[TOME 3]La Folie du Temps

Chapitre 48

- Ils sont tous les deux sains et saufs, alors ? demanda une énième fois le directeur des activités.

- Oui, assurai-je. Percy est pas loin, tu veux que j'aille le chercher ?

- Non, ça ira. Mais tu as mis du temps à nous prévenir, me reprocha-t-il.

- Chiron, soupirai-je. On a eu du boulot par ici. On est en escale à Ithaque, Jason, Piper et Annabeth sont en mission. Il y a un groupe d'esprits échappés des Portes, je sais plus ce qu'ils vont essayer de faire, ajoutai-je avec une grimace.

- Ça ne va pas fort, a-t-il remarqué. Tu tiens le coup ?

- Ce n'est pas ma première guerre. Je suis résistante. Mais c'est vrai que je ne suis pas au meilleur de ma forme.

- Le moral ? devina-t-il.

- Tout juste. J'aime pas les guerres.

- Qui aime les guerres ?

- Octave, énumérai-je. Gaïa, Cronos. Arès. Les enfants d'Arès.

Il a ri.

- Bien sûr, il y a eux. Enfin, comme tu l'as dit, tu as connu d'autres guerres, alors, qu'est-ce qu'il y a d'autre encore ?

- Je pense que tu le sais, dis-je en me laissant tomber sur le lit.

- Effectivement, je le pense. Relève-toi, je ne te vois pas d'ici.

Je me suis redressée et ai fait face au message-Iris.

- C'est Luke ? a-t-il demandé. 

- Qui d'autre ? souris-je tristement.

- On ne peut pas le ramener, tu le sais ? s'inquiéta-t-il.

- En fait, hésitai-je, on le peut. Si j'arrivais à convaincre Hadès de le rendre... Comme Orphée, tu sais ? Je ne ferai pas la même erreur. Je... J'ai un plan, Chiron.

- C'est trop dangereux, a-t-il déclaré.

- Chiron, arrête. Tu t'es toujours efforcé de me protéger, et je t'en suis reconnaissante. Mais pour une fois, laisse-moi faire. Je sais à quel point c'est risqué, mais... De toute façon, tout ce monde déraille.

J'ai passé les mains sur mon visage pour chasser mes larmes. Je n'ai pas réussi.

- Chiron, repris-je. Tu es comme un père pour moi, et tu sais qu'un père, je n'en avais jamais eu un. Tu es une des personnes en qui j'ai le plus confiance, et la seule à qui j'ai confié ce projet. Mais n'essaie pas de m'arrêter, je t'en supplie. Je... Ça a de l'importance pour moi. Je ne te demande pas de m'aider. Juste de ne pas m'en empêcher.

J'ai regardé mes mains qui tremblaient. Mon front était moite et je sentais la sueur couler dans mon dos. Les autres pensaient que j'avais du mal à supporter la chaleur, mais rares étaient ceux qui savaient la vérité sur mon état.

- Pas d'évolution de ce côté ? s'inquiéta le centaure.

- Je n'en sais rien. Je me rends juste compte que c'est de plus en plus insupportable. Le seul moyen de l'oublier, c'est de rester active. J'évite de trembler. Et tant que je tiens debout et que je me bats mieux qu'eux, ils ne se rendent compte de rien. Je vais bien.

- Ça ira mieux quand ce sera fini, promit Chiron. Tu vas rentrer à la colonie, et on va trouver une solution.

- J'ai ma solution. Je continue comme ça. Il n'y a rien d'autre qui puisse fonctionner. (J'ai lancé une drachme dans le nuage de brume, ce qui nous a permis de continuer notre conversation. ) Et je ne resterai pas longtemps à la colonie. Tu sais très bien ce que je vais faire. Je te l'ai déjà expliqué.