Chapitre corrigé le 04.03.2019
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Le beau temps laisse place à la pluie et l'orage. Me remémorer mon passé avec Daeron me fait toujours un peu mal. Je ne réalise pas à quel point il a souffert de cette solitude. Même si je ne suis pas responsable de cette agression, Daeron a toujours ressenti une certaine culpabilité.
Après être revenu à la réalité, je suis parti me préparer dans la chambre. J’ai pris soin d’enfiler un imperméable jaune et des bottes en caoutchouc pour affronter le temps. Inconsciemment, je ressens la présence de mon compagnon alors que physiquement parlant, il est absent. Je prends l’un des parapluies à l’entrée et l’ouvre pour me protéger de cette forte averse.
Je devine rapidement que Daeron est parti rendre visite à ses parents. Quand il a besoin de se retrouver seul, c'est là qu’il se rend. Si normalement je l’observe de loin, cette fois je dois intervenir.
Je me hâte d'aller au cimetière, courant même dans les flaques d'eaux qui se présentent à moi. Je ne prends pas le temps de les éviter, souhaitant le rejoindre au plus vite. Je repense à la peine que j’ai vu dans ses yeux à ce moment là. En réalité, je ne pense pas un mot de ce que j'ai pu lui dire. Seulement, j’ai peur. Peur que Daeron finisse par m’abandonner.
Maintenant que nous nous aimons pleinement, je suis de plus en plus amoureux de lui. Mes sentiments ne sont que plus forts. Je sais qu'il est ma moitié. Je comprends à présent ce qu’est une âme sœur. Ma vie est la sienne. Je lui appartiens pleinement. Je suis enchaîné à Daeron depuis le jour où nos regards se sont croisés. Même le petit garçon de huit ans que j’étais, l'avait compris. Il était déjà le bon pour moi.
— Daeron !
Quand j'arrive au cimetière, je suis complètement trempé, malgré le parapluie et ma capuche. Je fixe mon mari de dos qui ne semble pas entendre ma voix à cause des battements violents de la pluie et des orages qui grondent dans le ciel. Je me rappelle de la fois où je l’ai accompagné sur la tombe de ses parents pour la première fois. Alors à nouveau, je répète la même scène. Je maintiens le parapluie au dessus de sa tête et c'est ainsi, qu'il remarque ma présence.
—Est-
—Hey... Daeron.L'orage vient d’éclater d'une force incroyable au dessus de nos têtes. Daeron ne cherche pas à réfléchir et me saisit contre lui pour me couvrir de la pluie. Je peux sentir son odeur tout autour de moi. Celle qui me fait craquer. Celle qui remplit nos draps pendant l'amour et qui m’enveloppe. Rien qu'en la respirant, je sens mon cœur pulser contre ma poitrine. J’aime cette odeur forte et unique que je reconnais immédiatement.
Je suis rassuré et apaisé car je sais que c’est lui qui est contre moi. Je laisse par la même occasion le parapluie tomber sur le sol boueux. Avec le vent violent, il roule plus loin.
Daeron me serre comme si j’étais la chose plus précieuse de ce monde. Impossible de m’évader et quand bien même je le voudrais, je ne le ferai pas. Bien au contraire, je reste tout contre lui et profite de tout son être.
— Je te demande pardon, Daeron.
J'ai promis de m’excuser. J'ai décidé d’assumer mon comportement. Parfois, mes choix ne sont pas les meilleurs mais je reste humain. Daeron est un loup qui ne peut s’exprimer pleinement, et moi, je suis constamment maladroit. Nous possédons tous les deux une certaine maladresse que nous montrons différemment. Mais nous nous complétons. Alors, malgré nos différences, je suis celui que Daeron a choisi. Il a fait de moi son époux et son amant. Et maintenant, le porteur de ses enfants. Je ne sais pas si je peux lui apporter quelque chose mais je ne peux pas rester impuissant éternellement. Alors même si je n’ai pas autant de force et de courage que lui, je peux affronter cette tempête à ses côtés.
Ça suffit d’être faible. Par moment, je me demande si être une bête ne serait pas mieux. Daeron ne semble pas avoir peur, il reste calme et réfléchit toujours pour trouver une solution. De mon côté, je panique immédiatement quand je suis confronté à l'inconnu. La peur m’empêche d’être rationnel mais quand Daeron me réconforte, je me sens plus fort.
—Rentrons.
Sa voix rauque remonte le long de mes oreilles sensibles.
Nous devons parler sérieusement. Je veux communiquer avec lui et le connaître davantage. Je veux voir ce qu'il ne montre à personne. Que ce soit un rire, une larme, peu importe ! Je veux découvrir toutes ces choses qu’il cache aux autres pour qu’il ne les montre qu’à moi. Je veux être celui avec qui, il se dévoile complètement. Je n'ai pas hésité à lui faire confiance et maintenant, j'en demande plus.
Je ne veux pas être le seul à qui on vienne en aide. Daeron aura beau avoir un physique hors du commun et des meilleures aptitudes que moi, il reste un être à part entière. Il ressent également la peine et la frustration et plus que jamais, il a besoin de mon aide.
Me voyant pensif, Daeron me soulève d'un bras et me porte sur son dos.
—Ah !
Il récupère malgré tout, le parapluie qu'il me redonne et naturellement, je le place au dessus de nos têtes pour nous protéger. J'ai l’impression d’être seul au monde avec lui. Je me souviens des nombreuses fois où il m'a soulevé de cette manière. Et rien ni personne ne peut nous séparer. Pas même une tempête. Alors je me colle à lui pour ressentir chaque parcelle qui le compose physiquement et me laisse guider ainsi, jusqu’au palais.
Je me laisse complètement emporter par mes larmes et Daeron ne dit rien. Me laissant simplement pleurer contre lui, jignore la raison de cet état mais je crois que c'est l’accumulation de beaucoup de choses. Ma grossesse me joue des tours, le Conseil me veut du mal et pour conclure… je ne sais rien de Daeron.
Je ne suis qu’un idiot.
— Pardon, Estel.
— Pour ?Les mots peinent à sortir de sa bouche.
—Je t’ai blessé. Pire encore, je t’ai violé. Je suis pire que…
Je m’arrête de respirer un instant, comprenant que si je le laisse poursuivre sa pensée, je ne vais pas apprécier ce que je vais entendre.
— Si tu te compares une seule fois à lui, alors je te quitte pour de bon.
Je suis sérieux. Si Daeron se compare à ce monstre, alors je le quitte. Je reconnais sa brusquerie du moment, et même si je lui en veux, j’ai été tout aussi blessant dans mes paroles. Nous sommes quittes. Alors, je ne le vois pas comme Van Gilst.
—Je reconnais que tu n'as pas été tendre avec moi. J'ai vraiment mal. Très mal même. Mais je te demande pardon aussi. Je n’ai pas été correct dans mes paroles et j'en suis désolé.
—Ne t'excuse pas, petit prince. Ce n’est pas de ta faute.
L'entendre s'excuser est douloureux mais j'aime qu'il le fasse. Qu'il comprenne que son comportement n'était pas correct. Et je sais qu'il avait besoin d'entendre ces mots aussi.
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HIS SOUL BOND 2
Vlkodlaci[Vol.2/2] Alors qu'il s'est enfin uni à Daeron, Estella est loin de s'imaginer que sa présence dérange le Conseil d'Ibn Fadhan, de puissantes bêtes. Et si notre héros a de nouveaux alliés sur lesquels compter, Estella devra voler de ses propres ail...