Chapitre 23

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Je descendis tôt le matin suivant à la roseraie. Je m'assis sur le banc et observai le ciel. L'envie de le voir tel qu'il était avant était de plus en plus forte depuis que j'avais appris qu'il existait encore. Je frôlai mon bracelet du bout des doigts, et pensai à mon père. Où était-il ? Se contentait-il de se cacher, ou était-il en train de monter une armée pour détrôner le gouverneur ? Avait-il entendu mon discours ? Était-il fier de moi ? J'aurai aimé qu'il soit avec moi. Qu'il me rassure, m'encourage.

Après le baiser, je n'avais revu ni Adam, ni Henri. Tiana s'était précipitée dans ma chambre, surexcitée, et m'avait décrit la scène de son point de vue.

— Oh là là, une vraie scène de film ! Tu embrasses Adam, et puis il t'embrasse en retour, et au moment où vous êtes comme sur un petit nuage, Henri qui vous sépare. C'est celle qui l'embrassait qui vous a vus. Elle a poussé un « oh », choqué, et s'est empressée d'aller chercher un journaliste. Henri était rouge de honte et de colère. Quand tu es partie, il a demandé des explications à Adam. Évidemment, pour protéger votre idylle secrète, il a dit qu'il ne savait pas ce qu'il t'avait pris, qu'avant de t'embrasser tu lui avais dit de ne pas se faire d'idées, que c'était juste pour se venger d'Henri et qu'il était simplement un ami. Henri est parti furieux en jurant.

— Et Adam ?

— Quoi, Adam ?

— Qu'est-ce qu'il a dit ?

— À propos de quoi ?

Elle avait souri malicieusement, et je lui avais fait les gros yeux.

— Il m'a dit qu'il avait envie de recommencer, avait-elle reprit. Et il est parti.

— Recommencer quoi ?

Cette fois, c'est elle qui m'avait fait les gros yeux.

— De t'embrasser, enfin !

J'avais ri avec elle. Un sentiment d'euphorie m'avait pris soudain.

Des bruits de pas m'arrachèrent à mes pensées. Je pensais voir Tiana, mais c'est Den qui arriva.

— Bonjour, princesse, dit-il d'un air surpris. Que faites-vous dehors de si bon matin ?

— Je me promenai, répondis-je en souriant. Je n'arrive pas à me rendormir.

Il hocha la tête.

— Vous en faites du bruit, dites-moi, dit-il en sortant un journal. Vous enchaînez les unes du journal officiel.

— Je pensais qu'il était contrôlé par le gouvernement.

— Pas depuis plusieurs années. Sans doute ont-ils autorisé le peuple à en prendre le contrôle pour qu'ils ne se sentent pas manipulés. Mais je suis tout de même étonné. Je pensais qu'ils vérifiaient ce qui était publié. Remarquez, ce n'est peut-être pas si grave, les gens commencent à beaucoup vous aimer, alors ils utilisent peut-être aussi votre notoriété pour améliorer leur image. Je vous laisse vous faire votre idée. Regardez.

Il me tendit deux journaux. Sur l'un, on me voyait debout sur l'estrade, dans ma petite robe blanche, le visage concentré et les yeux brillants. En gros titre était écrit : Un combat mené par une reine. La deuxième couverture affichait Le Prince Henri, cocu ? sur une photo de moi en train d'embrasser Adam.

Évidemment, je l'avais embrassé dans un couloir, le soir où des gens des quartiers du nord avaient exceptionnellement été invités. N'importe qui pouvait nous prendre en photo.

Je n'ouvris même pas les journaux et les posai à côté de moi en soupirant.

— Voulez-vous m'accompagner ? me demanda soudain Den. Je vais en ville.

Le Ciel dans tes BrasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant