Week-end

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Je suis assise sur le petit muret en pierre blanche au pied de l'immense escalier de mon nouveau lycée. Dominée par le bâtiment majestueux et protecteur que j'aime tant. Il semble nous protéger, veiller sur ses troupeaux comme le berger dans sa montagne. Je suis la seule à ressentir sa force et sa noblesse, je suis une privilégiée.

Je masse ma cheville fragile avant d'enfiler mes rollers, cheville depuis longtemps guérie mais toujours sensible des innombrables bagarres entre Hayden et moi, comme la fois où il m'a projetée contre un mur sur lequel j'ai rebondis pour retomber sur mes pieds. Je n'avais pas vu le sol, pas prévu de retomber sur la tranche d'un trottoir, pas pensé à regardé. Cela m'a valu une petite foulure de rien du tout et une grosse leçon de mon père.

"Tu dois regarder ton territoire, ma fille, regarde le contexte, les lieux, les matières, les aspérités. Observe ton environnement, toujours. Utilise tes yeux pour combattre. Ils sont le début de chaque chose et le prolongement de ton corps. Il détermine tes choix." Ni lui ni moi ne savions encore, à l'époque, que j'allais développer un don bien plus grand que la vue, le don de voir au delà, de ressentir les choses, de comprendre et d'entrevoir la vérité.

Ma mère appelait cela l'Hyperconscience.

Comme une faculté à ressentir ce qui est autour de moi, ce qui interagit avec mon corps et mes sensations mais aussi ce qui est indépendant, comme ce lycée dont je perçois les vibrations anciennes et puissantes se mêler soudain à un parfum de musc et de grenade.

Adrian.

Il s'assoit à côté de moi sur le muret pendant que je lace mes vieux rollers étoilés.

- Salut princesse! Si je n'étais pas aussi irrésistible je jurerais que tu m'évites!

- c'est le cas en effet, tu es très perspicace, en plus d'être modeste,et arrête de m'appeler princesse. On est pas ami, toi et moi, je ne veux pas de problèmes.

- pourquoi es tu si froide? tu sous entends que je suis un problème?

- je ne sous entends pas, je le dis Adrian, tu es un problème. Si j'en crois le regard assassin de Barbie quand je passe dans son champs de vision, tu es un problème, si j'en crois la rumeur qui dit qu'on est ensemble alors que nous nous sommes parlé, quoi? deux fois trois minutes en une seule semaine. Quel genre de mec induit un tel comportement chez les autres? Et je ne parle même pas de votre air supérieur et condescendant envers mes amis et tout ceux que vous jugez inférieur à vous. Alors tu es un problème et je ne veux pas faire partie de ton monde.

Il baisse la tête et pose ses mains sur ses genoux; blanches, longues, les tendons à vifs sous la pression de la paume. Il a l'air de réfléchir un instant.

- je suis désolé Laena, je sais que je me comporte comme un imbécile parfois. Mais qui est Barbie?

- une blonde manucurée qui croit que le ballon de basket est une boule de ouate à démaquiller.

- tu parles de Pheobe? Elle détesterait ce surnom si elle savait, dit-il en riant, serais-tu jalouse, belle inconnue?

- Jalouse de qui? pourquoi? soufflé-je en me levant blasée.

J'ai pris ses excuses sincères pour ce quelles sont, un mea culpa facile mais agréable mais le voilà déjà à faire son numéro de dragueur invétéré. Agaçant.

-laisse tomber tu veux, je dois rentrer.

-attends Laena, tu ne me laisses aucune chance, bordel. T'es vraiment difficile à convaincre toi! Ecoute, je suis peut être un peu...détaché et c'est pas cool, c'est vrai. Et mes potes sont parfois un peu cons aussi, mais ce sont mes amis et je les apprécie. Pheobe est une connasse avec les gens mais c'est mon amie et je l'apprécie elle aussi. Je suis désolé pour ce mauvais départ entre nous, vraiment, on pourrait être ami, toi et moi, tu es cool, tu es très cool et je suis sûr qu'on pourrait s'éclater tout les deux. Je suis presque sûr que tu le sais aussi. Alors recommençons depuis le début : Salut je m'appelle Adrian, bienvenu à Trinity.

La panthère perdueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant