Chapitre 19

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1 janvier 2018

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1 janvier 2018

           Certains disent que se réveiller aux côtés de la personne qu'on aime est la meilleure chose au monde. Ce matin, je suis heureuse, vraiment. Je ne me réveille pas, et pourtant, j'ai l'impression de passer un des meilleurs moments de ma vie, allongée sur ce balcon, mon bras entourant les épaules de Charlotte, la blonde blottie contre moi. Nous observons la mer prendre une teinte orangée, sous le coup du rond de lumière vive qui pointe le bout de son nez à l'horizon. Les autres dorment tous, à l'intérieur. Ils se sont endormis après le film, pendant pour certains. 

          Moi, je ne pouvais pas dormir. Je n'y arrivais pas, pour la simple et bonne raison que j'étais serrée contre Charlotte, nos épaules, nos têtes, nos jambes, nos bassins s'imbriquant à la perfection. Nos souffles se mêlant aussi. Au début, quand nous étions arrivés sur le port, et jusqu'au retour chez Ana et Ben, tous les autres nous avaient regardées avec une curiosité évidente. Nous n'avions jamais été aussi proches. Puis, leurs regards s'étaient dirigés ailleurs. 

          Dorian n'avait rien dit. 

          Alex nous fixait, attendant visiblement quelque chose qui ne venait pas. 

          Adélaïde s'était renfrognée, nous regardais avec une lueur indescriptible dans le regard.

           Matt et Benjamin étaient dans le même état qu'Alex, les trois commençaient même à former un trio iconique. 

          Ana, elle n'avait cessé de regarder Charlotte avec des petits sourires entendus, auxquels répondait mon amie par un sourire plein de sous-entendus, qu'elles seules pouvaient comprendre. 

          Si j'avais été jalouse d'elle au début, j'avais fini par comprendre qu'elles étaient comme des sœurs l'une pour l'autre. Et Dieu sait à quel point mon cœur s'était allégé quand je l'avais compris. Et cet instant est là pour me le rappeler, encore une fois. 

          Aucun mot n'est prononcé, mais tout se dit. Tout est dit. 

          Est-ce que j'aime Charlotte ? Non. Pas comme j'aime Thomas, ça, j'en suis certaine. Mais est-ce que je peux vraiment comparer ?

          Je ne le veux pas. Je n'ai certainement pas envie de me torturer l'esprit. Seulement de rester là, à serrer la blonde dans mes bras. Elle a décuvé, et, il faut l'avouer, elle beaucoup mieux comme ça. Sa main est posée sur le côté de sa tête pour la soutenir, tête d'où partent des cheveux d'or dans tous les sens. On dirait un ange. Je me surprends à plus l'observer elle que le lever de soleil, devant nos yeux, le premier lever de soleil de 2018. 

          Elle tourne la tête, et ses yeux rencontrent les miens. Son regard est indescriptible. Empreint de sa douceur retrouvée. Avec une pointe d'autre chose. Je me noie dans ses yeux, et j'ai l'impression qu'elle se perd dans les miens. Rien ne semble exister à part nous. Mon regard ne dévie pas. Je continue juste à fixer ses yeux. Les plus beaux yeux caramels du monde. Des rayons plus clairs partent de ses pupilles pour aller se fondre dans le blanc de l'œil. Ses cils longs obstruent légèrement la vue du dessus de l'œil. Elle est belle. Je la trouve vraiment belle. 

          Je la sens bouger contre moi, et une demi-seconde plus tard, son bras passe par dessus ma taille, ses yeux ne lâchent pas les miens, et je coule, je coule encore dans cette infini marron.

           J'y plonge mon âme, jusqu'à la perdre. Et pendant des secondes, des minutes, et d'autres instants, nous restons là. Je ne pense pas, je profite juste de la chaleur de son corps contre le mien. De son parfum qui se faufile jusqu'à mes narines. De son souffle qui échoue juste en dessous de ma bouche. Et j'aimerais rester là à l'infini. Toute ma vie, et même après. 

          Je lève mes yeux vers la mer. Le soleil continue sa course : il sera bientôt complètement levé. D'ici, la vue sur la mer est imprenable. Loin d'être située sur la jetée, la maison se trouve sur les hauteurs, mais est disposée d'une telle façon qu'il m'est impossible de voir les immeubles qui peuplent Monte Carlo. On a l'impression d'être seul au monde, dans un pays où chaque millimètre carré compte. Et bordel, ça fait du bien. Ça fait du bien de pouvoir respirer, même si la maison pue le luxe à plein nez. L'odeur iodée de la mer est ambiante, le bruit des vagues retentit doucement jusqu'à notre balcon. Comme si elle lisait dans mes pensées, Charlotte remonte son nez dans mon cou, et murmure :

- On est bien, ici, non ? 

           Je baisse de nouveau la tête vers elle et acquiesce sans un mot. Ses yeux cherchent les miens et c'est avec un plaisir évident que je la laisse les trouver. De nouveau, je me laisse happer par son regard. Par ses deux billes plus profondes que la mer. Plus profondes que l'espace. Ses yeux parfois froids, parfois chauds, comme un soir d'hiver au coin du feu. 

          Et, pour la millième fois ce soir, j'essaie d'y apprendre tout ce qu'il y a à apprendre. J'essaie de comprendre tout ce qu'il y a à comprendre. Je me perds en elle, ouvre les portes de sa vie, les fenêtres de son existence. J'essaie d'imaginer ses peines, ses souffrances. Et je les répare du mieux que je le peux. J'y mets toute mon énergie, tout mon cœur.  Toute mon âme. Je m'applique à panser ses plaies. Je m'applique à la faire sourire. À lui faire comprendre que je suis là. 

          Et, ce matin, alors que le soleil se lève sur la Méditerranée, mon regard veut tout dire. 

publié le 01 septembre 

Avant que le Soleil ne se CoucheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant