Chapitre VI

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Chapitre corrigé le 02/03/2019

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Je me sens lourd. J’ai l'impression de plonger dans les ténèbres un peu plus à chaque instant que le temps s'écoule. Je tombe dans un fond noir, sans fin, mon esprit est perdu.

Je ne peux plus bouger mon corps et mon regard est vide d’émotions. Tout ce que je peux faire c'est me remémorer cette morsure destructrice que j'ai subite. Celle qui a sûrement eu raison de moi.

Les ténèbres m’ont toujours pourchassé, mais je pensais connaitre la lumière une fois en mourant. Malgré ma tristesse, je n’arrive pas à pleurer. Je ne suis plus expressif et triste.

—…el !

J’ouvre un peu plus mes yeux, entendant une voix au loin.

—…el !

La voix est grave mais à peine audible. On dirait que quelqu’un m’appelle. Quelqu’un est en train de prononcer mon prénom au loin mais je ne parviens pas à bouger sur le moment.

—Estel !

Mais plus le temps s’écoule, plus je l’entends nettement.

Quand je tends ma main vers cette voix, les ténèbres s’enroulent comme un ruban autour de mon bras pour m’engloutir plus au fond. Je tente de me débattre en usant du peu de force que j'ai. Mes bras, mes jambes, ainsi que tout mon corps essaient d’échapper à cette emprise. Je cris mon désespoir, à l'aide pour qu'on vienne me sauver. Malgré tout, je ne veux pas mourir dans ces conditions.

—À l’aide !

Le ruban ténébreux vient ensuite s’enrouler autour de mon cou pour m’étrangler.

— N-N…on…gnh !

Puis mes yeux s’ouvrent en grand.

—À l’aide, Daeron !

Avec force, je tends mon bras à travers les ténèbres, détruisant tout ce fond noir en milliers de morceaux. La lumière jaillit de nulle part et m'aveugle de son incroyable intensité.

—Estel ! Crie la bête noire.
—D-Daeron ?!

Je vois le visage de mon compagnon en ouvrant mes yeux. Ma tête est sur ses genoux et je fonds en larmes en réalisant que nous sommes tous les deux en vie.

—Par tous les Dieux petit prince, tu m’as fait peur !

Je ne me retiens pas et pleure dans ses bras quand il me serre doucement contre lui.

—Je suis là. Tu ne craints plus rien.

C’est vrai ! Le lion s'est jeté sur moi avant de me blesser. Ridzac est intervenu et... Je réalise alors que cette silhouette était celle de Daeron et qu'il est venu pour me sauver.

Quand je me relève, je sens la douleur se saisir de moi mais un fin tissu enveloppe ma blessure.

En regardant autour de moi, je constate l’ampleur des dégâts. La place principale est ravagée. Le sang recouvre le sol et les murs. La fontaine n’est rien d'autre qu'un bain de cadavres ou des membres déchiquetés de d'autres bêtes flottent à la surface.

—Ridzac… où est Ridzac ?
—Du calme, il va bien.

Il se trouve un peu plus loin à fouiller les corps. Mais celui du lion manque à l’appel. Daeron me précise que ce dernier s'est enfui après un combat violent entre eux. Je remarque que mon époux est blessé lui aussi. Ses vêtements sont couverts de sang et de griffures. Son cou a été mordu dans une violence démesurée. 

—Tu es blessé ! Lui dis-je.
—Ne t'en fais pas pour moi, petit prince, on va d'abord te soigner en rentrant.

Puis Ridzac nous rejoint, me sourit et tend sa main vers Daeron. Ce dernier ouvre la sienne pour que le loup blanc lui montre sa découverte.

L’objet tombe sur la paume de main de Daeron.

— Le cercle de Ainsworth, répond simplement Ridzac.

L’objet a également souffert de l'affrontement mais il est entier. C'est un pendentif recouvert d'or.

— L'insigne du Conseil. J'en suis sûr.

Daeron met le pendentif dans sa poche avant de me soulever dans ses bras, une main sous mes genoux et les autres sur mes épaules.

— La priorité est de te soigner. Viens avec nous Ridzac.
—Je te rejoindraui plus tard. Je dois retourner à Ksentar'aya tout d'abord.
—Très bien, à bientôt mon ami.

Sur ces mots, Ridzac emprunte la voie des toits pour repartir d'où il vient. Quant à Daeron, il marche en direction du palais, me portant contre lui.

Je me contente de regarder son visage couvert de sang. Le monde s'est comme éteint sur le chemin du retour. Pas un bruit, hormis les pas de Daeron qui rencontrent le sol. Même les oiseaux ont cessé de chanter, laissant un silence nous gagner tout le long du chemin.

Un chemin que je ne verrais pas car je plonge dans un profond sommeil.

***

Je reviens à moi après avoir senti le matelas moelleux contre mon dos. En me redressant, je découvre que Daeron s'est assoupi sur un fauteuil en face du lit pour veiller sur moi. Mais son combat l'a épuisé et il s'est effondré sous la fatigue. Son corps est recouvert de bandage mais les choses ont l'air d'aller un peu mieux pour nous.

Je remets correctement ma tunique qui laisse apparaître mon épaule.
Je passe rapidement une main sur celle-ci, me rendant compte qu'elle n'est plus aussi blessée qu'avant.

Combien de temps s'est écoulé depuis mon sommeil ?

Je me leve doucement pour me placer face à Daeron et le regarder.

Nous avons été blessé tous les deux, en plus de Ridzac. Ses blessures ont cicatricé laissant seulement des traces sur son corps. Délicatement, je caresse son visage, sentant la sensation douce de ses longs poils caresser la peau de mes doigts.

Mais en agissant ainsi, Daeron bouge légèrement avant d'ouvrir ses yeux rouges pour me fixer.

—Oh ? Je t'ai réveillé ?

Un silence s’installe. Pas parce que nous n'avons rien à nous dire, mais simplement parce qu'on se regarde mutuellement. Je réalise à quel point je tiens à lui.

—Allez, viens là petit prince.

Je grimpe sur ses cuisses avant de passer mes mains derrière sa nuque. Lui, enlace ma taille de ses bras puissants.

Je me sens bien contre lui, rassuré et protégé. Daeron est venu nous aider contre l’attaque du Conseil. Le lion est l'un des supérieurs, pas de doutes là-dessus. J'ai pu en faire les frais en découvrant sa morsure. Et encore, il s'est retenu de ne pas me tuer sur le coup car j'ai senti une certaine retenue de sa part.

—Merci d’être venu.
—Ne me remercie pas. Je t'ai laissé partir et tu as été blessé.
—Ce n’est pas de ta faute Daeron ! Si j’avais fait attention, j-...

Il frotte simplement son museau contre mon nez en guise de baiser pour me faire taire. Puis il se lève de son fauteuil en me portant dans ses bras. Mes jambes s’enroulent instinctivement autour de sa taille puis il nous guide devant l’immense fenêtre fermée du balcon. Ensembles, nous regardons la lune.

—J'ai cru te perdre, Estel.

Malgré tout, il a raison. Encore un peu et je mourrais vraiment. Si Daeron était arrivé avec quelques secondes de retard, c'est mort qu'il m'aurait retrouvé.

— Mais je suis là…

Il se contente de regarder la magnifique vue, ne réalisant par vraiment ce qui s'est passé ces dernières heures.

Son regard se perd, je vois bien qu'il est complètement retourné par la situation et je peux le comprendre. Cependant, cet instant est réel. Il prouve que je suis en vie !

Alors plus que jamais, je dois le lui prouver !

—Je suis là, Daeron...

HIS SOUL BOND 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant