Chapitre XVIII

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Chapitre corrigé le 05.03 2019
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Ridzac a tenu à ce que je le suive. Il est préférable de laisser Nyia dormir encore, le temps qu'elle se réveille d’elle-même. Nous saluons Inaya qui reste chez Ridzac pour s'occuper de la petite et nous nous absentons une fois de plus à l’extérieur.

—Ridzac, pourquoi faire tout cela pour moi ?

Tout en marchant, il accepte de se justifier.

—Parce que le monde n’est pas aussi triste que tu le prétends. En réalité,
Et il faut que tu apprennes à te détacher un peu de Daeron et ce, malgré ton passé.

Il a raison, mais c'est difficile pour moi. Je ne peux pas rester cramponné à Daeron comme un éternel enfant. Même si nous sommes liés pour l’éternité, je dois apprendre à contrôler ce lien. Pour le bien de notre amour, d’Ibn Fadhan et de nos futurs enfants.

—Où allons-nous dans ce cas ?

Il s’arrête quand un vent frais se lève.

—Tu me rappelles Hugo. Tu es gentil malgré ce que tu as vécu. Je tiens à te le présenter. Suis moi.

Je le suis non sans appréhension. Même si je n'ai rien à voir avec Ridzac, je tiens à lui. Pas uniquement en tant que gardien mais en tant qu’ami. Je devrais être heureux de son geste mais je ne peux m’empêcher de penser à Hugo…

— Nous y voilà.

Après avoir traversé un petit bois tranquille qui donne sur un cimetière, Ridzac marche jusqu’à la tombe de son défunt. Il s’accroupit sans poser les genoux à terre pendant que je prends place à côté de lui.

Le prénom d'Hugo est gravé sur la pierre, et doucement, je passe ma main sur la gravure sous le regard de Ridzac.

—Je suis content de pouvoir te rencontrer, Hugo.

Je ferme les yeux pour m'isoler intérieurement. Je ne le connaîtrais peut-être jamais mais je sais que nous aurions été amis. Assez facilement, je devine avoir son âge, et bien qu’il soit parmi les anges, je sais qu'il était un garçon bien. Connaissant un peu mieux Ridzac, il avait simplement besoin d'Hugo à ses côtés.

J'imagine qu'il était d'une nature calme. Mais pas aussi timide que je le suis. S'il était vraiment comme Ridzac me le décrit, alors il devait pardonner facilement les autres et toujours sourire, même quand ce n'allait va pas.

—Ridzac…

Il ne répond pas, se contentant de me regarder pleurer. Peu importe leur histoire et le dénouement tragique, au final, celui qui souffre le plus n'est pas le mort. Mais celui qu'il laisse derrière lui. À présent, je comprends mieux ce que Ridzac vit au quotidien.

Je n’ai aucun mal à l’imaginer assis ici, à pleurer les nuits. À se rappeler de lui et des moments partagés. Hugo a laissé des souvenirs de lui en mourant mais je sais que vivre constamment avec le passé dans le présent et le futur est douloureux. Je ne connais que trop bien cette sensation d’étouffement. Malheureusement, rien ne ramènera ce garçon à la vie. Pas même la plus puissante des prières. Tout ce que peut faire Ridzac, c’est vivre pour lui et pour leur fille. Et je crois que la seule chose qui le maintien dans le monde des vivants c'est bien cette enfant.

Mais j'ai aussi un autre pressentiment en moi... Comme si ce n'était pas tout. Comme si dans son cœur, il y avait une place pour une personne spéciale.

Mais ce n'est pas Inaya.

Quand il affrontait Quartaffel, j’ai pu remarqué des cicatrices sur ses poignets. Comme j'en ai également, je sais que lui aussi a tenté de mettre fin à ses jours. Mais quelque chose l’en a réellement empêché.

—Qu'est-ce que tu fais là, toi ?

Je me retourne avec Ridzac en attendant des bruits de pas venir de derrière. Un homme un peu plus âgé que moi se présente à nous. En le regardant, je me rends compte de sa froideur et de sa sombre apparence. Ses cheveux noirs qui retombent sur son visage durcissent les traits de son visage. Mais ses yeux rouges me rappellent ceux de Daeron. Un rouge profond.

— Je t'ai déjà dit de ne plus approcher mon petit frère !

Loïck est le frère d'Hugo ? Je reste un peu sous le choc. Non pas à cause de cette révélation mais de son comportement avec Ridzac. Son regard n'a rien de bienveillant et il ne lui parle pas avec respect. Même en ayant eu peur des bêtes, je n’ai jamais adopté un tel comportement.

— Et t’es qui toi ?

Il me fixe. En tant normal, j’aurai répondu calmement mais en découvrant sa méchanceté, je suis incapable d'aller dans ce sens.

— Pourquoi es-tu si blessant avec Ridzac ?

Il fronce ses sourcils avant de s’approcher de nous. Mais juste pour se tenir face à la tombe de son frère où des fleurs y sont déposées. Sans la moindre compassion, il les piétine. Énervé, je me lève et le pousse pour qu'il arrête.

—A-Arrête !
—Ne me touche pas !

Même s’il est plus grand que moi, je ne lui obéis pas. La pluie commence à tomber sur nous tandis qu'on se dispute sous les yeux d'un Ridzac troublé et impuissant.

— Va te faire foutre espèce de petit merdeux ! M’injure-t-il.

Énervé, je le tire par les cheveux et il en fait de même avant de me porter un premier coup au visage. Je réagis très rapidement en lui rendant son coup et avec la boue sous nos pieds nous glissons sur le sol. Il perd son équilibre le premier et tombe sur le dos. Sans hésiter, je grimpe sur lui en pleurant, et le frappe aussi fort que je le peux au visage.

Je pleure et cris après Loïck. Ma rencontre avec Hugo m'a bouleversé et son frère n’est pas ouvert au dialogue. Il exprime sa souffrance par la méchanceté, ignorant totalement les sentiments de Ridzac ! Je déteste ce genre d’individus qui adoptent des comportements !

Ridzac m'a prouvé sa gentillesse. Mais également sa force et son courage. Pas un seul instant, il s'est plaint de son histoire. Il a simplement voulu m'en parler car à part sa sœur et sa fille, personne ne l’écoute

Pas même la seule personne qui le relie étroitement à Hugo.

—Ça suffit !

Loïck se met à hurler et à pleurer à son tour. Nous sommes trempés et salis tous les deux par le temps. Ridzac a le regard perdu, comme s'il ne nous voyait pas nous battre. Loïck profite de ma fatigue pour renverser nos positions et me plaquer au sol avant de me frapper au visage. Le temps que je reprenne mes esprits car le coup m'a légèrement étourdi, il s'est levé. Sa jambe se retrouve au dessus de moi, prête à me piétiner. Et quand je la vois s'abattre sur moi, je cris de désespoir.

—NON !

Tout sauf ça... pas mes bébés !

Tadam ! Quelle fin horrible pour Estella non ? Ne détestez pas Loïck, au fond, il est gentil mais le deuil est pour l'instant impossible :)

Si ce chapitre vous plaît, n'hésitez pas à voter et à commenter pour me donner vos impressions sur cette rencontre fructueuse qui affecte Ridzac :)

HIS SOUL BOND 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant