Chapitre 27

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25 février 2018

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25 février 2018

           Le temps semble s'arrêter, comme mis sur pause. Plus rien ne bouge, et je ne sens plus rien d'autre que les mains de Charlotte qui ont agrippé ma taille, que son corps qui s'est rapproché du mien, que ses lèvres, posées sur les miennes. Tout disparaît, exception faite de nous deux. Mes pieds s'enfoncent dans le sable, mais je n'y prête pas attention. Rien ne compte, rien d'autre que Charlotte et moi. Parce qu'elle me rend ce baiser. Celui, que, sans m'en rendre compte, j'avais tellement espéré. Celui qui fait monter en moi tant d'euphorie et de sentiments inattendus. Pas des feux d'artifice dans le ventre ou toutes ces choses qu'on voit dans les films. C'est quelque chose que je ne pourrais pas décrire. Une boule d'énergie au creux de la poitrine, l'impression d'être invincible, et un sourire impossible à contenir. 

           Et je ne m'y attendais pas. Qu'elle y réponde, qu'elle se laisse embrasser. Parce que c'est Charlotte, et que Charlotte n'est pas de ce genre là. C'est une surprise, une action inattendue. Et ça me rends heureuse. Ça me fait sourire. Un putain de sourire qui me mange le visage.  

          Un sourire qui se dessine aussi sur les lèvres de Charlotte, toujours pressées contre les miennes. Alors, abandonnant toute raison, je l'embrasse toujours plus. Mes mains fourragent dans ses cheveux détachés, et je l'embrasse à en perdre le souffle, à en perdre la tête. Ses paumes enserrent mes hanches, me rapprochant d'elle toujours un peu plus. Mes lèvres se mouvent contre les siennes avec une aisance insoupçonnée. Comme si ce moment été fait pour arriver. Comme si c'était le destin. Je la découvre, toujours un peu plus. J'y mets toute mon âme. Et j'ai l'impression que les barrières tombent. Toutes. Une par une. Pour mettre nos âmes à nu. 

          C'est un baiser sans violence. Un baiser doux. De ceux dont on se souvient longtemps.Juste lèvres contre lèvres, dans une osmose parfaite. Un baiser plein de promesses. De sentiments qu'on ne dit pas. Qu'on montre. 

          Je me rends compte que j'ai fermé les yeux quand Charlotte se détache de moi. Je les ouvre, et des cheveux blonds entrent dans mon champ de vision. Charlotte a les paupières closes et les sourcils froncés. Le sourire qui se dessinait sur son visage il y a quelques secondes fane. Il y a quelque chose qui ne va pas, et j'ai du mal à comprendre ce changement d'attitude soudain. Alors, la seule chose qui me vient à l'esprit, c'est de me demander ce que j'ai fiat de mal. Parce que c'est de ma faute. Mais pourquoi ?

        Déboussolée par son expression devenue sombre sans préavis, j'ouvre la bouche, prête à parler, mais la referme aussitôt. Pour dire quoi ? Elle passe ses mains sur son visage, et mon cœur se met à battre encore plus vite qu'il ne battait déjà. J'ai peur. Vraiment peur de ce qu'elle va pouvoir dire. Parce que c'est Charlotte, et que Charlotte n'est pas de ce genre là. 

  — Juliette, je...

        Sa voix n'est qu'un souffle. Elle ferme les yeux et soupire, une expression tendue peinte sur le visage. Elle hoche la tête, comme pour se donner du courage, et je redoute d'autant plus la suite. Mes dents se mettent à triturer ma lèvre inférieure et je détourne le regard. 

  — J'ai dit que je ferai des efforts, mais pas comme ça. 

         Je déglutis douloureusement. Je sais ce qu'il est en train de se passer. Mon cœur se serre, et je prends une grande inspiration, en même temps qu'elle, avant qu'elle ne reprenne la parole : 

  — Je... je peux pas. Je suis pas prête. Désolée. 

         Elle tourne les talons, ramasse son sac, et se dirige vers l'escalier, ses chaussures toujours à la main. Et je la regarde partir, sans bouger. Sans même penser à courir après elle, à la retenir, à m'excuser. Et même si je sais que je devrais, que c'est la seule chose à faire, je n'y vais pas. Je reste là. Je m'effondre dans le sable, enroule mes bras autour de mes genoux et y enfouis ma tête, retenant les larmes qui menacent de couler. 

         Je reste là un temps indéterminé, et quand je me lève pour repartir, le soleil se reflète déjà dans l'eau. Mes pieds restés à l'air libre sont glacés et je m'empresse de remettre mes chaussures. Je veux quitter cet endroit. Je gravis les escaliers qui mènent à la ville plus vite que jamais, et je suis soulagée de voir que la ville n'est pas vide. Des touristes se baladent ici et là, indifférents à moi. Tant mieux. 

        Le trajet en bus me parait durer une éternité. La montagne se fait dure à gravir, les voitures nombreuses sur la route, les routes trop étroites. Le soleil continue de descendre et son éclat disparaît bientôt, au moment même ou le bus arrive au village. La maison n'est plus loin. J'empoigne mon sac et dévale le chemin cabossé qui mène aux villas cachées de la vue des passants. La porte d'entrée ne me résiste pas longtemps, et je me rue à l'intérieur, claquant le battant sans ménagement. Ma mère et mon père sont attablés devant des gâteaux et des tasses fumantes, mais je n'y prête pas attention et continue ma course, me ruant sur mon lit. Là enfin, je laisse libre cours à mes larmes, un oreiller serré contre ma poitrine. Les sanglots me secouent, et le visage de Charlotte est bien vite remplacé par celui de Thomas. 

         Thomas. Je pleure, pleure, et pleure encore. Un étau enserre mon cœur, et je vide ma tête de toute pensée. Thomas est là. 

publié le 25.11.18 (le temps passe vite !)


         


Avant que le Soleil ne se CoucheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant