Savoir aimer...

Chapitre 1

Je suis allongée sur mon lit, fatiguée de pleurer, la douleur se tait lentement, bientôt, je pourrais me lever... Pas encore. Bientôt. Là, je pense, réfléchis, me remémore ces dernières années. Comme j'étais heureuse avant qu'il n'entre dans ma vie, dans ma famille, dans ma maison...Ça fait deux ans que ça dure, je ne pense pas tenir encore longtemps... Je suis épuisée.

Je me redresse avec peine, le souffle court, mes jambes me font mal, mon dos aussi, mais je ne peux pas rester ici éternellement.... Je me contemple sur le miroir, reniflant de dégout, il n'a pas touché au visage, il ne le fait jamais, ça éveillerait les soupçons. Je déboutonne ma chemise, horrifiée par le spectacle, des bleus sur mes côtes, me retournant, j'en aperçois sur mon dos aussi.

Et je suis en colère... Une triste colère due à l'impuissance. Et comme à chaque fois, je ne peux que pleurer, le maudissant, me maudissant également. Je me dirige vers la salle de bains pour me rafraîchir. J'irais ensuite dormir, j'essayerais, et demain... demain, il recommencera certainement.

Je tente de réfléchir, me pose des questions sur l'erreur que j'ai pu commettre. Alexandre est juste entré dans ma chambre et m'a saisi par les cheveux pour me jeter à terre... Je n'en peux plus, je refuse de vivre comme ça, je ne lui ai rien fais... Je ne sais pas pourquoi il me torture de la sorte.

Je m'attache les cheveux dans un chignon bâclé, me rhabille et retourne dans ma chambre. A peine ai-je mis un mis un pied dans la pièce que mon sang se glace, je me fige sur place. Il est là, il me regarde sans rien dire. J'ai envie de retourner dans la salle de bains et m'enfermer, mais c'est une mauvaise idée. Il sera encore plus en colère... C'est du vécu.

- Couche-toi sur le lit. M'ordonne-t-il et je sursaute malgré moi.

Baissant la tête, j'obéis sans poser de question, je me couche avec difficulté sous son regard de glace. Ma respiration s'accélère, mes muscles se contractent douloureusement lorsque je le vois approcher et s'asseoir, la douleur s'éveille. Alexandre tient quelque chose en main, mais je n'ose pas le regarder, je fixe un point invisible sur le plafond, surveillant tout de même du coin de l'œil ce qu'il prévoit.

Alexandre me dévisage une seconde, puis s'approche silencieusement pour monter sur le lit et se mettre sur moi, Alex me chevauche sans rien dire, vaillant tout de même à ne pas m'écraser de son poids. Je sens la brûlure si connue dans ma gorge, ma vue se brouille je vais recommencer à pleurer, mais n'ose pas le faire, alors je ravale ma salive et contrôle pitoyablement ma respiration. S'il voit une larme, il va s'énerver et me faire encore du mal.

Alex déboutonne ma chemise et je sursaute de nouveau, tétanisée, que fait-il ? J'ose détourner le regard du plafond, juste une seconde, et ce que je vois me glace le sang. Alexandre fixe ma poitrine sans ciller, il semble ailleurs, il semble... Désireux. Dois-je céder à la panique ? Je n'ai jamais eu droit à ce genre de chose de sa part.

Quand Alex sent mon regard sur lui, et qu'il se rend compte que ma respiration s'est accélérée, il se ressaisit, fronce les sourcils et prend une crème qu'il déverse sur sa main. Alexandre se frotte les paumes avec la crème pour la réchauffer, c'est étrangement gentil de sa part, mais je ne dis rien. Je ne dois pas le contrarier.

En sentant ses paumes sur mes côtes, je tressaille et geins avec retenue. Je n'ai pas mal, au contraire, malheureusement, n'importe quel geste de sa part me crée une douleur imaginaire au creux du ventre. Il semble s'en apercevoir, car il claque de la langue sans enlever ses mains mon ventre. Je l'énerve, je le sais, cependant c'est lui qui m'a fait tous ces bleus... il n'a pas le droit de me reprocher mes craintes.