jour 11 : Adrian

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Mon réveil sonne!
Bordel, j'aurais pu dormir encore des heures sans problème.
Je n'ai jamais aussi bien dormi de ma vie que depuis mon arrivée dans cette ville.
Ici tout est calme et frais.
Ici, la nuit, personne ne rode. Personne ne vient perturber votre repos.
Le sommeil a toujours été une phase importante dans ma vie. D'abord parce qu'il permet de récupérer de tout ce qui a puisé dans nos énergies et ensuite parce qu'il offre la possibilité de faire le bilan. De repenser au fil conducteur de la journée.
Je passe mes nuits à revivre les émotions diverses et variées qui ont jalonné mes jours.
Le sommeil me répare, me renforce, me raisonne et me protège. Je m'y abandonne avec autant de plaisir qu'un ours en pleine hibernation et mon lit est mon refuge dans lequel je trouve le bien être et le réconfort.
Dans mon monde, dans l'OtherSide, la nuit est synonyme de risque ou tout danger est possible et dormir revient à baisser sa garde.
Mais pas ici.
Ici, la nuit est le repos, le calme et la paix. J'aime cette sensation de protection.
J'ai toujours aimé la nuit, pour tout ce qu'elle symbolise et je m'y suis toujours sentie à l'aise.
Mais ici c'est encore mieux.
La nuit aussi est mon refuge.
Mon corps tout entier s'y abandonne, dans le sommeil, caché dans les songes à l'abri des pensées mes tendons, mes nerfs, mes articulations et tous mes muscles se régénèrent.

Alors quand j'ouvre les yeux, repue de cette nuit réparatrice, je sais que j'entame bien cette journée particulière.
Depuis mon arrivée au lycée, rien ne va plus. Je devais me faire toute petite pour ne pas attirer l'attention le temps que mon père trouve le moyen de me faire rentrer à la maison en toute sécurité mais, au lieu de ça , j'ai fais un malaise devant le bahut, accusé un mec hypersensitif qui perturbe tous mes sens de vouloir me tuer, menacé une fille, la poitrine à l'air, devant la moitié de l'école et accepté de sortir avec le mec le plus populaire du lycée.

Je pense qu'on peut officiellement dire que j'ai foiré mon plan.
J'étire mes bras au dessus de ma tête en sentant le tissu incroyablement délicat effleurer mes chevilles. J'aime la sensation du corps qui se réveille. Sensible à tout ce qui l'entoure.
Je souris en voyant mon reflet dans le miroir histoire de gagner de l'assurance.

J'ai foiré mon plan. C'est une certitude. Je dois donc trouver une solution de rechange, un plan B. Avancer lentement mais sûrement sur un autre chemin pour répondre aux questions qui me tracassent tout en gardant mes distances avec Cash.
Parce que lui c'est le danger.
Je le sais.
Je ne l'aime pas.
Mon ennemi intime.
Il l'ignore complètement mais cet accès privilégié à mes sens signifie que nous sommes liés et qu'il peut donc me faire du mal.
Je n'aime pas ça.
Pas du tout.

Me focaliser sur Adrian est une bonne chose, il est drôle et prévenant même si ça côte de popularité trahi une certaine propension à se taper trop de meufs. Comment lui reprocher? Quand on est aussi mignon il ne faut pas se priver. Et son intérêt pour moi me plait beaucoup, je ne peux pas le nier. J'ai accepté son invitation parce que je sais que je vais passer du bon temps, parce qu'il en avait très envie et qu'il me l'a communiquée.
Et parce qu'il faut que je concentre mon cerveau sur un autre.

Il faut que je me sorte Cash Grady de la tête. Et Adrian est mon remède. C'est moche mais c'est ainsi.
D'autant que c'est un très beau remède.

Je souris encore en relevant mes cheveux devant le miroir de ma salle de bain, mes omoplates craquent quand je passe les bras au dessus de ma tête. Je sens déjà l'odeur des oeufs brouillés provenir de la cuisine.
Un journée qui commence très bien.

...

- tu es sûre que tu ne veux pas que je passe?
- non non va à ton rencard, c'est bon, t'inquiète pas. Tu passeras demain. Je vais bien.
- Eli, t'as une voix de canard enrhumé, tu vas pas bien!
- j'ai juste chopé une angine ou je sais pas. Davis va passer m'apporter les cours et Marvyn me Skype dans la soirée. Je prendrai les tiens demain. Pas la peine de passer pour ça, franchement.
- ok, je te passerai un coup de fil plus tard alors.
- t'es sûre que c'est une bonne idée, ce rendez vous, Laena? T'as pas l'air d'avoir envie d'y aller!
- mais si! Pourquoi tu dis ça?
- parce que tu hésites à venir au lieu de te préparer pour sortir. Et Adrian? Je sais pas!
- bon dis moi le fond de ta pensée, Eli.  C'est quoi le problème avec Adrian?
- il est trop...je sais pas...du jour au lendemain il devient quelqu'un de bien? Il est sorti avec beaucoup de filles sans en avoir jamais rien à faire et là il joue les amoureux transi? Je sais pas mais je ne lui fais pas confiance.
- c'est vrai que vu comme ça, c'est pas très rassurant! Mais je ne connais pas ton Adrian, moi. Le seul que j'ai jamais rencontré a toujours été drôle et gentil avec moi.
- je sais et c'est cool pour toi, je veux dire, si il te plait alors...t'as raison, bien sûr.
- mais?
- mais si c'est juste pour passer le temps ou autre chose...je sais pas. N'oublies pas qu'il n'est pas forcément celui que tu crois, c'est tout.

La panthère perdueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant