Chapitre 18

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1 janvier 2018

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1 janvier 2018

           Ce soir, le monde brille de mille feux. Ce matin, devrais-je plutôt dire. 

           Il y a de ça quelques minutes, les cris ont explosé sur toute la terrasse, dans tout le pays, résonnant dans la nuit. Une clameur est montée du sol, pour s'élever jusqu'à l'espace. Une clameur de joie, de fébrilité, d'espoirs. Les phrases de vœux ont résonné, les bisous ont claqué sur les joues, sur les lèvres. Les sourires ont illuminé le ciel assombri par la nuit, l'enthousiasme ambiant a réchauffé l'air rendu froid par l'hiver. 

           La nouvelle année est là. Prête à être croquée à pleines dents, à faire vibrer le monde chaque instant. L'année 2018 sonne déjà comme une année de fête. Les Jeux Olympiques d'hiver régneront sur la Corée du Sud, la coupe du monde de football résonnera en Russie, se répercutant jusqu'à l'autre bout du globe. 

          Pour beaucoup de sportifs de canapé, l'année 2018 est pleine de promesses. 

          Et il faut dire qu'elle a déjà magnifiquement commencé pour moi. Si la déstabilisation causée par Dorian est toujours présente dans mon organisme, la joie la mange à petit feu, laissant place à une douce euphorie dans mon cœur. La musique est éteinte, et tout le monde est à présent réuni sur les bords des balcons. Les feux éclatent dans le ciel à une cadence tantôt régulière, tantôt irrégulière, ils nous éblouissent, nous enchantent. 

          Je tourne la tête. Assis à côté de moi, Alex balance ses jambes dans le vide, ses grands yeux brillant derrière ses lunettes. Son bras a atterri derrière mon dos, et je m'y colle un peu plus. À son tour, il tourne la tête, avant de me rapprocher de lui et de m'entourer de ses bras. Je me laisse aller contre son épaule et redirige mon regard vers le ciel. Il n'y a aucune ambiguïté, juste de l'amour pur, comme celui qui unirait une mère à son enfant, ou un frère à sa sœur. 

          Des colonnes de lumière rouge montent en direction des nuages, avant de disparaître, laissant la sortie du port enfumée. Le spectacle est saisissant, Monaco se donne les moyens de bien faire, et la minuscule principauté réussit à merveille. Quand le feu s'achève, la clameur de la ville en fête reprend le dessus. Toujours nichée dans les bras de mon meilleur ami, je reste là, les jambes dans le vide, la tête engourdie, enhardie. Je suis bien. Vraiment bien. Et je me surprends à vouloir rester là toute ma vie. Dans un calme feint, dérangé par la vie. Dans la nuit noire, éclairée par la fête. À l'heure où l'on est supposé dormir, à l'heure où meurt le jour, la vie reprends le dessus. Et je vis avec elle. 

          Je me retourne quand je sens une main se poser sur mon épaule. Un sourire mange le visage encore juvénile du garçon devant moi. 

- Vous êtes pas déjà fatigués, quand même ? 

           Je souris à mon tour, avant de lui répondre : 

- C'est mal nous connaître. 

           Il me tend la main puis m'aide à me relever. 

- Matt ! 

           Des voix féminines crient son prénom à travers les cactus illuminés, et quand, quelques secondes plus tard, elles débarquent, une cascade de câlins et de bisous se déclenche sur le pauvre Matt. Leurs rires éclatent à de multiples reprises. Et je me relève, un sourire amusé scotché sur le visage. Je lance un coup d'œil à Alex, qui arbore le même air que moi, mais ce dernier disparaît bien vite quand Ana jette son dévolu sur lui, l'entourant de ses bras bronzés - alors même que nous sommes en plein hiver. Il me lance un regard désespéré, demandant  l'aide que je tarde à lui apporter. Alors que j'allais enfin venir détacher une Ana visiblement bourrée de ses bras, d'autres membres viennent m'entourer. 

            Je me retourne, et tombe nez-à-nez avec Charlotte - façon de parler. Celle-ci me serre à m'en couper la respiration, enfouissant son visage dans mon cou. Son souffle chaud atterrit dans ma nuque, me procurant des frissons incontrôlés. Elle ne semble pas s'en formaliser, préférant jouer avec mes cheveux dans mon dos, ses mains effleurant maintes et maintes fois ma peau à travers le tissu de ma combinaison. 

- Charlotte ? 

           Ma phrase, ayant pour but initial de lui faire relever la tête, provoque une réaction tout autre. 

- Juliette ? 

            Sa bouche, toujours appuyée dans mon cou, se mouve contre ma peau, à la fois humide par la salive, à la fois chaude et sèche par le souffle. Des frissons encore plus violents se répercutent tout au long de mon corps, et une vague de chaleur me heurte. 

- Tu frissonnes, t'as froid ? 

           Oh non. Pas du tout. Mais ça, je le garde pour moi, et marmonne une réponse - elle la comprendra comme elle le voudra. 

- Bon, c'est pas tout, mais la fête est pas finie ! On descend en ville ? 

           Adélaïde a adopté le ton autoritaire qu'on ne lui connaît que trop bien, agrémenté de poings sur les hanches. Ana, qui semble bien s'entendre avec elle, reprend :

- Bien sûr, on va pas rester là !

          Elle attrape la main de mon meilleur ami et le tire en direction de la grande terrasse. Celui-ci me jette un regard rempli de détresse, avant de disparaître derrière des fleurs d'un rose criard. Je rigole, mais n'esquisse aucun mouvement, trop inquiète à l'idée de faire mal à la blonde qui s'accroche à moi comme à une bouée. Puis, d'un coup, elle relève la tête, comme sortie d'une transe, attrape à son tour ma main et s'empresse de suivre son amie dans le dédale de plantes, me traînant légèrement derrière elle. Si je ne voulais pas risquer de l'égratigner, elle ne semble pas se soucier de mon cas, et m'entraîne avec une force insoupçonnée à travers les escaliers, chemins et balcons. 

            Une poignée de secondes plus tard, nous débouchons donc sur la grande terrasse, où Ana a retrouvé son frère et Dorian. Je note dans un coin de ma tête qu'elle n'a toujours pas lâché Alex, qui semble même moins réticent à l'idée d'être proche de la belle brune. 

           Matt et Adélaïde nous rejoignent bien vite, cette dernière accrochée au bras de son copain, qui semble plus la porter que l'accompagner. Voyant tout notre petit monde sur le départ, elle se redresse tant bien que mal et attrape son trench-coat - le plus élégant que je n'ai jamais vu - le passe sur ses épaules, avant de se diriger vers la sortie, ayant retrouvé sa démarche autoritaire. 

           Nous la suivons - certains plus difficilement que d'autres - et débouchons rapidement sur le boulevard en fête. Mais là n'est pas notre intérêt. Charlotte m'entraîne vers le port, la musique guidant d'ores-et-déjà nos pas. Les gens dansent et chantent dans la rue - le Nouvel An à Monaco n'a nul pareil. 

            Si j'ai dit que la ville est en fête, ce n'est rien comparé au port. Les lumières côtoient le ciel, au rythme entraînant du DJ - qui fait des miracles. Pour certains, la nuit ne vient que de commencer. C'est notre cas. C'est sur cette pensée que Charlotte se colle à moi, son dos contre mon ventre, pour un contact qui ne dure quelques instants, avant qu'elle ne ré-attrape ma main qu'elle avait lâché l'espace d'une seconde, m'entraînant sur la piste. 

publié le 25.08.2018

Avant que le Soleil ne se CoucheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant