Chap 15 (Part 1)

295 17 1
                                    

Personne ne pipait mot. Seul le bruit de nos pas sur les pavés brisait le silence qui s'était installé entre nous, ainsi que les horribles bruits de ferrailles que faisait le sac de Clint.
Le pauvre garçon, qui a eu la bonne idée de bourrer son bagage d'ustensiles de cuisine et de pharmacie, au cas où on aurait envie de se faire un barbecue géant ou une opération à cœur ouvert, fermait la marche de notre petit groupe. Devant lui, Gally observait les parois du labyrinthe avec appréhension, il avait finalement décidé de venir avec nous et sa présence ne me dérangeait pas du tout, contrairement à celle de Winston. Ce dernier ne s'était pas porté volontaire par solidarité, sa méfiance envers les blocardes ne m'était pas inconnue, il me surveillait et son regard sur moi était lourd de doutes. Il voulait connaître la vérité.
Je n'avais pas adresser un mot à Newt, lui non plus d'ailleurs, son regard triomphant en me voyant accepter sa présence témoignait de sa joie, joie qui disparut dès que nous passâmes entre les murs gris, son visage ayant pris une teinte sombre et inquiète qui me serra le coeur.
Thomas n'était pas dans cette tristesse là, sa curiosité lui donnait la bougeotte, il n'arrêtait pas de bouger la tête dans tous les sens pour analyser le labyrinthe, on aurait dit un pigeon.
Le maton des coureurs, quand à lui, me suivait à la trace, les sourcils froncés, il sortait de temps à autre un calepin de son sac afin d'y gribouiller quelques notes.

"Pour retrouver notre chemin ! Au cas où tu mourrais sur la route." M'avait-il dit juste avant de partir, pour me rassurer sans doutes.

Je guidais la marche. Le souvenir du chemin du retour me revint instantanément en mémoire, ainsi que tous les souvenirs de mon dernier voyage dans le labyrinthe. Chaque éclat de souvenir m'empoignait la gorge et m'étranglait au fur et à mesure de notre avancée. Chaque pas était une nouvelle vague d'images. Chaque pas devenait une torture pour moi.

En moitié de journée, les blocards et moi arrivâmes au bout de la section 5. Je sentis l'appréhension de certains de mes amis. Newt demanda, pas très rassuré :

"Et maintenant ?
-Faites comme moi."

Sous les six regard curieux, je me dirigea spontanément vers un tas de lierre abandonné dans un coin de la section. Je me mis à quatre pattes et m'enfonça entre les feuilles. D'abord, je ne voyais rien, je sentais juste le lierre me fouetter le visage au fur et à mesure que j'avançais. Puis enfin, je vis au loin un filet de lumière entre quelques tiges et je m'approcha. Mon coeur se mit à battre la chamade. Je me précipita. Arrivée au bord du tunnel, je me laissa tomber en dehors du lierre et atterrit un mètre plus bas sur les dalles grises et froides de mon labyrinthe.
Je me releva en tremblant et observa autour de moi. Rien n'avait changé depuis que nous étions parties. Les mêmes murs, les mêmes dalles, les mêmes lierres. C'était comme ci je rentrait à la maison après une journée habituelle de balade en dehors de mon bloc.
Seuls divers objets éparpillés sur le sol témoignaient de notre fuite précipitée.
Je ramassa une pince en coquillage confectionnée par une des blocardes. Je serra l'objet contre moi et ravala mes larmes. Un bruit sourd suivi d'un cri me sortit de mes pensées.

"Aie !"

Je me retourna. Gally venait de faire un atterrissage mouvementé sur le sol de mon labyrinthe.

"T'aurais pu nous dire qu'il y avait une marche d'un mètre, maugréa-t'il en se relevant."

La tête de Thomas ne tarda pas à émergée du tas de lierre. Puis, blocard par blocard, chacun finit par mettre un pied dans le nouvel endroit qu'ils découvraient.
Minho se passa les mains dans les cheveux.

"Incroyable...murmura-t'il.
-Qui aurait su qu'il y avait un passage dans le labyrinthe ?"demanda Newt comme pour lui même en effleurant les murs des doigts.

Je pressa le pas, il fallait arriver avant que le soleil ne se couche.
Chaque virage devenait une attraction pour les garçons, ils s'émerveillaient, observaient intrigués, s'étonnaient de la ressemblance avec leur labyrinthe à eux.
J'avais les jambes qui flageolaient.
Chaque tournant nous rapprochait de mon bloc, de l'horreur que j'avais quitté. J'appréhendais tout ce que je pourrais y trouver, nos construction détruites mais aussi les corps de nos amies disparues.

Le soleil commençait à se coucher, Clint se plaignait de la marche, Gally commençait à avoir faim, Winston avait un point de côté, je continuais ma route sans m'arrêter.

Plus on approchait plus mes pas s'accéléraient. Plus la distance diminuait plus mon coeur menaçait d'exploser. Ma marche devint une course. Je me mis à courir, à sprinter sans m'arrêter, sans prêter attention aux exclamations des garçons derrière. Mon chez moi, ma maison. Je courrais encore. Mon coeur s'envola. Je me stoppa net. Mon coeur explosa. Des larmes dévalèrent mes joues comme une cascade. Je pleurais. Je tombais. Mes genoux cognèrent violemment contre le sol. Je frappa du poing sur les dalles. Je criais. Je hurlais. Je n'arrivais plus à respirer. Mon coeur se détruit. Je voulais mourir.
Devant moi s'étendait un paysage de mort. Un paysage gris, sans vie. Un paysage désert. Même le ciel semblait couvert d'une pellicule de cendre. Un paysage qui me détruisit de l'intérieur. Un paysage carbonisé par les flammes.
Mon bloc.

Blocarde (Non abouti) [The maze runner]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant