Après notre combat contre les pirates, nous avons décidé de poursuivre notre route jusqu'à jusqu'à Rome. Jason a assuré qu'il allait assez bien pour prendre le premier tour de garde, avec Coach Hedge, qui était toujours tellement chargé d'adrénaline que chaque fois que le navire tanguait, il agitait sa batte en criant.
Je suis allée me coucher, j'avais le dernier tour. Je n'ai réussi à m'endormir tout de suite, alors j'ai laissé mon esprit divaguer. Il est passé dans chaque chambre, traversant les esprits, ressentant les mêmes sentiments qu'eux...
J'étais dans un de ces moments où je me sentais vide, où j'avais l'impression de ne plus rien ressentir, de n'être qu'une enveloppe vide. J'avais besoin de ressentir les sentiments des autres pour me sentir à nouveau humaine.
Je n'ai plus dormi. Je suis restée éveillée toute la nuit, je réfléchissais. J'étais devenue un monstre. J'avais été programmée pour en devenir un. Calculatrice, manipulatrice même. Je ne ressentais plus autant de sentiments qu'autrefois. Où était mon âme, quand j'avais planté une lame dans la poitrine de celui qui devait devenir mon mari ? Où était-elle quand j'ai tué de sang-froid ma propre mère, seize ans auparavant ? Où était-elle pendant la guerre, quand je tuais des démons sans aucun état d'âme ?
J'essayais aussi de me rassurer. Les monstres n'étaient pas tous mauvais. Il n'y avait qu'à voir Tyson, Ella, ou même les satyres et les centaures ! J'avais des points communs avec eux. Mais les voix erraient dans ma tête, ma rappelant tout ce que j'avais pu faire. Je me demandais comment je faisais pour survivre avec le poids de ma culpabilité. Je me demandais comment je faisais pour regarder les gens dans les yeux après tous mes mensonges, et toutes mes erreurs.
Je me suis levée dès que le jour a commencé à envahir ma cabine. Devant le miroir, j'ai masqué mes cernes, et essayé de sourire d'une manière convaincante. J'avais l'impression de retrouver Annabella Davis, 15 ans, orpheline. Celle d'avant Luke, et avant la colonie.
Je suis sortie d'un pas inquisiteur, comme si j'étais encore Suprême, comme si je n'étais pas une imposture. Nous volions au-dessus de Rome, ce qui m'a fait sourire. Personne ne nous voyait, alors que nous étions au-dessus de la capitale italienne, une ville sans doute remplie de touristes, et nous étions à bord d'une trirème grecque. Pas le genre de choses qui devrait passer inaperçu.
Le ciel était d'un bleu éclatant, comme si le temps orageux n'était jamais arrivé jusque là. Le soleil se levait sur les collines lointaines, alors tout ce qui était en dessous de nous brillait et étincelait comme si toute la ville de Rome venait d'être lavée.
J'en avais parcouru, des grandes villes. Mais Rome boxait dans une autre catégorie. Sa beauté m'a prise à la gorge. Il régnait une sorte de mélange entre l'ancien et le moderne, et c'était tout ce qui faisait le charme de la ville.
- Nous nous installons dans ce parc, annonça Léo en montrant un large espace vert parsemé de palmiers. Espérons que la brume nous fasse ressembler à un gros pigeon ou quelque chose comme ça.
J'aurais voulu que quelqu'un à bord sache manipuler la Brume. Je n'avais jamais pris la peine d'apprendre, qui aurait cru que j'allais me poser en plein milieu de Rome avec une trirème grecque ? Heureusement, personne n'a semblé remarquer que nous étions là.
Le bruit de la circulation était tout autour de nous, mais le parc en lui-même était paisible et apaisant. À gauche, une pelouse verte en pente vers une rangée de bois.
À leur droite, serpentant au sommet d'une colline, se trouvait un long mur de brique avec des encoches en haut pour les archers, peut-être une ligne défensive médiévale, peut-être romaine.
Au nord, à environ un kilomètre et demi dans les plis de la ville, le sommet du Colisée s'élevait au-dessus des toits, comme dans les photos de voyage.
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[TOME 3]La Folie du Temps
Fanfic"J'ai fui, encore. Et pour une fois, c'était volontaire." Je suis partie de Vaïyon, et suis revenue sur Terre. Je pense que je porte la poisse. A chaque fois que je vais quelque part, il y a toujours quelqu'un pour déclencher une guerre. Cette foi...