Chapitre 22

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26 janvier 2018

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26 janvier 2018

         Il n'existe aucun doute sur la recette pour une soirée d'hiver réussie. Et, par une chance énorme, Alex et moi la réalisons à merveille. Chance, ou peut-être habitude. Flemmardise. Mais peu importe ce qui nous anime, le résultat est que, en cette soirée pluvieuse de janvier, je m'installe confortablement sur le canapé, vérifiant que rien ne manque. 

          La télé est allumée, le logo Netflix la décorant, quelque peu gâché cependant par le cercle indiquant que le film est en pose. Les coussins et plaids abondent sur le canapé, occupant chaque recoin. Je suis vêtue de ma tenue cocooning par excellence : sweat-shirt oversize, vieux leggings que je ne porte plus depuis longtemps, chignon désastreux sur le sommet de mon crâne, et chaussettes de ski aux pieds, bien que je n'ai jamais skié de ma vie. 

          Seules deux choses manquent à cette vision parfaite : Alex, et la nourriture. Les deux font justement leur grande entrée, cette dernière posée sur un plateau gigantesque porté à bout de bras par mon meilleur ami. La moitié de sa tête est cachée par une bouteille d'Ice Tea. "Pas d'alcool ce soir !" avait-il déclaré, en sortant la boisson du sac de course. Je n'y comptais pas. Non, vraiment, boire de l'alcool ce soir aurait vraiment été une mauvaise idée. Même si je voulais me changer les idées à tout prix, l'ivresse, alors que l'on s'apprêtait à regarder un film d'horreur et que ma mère rentrait le soir, était un mauvais choix. 

          C'est ainsi qu'un plateau dénué de toute goutte d'alcool atterrit sur mes genoux. Alex se laisse tomber lourdement à mes côtés, manquant de renverser le bol de Monster Munch rempli à ras-bord. 

          Le regard qu'il reçoit est probablement sans équivoque, puisqu'il s'empresse de lever les mains en signe d'innocence, avant de me toiser d'un air outré quand j'explose de rire. 

          Sans se départir de sa façade dédaigneuse, il attrape un des nombreux plaids, se cale dans un coin du canapé, pioche dans un bol une poignée entière de cacahuètes, et attrape la télécommande, lançant le film. Je me cale à mon tour au fond du canapé. Un sourire ne se défait pas de mes lèvres, et je ne peux m'empêcher de jeter des coups d'œil à Alex toutes les deux secondes, vérifiant s'il boude toujours. 

          Le film n'a pas commencé depuis cinq minutes qu'il se lève brusquement. Mon visage perd son sourire, et je sens mes sourcils se froncer sous le coup de l'étonnement. Qu'est-ce qui lui prends ? Il se dirige vers la sortie de la pièce, et je soupire de soulagement quand il éteint simplement la lumière. 

          Il se retourne, un sourire a repris de la place sur son visage. 

- C'est mieux comme ça, non ? 

          J'acquiesce. 

- Ouais. Beaucoup mieux. 

          Il me sourit de plus belle, et, bordel, c'est agréable. Ça n'a absolument aucun rapport, mais à ce moment là, je me rends compte à quel point il compte pour moi. Je tapote la place à mes côtés, et il vient s'y asseoir, tirant sur le plaid étalé sur mes genoux pour le partager. Je me décale, manquant de renverser le plateau à peine entamé - quel gâchis ce serait - et presse mon épaule contre la sienne. Il entreprend de déplacer le plat entre nos deux cuisses, et celui-ci bascule encore une fois, avec moins de délicatesse cependant, et le pop-corn s'échappe de son saladier pour s'échouer sur nos genoux. 

          J'en récupère quelques-uns et les avale, m'exclamant tant bien que mal :

- Ah bah bravo ! 

- Fais comme chi t'avais pas vu. 

          Il peine à parler, et un soubresaut me secoue alors que je rigole. Cette fois, ce sont les chips qui tombent du plateau, et Alex s'écrie :

- Karma ! 

          Je hausse les sourcils, avant de lui rétorquer d'une voie blasée : 

- C'est que de la merde, ça, ça existe pas. 

          Un mélange entre un rire et un soupir lui échappe, et il répond :

- Ch'est che que tu dis, peut-être qu'en vrai cha existe ! 

           Je secoue la tête, faisant semblant d'être exaspérée par son comportement, et me reconcentre sur le film à l'écran. L'héroïne, Maddie je crois, se dirige vers sa fenêtre, une musique angoissante emplit le fond, et je ne peux m'empêcher de me coller encore un peu plus contre Alex, attendant - et redoutant - la suite. 

          Il tourne la tête, et me sourit d'un air narquois. 

- Aurais-tu peur ? 

           Sa moue est tellement moqueuse, que mon ego me crie de me décaler de lui, et de reporter les yeux sur la télé. J'obéis toujours à mon ego. Aussi, faisant pour une fois attention au plateau, je me recule, me cale confortablement sur le dossier du canapé, attrape une poignée de pop-corn et dirige mon regard sur la télé. La scène n'a pas beaucoup changé, Maddie - si c'est son nom - semble juste un peu plus flippée maintenant. Je souris en imaginant Alex à sa place. Il se ferait pipi dessus tellement il aurait peur. La musique devient de plus en plus angoissante, et Maddie écarte le rideau. 

         Un homme - ou plutôt un masque - apparaît, dans un pic de musique plus angoissant que jamais, et Alex sursaute. Cette fois, je ne peux m'empêcher d'éclater de rire. 

- Karma ! je m'exclame. 

          Il me regarde, presque choqué, la main sur le cœur, et les yeux à mi-chemin entre la peur et le désespoir. La première causée par le film, le second par moi. Je rigole de plus belle et analyse les dégâts. Pratiquement un tiers de la nourriture est maintenant étalée par terre, sur le canapé, et sur les genoux d'Alex, dont certains morceaux noyés d'Ice Tea, qui s'est enfuit de nos verres. 

           Alex dirige lui aussi son regard vers la mare ambrée qui inonde le plateau et soupire. 

- Recette pour une soirée parfaite, tu disais ? 

          Je pouffe, avant de l'aider à mettre le plateau et le reste de nourriture à l'abri. 

- Parfaitement parfaite ! 

publié le 23.09

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Avez-vous deviné quel film d'horreur Alex et Ju' ont regardé ? 

Avant que le Soleil ne se CoucheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant