Chapitre 19

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Une porte claqua. Je refermai précipitamment le dossier et sortis de la chambre après avoir jeté un coup d'œil dans le couloir. Je redescendis les escaliers, passai par la fenêtre du petit salon, et rentrai dans la salle du piano. Je ressortis ensuite par la porte, et dis aux gardes :

— Excusez-moi, je me suis endormie. Il vaut mieux que l'on remonte.

Ils acquiescèrent et me suivirent. Il me restait encore un problème. Il fallait que je trouve au plus vite comment supprimer des caméras les moments où l'on me voyait rentrer par la fenêtre du petit salon, courir dans les escaliers, et entrer dans la chambre du gouverneur.

Quand quelque chose d'anormal apparaissait sur les caméras, celui qui les regardait devait faire un compte-rendu au plus vite auprès du gouverneur. Mais celui-ci refusait qu'un domestique s'adresse à lui quand il était en public. Il n'en serait donc informé qu'au moment où il se coucherait. J'avais donc à peu près une heure pour tout effacer. Sans preuve, il ne pourrait pas m'accuser. J'avais pris soin de cacher mon visage aux caméras, ça aurait donc pu être n'importe quelle invitée.

Mais il fallait encore que je trouve la salle de surveillance, et comment supprimer les vidéos.

Je savais que la relève des gardes passait dans 30 minutes, quand tout le monde serait remonté dans sa chambre après le dîner. Pendant deux minutes, il n'y avait personne dans le couloir. Les autres gardes étaient à l'extérieur du Palais, ou faisaient des rondes dans les couloirs.

À 20h30, j'entendis Adam et Tiana remonter, puis Henri, le gouverneur et sa femme. 5 minutes plus tard, les gardes quittèrent le couloir. J'ouvris la porte, et me précipitai dans les escaliers. Au rez-de-chaussée, j'entendis les deux autres gardes les monter. Je m'arrêtai à l'étage des invités, et me cachai dans la salle où se trouvait la bibliothèque. Une fois qu'ils furent passés, je repris ma descente des escaliers.

Il me restait 20 minutes pour trouver la salle et supprimer les caméras.

Je descendis au sous-sol, où se trouvaient la cuisine, et les salles des domestiques. À part la cuisine, l'endroit était vide.

Je savais qu'ils étaient tous en train de s'occuper des invités et de la famille du gouverneur, ou de ranger la table de la salle à manger et la cuisine.

Je passai en courant devant la porte grande ouverte où s'échappaient des bruits de conversations. J'attendis quelques instants, mais personne ne vint. Je continuai à avancer, et ouvrai doucement les portes les unes après les autres. La plupart étaient des entrepôts, des chambres ou des vestiaires. Une porte s'ouvrit au fond du couloir, et j'entrai précipitamment dans une petite pièce dans laquelle étaient entassés des balais et des caisses remplis de produits nettoyants. Je laissai la porte entrouverte. J'aperçus un homme sortir d'une salle au fond du couloir, et passer devant moi à la hâte. Il paraissait pressé.

Et si... ? Quand le bruit de ses pas s'éteignit, je sortis de ma cachette et me précipitai vers la pièce d'où il venait de sortir. J'entrai après avoir vérifié que personne n'y était. Bingo. C'était la salle des caméras. L'homme était donc allé prévenir le gouverneur. Je me précipitai vers les nombreux écrans, et observai les boutons. J'avais 10 minutes, peut-être même 5, pour tout effacer. Je paniquai. Il y avait tellement de boutons. J'appuyai sur un au hasard, et un écran zooma sur l'un des écrans. J'enfonçai un gros bouton rouge, et tous les écrans s'éteignirent. Mais ça ne voulait pas dire que les vidéos avaient été effacées. J'appuyai à nouveau sur le bouton et les écrans se rallumèrent. Allez, concentre-toi, Sky.

J'allais appuyer sur troisième, quand la porte s'ouvrit. Affolée, je cherchai une cachette, mais à part les écrans, la pièce était vide. Je me tournai vers la porte, cherchant un alibi dans ma tête, mais ce ne fut pas le gouverneur qui entra. C'était Den.

Il parut aussi surpris que moi en me voyant.

— Que faites-vous là ? chuchota-t-il.

— Je... Et vous ? Répondis-je en essayant de le déstabiliser.

Il fronça les sourcils.

— Vous devriez sortir au plus vite, reprit-il.

— Pas avant que vous m'ayez expliqué ce que vous faites là.

Il soupira.

— Eh bien. Je suppose que nous sommes là pour la même raison, de toute façon.

Il se dirigea vers les écrans et le clavier où étaient tous les boutons, et appuya sur l'un d'eux.

Un message s'afficha sur tous les écrans.

"VOS DONNÉES VONT DISPARAITRE DANS 3 SECONDES."

Au bout de trois secondes, tous les écrans devinrent noirs, puis ils se rallumèrent, et reprirent leur activité.

— Vous avez tout effacé ? balbutiai-je.

— Seulement les 24 dernières heures.

— Comment pouvez-vous être sûr que j'étais venu faire ça ? Je pourrais vous dénoncer.

— Nous n'avons pas le temps pour ça, murmura-t-il, je ne vous poserai aucune question si vous faites de même. Venez, il faut qu'on sorte d'ici au plus vite.

Nous sortîmes de la pièce, mais des voix retentirent dans le couloir. Je fis signe à Den de me suivre, et nous nous cachâmes dans la pièce à balais. Le gouverneur et l'homme que j'avais aperçus tout à l'heure passèrent devant nous, et une porte claqua.

— Quand ils vont voir que tout a été effacé, ils vont fouiller toutes les pièces, murmura Den. Il faut qu'on remonte dans nos chambres au plus vite.

J'acquiesçai. Nous sortîmes de la pièce, et remontâmes à la hâte au rez-de-chaussée, nous cachant des gardes qui faisaient leur ronde. Nous montâmes ensuite l'escalier, et je laissai Den à l'étage des invités. Il fallait encore que j'explique aux gardes pourquoi je n'étais pas dans ma chambre.

Quand j'arrivai dans le couloir, ils faisaient leur ronde, dos à moi. Ils arrivèrent au niveau de ma chambre. Une idée me vint à l'esprit. Je me plaçai devant la chambre d'Adam, et fis mine d'en sortir tout juste, la main sur la poignée. Au même moment, les gardes se retournèrent et me regardèrent, étonnés.

— Princesse ? Comment êtes-vous sortie ?

— J'étais allée discuter avec le Prince Adam, répondis-je. Je suis sortie quand la relève est passée, ce qui explique que vous ne m'ayez pas vue.

Ils se regardèrent en fronçant les sourcils mais ne dirent rien. Je passai devant eux, priant pour qu'ils n'aient pas l'idée d'aller demander confirmation à Adam. Mais ils n'en firent rien.

Je rentrai dans ma chambre, et m'assis sur le balcon, contemplant le ciel jaune au-dessus de ma tête. Je savais maintenant que le gouvernement nous mentait. Mais pourquoi ? Où pouvait-on trouver un ciel tel que je l'avais vu sur les photos ? Comment faisait-il pour nous donner l'illusion que le nôtre était jaune ? Toutes ces questions restaient encore en suspens.

Le Ciel dans tes BrasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant