jour 26 : touch down and see

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Les murs sont hauts et épais.
Normal.
Il faut au moins ça pour protéger un gang, c'est le minimum syndical. Je crois que ça me rassure même un peu de voir qu'ils ont un minimum de sécurité, même rudimentaire.

Le QG des Panthères est protégé par un mur encore plus haut que celui là  et derrière se trouve un rouleau énorme de fils de fer barbelés. Il y a une caméra à infra rouge tout les 5 mètres et environ une dizaine de détecteurs automatiques de mouvement. Il y a aussi une sentinelle qui fait les tours de garde de manière aléatoire. On est jamais trop prudent.

Je souffle.
Grimper sur ce mur ne sera pas difficile mais j'ignore ce qu'il y a derrière. J'ignore ce que je vais trouver et surtout qui. Mais j'ai besoin de frapper fort. Il le faut. Pour moi et pour lui.
Je m'attache les cheveux en queue de cheval et étire mes bras. Je me demande si garder ma veste en cuir est une bonne idée mais il est hors de question que je la laisse quelque part.
Tant pis, l'exercice d'escalade sera un peu plus difficile mais pas impossible, loin de là.
J'ai fait le tour du site avant bien sûr, mais je ne veux pas passer par l'entrée principale parce que j'ose espérer que je serai repérée. Quand même !

J'agrippe du bout de mes doigts une aspérité dans le mur d'enceinte et pose le plat de ma basket sur la brique rouge. L'autre pied me sert de piquet pour pousser quand mes mains ont trouvé la voie.
En deux prises et trois poussées je suis en haut. Une tentative! Je n'ai pas perdu mes habitudes.
Une fois en haut, accroupie sur l'arrête du mur, je tombe presque nez à nez avec un bâtiment assez bas mais relativement large. Probablement un garage ou un petit hangar de stockage .
La maison, haute et coloniale, magnifique, se dresse juste à côté, donc derrière le garage de mon point de vue.
J'ignore où se trouve la chambre de Cash, j'ai attendu longtemps dans la nuit tombante et aucune lumière n'étant allumée nulle part j'en déduis qu'il n'y a personne dans la maison. J'en suis sûre.
Je monte sur le toit du garage après un léger saut et me faufile facilement vers une fenêtre ovale sue l'angle de la maison.
Arrivée là, un rire soudain me prend à la gorge. Qu'est ce que je fous ici? Perchée sur un toit, en pleine nuit, à attendre un mec qui ne viendra peut être pas avant des heures!
Excessive?
Ridicule ?
Je laisse le rire s'estomper dans ma gorge avant de soupirer grossièrement et remarque alors une fenêtre un peu plus loin, au milieu du mur du premier étage, entrouverte par le haut.
C'est presque trop facile.
Je longe la première fenêtre en montant sur la moulure extérieure et me pause sur le bord de fenêtre. Je la referme de l'extérieur en la maintenant le plus fermement possible et frappe un coup sec et puissant là où se trouve la poignée.
Quelque chose tombe de l'autre côté et la fenêtre s'ouvre simplement, en silence et en souplesse. Comme pour m'accueillir avec gentillesse.
J'atterris dans une salle de bain toute simple et assez propre, remplie d'odeurs masculines, du gel douche au parfum. Aucune trace d'une femme dans cette pièce, là où il y en a pourtant souvent le plus.
D'un coup, une question me paralyse et me glace.
Je n'ai jamais entendu parler de la mère de Cash!
Qui est-elle ? Et surtout où est-Elle? Il faudra que je lui demande. Je m'en veux soudain de ne jamais en avoir parlé avec lui.
"Tu est tellement imbue de toi-même"
La phrase de Cash me revient en pleine tête et me fait grogner de mécontentement.
Je n'ai fais que lui donner raison.

Je passe dans un long couloir sombre et tamisé, sans aucune décoration, dont la ligne se divise en trois pour servir trois pièces.
La première porte, fermée, s'ouvre sur une chambre vide, rien d'autre qu'un lit et une armoire. Pas de photos, pas d'odeurs. Juste quelques posters de chanteurs de merde à la mode il y a 5 ans. J'imagine que c'est la chambre de la soeur cadette. Encore un sujet que je n'ai jamais abordé avec mon amour.
La porte suivante est ouverte en grand sur un lit défait et des chaussures en vrac au pied d'un long meuble rempli de bric à brac. Je n'ai pas besoin de longtemps pour savoir que je suis dans la chambre de Cash parce que son odeur est partout, je l'ai sentie depuis l'entrée. Elle me brûle les narines avec délectation.

La panthère perdueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant