc dans la lame de son couteau, mais elle n'en parlait plus.

Hazel semblait aussi préoccupée. Peut-être qu'elle s'inquiétait de son frère. En moins de quatre jours, à moins qu'on ne l'ait trouvé et libéré, Nico serait mort.

- Là.

Piper désigna le port. A une centaine de mètres, une silhouette blanche chatoyante flottait sur l'eau. C'était une femme.

- Le fantôme, dit Annabeth.

- Ce n'est pas un fantôme, a déclaré Hazel. Aucune sorte d'esprit ne brille si fort.