Chapitre 5

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24 octobre 2017

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24 octobre 2017

        J'ai l'impression que le temps s'est arrêté. Je ne sais pas depuis combien de minutes, d'heures, de jours, je suis là. Allongée dans mon lit, dans le noir, pensant à Thomas. J'attends que ça passe.

         Sauf que ça ne passe pas. Comment ça pourrait passer ?

       Ma mère vient me voir, souvent, mon père moins, mais il vient quand même. Je crois qu'il est inquiet. C'est l'impression qu'il me donne. Ça me fait du bien de voir que malgré tous les reproches que j'ai pu lui faire, malgré toutes nos engueulades, il est toujours là comme avant, il s'inquiète comme avant. Une fois il m'a dit qu'un père ferait n'importe quoi pour ses enfants. L'amour des parents est inconditionnel. Et maintenant que je suis mal, je vois qu'importe ce qui peut se passer, ils m'aimeront toujours, et moi je les aimerai toujours.

       Alex vient me voir aussi, il m'apporte les cours que j'ai manqués, mais maintenant que c'est les vacances, il n'est venu qu'une seule fois. Il y a un moment, maman m'a dit qu'il passerait vers dix-sept heures, mais je ne sais pas à quelle heure elle m'a dit ça. Ma notion du temps s'est perdue en route. Il me manque. Ses blagues pourries et son sourire espiègle me manquent tellement. Je me suis trop attachée à lui. Je ferme les yeux et me recale contre mon oreiller. Thomas aussi me manque.

          À chaque fois que quelqu'un toque à ma porte, ou pénètre dans ma chambre, ce n'est pas ma mère, mon père, ou même Alex que je veux voir, c'est Thomas. Combien de fois j'ai cru reconnaître son pas dans le couloir ? Combien de fois j'ai cru entendre la sonnerie de téléphone que je lui avais attribuée ? Combien de matins, en me réveillant j'ai cru qu'il était là, avec moi, trompée par l'odeur de son parfum dont j'ai aspergé mon oreiller ? 

          Combien de fois j'ai rêvé de lui ? De lui, qui m'entourait de ses bras, face à la mer du Nord ; ou bien de lui, qui posait sa tête sur mon épaule le soir dans le bus, parce que, parait-il, il était trop fatigué pour la porter tout seul ; de lui, qui de l'autre bout de la classe, trouvait toujours le moyen de me faire rire, puis qui expliquait au prof que c'était lui qu'il fallait coller, que c'était de sa faute, et pas de la mienne ; de lui, qui me piquait tous mes pop-corn au cinéma ; de lui, qui insistait à chaque fois pour que je le tienne par les deux mains à la patinoire, parce qu'il avait peur de tomber ; de lui qui me disait "je t'aime". Et puis combien de fois je me suis réveillée en sursaut, combien de fois la réalité morbide a repris le dessus, m'attirant loin de ces rêves où tout semblait si parfait , mais qui pourtant semblaient si réels ?

- Surpriiise !
- Je savais que tu viendrais, Alex, c'est pas une surprise.
- Brise pas mes rêves, Ju. 

          J'ouvre les yeux quand je le sens s'asseoir lourdement sur mon lit. Il me regarde avec des yeux inquiets, la tête légèrement penchée. 

- Comment tu vas ?
- À ton avis ?
- Tu sais, t'essaye de me faire dire que c'était une question con, mais c'en était pas une.
- Ah oui ?
- Oui.
- Explique-toi.
- Tu vas mieux que la dernière fois ?
- Un peu.

         Je vois doucement un sourire qui me réchauffe le cœur se dessiner sur ses lèvres. Dans ses yeux, une lueur de malice, mêlée au doute et à la curiosité. Il a une question à poser.

- Qu'est-ce que tu veux me demander ?
- Tu me connais trop bien, ça va me perdre.
- Accouche Alex Kostas.
- Euh.... d'abord tu peux me promettre que tu vas réfléchir un peu à ce que je vais te demander, que tu vas pas dire non tout de suite ?

          Il passe sa main derrière sa nuque et penche la tête en arrière. Il a excité ma curiosité. 

- Tu penses que je vais dire non ?
- C'est... très probable.

          Je soupire.

- Dis toujours.
- La semaine prochaine, il y a une soirée d'Halloween organisée chez une fille de terminale, et... est-ce que tu viendrais, avec moi ?

        Il veut que je sorte ? Vraiment ? 

- Non, je réponds sans hésiter. 

            Il soupire.

- Ju... tu m'as dit que tu y réfléchirais. 
- J'ai pas dit ça.

          Et c'est vrai. À aucun moment je lui ai promis d'y réfléchir.

- Ça te changerait les idées, juste une soirée, Ju, s'il te plaît, j'aime pas te voir comme ça.

           Ses mots me font plaisir. Il n'aime pas me voir comme ça. 

- Ok, je réfléchirai.

          C'est sorti tout seul. Sur le moment, je doute de ce que je viens d'affirmer. Sortir ? C'est sûrement la pire idée du monde. Je passe mes journées à pleurer, je ressemble à un cadavre. Mais après tout, peut-être qu'il a raison ? Peut-être qu'aller à cette fête me changerait les idées ?

         Mais est-ce que je peux vraiment me changer les idées ? Thomas ne peut pas sortir de ma tête. Jamais depuis que je le connais il n'est sorti de ma tête. Pourquoi est-ce que ça commencerait maintenant ? 

        Qu'est-ce que Thomas voudrait ? La réponse n'est pas très compliquée à trouver. 

         Je relève la tête, Alex me sourit.

- Merci.

        Je lui souris en retour.

correction et mise en page 16.08

Avant que le Soleil ne se CoucheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant