Gregory sort du bar. Il ignore qu'il n'est pas le seul à déambuler entre les ruelles vides dans le silence de la nuit.
Il marche d'un pas confiant, insouciant. Reniflant de temps en temps l'air frais du soir qui lui chatouille les narines.
Les mains dans les poches, il sifflote presque, pressé d'arriver chez lui pour manger les restes de repas que sa mère, soucieuse du bien être de ses enfants, lui aura gardé dans le four.
Un plat chaud, savoureux.
Il salive déjà d'avance, tout comme à l'idée du film X qu'il a prévu de regarder dans sa chambre avant de dormir. Voilà un programme parfait pour un vendredi soir.
Une bière entre potes, un bon gueuleton et un film érotique pour bien dormir.
Il aimerait bien trouver une fille pour le satisfaire pleinement quand il en a envie mais les filles d'aujourd'hui sont trop farouches.
Il faut discuter, argumenter, plaire pour choper et avoir la chance de mettre une meuf dans son lit.
Toute une histoire. Trop compliquées.Au croisement de la rue des tiers et des plaisanciers, il tourne à gauche pour prendre le raccourci qu'il empreinte depuis sa naissance. Un petit chemin entre les arbres fournis du parc dans lequel il jouait avec ses copains quand il était petit.
Il entend un bruit derrière lui et se retourne d'instinct mais ne voit rien que le voile de la nuit. Rien que lui et les arbres qui dansent au dessus de sa tête.
Il plonge ses mains plus profondément dans son sweat et hésite à mettre sa capuche en accélérant le pas.
L'atmosphère autour de lui change soudain. Il le sent. Il n'aime pas.
L'impression de n'être pas en sécurité le prend aux tripes.
Pour se rassurer il rigole fort, lui, le grand gaillard bien bâti aux épaules carrées. Cela fait belle lurette qu'il n'a plus peur du noir.En plein milieu du parc, là où il aperçoit le bac à sable de son enfance, il sent une odeur étrange qui n'a rien à faire là. Une odeur de vanille agréable et veloutée. Il en tressaille. Mais il ne s'arrête pas.
Il remarque les balançoires remuées par le vent et le bruit du plan d'eau dans lequel les cygnes viennent gratter quelques miettes de pain auprès des promeneurs.
Il a faim. Aussitôt il pense au repas qui l'attend.
Il y pense de toutes ses forces.Il sent alors un déplacement d'air à côté de lui.
- il y a quelqu'un? Demande t-il
Personne ne lui répond, évidemment ! Personne d'autre que lui dans et endroit lugubre. Qui pourrait bien vouloir....
Grégory n'a pas senti le coup venir.
Pas du tout.
Il tombe de tout son poids sur le sol parsemé d'écorces d'arbre séchées.
Assommé mais encore conscient, il cherche à se remettre debout.
Une énorme douleur le foudroye soudain dans l'abdomen.
Il ignore d'où elle vient.
Il ignore pourquoi. Il ne se pose pas la question.
Il vomi ses 3 bières d'un trait, à quatre pattes.
Il n'entend plus le vent dans les arbres, juste l'afflux de sang dans ses oreilles.
En portant les mains à son visage il sent alors une piqûre, toute petite, dans son cou. Une petite aiguille si infime qu'elle se faufile jusqu'à sa veine jugulaire sans peine et déverse un liquide pur comme de la neige.Et soudain son monde s'éclaire de milles couleurs, de danses sinueuses et de bruits éclectiques. Il erre dans un univers qu'il n'avait jamais exploré. Il ne comprend rien à ce qui se passe mais il se sent bien. La douleur a disparu, envolée dans la substance chimique qui grapille toutes les cellules de son corps.
Il regarde le ciel et se demande s'il va mourir avant d'entendre une voix suave, merveilleuse. Une voix qu'il aimerait entendre dans d'autres circonstances. Il sourit bêtement en cherchant avec maladresse d'où peut bien provenir cette voix. Mais allongé sur le dos, les mains en suspension dans le ciel pour attraper ce qu'il croit voir voler au dessus de lui, il ne peut même pas bouger la tête.
Il a froid.
Il se dit que son torse est découvert.
Et la voix parle toujours, dans un murmure. Il ne la comprend pas vraiment.- tu as volé des moments de vie, des innocences. Tu as pris ce qui n'était pas à toi.
Il n'a rien volé. Jamais. Il secoue la tête difficilement et ferme les yeux. Laissant son esprit partir très loin, ailleurs, à des années lumières de la douleur qu'il ne ressent pas sur sa peau. Une larme coule sur sa joue.
Et tout s'éteint.
Les arbres.
Le vent.
L'eau.
Lui.
VOUS LISEZ
La panthère perdue
ParanormalLaena est une exilée envoyée loin de sa maison pour sauver sa famille. Mais s'adapter à une nouvelle vie n'est pas si facile quand on est une panthère et rester dans l'ombre est impossible quand on attire toute l'attention. Malgré les grands yeux gr...