Chapitre 11

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10 décembre 2017

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10 décembre 2017

          Le bout de mes pieds dépasse au dessus du vide et je me surprends à les fixer. Le fixer ? Qu'est-ce que je regarde au juste ? Je ne sais pas.  Le vernis rouge qui décore mes ongles jure avec la couleur claire de l'eau.  Petit à petit, mon regard remonte, jusqu'à trouver le soleil qui s'est frayé un chemin jusque ma rétine. Il ne devrait pas être là. Mais je n'ai pas la tête à réfléchir. Je détourne simplement les yeux. Inévitablement, ils redescendent. En bas, l'eau m'appelle. Elle m'ouvre les bras. Comme une certaine blonde aux yeux caramels. Enfin, façon de parler. Ce n'est qu'une illusion inventée par mon esprit déchaîné. Quoi que. Disons qu'elle me tend ses bras à sa façon. 

          Les reflets du soleil se reflètent sur la surface mouvementée en contrebas. C'est comme un aimant. Ça m'attire. Je veux y aller. Les gens autour le veulent, aussi. Je le sens. Ils veulent me voir descendre tous ces étages. À combien de mètres suis-je, déjà ? Dix, je crois. Oui, c'est ça. 10 mètres. Tout ira bien. Alors, je prends mon élan et je saute. 

          Un tour, deux tours. J'ai l'impression que mon cœur est resté là-haut. Je tombe, le vent m'englobe, m'entoure, m'accompagne. Je tombe, et je ne crie pas. Je contrôle. Le monde tourne sous mes yeux. Encore un demi-tour, on y est presque. L'eau se rapproche à une vitesse folle. Et d'un coup, mes mains frappent la surface avec une force insoupçonnée. Mon corps suit, ma tête heurte l'eau, et bientôt, je ne suis plus entourée que par elle. Je reste là, bloquant ma respiration, écoutant le silence apaisant. Je me laisse porter. La fraîcheur du liquide annihile mes sens, et le monde disparaît. 

          Un splash me fait tourner la tête. Un garçon que je ne connais pas vient de rentrer dans l'eau à son tour. Vu sa vitesse, il a plongé de moins haut. Je remonte à la surface, et croise les yeux ébahis de celui qui se fait appeler coach. 

- Quelqu'un aurait pu me prévenir ? il gronde. 

           Un air incroyablement heureux et impressionné barre son visage, au milieu d'une colère feinte. 

- Sérieux, pourquoi personne m'a dit qu'on tenait la nouvelle Mady Moreau* ? 

           Un petit rire m'échappe. Il semble oublier qu'il est à Monaco, censé entraîner de futurs champions monégasques, pas français. De toute façon, je ne veux pas de ça. Sans arriver à savoir pourquoi, une carrière d'athlète, de plongeuse, j'en veux pas. Peut-être parce que je ne veux pas voir les caméras et les regards tournés sur moi à chaque compétition. Je ne sais pas. Je sais juste que ce n'est pas pour moi. 

         Je me rapproche lentement du bord en secouant doucement la tête. "Nan, désolée coach, je me transformerais pas en Mady." Il lâche un petit rire désolé, avant de me tendre ma serviette. Quelque part, il a l'air de comprendre. 

- Tu feras les nationaux quand même ? il se reprend bien vite en ajoutant : Enfin, les championnats de France. Monaco est invité tous les ans, ils considèrent qu'on a pas assez de bons plongeurs pour organiser des compétitions dignes de ce nom.

          Il lève les yeux au ciel. 

- Un jour, ce pays verra naître des champions, j'vous le promets ! 'Fin, si c'est pas déjà le cas...

          Il me fait un clin d'œil avant de faire signe à une autre plongeuse de sauter. Curieuse, je me poste à côté de lui et regarde les élèves plonger un à un, notant toutes les petites erreurs au passage. 

- Tu sais, t'as le droit d'y retourner, hein. T'es pas encore inscrite au club, donc tu fais ce que bon te semble.

          Je lui souris sans dire un mot, et tourne les talons, avant de plonger dans la grande piscine. Le froid m'enlace, et, une fois encore, je m'immerge, admirant les reflets du soleil qui traversent les vitres. J'ai besoin de nager. Pas de plonger. Aujourd'hui, l'adrénaline du saut ne me va pas. J'ai besoin du calme obsédant qui règne sous la surface. J'ai besoin d'être seule avec moi-même, et le clapotis des vagues que mon corps soulève. J'ai besoin de penser. 

       "On ira, je te le promets, Ju'. J'en ai besoin autant que toi."  

         La voix pleine de tristesse de ma mère résonne dans ma tête, et les larmes me montent aux yeux. Elle l'a promis. Je vais voir Thomas. Enfin, presque. Mais c'est déjà ça. On part dans une semaine. Soudainement, une boule vient se loger dans mon ventre. En même temps d'en avoir envie, je redoute ce moment. Je redoute les larmes qui vont couler à coup sûr, je redoute la culpabilité, surtout. Parce que je me sens coupable. Parce que j'ai l'impression que ce petit jeu avec Charlotte le trahit. Parce que je ne veux pas le blesser, même si c'est peut-être trop tard. 

        J'envoie valser mes pensées d'un battement de bras dans l'eau. Aussitôt, mon corps se met à glisser contre la surface. Mais bien vite, mes réflexions reviennent se loger dans un coin de ma tête. Mes pieds se mettent à battre un peu plus vite, essayant de chasser les visages de Thomas et Charlotte qui se succèdent dans ma tête. Ils sont flous, mais je les distingue quand même. Ils vont vite, à s'alterner, si vite qu'ils se confondent l'un dans l'autre. Je ferme les yeux violemment. 

        Non. Je ne veux pas de ça. Thomas n'est pas Charlotte ; Charlotte n'est pas Thomas. Je reste là, flottant au milieu de ma ligne. Je suis perdue, complètement perdue. 

         "On ira, je te le promets, Ju'. J'en ai besoin autant que toi."  

          J'en ai besoin. Pour me dire que c'est réel. Pour me rentrer ça dans la tête. Je serre les poings et recommence à avancer, donnant des coups rageurs dans l'eau. Bientôt, l'énergie me manque. Mes jambes sont devenues du coton et mes poumons me brûlent. Aussi malade que mon corps, ma tête me renvoie sans arrêt les mots de ma mère et le visage de Charlotte mélangé à celui de Thomas. Alors je continue, me promettant de ne pas arrêter tant que ça n'ira pas mieux. 


(*) Mady Moreau est la seule athlète française à avoir remporté une médaille olympique en plongeon. C'était en la médaille d'argent au tremplin à 3 mètres en 1952, aux jeux d'Helsinki. Elle a aussi remporté deux titres européens. 

publié le 05.06.2018

correction et mise en page le 17.08

L'heure de la NDA a sonné !

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L'heure de la NDA a sonné !

Que dire ? Merci d'avoir lu jusqu'ici ! Ce chapitre peut sembler un peu bizarre, les doutes qui reviennent, tout ça, tout ça. En vrai, il me surprend aussi, mais bon... Juliette a une personnalité assez complexe, même si on dirait pas, et c'est essentiel pour moi de montrer toutes ces phases. 

Je vais très probablement vous sembler un peu... chiante (ouais, c'est le mot) mais j'aimerais savoir, ce qui toi, petit lecteur perdu sur Wattpad, a fait que tu es arrivé au chapitre 11  de cette histoire (elle aussi perdue sur Wattpad) ? En gros, qu'est-ce qui vous plait ? (oh, et même un lecteur qui n'a jamais commenté/voté, ça me ferait hyper plaisir de savoir )

Voilà voilà.. Merci de m'avoir lue (enfin, si vous m'avez lue) et... ben merci, encore ! 


Avant que le Soleil ne se CoucheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant