Chapitre 7

757 53 12
                                    

29 octobre 2017

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

29 octobre 2017

          Merde. Merde, merde, merde, merde. Je suis vraiment, vraiment trop conne.

         Je l'ai embrassée. Non. Elle m'a embrassée. Non. On s'est embrassées.

        On n'a pas vraiment eu le choix, en fait. Mais quand même. Fais chier les autres. Et fais chier moi-même aussi. J'aurais pas du faire ça. Pourquoi j'ai pas réagi ? Pourquoi ?

          Pourquoi je suis restée, là, assise, sans bouger ? Pourquoi j'ai rien dit quand ils ont poussé Charlotte vers moi ? Hein ? Pourquoi ?

          Je souffle bruyamment. Dire que je ne suis même pas capable de me souvenir de ce qui s'est passé après le baiser. Ou même comment nous nous sommes séparées. Ou comment je suis arrivée dans ce lit. Je balance mes jambes hors du lit, repassant en boucle le baiser dans ma tête. La fin est floue dans ma mémoire, voire inexistante. J'ai beau cherché dans les méandres de mon cerveau, rien ne vient. Pas même de nouveau un vide sur mes lèvres, au moment où l'on s'est séparées. C'est comme si ma soirée s'était arrêtée là, Charlotte collée à moi, m'embrassant.

          Assise sur le bord du matelas, je réfléchis. Comment j'ai pu laisser ça arriver ? J'aimerais bien pouvoir dire que l'alcool a aidé, mais au fond, je me rends bien compte qu'il y a autre chose.

          J'arrive même pas à comprendre ce que je ressens.

          Est-ce que je suis en colère ? Déçue ? Dégoûtée ? Est-ce que j'ai simplement peur ? Est-ce que je regrette ? Je ne sais pas. Les mots ne viennent pas. Rien ne vient. Comme si j'étais enfermée dans un endroit où les mots n'ont pas leur place. Comme si le vrai monde s'échappait. Parce que j'ai fait une connerie. Ça, par contre, j'en suis convaincue. Je le sais. Je le sens. Comme si ça, c'était gravé au fond de moi, écrit au feutre indélébile.

          Je ne me comprends plus.

         Des pas se font entendre dans le couloir, et bientôt des voix.

-Je vais aller voir.

          C'est la voix d'Alex, des milliers de pensées se bousculent dans ma tête alors que je saute sur mes pieds, puis retombe sur le lit, sous le coup du mal de tête. La porte s'ouvre et le visage rieur de mon meilleur ami apparaît, aussitôt, une vague de chaleur m'envahit.

- Alex !

- T'es réveillée ! Comment tu vas ?

          Son visage souriant se transforme peu à peu en inquiétude, alors qu'il s'assoit à côté de moi sur le lit et passe sa main dans mes cheveux emmêlés.

- Oui, oui, ça va ! J'ai juste un peu mal à la tête..

- Ça m'étonne pas, t'étais pas vraiment claire hier soir, soupire-t-il, allez, viens là !

         Il m'ouvre ses bras, et je m'y blottis avec un sourire. Même si on ne s'est pas quittés longtemps, je suis contente de le retrouver. Je sais qu'il sera là pour moi. Alors je profite à fond de ce câlin. Je profite parce que je sais que ce petit moment ne dura pas pour toujours. Déjà, une question me trotte dans la tête, et je murmure, dans son cou :

- Dis Alex ?

- Mmm ?

- Avec qui tu parlais dans le couloir ?

        Il s'éloigne de moi en riant.

- Tu veux vraiment savoir ?

          Pendant quelques secondes, je bloque. Pourquoi il me pose cette question ?

- Oui, bien sûr !

          Puis soudain, son visage reprend une expression inquiète. Je fronce les sourcils, je ne comprends vraiment pas pourquoi il est comme ça, est ce que j'ai fait quelque chose hier soir que j'aurais pas du faire ?

- Il s'est passé quoi, hier soir, Alex ? 

          Il ouvre des yeux grands comme des soucoupes. Oh. D'accord. J'étais pas censée avoir oublié. Il se gratte la nuque puis me demande : 

-  T'as vraiment tout oublié ?

- Non ! Non, non, pas tout.. 

         D'un mouvement de tête, il m'encourage à continuer.

- Je me souviens tout, jusqu'au jeu
- Au jeu ?
- Oui, euh..

          J'hésite à lui dire, après tout, il n'a peut-être rien vu. Ses yeux cherchent les miens. Si, il sait, je peux le lire dans ses iris couleur chocolat. Il a vu.
- Jusqu'au baiser 

          Mon cœur se sert et je retiens les larmes qui perlent à mes yeux. Pourquoi j'ai fait ça ?
Le dire à Alex fait tout revenir au galop. La réalité revient au galop. La réalité avec Thomas, et le souvenir des lèvres de Charlotte sur les miennes. Est-ce qu'il a pu voir ? Est-ce qu'il sait ? Est-ce qu'il m'en veut ? J'ai l'impression de l'avoir trahi.
Alors, mon cœur se sert un peu plus, et les larmes quittent mes yeux. Aussitôt, des bras m'entourent. Ils me serrent fort, très fort. Des mains font des allers-retours sur mon dos, essayant de me calmer. 

- Alex.

          Ce sont des sanglots, pas des paroles, qui sortent de ma bouche à ce moment.

          Je veux lui dire. Lui dire tout ce que je ressens. Mais c'est lui qui parle en premier.

- Je sais, Ju, je sais. 

correction + mise en page 16.08


Avant que le Soleil ne se CoucheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant