jour 9 : interminable journée

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- vous allez devoir vous expliquer jeune fille - le directeur tapote de son index avec nervosité- ce comportement est inacceptable!
- je suis désolée, je ne pensais pas faire polémique, quelqu'un m'a renversé du yaourt dans le dos par inadvertance et mon réflexe a été d'enlever mon tee shirt. C'était  tellement écoeurant, gluant et froid, presque poisseux et chimique. Brrr. Je ne pouvais pas resté dans cet état Monsieur Newton.

Le directeur de l'école me regarde avec ses grands yeux ronds.
Décontenancé et presque amusé.
Je pense que si je la joue "jeune fille écervelée", il n'y verra que du feu. L'idée c'est de faire passer ça pour un malentendu malheureux et d'éviter de me faire virer. L'air du bureau aux relents de menthe et de sucre mélangé aux boiseries chic du mobilier me laisse perplexe, je me sens oppressée dans cet espace exigue et sombre. Ça et les éclairs dans les yeux du dirlo!
Dans quel pétrin me suis je encore fourrée, moi!

- vous vous êtes dénudée devant tout le réfectoire. Ce n'est pas une conduite convenable dans cette école, jeune fille. Vous n'êtes pas à Atalone ici!
- je sais, je suis vraiment désolée Monsieur, je n'ai pas géré ma réaction. Vous savez je ne suis pas très bien aujourd'hui, j'ai fais un malaise sur le perron en arrivant ce matin, la fatigue, le stress...je ne suis pas dans mon assiette. Vraiment je m'excuse. Cela ne se produira plus.
- je sais pour ce matin, on me l'a rapporté. Vous allez mieux?
- oui, je crois que j'ai besoin de repos. C'est tout....c'est un peu dur d'être loin de chez moi. Vous voyez?
- je comprends, croyez le bien, mais ce n'est pas une raison pour traîner en sous vêtement dans mon établissement. Que cela ne se reproduise plus jamais, Mlle Rocha, ou vous n'aurez plus l'occasion de rouler avec vos patins dans mes couloirs malgré mon règlement intérieur. C'est bien compris?
- tout à fait Mr le Directeur. J'ai compris. Plus de soutien gorge ni de patins !

Je me lève comme une balle et file vers la porte après avoir serré sa main froide et douce. Soulagée de si bien m'en sortir.
Une simple réprimande!
Dans mon ancien bahut, je prenais au moins trois samedis de retenue pour un truc pareil. Il faut dire que je n'aurais pas cherché à me justifier  autant, ma réaction contre Barbie étant légitime. Franchement j'estime que personne ne peux remettre en cause mon comportement. Mais je ne suis pas sur mon territoire, ici je dois obéir aux règles imposées si je veux rester dans les parages. Et c'est clairement mon objectif.

En avançant dans les couloirs, je sens les regards sur moi mais aucune hostilité. Je suis soulagée. J'espère juste ne pas croiser Adrian, Barbie ou pire Cash Grady.
C'est sans compter sur ma chance légendaire !
Je sens le parfum d'Adrian s'infiltrer dans mes narines, il doit être juste derrière moi ou pas loin et je suis nerveuse. Et remontée aussi!
Je n'ai pas aimé sa réaction lors de mon altercation avec sa copine siliconée. Piquée au vif!
J'entends mon prénom résonner quelque part mais je file plus vite que le vent et tourne au premier mur qui passe, je monte, je descends et je me perds. J'explore alors les dédales de plus de plus solitaires, exaltée par l'envie d'être seule, ignorée de tous face à mes propres pensées.
Et alors que je crois arriver au bout de l'immense bâtisse, une petite porte dérobée se présente sur ma droite.
Je l'ouvre brutalement, prise par ma course, emportée par l'élan de mes jambes trop peu sollicitées ces derniers temps et me retrouve sur une petite terrasse, en plein vent, avec vue sur le parc arboré derrière les imposants murs de pierre.

J'inspire enfin!
Laissant la fraîcheur du vent agripper mes narines et jouer dans mes cheveux en bataille. Seule face au vide, je respire. Abandonnant toute mon énergie nouvelle.
Peu importe le cours auquel je devrais participer tant que je trouve la paix ici. Sur ce petit carré de terrasse en plein ciel.
Rien d'autre que le vent et l'immensité de la nature. Un nouveau territoire.
C'est alors que je sens cette présence à  nouveau, cette impulsion venant du dehors et qui se répercute dans tout mon corps.

La panthère perdueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant