La panthère perdue

jour 12 : le calme avant la tempête

- t'es sérieuse ?!!! Il ne t'a pas raccompagnée? Ma mère trouverait ça tellement inconvenant...

Élise lève les yeux au ciel en appuyant sa tête contre l'arbre du joli parc attenant au lycée. L'herbe y est verte et fraîche et les multiples variétés d'arbres jalonnent les divers espaces comme des gardiens, des piliers centenaires aux merveilleux souvenirs.
Je suis allongée dans cet océan de douceur, les bras croisés derrière ma tête comme pour peser les souvenirs de cette soirée avec Adrian. Une soirée drôle et agréable au cours de laquelle j'ai, pour un temps, oublié mes problèmes. Une soirée étrange aussi.
Entre non dit et faux semblant. Une soirée à être quelqu'un d'autre tout en étant un petit peu moi. Et je suis fatiguée de jouer, fatiguée de ne plus savoir qui je suis loin de mon monde et de mes repères.

- je sais pas, tu sais les mecs ne sont plus galants de nos jours.
- Moi, j'aimerais que mon mec soit drôle, intelligent, beau et prévenant. Qu'il ait les lèvres les plus douces du monde et le regard le plus fou qui soit et des abdos en bétons et...
- arrête ! Ce mec là n'existe que dans ta tête, dis-je en riant aux éclats
- peut être mais te rouler une pelle et te laisser sur le trottoir c'est quand même loin du prince charmant non?
- Eli, soupiré je, ça fait bien longtemps que plus personne n'y croit au prince charmant.
- moi j'y crois, on en a tous un, un adapté à chacune d'entre nous. Le mien c'est un mec à la Jackson dans "grey's"..
- rien que ça, dis-je en bavant sournoisement
- et le tien ça serait un mec fort, viril et beau, un mec un peu brut tu vois ?
- mais qu'est ce que tu racontes?
- Ragnar ! Voilà ton idéal!

J'explose de rire avec elle. Cette folle m'a plutôt bien cernée mais quand même, un viking! Même aussi ultra mignon que lui, jamais je ne pourrais me plier à ce genre de mec. J'ai besoin d'avoir un minimum de contrôle. Comme avec Adrian.

- t'es folle, ma parole! Je pourrais jamais aimer un mec comme ça. J'aime trop avoir le dessus.
- ah oui? T'es sûre ?
- oui. J'aime les dominants mais pas me faire dominer.
- hum Ok! Mais ça te suffirait un mec comme Adrian ?
- je ne sais pas, ouais ça me plairait, je crois.
- alors avec lui tu vas être servie, il est tellement dingue de toi qu'il te servirait d'esclave si tu le lui demandais. Faudra juste faire gaffe à l'ennui.
- je sais mais je connais plein de façon de pimenter un peu tout ça.

Je caresse l'herbe veloutée avec la paume de ma main.

- n'empêche qu'il t'a plantée là.
- je l'ai planté là, nuance, il devenait trop pressant.
- et son baiser? On dit qu'il embrasse mieux que n'importe qui dans cette ville.
- on dit ça ? Demandé je sincèrement surprise, et bien c'était pas mal c'est vrai. Doux et sucré.
- doux et sucré ? Bon sang! J'espère que mon premier baiser sera " doux et sucré" moi aussi.
- mais ça manquait de quelque chose, je ne sais pas trop.
- moi je sais, ça manquait de "Ragnar", voilà de quoi ça manquait.

Je lui jette quelques brins d'herbe en riant. Je sais qu'elle a raison.
Ce baiser était agréable, comme cette soirée, j'ai senti son souffle dans ma bouche et sa peau frissonner à mon contact. Nos lèvres étaient parfaitement complémentaires, habiles et avides de se connaître mieux.
Mais une partie de moi aurait souhaité plus de folie. Plus d'imperfections. Je ne peux pas blâmer Adrian pour avoir respecté mon désir d'aller doucement mais je ne suis pas transportée. J'étais bien, juste bien et à la bonne place.
Pourquoi ne suis-je jamais satisfaite de rien?

- qu'est-ce qui nous vaut tant de violence? Demande Calvin en arrivant avec Davis
- Laena me racontait son rencard avec Adrian, hier.
- et alors, c'était comment? Tu es devenue une Barbie Girl toi aussi? m'interroge Davis en remettant son bonnet sur sa tête.
- jamais de la vie, personne ne me changera en Barbie mais c'était plutôt bien en effet.
- plutôt bien? Eh Bin! D'un ennui mortel on dirait, j'aurais voulu du croustillant, du dossier, du sexe, s'emballe Calvin  en se caressant de partout.
- calme toi, Calv, chaque chose en son temps. Ce n'était que notre premier rendez vous.
- il y en aura d'autre? Demande Davis
- je sais pas, je pense. On se voit demain à la soirée chez Esteban, déjà.
- pfff j'espère qu'on ne tiendra pas la chandelle.
- je ne vous ferai pas ça, c'est vous mes amis, pas lui ni sa bande de potes dégénérés. Demain on va danser et boire et rentrer tard et faire la fête. Enfin! J'en ai tellement envie.
- tu allais souvent à des fêtes à Atalone?