jour 36: quand l'aube se lève

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Les vitres embuées laissent passer la lumière du jour qui monte timidement entre les immeubles. Nous sommes toujours sur notre parking, derrière un drugstore apparemment abandonné. Nous ne sommes pas encore en ville. Atalone déploie beaucoup de tentacules protectrices autour d'elle pour rebuter les moins désirables et les banlieues sont comme des murmures en embuscade, prêtes à sortir au grand jour s'il le faut mais endormies la plupart du temps.

Ici les gens sont prudents et discrets.

Nous n'avons vu personne dans les parages entre deux soupirs sexuellement chargés.
Difficile de résister à l'appétit dévorant de Cash, difficile de résister au mien.
Je suis boulimique.
La nuit a été chaude et bruyante sur le cuir de sa voiture et nous n'avons pas beaucoup dormi.
Pourtant je suis rassasiée, repue de lui et de son énergie, comme boostée à l'adrénaline sexuelle. Ce voyage était une idée d'enfer.

J'observe les ruelles tristes au petit matin, abandonnées. Je regarde la buée perler sur la vitre. Un frisson remonte lentement ma nuque quand je pense à la dernière parole de Cash avant de s'endormir.
"Tu m'as ensorcelé de ta lumière Laena, je t'aime comme un fou, comme un aliéné perdu dans les méandres de la folie. Je suis foutu sans toi"

Sa main pend nonchalamment dans le vide entre la banquette arrière et le siège avant. Une main forte, caleuse mais habile, pleine de douce brutalité, presque brunie par le soleil, jaunie par la nicotine. Une main baladeuse et joueuse que j'adore traquer.
Je me glisse lentement sur le garçon endormi à côté de moi, déployant mon corps entraîné sur son torse nu, j'effleure sa peau avec mes seins et mes tétons durcis.
Repenser à nos ébats réveille mon appétit.
Il remue le visage et cette main, cette vicieuse insolente se pose sur le creux de mes reins et descend tracer la ligne entre mes fesses, appréciant la courbe aiguë et arrondie de chaque côté.
La caresse est sensuelle, provocante.
Il s'emballe au contact de ma peau.

- je n'ai jamais assez de toi, lui dis-je en embrassant son torse légèrement parsemé de poils doux, jamais assez de ta peau, de ta main, de ça.

J'embrasse son membre dressé, il sent le sexe, l'odeur de mon propre vagin. J'ai soudain envie de le manger, de l'avaler tout entier pour ne pas en laisser une miette. Je le prend dans ma bouche et la sensation de mon cliroris est aussi violente que la main de Cash qui m'attrape les cheveux avec force. Je sens sa jouissance, le plaisir que je lui procure. Je le sens dans mon corps.
Je suis lui.
Encore.
Comme à chaque fois.

Sauf que cette fois, ce que je lui fais est inédit et il en jouit presque instantanément.

Je monte et je descends ma langue, pompant parfois, salivant d'avance sur la peau douce et prête à exploser. Je joue avec son gland sensible. De petites pointes de douleur me chatouillent le clitoris. Je gémis. Pas lui.
La sensation infernale de sa queue dans ma bouche le cloue au pilori, il ne peut plus respirer.
Il tire et tire plus fort sur mes cheveux en ondulant du bassin pour que je le suce plus loin encore.
Il tremble de tout son corps, le mien aussi, la voiture aussi. Quelque chose claque près de nous. Un bruit explosif qui n'arrive pas à nous détourner de notre plaisir.
Je le sens monter en température, l'orgasme à porté de ma langue humide. Je le lèche alors plus fort avant d'aspirer la peau de sa queue par le haut et de pomper de toutes mes forces.
Je jouis tellement que je mouille abondamment la petite couverture qui nous couvrait à peine dans notre sommeil, je jouis tellement que je ne sens presque pas le sperm de Cash couler dans ma gorge alors qu'il crie comme un âne.
Il ne lâche pas mes cheveux, je n'ouvre pas la bouche. Mon vagin se contracte encore et encore alors que les gouttes de rosée perlant sur les vitres terminent leur course dedans et dehors.

- putain Amour! Je veux être réveillé chaque jour comme ça jusqu'à la fin de ma vie.

Je n'ai pas la force de répondre, un sourire béat me barre la route et j'ai le souffle court. Je prends conscience de notre position. Si quelqu'un passe il verra mes fesses par la vitre arrière.
Je me redresse lentement pour ne pas froisser mon corps encore chamboulé par cette incroyable sensation et enfile un débardeur noir qui traîne sur la valise calée dans le coffre.

- il faut qu'on y aille, dormeur, la route est encore longue jusqu'à l'Otherside.
- tout ce que tu veux, Lae, mais là j'ai une faim de loup. Après ce que tu m'as fais j'ai besoin de manger, urgemment.

A ses mots mon propre ventre se met à grogner. Cash rigole en s'habillant rapidement.

- toi aussi visiblement.
- oui j'ai faim aussi. T'as raison, on doit manger.
- on ne peut pas baiser comme ça sans manger, ça va nous tuer!
- oui, je pense aussi.

Nous sortons de la voiture en même temps, saisis par la fraîcheur de l'air. C'est alors que nous remarquons tout deux que nous ne sommes plus au même endroit.

- la voiture s'est déplacée ! Me dit Cash le regard étonné
- Putain!
- c'est pas possible! On était dedans! On l'aurait senti ! C'est quoi ce bordel!
- je l'ai senti bouger quand on a ... quand tu as crié mon nom.
- bordel! Mais...
- regarde! Dis je en lui montrant les morceaux de verres éparpillés sur le sol.

Tous les lampadaires du petit parking ont explosés. Tous, sans exception!
Cash me regarde, effaré.

- c'est de plus en plus dingue! Marmonne Cash en ajustant ses lunettes de soleil.
- tu arrêtes les balles, tu déplaces les voitures, tu exploses les lumières, t'es un putain de super héro ma parole !

Je ris en prenant place sur le siège passager.

- content que ça te fasse rire mais moi je trouve ça flippant.
- tu ne devrais pas, dis-je en haussant les épaules.
- on ne contrôle rien du tout Laena, et si on blessait quelqu'un un jour? On ne peut pas se le permettre.
- alors quoi? On arrête de s'envoyer en l'air? Demandé-je d'un air narquois
- je suis sérieux!
- moi aussi!
- putain Laena, je n'ai pas envie de rire, il faut qu'on arrête de faire ça. On va finir par avoir des problèmes.
- Cash, dis-je en posant ma main sur sa cuisse, on va apprendre comment gérer cette énergie. Là bas on saura d'où ça vient et comment le contrôler. Tu l'as déjà fait! Quand tu as voulu me sauver du Rak au hangar. Tu as utilisé ton énergie pour nous protéger toi et moi. Tu sauras le refaire. Arrête de flipper, allume le contact et allons manger.
- t'as raison, putain. Ouais t'as raison. Allons bouffer. Loin d'ici.

La panthère perdueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant