Yoooo ! On se retrouve pour la deuxième version de ce texte qui était d'ailleurs mon idée de départ. J'espère qu'elle vous plaira !
Qu’une bataille eut été aussi rude, cela n’étonnait pas Tony Stark. En revanche, que le célèbre dieu de la Malice se soit laissé capturer aux mains des Avengers, ça n’était pas normal selon lui. Loki fut emmené dans les locaux du SHIELD et enfermé dans une prison conçue spécialement pour lui, avec l’aide de son frère et surtout du milliardaire. Le dieu avait des entraves aux poignets qui n’empêchaient pas les mouvements, bien au contraire, mais l’empêchaient d’utiliser sa magie. De toute façon, depuis son enfermement, le maître menteur n’avait pas essayé une seule fois de s’enfuir. Il restait silencieux, assis sur le lit de sa cellule, fixant soit les caméras qui le lorgnaient sans relâche, soit le vide.
Tony, lui, s’ennuyait à mourir. Soit disant parce qu’il y avait une rupture de stock des matériaux dont il avait besoin pour son armure, il ne pouvait pas réparer celle qu’il avait laissée sur le champ de bataille. Et soit disant parce qu’il s’était blessé en plusieurs endroits, à savoir quelques unes de ses côtes, son omoplate gauche et son péroné droit, il n’avait pas le droit de retourner chez lui. Fury voulait le ‘’garder en observation sous la main’’ ce qui l’irritait qu’on le traite comme un grand blessé alors que tout allait bien. Aussi, il se retrouvait à vaquer dans les locaux du SHIELD à la recherche d’un amusement quelconque. Titiller Banner était impossible, le géant vert étant enfermé dans son laboratoire depuis que Nick lui avait donné une mission spéciale. Emmerder Rogers était tout autant délicat puisque le soldat semblait lui faire la tête à cause d’une blague un peu trop osée sur son état physique après leur dernier combat – c’est vrai que le ‘’tu me croyais déjà crevé ?’’ après s’être fait passer pour mort était peut être de trop. Natasha et Clint ne faisait que s’entraîner, peut être blessés dans leurs égos de s’être fait mettre au tapis si vite la dernière fois, vouloir leur parler était inutile. Thor, lui, restait toujours devant les caméras de la prison de son frère pour l’observer et le génie en était agacé lui-même puisque le dieu du Tonnerre ne parlait que de Loki. Chaque mot qui sortait de sa bouche lui était destiné. Ça l’affectait visiblement de voir celui qu’il chérissait tant enfermé comme un rat en cage. Mais, n’ayant pas d’autres choix, l’homme de métal s’était résigné à tenir compagnie au dieu. Évidemment, il ne l’écoutait pas, il n’en avait que faire de ses injonctions rébarbatives, s’étonnant même que Thor ne s’en lasse pas aussi. Alors, au lieu de ça et pour occuper son esprit, il s’amusait à étudier son propre système de sécurité. Il n’avait pas pu être là pour toute la durée de création à cause d’examens de santé et avait de ce fait plusieurs questions sans réponses.
Le milliardaire trouva, par chance, de nombreuses explications à ses interrogations, bien que le fond sonore de la voix de Thor rendait l’étude plus compliquée. D’ailleurs, ce fut cette complexité qui poussa Tony à décortiquer la salle de vidéosurveillance. Après tout, personne n’y allait à part le fils d’Odin et il n’en avait cure de toute cette technologie qu’il ne savait même pas nommer. Seulement, en démontant une pièce qu’il ne connaissait ni ne reconnaissait absolument pas, l’ingénieur déclencha une alarme. Il se releva sec, se cognant et réveillant la douleur de ses côtes au passage, et regarda les écrans. Toute paroi de la prison avait disparue et même le prisonnier en semblait étonné. Tony essaya de remonter la pièce en jurant, mais rien n’y faisait : les murs ne revenaient pas. Dans sa panique et avec le bruit de l’alarme, il n’entendit même pas les maugréassions de Thor. Il ne lui jeta même pas un regard en s’élançant hors de la salle, ignorant sa jambe qui le lançait – au moins pourrait-il essayer de prétexter que c’était le dieu ignorant qui avait déclenché ça, bien qu’il en doutait.
Au tournant d’un couloir, il aperçut le fameux Fury qui semblait le juger de son œil acéré et scrutateur.
« Stark… siffla-t-il. Savez vous seulement ce que vous avez fait ? »
Le super-héros ne répondit pas.
« Vous avez libéré l’un des plus grands criminels que nous ayons connu ! continua son supérieur. Vous mériterez tout autant d’être à sa place, pour apprendre ne serait-ce qu’à vous tenir ! »
Nick devait sûrement penser que dans son état, Tony ne se débattrait pas, mais c’était mal le connaître. L’ingénieur s’enfuit vers des escaliers qui descendaient il ne savait où. En regardant derrière lui, il s’aperçut que Fury ne le suivait pas, mais il arriva vite à la conclusion qu’il avait prit l’ascenseur. ‘’Quel idiot !’’, pensa-t-il pour lui-même. Il continua tout de même sa descente.
Quelle ne fut pas la surprise de l’homme de métal lorsqu’il se retrouva face à deux émeraudes luisantes qui le toisaient d’environ dix centimètres au dessus de lui.
« Stark, fit la voix dédaigneuse du propriétaire des émeraudes. »
Le susnommé se recula d’un pas.
« Oh, Loki, je vois que tu es en libert-
-STARK ! hurla le directeur derrière Loki, le coupant. »
Ce dernier roula des yeux.
« Mais vous n’avez que mon nom à la bouche ! Je sais que vous m’admirez mais quand m-
-Je ne suis pas sûr que ce soit la bonne situation pour ce genre de choses, le coupa le dieu devant lui en le fixant sans émotion. »
La silhouette de Fury arrivant à grand pas encadrée de Natasha et Clint confirma les mots du dieu du Mensonge – qui pour une fois ne mentait pas.
« Il faut qu’on parte ! s’exclama Tony spontanément.
-Nous ? s’étonna Loki en arquant un sourcil.
-S’ils t’attrapent, tu retournes en prison, et s’ils m’attrapent, je te rejoins, on a des intérêts commun, expliqua l’ingénieur sans réfléchir, fixant seulement la seule menace à ses yeux par-dessus l’épaule du criminel qui avait plusieurs fois tenté de le tuer. »
Ce dernier ouvrit la bouche mais ne put rien dire puisque l’humain devant lui attrapa son bras pour le tirer derrière lui.
« Romanoff, suivez les ! Barton, nous prenons l’ascenseur pour les retrouver là-haut ! Qu’on appelle le reste des Avengers ! cria Fury en furie derrière eux. »
Tony ne prit pas la peine de jeter un œil derrière, il sentait le bras de son nouveau coéquipier et c’était ce qui comptait. Il était dans la merde, certes, mais il n’y était pas seul.
Stark parvint à semer l’espionne par il ne savait quel miracle mais sa route fut coupée par un soldat à l’air fatigué.
« Casse toi Steve !
-Qu’est ce que tu f- »
Steve ne put finir sa phrase, la tête contre le mur. Tony continua sa cavale, un dieu apathique et blasé sur les talons.
Après de longues, trop longues minutes de cavale dans les locaux du SHIELD, l’ingénieur trouva enfin la sortie. Cependant, il ne s’arrêta pas au dehors du Triskelion et continua sa route. Au détour d’une rue, le dieu s’arrêta net, campant sur ses appuis si bien que l’humain blessé ne pouvait plus le tirer.
« Qu’attendez-vous de moi Stark ? demanda-t-il. »
Le susnommé se retourna, essoufflé, sans dire un mot.
« Pourquoi avez-vous libéré un criminel avant de vous enfuir ? demanda Loki. Vous ne voulez plus être un… superhéros, c’est ça ? »
Il avait une réelle lueur d’amusement dans les yeux et sa voix était moqueuse. De toute évidence, Tony avait paniqué et il le savait.
« C’est… c’était un accident… ok ? Je voulais pas te libérer… souffla-t-il, à bout de souffle. »
Il se redressa tout de même mais n’osa pas regarder le dieu dans les yeux.
« Je m’en doute, Stark, lui répondit ce dernier.
-Je voulais juste regarder un truc dans le système de sécurité… et puis j’ai enlevé un truc et l’alarme… elle s’est déclenchée… expliqua son interlocuteur. »
Loki passa à côté de lui en lui lançant :
« Je n’ai que faire de vos explications Stark, je veux seulement savoir pourquoi vous m’avez aidé à m’évader ? S’il ne s’agissait que de vous, vous seriez parti seul, n’est-ce pas ? Ou alors vous n’êtes pas le génie que vous prétendez être. »
Un rire purement moqueur encore s’éleva alors qu’il continuait à marcher. Tony le rattrapa en quelques enjambées avec une exclamation outrée, blessé dans son ego par la remarque du dieu.
« Je ne te permets pas ! Ça ne t’ai jamais arrivé de paniquer ? se défendit-il ridiculement avant de se reprendre. Tu veux retourner au SHIELD pour te refaire enfermer ? Vas y, je ne te retiens pas ! »
Il se prit un regard noir de Loki.
« Non, répondit-il.
-Je savais que tu n’allais pas résister à rester avec le grand Tony Stark, fit l’humain, montrant qu’il avait récupéré sa pleine capacité cognitive. »
Un haussement de sourcil lui répondit.
« On fait quoi ? demanda-t-il.
-C’est vous qui avez pris les devants, pas moi, Stark, déclara Loki.
-Bon, on va chez moi du coup ! décida l’homme de métal. »
Comme son nouveau coéquipier ne répondit pas, il s’avança vers la route tout heureux, pour appeler un taxi.
Dans la voiture, Loki resta silencieux. L’ingénieur avait trouvé bizarre qu’il se laisse faire ainsi, aussi il le questionnait de manière agaçante.
« Pourquoi tu parles pas ? Tu me fais la gueule ? Roh, allez, je t’ai sorti de prison quand même. Sans faire exprès, certes, mais je l’ai fait ! Eh, t’as pas l’air content hein, dis le si t’aime pas la liberté. Mais en vrai pourquoi tu me suis ? Tu peux pas retourner sur Asgard ou je ne sais où ? Ah mais c’est vrai je suis con ! T’as les bracelets ! C’est pour ça que tu me suis ? Je suis un peu ton guide du coup, tu connais pas… comment vous l’appelez déjà ? Midjard ? Mitgar ? Midgar ! C’est ça, c’est Midgard ? Bref tu connais pas Midgard… C’est con que tu puisses pas te téléporter quand même, ça irait beaucoup plus vite pour aller à ma t-
-Vos petits amis y seront avant que nous y arrivons, le coupa le dieu en soupirant, exaspéré. »
Un silence s’ensuivit.
« Merde, jura Tony, j’y avais pas pensé... T’aurais pas pu le dire avant aussi ?
-Je vous avoue avoir été amusé par votre entêtement ridicule, sourit Loki, moqueur.
-On fait quoi du coup ? interrogea l’humain.
-Vous avez dit être le guide, c’est à vous de décider, lui répondit son interlocuteur.
-On peut pas fuir éternellement en taxi, réfléchit Iron Man. Eh tu veux pas m’aider ?
-C’est vous le génie. »
Tony avait de plus en plus la désagréable impression que le dieu se foutait ouvertement de lui. Il se renfrogna, croisant les bras sur son torse, et se mit à regarder le paysage.
Après quelques minutes de silence des plus apaisantes pour le dieu de la Malice, Stark se redressa d’un coup.
« Je sais ! cria-t-il. »
L’autre lui jeta un regard en coin. L’ingénieur se tourna vers lui et posa sa main sur son épaule, un large sourire sur le visage.
« J’ai juste à acheter une voiture sous un faux nom ! s’exclama-t-il.
-Content que vous ayez trouvé seul, répliqua Loki. Mais ne me touchez pas. »
Tony retira sa main.
« Chauffeur, on change de destination, amenez nous au concessionnaire le plus proche, ordonna-t-il. »
Ledit chauffeur acquiesça et changea de direction.
« Tout le monde vous connait ici Stark, vous ne pourrez pas les tromper, remarqua Loki.
-Moi non, toi oui, sourit Tony. T’es le dieu du mensonge non ? Tu peux te transformer-
-Métamorphoser, le corrigea le dieu.
-Tu peux te métamorphoser non ? reprit l’ingénieur.
-Oui.
-Bien ! Tu iras.
-Et que dirais-je ? »
Tony Stark eut un air étonné à cette question. Il n’avait pas pensé que Loki accepterait si vite.
« Stark ? l’appela-t-il en se tournant vers lui.
-Euh, oui, oui… se reprit le milliardaire. Hum, tu choisis une voiture, n’importe laquelle, et tu demandes à l’acheter, tiens. »
Il lui tendit sa carte de crédit.
« Il va te présenter une machine, tu l’insères et tu tapes 2011, lui expliqua-t-il.
-Ils ne traceront pas… ça ? questionna Loki.
-Merde si, évidemment ! Tu sais quoi ? Attends devant la concession, je reviens. »
Les deux hommes sortirent de la voiture. Tony regarda le dieu de haut en bas.
« Tu ferais mieux… d’être discret. Et si le SHIELD arrive, tu fu-
-Stark, je ne suis pas un enfant dont vous avez la garde et je suis plus vieux que vous ne pourrez jamais l’être. Et plus intelligent aussi. »
L’homme de métal prit un air faussement blessé, ne tenant pas rigueur au dieu pour ces mots – il était ce qu’il était, et s’en alla trouver la banque la plus proche.
Arrivé devant, il entra et demanda un conseiller. Celui-ci écarquilla les yeux lorsqu’il lui demanda de retirer un million de dollars.
« Désolé monsieur, vous ne pouvez pas retirer plus de deux cent milles dollars, intervint le conseiller.
-C’est une blague ? Bon, filez moi les deux cents milles balles. »
Le conseiller s’exécuta aussi vite qu’il put.
« Au revoir monsieur Stark, lança-t-il quand ledit Stark arriva à la porte de sortie.
-Si on vous demande, je ne suis pas passé. »
Et il partit en courant presque de peur d’être déjà cerné par le SHIELD.
Les craintes de Tony s’avérèrent vraies. Quand il revint à la concession, Loki était face aux Avengers, seul et sans arme, se battant comme il le pouvait. L’ingénieur s’arrêta net et considéra la situation pour la première fois depuis la libération involontaire d’un criminel. Il regarda la concession et les connexions se firent rapidement dans son cerveau – pour la première fois aussi. Il passa par le côté et se faufila à travers les voitures. Il força la portière conducteur d’une voiture plutôt ancienne et la fit démarrer en un tour de main après avoir démonté le cache de la partie volant. Le bruit du moteur ne réussissait même pas à couvrir celui du combat. Il s’assit sur le siège et ouvrit l’autre portière, il se mit à rouler en hurlant le nom de son nouveau coéquipier qui se retourna. Il ne fut pas long à analyser ce qu’il se passait, aussi quand l’amateur de voiture arriva à sa hauteur, il grimpa prestement dans le véhicule qui accéléra. Les Avengers se mirent presque immédiatement à les poursuivre et Tony ne prit même pas la peine de regarder dans le rétroviseur pour passer la cinquième. Il quitta Washington mais se doutait que ce serait la stratégie des Avengers pour mieux le piéger. Aussi, au lieu de suivre la route, il prit des chemins détournés. Il se retrouva dans le dédale des banlieues de Washington, faisant son possible pour garder le contrôle de la voiture.
D’un habile maniement du volant – et du levier de vitesse, Tony réussit à semer les Avengers. Les deux évadés se retrouvèrent au milieu d’un golf au nord de la ville sous les regards curieux et choqués des golfeurs. Le conducteur poussa un long soupir de soulagement, l’adrénaline le quittant peu à peu. Il glissa un regard vers le dieu qui ne semblait pas au meilleur de sa forme. Il avait un hématome sur sa joue, la lèvre fendue et le coin de la bouche ensanglanté. Il se doutait que le reste de son corps n’avait pas été épargné. Ils n’échangèrent aucun mot et Tony redémarra, se dirigeant vers l’ouest.
Quand le soir tomba, l’homme de métal ne s’arrêta pas de conduire malgré la fatigue qui le consumait de l’intérieur. Il s’était habitué à combattre la fatigue. Seulement, il n’était pas aussi fort qu’il avait pu l’être, blessé comme il l’était et après avoir échappé au courroux de ses anciens alliés. Anciens… y penser le rendait nostalgique. Pas triste, mais nostalgique. Il les avait quitté depuis quelques heures seulement et il était déjà nostalgique. Il rit pour lui-même en reportant un instant son attention sur Loki qui, le visage impassible, scrutait la route. Ce ne fut l’affaire que de quelques minutes pour que Tony succombe à sa faiblesse et s’endorme sur son volant. Aussitôt, la voiture vira de bord et son acolyte eut tout juste le temps de redresser le volant avant qu’ils ne touchent les barrières de sécurité.
« Stark, l’appela-t-il. »
L’ingénieur se réveilla et jura en prenant conscience de la situation.
« Vous feriez mieux de vous arrêtez pour vous reposer, conseilla le dieu.
-Tu t’inquiètes pour moi maintenant trésor ? blagua Tony. »
La seule réponse qu’il reçut fut un roulement d’yeux et un dos tourné. Un sourire prit place sur ses lèvres alors qu’il se dirigeait vers le premier motel qu’il pouvait trouver sur la route.
S’allonger dans un lit était un luxe que Tony ne pensait pas autant apprécier. Il ferma les yeux un instant en savourant la sensation quand il sentit son acolyte s’asseoir sur le matelas. Il se redressa et le fixe, interrogateur.
« Vous auriez pu partir seul quand vous aviez volé la voiture, Stark, fit remarquer Loki.
-C’est vrai, mais Iron Man sans son armure n’est plus Iron Man, répondit-il. »
Un silence s’ensuivit. Le dieu se leva et retira sa tunique avec une grimace. L’ingénieur se leva pour se planter devant lui et constater l’ampleur des dégâts. Une plaie sur son flanc avait déjà formé une croûte, il avait plusieurs hématomes qui se formaient et quelques écorchures. Sans dire un mot, il força Loki à s’asseoir mais celui-ci se dégagea et s’enfuit dans la salle de bain.
« Tu ne veux pas que je t’aide ? demanda Tony, une pointe de vexation dans la voix. »
Le silence, encore. Il haussa les épaules en soupirant et enleva son t-shirt avant de se glisser sous la couverture pour un sommeil des plus mérité.
Quand le milliardaire se réveilla le lendemain, il remarqua que personne n’avait pris place dans le lit à côté de lui. Loki était assis sur un fauteuil, les yeux dans le vide.
« T’as pas dormi ? s’étonna Tony d’une voix éraillé à cause du réveil récent. »
Le dieu leva les yeux vers lui et le toisa un instant.
« Je n’ai pas autant besoin de dormir que vous, Stark, lança-t-il avec cet air toujours totalement neutre que son visage arborait 99% du temps.
-Il faudrait te trouver des vêtement plus… terriens, remarqua l’humain, ignorant la remarque. »
La divinité s’observa elle-même. Elle ne pouvait qu’acquiescer, il était impossible de nier son apparence si peu midgardienne.
C’est ainsi que les deux hommes se retrouvèrent dans une boutique de la ville non loin d’où ils avaient couché pour trouver de nouveaux accoutrements à l’Ase. Entre deux rayons, Tony se tourna vers ce dernier, quelques vêtements à la main.
« J’ai trouvé ! s’exclama-t-il. »
Loki roula des yeux, exaspéré par la joie inexpliquée de son coéquipier qui lui apparaissait de plus en plus comme un gamin capricieux. Cependant, il ne dit rien en prenant les vêtements et s’en alla les essayer. L’ingénieur attendit devant qu’il sorte, ce qui arriva une poignée de minutes plus tard.
Le dieu arborait un sweat vert pas très large et un jean dans tout ce qu’il y avait de plus simple. Il se demanda alors pourquoi diable cet humain riait à présent.
« Tu es tout le temps blasé comme ça ? lui demanda ledit humain en calmant ses rires.
-Quand je suis accompagné d’un idiot oui, soupira Loki. »
Tony se tut, blessé.
« Je n’aime pas, déclara-t-il en se regardant dans le miroir.
-Et tu veux quoi monsieur je-suis-au-dessus-de-toi ? demanda l’autre, boudant apparemment à cause de la remarque précédente.
-Quelque chose de plus…
-Coincé ?
-Classieux, Stark, tout le monde n’est pas aussi débraillé que vous.
-J’t’emmerde, marmonna le susnommé, de plus en plus blessé. »
Cependant il partit chercher de nouveau vêtement alors que Loki disparaissait derrière le rideau de la cabine.
Quand le dieu sortit de nouveau, il semblait plus satisfait. Enfin, Tony ne pouvait pas le dire puisqu’il gardait son masque d’impassibilité, mais il avait l’air plus à l’aise. Il portait une chemise blanche, une veste de costard et un pantalon noirs. Le milliardaire l’interrogea du regard et reçut un signe de tête affirmatif.
« Attends, il manque quelque chose ! »
Il s’en retourna dans les rayons pour revenir avec une cravate bleue qu’il donna à un Loki arborant un air expectatif qui changeait de sa non-émotion habituelle.
« Quoi ? demanda Tony.
-Je ne porte jamais… ça.
-Et ça se dit meilleur que moi, lança-t-il en levant les yeux au ciel. »
Il s’approcha de dieu qui eut un mouvement de recul. L’ingénieur lui asséna un regard assassin.
« Si tu ne te laisses pas faire, je ne pourrai pas t’aider. »
D’un soupir, l’Ase consentit à se laisser faire. L’humain passa le ruban autour de sa gorge, veillant à ce qu’il soit sous le col, et le noua habilement. Il réajusta la chemise sous la protestation de celui qui la portait.
« Voilà, trésor. »
Loki grogna mais s’observa dans le miroir sans rechigner. Ils passèrent en caisse avec empressement – pour Tony du moins, achetant d’autres vêtements et un sac au passage. Le milliardaire sortit ensuite mais au lieu de se diriger vers la voiture, il longea la rue jusqu’à entrer dans un café. Loki le suivit sans poser de questions.
Les évadés s’assirent tous les deux à une table dans le café dont la décoration se trouvait être particulière… Les sièges étaient pailletés de rouge, des piliers semblables aux enseignes de Barber Shop se dressaient, une carte s’étalait sur toute la surface du plafond et les murs étaient peints de nombreux visages. Une serveuse habillée court vint à leur rencontre, s’attirant le regard le plus charmeur que l’un avait. L’autre roula des yeux en remarquant le changement de comportement de l’humain qu’il ne pouvait s’empêcher de trouver stupide – de toute façon il n’avait pas envie de s’en empêcher.
« Qu’allez-vous prendre messieurs ? interrogea-t-elle en tenant un calepin.
-Un scotch. Tu veux quoi ? demanda Tony à l’intention de l’homme face à lui.
-Désolé monsieur mais nous ne servons pas d’alcool en journée, s’excusa la serveuse.
-Eh bien… un milkshake vanille fera l’affaire, je suppose, bougonna l’alcoolique.
-Je ne prendrai rien, merci, répondit courtoisement Loki quand la jeune femme se tourna vers lui en notant la commande. »
Elle s’en alla avec un sourire, suivie des yeux par le milliardaire. Il se reprit quand elle atteignit le bar, se tournant vers le dieu.
« Bon ! Après ça, on se change, et on reprend la route ! s’exclama l’ingénieur. Il faudrait planifier un itinéraire aussi, et que je t’apprenne à conduire. Ça nous serait utile…
-Pourquoi donc ? demanda la divinité d’une neutralité sans faille.
-Quand je serai trop fatigué, tu conduiras, lui expliqua son homologue. »
Loki ne protesta pas et Tony s’en contenta.
Peu de temps après, la serveuse revint avec la consommation. Elle la posa devant le barbu qui la gratifia du même sourire que tout à l’heure.
« Voila votre commande, sourit-elle en retour.
-Merci trésor, fit le bourreau des cœurs accompagné d’un clin d’œil. »
La jeune femme rougit à ça et s’en alla voir un autre client.
« Nous nous changerons où ? demanda finalement l’Ase.
-Dans la voiture, lui répondit Tony. Ou les toilettes si tu préfères. C’est vrai que les toilettes seraient plus spacieux mais je doute qu’ils soient plus propres. Je veux dire, on est dans un bar-café, je suis sûr qu’ils font même pas le ménage ici, regarde le sol, il y a des tâches partout ! Au moins ils nettoient les tables, ça on peut pas dire qu’elles sont dégueulasses. »
Loki soupira en regardant au dehors, plus curieux de regarder les humains dans la rue qu’écouter le dialogue de son coéquipier.
« Mais bon, ils font de bons milkshake quand même, continua celui-ci après avoir goûté une gorgée. Tu veux goûter ? Ça te ferait un peu de culture sur la nourriture terrienne, tu sais. Eh, tu m’écoutes ?
-Il y a mille choses plus intéressantes que de vous écouter, Stark, soupira le dieu du Mensonge. »
Frappé dans son ego une nouvelle fois, ledit Stark ne répondit pas et but son milkshake.
Après avoir payé et être passés aux toilettes pour se changer, les deux hommes se retrouvèrent dans la voiture volée. Loki, en plus de son costard, avait noué ses cheveux en une queue de cheval basse et Tony portait un sweat gris à capuche, large, et un jean. D’ailleurs, quand il s’était montré au dieu, celui-ci avait eu un rire moqueur. Ils roulaient maintenant dans l’espérance d’une station service car le niveau d’essence était faible. Ils en trouvèrent une à la sortie de la ville où ils se trouvaient et s’autorisèrent une nouvelle halte.
Le plein fait, ils se garèrent sur le parking à côté pour entrer dans la supérette. Là, Tony attrapa quelques bouteilles d’alcool, une carte de l’état et un set de marqueurs avant de revenir vers son coéquipier qui attendait à l’entrée, droit comme un piquet. L’ingénieur étala le plan sur le capot de la voiture et sortit un marqueur, une bouteille d’alcool dans sa main libre. Il traça un itinéraire, le détaillant à l’Ase qui semblait n’en avoir rien à faire. Le ‘’guide’’ finit par se taire et termina d’élaborer le trajet sans un mot. Ensuite, il se dirigea vers la portière conducteur et l’ouvrit sans entrer.
« Allez, monte par là, je vais t’apprendre à manier ce bolide, l’incita-t-il en le regardant dans les yeux. »
Loki s’exécuta, peu à l’aise. L’Iron Man s’installa à la place du mort.
« Bon, t’as trois pédales, lui montra-t-il. Celle à gauche, on l’appelle la pédale d’embrayage, c’est pour passer les vitesses. Au milieu, tu freines, à droite t’accélères. Laisse ton pied gauche sur la pédale d’embrayage et le droit sera pour les deux autres. Compris ? »
Le dieu acquiesça, étrangement appliqué.
« Bon, pour tourner tu tournes le volant, ça je t’apprends rien, mais si tu veux signaler aux autres que tu tournes, t’enclenches les clignotants. C’est là, fit-il en les enclenchant. »
Pendant une demi-heure encore, Tony expliqua à Loki quel bouton faisait quoi, ce qu’il fallait faire et respecter et d’autres trucs plus techniques, s’assurant toujours qu’il ait compris car sa sécurité en dépendait tout de même.
Enfin l’Ase fit ses premiers mètres sur le parking quasiment vide. Il calla peu de temps après mais redémarra vite, stoppant les rires de l’humain à côté de lui d’un regard assassin. Ce dernier se contenta alors du silence et de deux gorgée de scotch.
« T’as été bien silencieux, remarqua l’homme de métal après quelques minutes passées à boire surtout.
-Je sais me taire quand il le faut, Stark, lança Loki.
-Ouch, répondit Stark en se tenant le cœur, mimant d’être blessé. »
Le dieu eut un sourire bref pour la première fois depuis le début de leur cavale. Tony sourit également en le remarquant et reprit une gorgée de son alcool adoré.
Après avoir roulé toute la journée sans même manger, Tony décida qu’il était préférable de s’arrêter et l’Ase y consentit. Ils entrèrent dans un restaurant au charme rustique qui servait presque exclusivement de la viande. Comme Loki ne sut pas quoi prendre, l’humain décida pour lui sous son regard suspicieux.
« Ça va, je vais pas te faire bouffer des trucs horribles tu sais, se défendit le milliardaire.
-Permettez moi d’en douter, objecta le dieu.
-Permets moi de t’enculer.
-Je ne vous pensez pas avide de ces choses là, sourit moqueusement le prince d’Asgard.
-Parce que tu me connais maintenant ? »
Un bref silence s’installa. Loki l’observait comme s’il tentait de le percer à jour.
« Vous ne niez pas.
-Ça ne te regarde pas, maugréa Tony.
-Donc vous l’admettez.
-On va pas dialoguer sur ma sexualité, si ? s’énerva légèrement l’homme de métal qui se sentait légèrement pris au piège dans sa propre blague. »
Le dieu eut un nouveau rire moqueur en empoignant son verre de whisky-coca que lui avait fait commander l’humain. Il but une gorgée, le goûtant pour la première fois. Il eut d’abord un regard expectatif, avant que celui-ci ne s’éclaircisse.
« Je dois admettre que c’est plutôt bon, déclara-t-il. Un peu étrange en premier lieu, tout de même.
-Je savais que ça pourrait te plaire, sourit Tony, fier.
-Parce que vous me connaissez maintenant ? blagua ouvertement Loki, faisant référence à la médiocre défense du grand Stark. »
Celui-ci ne se sentit même pas blessé cette fois, il rit avant de prendre une gorgée de sa propre boisson, du champagne.
Le repas se finit sous les éloges du dieu pour la gastronomie midgardienne. De toute évidence, il savait apprécier les bonnes choses et cela fit sourire Tony Stark qui le découvrait sous un autre jour. Il avait toujours connu le criminel sans cœur qui voulait le tuer, mais il se retrouvait avec un homme de classe et de goût qui cachait sa curiosité pour la culture terrienne. Ça le toucha presque de voir à quel point il pouvait être comme lui et il se disait que, si le dieu n’était pas aussi renfermé, ils pourraient décidément bien s’entendre.
Une nouvelle fois, Tony se laissa choir sur le lit avec délectation. Il appréciait ce moment qui devenait un rituel où, bras en croix, il s’abandonnait au confort d’un matelas. Il fronça les sourcils en entendant l’exclamation de douleur de Loki.
« T’es sûr que tu refuses mon aide ? »
Il ne reçut aucune réponse.
« Bon bah je vais prendre une douche alors, fit-il en se dirigeant vers la salle de bain. »
En voulant verrouiller la porte, il remarqua qu’elle n’avait tout simplement pas de verrou. Il soupira et se déshabilla alors avant d’entrer dans la douche.
Alors que l’humain se détendait sous l’eau chaude, Loki entra sans prévenir. Tony poussa un cri à la fois surpris et indigné que le dieu ignora, se concentrant uniquement sur le soin de ses blessures. L’ingénieur le regarda un moment avant de pouvoir reprendre son activité, gêné par la présence de l’intrus. Il ne dit rien cependant puisque l’Ase ne semblait pas faire attention à lui – et heureusement. Il ressortit peu de temps après et Tony lâcha un soupir, soulagé, continuant de se laver.
Il sortit de la salle de bain avec un débardeur blanc et un jogging large et s’assit sur le lit.
« Tu sais Loki, il y a des moyens polis pour savoir si l’on peut rentrer dans une pièce ou si l’on dérange la personne, fit-il remarquer.
-Seulement si cela nous importe de le savoir, asséna le dieu sans ciller.
-J’étais totalement à poil ! argumenta l’humain.
-Et ? Ce n’est qu’un corps, répliqua Loki.
-Mais c’est le mien !
-Êtes-vous devenu pudique ?
-Non, je n’aime juste pas qu’on rentre dans mon intimité comme ça !
-Je le saurais pour la prochaine fois alors, Stark. »
Le susnommé leva les yeux au ciel et se blottit sous la couverture. L’Ase, lui, s’assit sur la chaise devant.
« Tu ne veux toujours pas dormir ? lui demanda Tony. »
Loki leva les yeux vers lui.
« Je dormirai quand je le voudrai. »
L’humain n’avait rien à dire, alors il s’endormit.
Tony se réveilla en pleine nuit d’un cauchemar étrange, en sueur et le cœur tambourinant douloureusement dans sa poitrine. Il cligna plusieurs fois des yeux dans l’obscurité jusqu’à voir le dieu devant lui, toujours assis sur sa chaise. Celui-ci leva les yeux vers lui mais ne dit rien, alors l’ingénieur ne dit rien non plus. Il se leva et s’en alla dans la salle de bain où il alluma la lumière. Elle lui brûla la rétine et il mit un certain temps avant de s’y habituer. Devant le miroir, il s’observa. Il se trouvait minable, incapable de se battre sans sa précieuse armure, toujours blessé, en cavale avec un dieu arrogant qui le tuerait de sang froid mais ne pouvait pas utiliser sa magie, dans un motel au nord des États-Unis fuyant ses anciens coéquipiers… Il était décidément devenu dingue. Il jura quand la douleur dans ses côtes le lança de nouveau et s’assit sur le carrelage glacé et sale, reprenant son souffle en chassant les images de son mauvais rêve. Sa tête se posa contre le mur et il soupira, en proie à un conflit intérieur. Devait-il se rendre finalement car, la panique passé, ça lui semblait la meilleure décision, ou continuer de tenter de se sauver tout en sachant ça vain ? Il ferma les yeux comme si cela allait apaiser son feu intérieur. Ce ne fut pas le cas. Et alors, il se perdit dans ses pensées, il était seul avec lui-même. Il repensa à toutes ces années à servir le SHIELD, lui qui détestait rester dans les clous et prônaient la paix en faisant la guerre. Quel échec, ça avait bien failli le tuer. Le milliardaire secoua la tête et se releva en titubant, sonné par le blanc éclatant qui frappait sa rétine et le réveil encore récent. Il se regarda encore dans le miroir. Il ne put empêcher son poing de se retrouver contre, l’éclatant. Il se contempla dans le miroir brisé. Comme lui. Sa main saignait, quelques éclats de verre plantés dedans.
L’homme de métal sortit de la salle de bain et attrapa ses affaires. Il mit son sweat en s’adressant à Loki qui n’avait même pas levé le regard vers lui.
« On se casse, j’ai pas envie de payer le miroir. »
Le dieu le suivit sans un mot. Il n’était pas aussi rapide que Tony qui courrait presque, trainant malgré tout sa jambe blessée. Il s’installa dans la voiture, attendit que Loki le rejoigne et démarra en trombe.
« Pourquoi reprenons-nous la route ? demanda l’Ase après un moment de silence.
-Si on ne veut pas que le SHIELD nous retrouve, il faut qu’on prenne plus d’avance, lui répondit-il. »
L’autre regarda une goutte de sang tomber.
« Vous ne vous soignez pas ?
-Pas besoin, cracha Tony.
-Vous avez encore du verre dans la peau, remarqua son interlocuteur.
-J’avais remarqué, pas besoin d’un stupide dieu pour me le dire ! s’énerva l’ingénieur. Et encore, t’as été adopté.
-Je le sais, pas besoin d’un stupide humain pour me le dire, répliqua Loki, neutre.
-Tu me fais sacrément chier quand même, tu veux pas mettre tes sarcasmes de côté pour cinq minutes ?
-Regardez la route Stark.
-Non putain ! J’en ai marre de regarder devant moi comme si c’était la seule chose à faire ! Depuis que je suis au SHIELD, je n’ai fait que ça, pas un pas de côté, pas le droit à l’erreur…
-Stark.
-Pas le droit d’une bavure parce qu’on est des superhéros, on doit sauver le monde, faut pas qu’on ait de sentiments en fait dans ce métier…
-Stark.
-J’pensais même pas en avoir avant de commencer… Je veux dire, j’étais l’homme d’affaire par excellence, fils du propriétaire de la plus grande usine d’armement d’Amérique, j’ai une entreprise à mon nom, des milliards sur mon compte en banque, je peux me taper qui je veux quand je veux…
-Anthony ! cria le dieu. Je n’en ai rien à faire de vos problèmes, je suis sûr qu’il y a des gens spécialisés ici pour ce genre de choses mais là vous êtes en train de conduire. Ne vous étonnez pas qu’on vous traite d’irresponsable puisque c’est tout ce que vous êtes. »
Ledit Anthony s’arrêta net de parler pendant un instant. Finalement, il brisa le silence, plus calme :
« Ça faisait longtemps qu’on ne m’avait pas appelé Anthony. »
Loki tourna les yeux vers lui.
« Je pense qu’on va s’arrêter un peu et aller boire un coup. Ça nous fera du bien… Enfin ça me fera du bien au moins. »
L’Ase ne dit rien, consentant.
Loki et Tony se retrouvèrent dans un bar qu’ils avaient trouvé quelques kilomètres plus loin. L’humain prit deux scotch et, quand la commande arriva, il en tendit un au dieu de la Malice. Celui-ci fixa le verre un instant quand le milliardaire but d’une traite le sien avec une légère grimace. Il prit une gorgée, toujours très droit. Sa bouche se tendit en une étrange ligne tordue, signe de sa dépréciation.
« T’aimes pas ? lui demanda l’alcoolique.
-C’est étrange… répondit son acolyte, incertain.
-T’inquiètes pas, on s’y fait. »
Les verres s’enchainèrent sauf que, à la différence de Stark, Loki sut quand s’arrêter. Il se retrouva alors avec un homme complètement bourré qui n’arrivait pas à aligner trois mots cohérents et semblait soudainement être malade. Il confirma cette dernière pensée en voyant le milliardaire boiter jusqu’aux toilettes comme il le pouvait. Il revint pâle. Sa tête lui faisait mal, il voyait flou, ses mains tremblaient légèrement. Il posa de quoi payer les consommations sur la table et tendit les clés au dieu.
« Tu conduis, ordonna-t-il.
-Vu votre état déplorable, il vaut lieux en effet, lui répondit le dieu sobre. »
Ils sortirent du bar.
« Eh je t’emmerde ! s’exclama Tony assez fort pour réveiller la rue. »
Loki roula des yeux et s’installa devant le volant. À côté de lui, le bourré peinait à ouvrir la portière. Il soupira et sortit lui ouvrir. L’ingénieur se laissa tomber sur le siège et rentra sa jambe avant que le conducteur ne referme et s’assoit de nouveau à sa place.
La route défilait sous les yeux alertes de l’Ase alors que celui assis à côté de lui dormait profondément, ronflant même plutôt bruyamment. Soudain, un voyant peu commun s’alluma. Loki ne savait rien de ce que cela voulait dire, aussi il se décida à réveiller le mécano.
« Il y a un problème au niveau du moteur… maugréa-t-il en se frottant les yeux. J’m’en occuperai demain. »
Il se rendormit sec. Le dieu haussa les épaules et continua de rouler toujours vers l’ouest.
Quand le soleil se leva, la voiture roulait toujours. Aux premiers rayons, Tony râla avant d’ouvrir les yeux.
« Qu’est-ce qu’on fout dans la bagnole ? demanda-t-il aussitôt.
-Vous ne vous rappelez de rien ? s’étonna Loki.
-Non… soupira l’autre. J’ai encore trop bu, c’est ça ? »
Le dieu hocha la tête.
« Merde… jura son interlocuteur. Bon arrête toi, je vais prendre le relais. »
Le conducteur s’exécuta.
« Non mais pas sur la route ! Gare toi sur le côté ! s’exclama celui à la gueule de bois. »
La voiture garée, les deux sortirent, mais Tony resta contemplatif devant le capot qui fumait. Le moteur s’arrêta alors. Curieux, il essaya de le redémarrer, mais rien ne se fit. Il jura et souleva l’habitacle. Il allait devoir le réparer sans outil ni pièce, une véritable partie de plaisir en somme. À côté de lui, l’Ase le regardait s’agiter autour du bloc moteur, démontant quelques pièces à mains nus alors que l’une d’elle était couverte de sang, réglant quelques choses à certains endroits, enlevant quelques morceaux de verre quand ils l’embêtaient. Enfin, la voiture redémarra et l’ingénieur s’exclama joyeusement.
« Eh bien voilà, ma belle, quand tu veux ! »
Un rire moqueur s’éleva derrière lui. Il se tourna vers Loki.
« Quoi ? Oui, je parle à la voiture, rentre dedans au lieu de te moquer.
-Moi qui pensais vous avoir vu au sommet de votre bêtise, vous arrivez encore à m’étonner, lui dit le dieu.
-J’ai toujours été doué pour exploser les records, sourit Tony en oubliant de s’offusquer. »
Il ne savait pas quand ces sarcasmes et ces blagues noyées dans l’ironie étaient devenues un jeu mais il devait avouer que ça l’amusait de plus en plus, ce qui était sûrement inapproprié vu le profil de l’autre joueur.
Les deux hommes reprirent alors la route, l’ingénieur conduisant cette fois-ci malgré sa gueule de bois.
« Fais moi boire de l’eau la prochaine que je bois autant, maugréa-t-il alors que sa tête semblait sur le point d’exploser. De force s’il le faut.
-Je n’y manquerai pas, si ça vous évite de devoir être un assisté.
-Assisté toi-même. »
Un silence s’installa ensuite, laissant à Tony le loisir de réfléchir à la suite des événements.
« Il faudrait qu’on regarde pour tes bracelets, lâcha-t-il au milieu du silence.
-Pourquoi cela ? questionna Loki.
-Pour te les enlever, s’expliqua le milliardaire. Tu pourras retourner sur Asgard ou je ne sais où comme ça. »
Le dieu acquiesça silencieusement. Pas une once d’émotion ne passa sur son visage, ce qui fit soupirer son coéquipier.
« Si tu ne veux pas dis le hein, râla-t-il. »
L’autre tourna la tête vers lui, ne comprenant pas.
« Tu montres jamais une seule putain d’émotion, tu pourrais être une statue qu’on verrait pas la différence. Ça te tuerait de sourire ?
-Ça a déjà failli, se défendit Loki.
-Comment un sourire pourrait te tuer ? demanda Tony, excédé.
-Quand on l’utilise contre moi, répondit son interlocuteur.
-Et qui diable pourrait utiliser le sourire de quelqu’un contre lui ?
-Mon père, mon frère et la plupart des personnes que j’ai rencontré jusqu’ici. Ce n’est pas parce que ça ne vous est pas arrivé que ça n’est arrivé à personne Stark. »
Le susnommé se tut alors, enregistrant et traitant l’information. Pour Odin, il s’en doutait, mais Thor, vraiment ? Son regard se perdit quelque part dans l’horizon sauvage et il se dit que tout était mieux là-bas. Pas de problème d’alcool, de planète à sauver, d’ordre à recevoir. Juste lui qui décide. Mais avec son passé, il ne pouvait s’émanciper aussi facilement. Toutes les polices et toutes les armées du monde devaient être au courant de son échappée avec le dieu du Mensonge. Tout le monde le savait. Il était recherché comme Al Capone et ne voyait aucun moyen d’y échapper. Mais il voulait essayer. Peut être qu’un jour on lui permettra la rédemption tout comme pour celui à côté de lui.
À force de rouler, les évadés se retrouvèrent à la frontière de la Virginie et du Tennessee. Là, un barrage se dressait au loin. Tony ne savait pas quoi faire, alors il s’arrêta avant même que les agents puissent le voir.
« Qu’y a-t-il ? s’enquit Loki qui n’avait pas remarqué le barrage devant eux. »
D’un signe de tête, l’ingénieur lui montra.
« Je pense que toutes les routes seront barrées comme ça. On fait comment ?
-Il faudrait continuer à pied, mais avec votre jambe je crains que ce ne soit compliqué.
-Tu m’as pris pour une fillette ? rit Tony. Je prends le pari.
-Quand vous n’arriviez pas à ouvrir la portière hier soir, c’était ce qu’il me semblait, se moqua le dieu.
-Oh ta gueule ! »
Le milliardaire ne se souvenait même plus de ça, forcément, rond comme il était… Il ne voulait rien savoir d’autre, ce qui s’était passé cette nuit là lui appartenait.
C’est ainsi que Tony et Loki se retrouvèrent à marcher dans la forêt bordant la ville de Bristol. Le premier boitait et le second se tenait le flanc où se trouvait la blessure. Deux éclopés incapables de se battre qui échappaient au SHIELD, voilà un beau pied de nez au directeur Fury. Tony rit pour lui-même en l’imaginant fulminer dans son bureau, se demandant où les deux criminels pouvaient-ils bien être et surtout comment arrivaient-ils à lui échapper. Et à vrai dire, même l’ingénieur ne savait pas. Depuis le début de cette aventure singulière, il n’avait pas fait particulièrement d’efforts pour se cacher, seulement changer ses vêtements et fuir sans discontinuer. Et maintenant ils étaient piégés en Virginie. Il entrevit alors la possibilité que, peut-être, c’était un ordre de Nick que de laisser les deux criminels vagabonder librement dans l’état tout en veillant à ce qu’ils ne puissent pas en sortir… Il releva la tête vers le Tennessee si proche. ‘’On verra si on ne peut pas en sortir’’, pensa-t-il.
Après un certain temps de marche à essayer de voir une issue possible, les deux hommes s’arrêtèrent et s’assirent contre le tronc d’un arbre.
« Ça va ta plaie ? s’enquit l’humain en regardant Loki. »
Celui-ci plissa les yeux en le regardant, méfiant, comme s’il cherchait une quelconque trace de méchanceté dans ces mots.
« Ça guérit, répondit-il, prudent.
-Fais moi voir tes poignets, ordonna Tony en tendant ses mains paumes en l’air. »
Le dieu y semblait réticent mais, doucement, il approcha les bracelets des mains de Tony Stark. Son visage était figé, crispé, il n’aimait vraiment pas qu’on le touche. Alors, avec toutes les précautions du monde, le milliardaire posa ses pouces sur les bracelets sans toucher la peau en dessous et fit tourner les poignets, analysant comment les entraves étaient faites.
Pendant près de dix minutes, Loki se laissa faire jusqu’à ce que ça lui semble trop. Quand l’humain frôla sa peau, il retira vivement ses mains.
« Alors ? demanda-t-il, intéressé de son sort.
-C’est un alliage très puissant, je ne vois pas comme on pourrait les ouvrir sans la clé… soupira son compagnon de route. »
L’Ase se leva.
« Alors nous y allons. Ça a assez duré. »
Tony l’imita et le suivit comme il pouvait.
Les deux hommes s’arrêtèrent à un bar car l’alcoolique avait soif et la nuit tombait déjà. Ils s’assirent sur les tabourets cette fois-ci et commandèrent à la fois leur repas – qui n’était rien d’autre que des pizzas – et leurs boissons. Alors que Tony descendait son premier verre d’alcool comme si c’était de l’eau, Loki lui lança :
« Vous n’allez pas encore vous saouler comme hier soir ?
-L’avenir nous le dira ! répliqua l’ingénieur en réclamant au barman que son verre soit rempli. »
Son acolyte soupira, exaspéré encore.
« Comment pouvez-vous assurer être un génie et être irresponsable à ce point ? demanda-t-il, sérieux.
-J’ai construit une armure capable de réduire en miette des centaines de personne coincé dans une grotte en Afghanistan, voilà pourquoi je suis un génie, fit Tony, encore lucide. Et j’ai bien le droit d’apprécier ce qui est bon, non ?
-N’est-ce pas là-bas que vous aviez failli mourir à cause de votre propre bombe ? rétorqua l’autre.
-La ferme. »
Loki roula des yeux en attrapant une part de sa pizza. Il savait déjà comment la soirée allait se finir et était tout sauf ravi. Pourquoi avait-il consenti à le suivre déjà ?
Inévitablement, le milliardaire titubait en sortant du bar. Il glissa sur le trottoir mouillé – la pluie était passée quand ils étaient à l’intérieur – et il tomba à moitié sur la route. Le dieu le dépassa sans lui jeter un regard, le forçant à se relever et lui courir après.
« Même pas tu m’aiderais, cracha-t-il d’une voix embrouillée par l’alcool.
-Vous semblez très bien vous en sortir Stark, se défendit le dieu, moqueur et impassible à la fois. »
Celui qui titubait grogna et se dirigea vers l’hôtel le plus proche. Ils prirent la dernière chambre qui restait er s’y installèrent, Tony s’affalant sur le lit. L’Ase disparut dans la salle de bain et revint peu de temps après avec un verre d’eau qu’il posa sur la table de chevet.
« Tâchez de ne pas vomir sur le lit Stark, le prévint-il.
-Tu m’as pris pour un con ? s’exclama ledit Stark.
-Ce n’est pas moi qui me retrouve dans cet état. »
L’ingénieur ne pouvait pas répondre, le dieu avait indéniablement raison. Il se redressa et observa le verre d’eau. Il l’attrapa maladroitement et le but d’une traite avant de le tendre vers l’Ase qui leva les yeux au ciel.
« Je ne suis pas votre auxiliaire de vie Stark, vous pouvez bien aller chercher de l’eau, non ? »
Un soupir de la part du susnommé lui répondit. Il se leva et s’enferma dans la salle de bain.
« Ne réduisez pas le miroir en miettes cette fois-ci, cria Loki assez fort pour que l’autre entende. »
Et il s’assit, jambes croisées, toujours aussi droit qu’à son habitude.
Dans la salle de bain, Tony but quatre verres d’eau d’affilé avant de ressortir. Il s’assit au bout du lit, face à Loki, et l’observa un moment en silence.
« Comment ça se fait qu’les asgardiens aient une apparence humaine ? pensa-t-il à voix haute. »
Il ne reçut aucune réponse, alors il continua :
« Non pas que j’trouve ça dérangeant hein, mais juste pourquoi ? On a vu d’autres espèces aussi, et elles nous ressemblent pas du tout ! En plus physiquement vous êtes vraiment comme nous, genre il y en a des plus beaux que d’autres… Regarde toi, t’es vachement plus beau que ton frère par exemple. Moi, j’suis plus beau que Steve, Clint ou Bruce. Si ça se trouve, c’est le destin qui nous a rapproché comme ça…
-Je ne me sens pas proche de vous, Stark, remarqua Loki qui écoutait malgré lui le monologue de l’homme face à lui sans pour autant poser les yeux sur lui.
-Eh bah tu vois, ça, ça me blesse parce que je t’aide et tout, et j’ai aucune reconnaissance. C’est un peu le grand drame de ma vie, personne n’a jamais reconnu mes bonnes actions. Enfin, en tant qu’Avengers si, mais il y a toute l’équipe autour. Ça doit être un complot contre moi. Je suis sûr qu’c’est ces enfoirés d’journalistes ! Toujours là quand j’suis dans la merde ces rapaces… R’marque sans eux j’aurai pas autant d’thune parce que je s’rai pas autant médiatisé. Peut être que moins de gens auraient achetés mes armes s’ils ne m’avaient pas pris en photo au casino, en train de boire ou quoi. Puis l’fait que mon père était déjà médiatisé ça m’a aidé aussi. C’est à double tranchant : ils peuvent aider mais qu’est-ce qu’ils font chier. ‘fin ça permet aussi de se taper de jolies nanas parce que là, elles viennent à toi, t’as même pas besoin d’aller les chercher. Après j’dis pas que tu dois te sentir proche de moi mais bon après ce qu’il s’est passé j’pensais…
-Vous pensez mal, le coupa le dieu.
-Eh, j’te permets pas, c’est pas moi qui m’suis fait enfermer par le SHIELD ! Si tu t’étais pas laissé faire, on en serait pas là aujourd’hui… Puis t’es tellement coincé aussi… Tu m’vouvoies tout le temps alors que je suis laaaaargement plus jeune que toi. Même Steve est plus jeune que toi, tu te rends compte ?
-Je n’ai aucunement l’envie d’écouter vos pensées, Stark, taisez-vous. »
L’Ase se leva et, enlevant sa veste et sa chemise, il se glissa dans le lit. Tony se laissa tomber à côté de lui et s’endormit sec, ronflant profondément. Son coéquipier forcé ferma les yeux, cherchant le sommeil qu’il trouva après un long moment à écouter le bruit que faisait le mec bourré juste à côté de lui. Se taper la tête contre le mur aurait été plus agréable, d’après lui.
Quand Tony se réveilla le lendemain, il eut l’agréable surprise de n’avoir aucune douleur de crâne. Par contre, il ne se souvenait de rien, mis à part qu’il avait bu. Il voulut rabattre la couette sur son visage quand il sentit qu’il ne pouvait pas. Quelque chose bloquait. Il tourna la tête pour voir que ce quelque chose n’était rien d’autre que Loki. Torse nu. Dans le même lit que lui. Endormi. Il se redressa, cela faisait assez de données inhabituelles pour que le milliardaire se pose des questions.
« Putain de bordel de merde ! jura-t-il. »
L’Ase à côté de lui ne se réveilla pas. Il soupira et retomba sur l’oreiller, passant ses mains sur son visage.
« Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
-Je peux vous dire que rien n’est arrivé hier soir, Stark, répondit la voix fatiguée du dieu.
-Explique moi alors pourquoi on se retrouve dans le même lit et que t’es à moitié à poil ? interrogea le milliardaire.
-Je suis allé me coucher dans le lit pendant que vous marmonniez je ne sais quoi encore et vous vous êtes simplement endormi à côté de moi. Et vous ronfliez, se plaignit Loki.
-Je marmonnais quoi ? s’enquit soudainement Tony, comme une prise de conscience.
-Vous me racontiez votre vie et combien vous vous trouvez beau… et aussi combien vous me trouvez beau. »
L’homme de métal pouvait sentir son sourire moqueur jusque dans sa voix.
« J’ai vraiment dis ça ? hésita-t-il, peu sûr de savoir s’il voulait la réponse.
-‘’T’es vachement plus beau que ton frère’’, pour vous citer, se moqua le dieu.
-Bordel de merde, jura une nouvelle fois Tony. »
Un petit rire s’éleva. Incroyable, pensa celui qui essuyait sa cuite de la veille, un rire, de Loki, certainement le gars le plus impassible qu’il connaissait. Et ce n’était pas un rire moqueur et cynique comme à son habitude, non ! C’était un rire franc.
« Impensable, la statue de cire rit, ironisa-t-il.
-Vous seriez étonné de voir tout ce que je peux faire encore, sourit l’autre.
-Serais-tu gentil avec moi ?
-Ne poussez pas trop loin la chose, Stark, se renferma l’Ase.
-Je me disais aussi, marmonna l’ingénieur pour réponse. »
Il se leva et partit prendre une douche. Loki ne bougea pas, toujours allongé dans le lit, face à la fenêtre. Il regardait le paysage quand il remarqua une voiture singulière : un pick-up d’un noir immaculé et brillant sous le soleil matinal de l’automne sur la côte est. Il réagit presque immédiatement en appelant son coéquipier.
« Quoi ? râla-t-il.
-Le SHIELD est ici, Stark, et si vous ne vous dépêchez pas, non seulement ils nous captureront, mais vous serez capturé nu et je ne suis pas sûr que ce soit ce que vous voulez !
-Tu te mets à l’humour non-sarcastique maintenant ? se moqua Tony en sortant de la douche, s’habillant en vitesse. »
Il ressortit presque immédiatement et se prit un regard noir de Loki auquel il répondit avec son plus beau sourire. Ils sortirent de leur chambre et se dirigèrent vers la sortie mais trop tard : les agents étaient là, discutant avec la femme qui tenait l’hôtel. Tony tira l’Ase vers lui et ils partirent dans l’autre direction, bénissant le hasard de ne pas avoir été vus. Paniquant, l’ingénieur entra dans un ascenseur et y tira le dieu avant de refermer les portes et le lancer jusqu’au troisième étage. En route, il le stoppa net sous le regard étonné et jugeur de l’autre.
« Quoi ? Ils pourront pas nous trouver là ! répondit le milliardaire, fier de lui. »
Son acolyte haussa les épaules en levant les yeux au ciel et s’assit sur le sol de l’ascenseur. Tony l’imita, face à lui. Ils ne dirent mot pendant de longues minutes.
Au bout d’un certain temps, l’ingénieur ne semblait pas résister à son envie de parler et demanda :
« Tu es bien sûr qu’il ne s’est rien passé cette nuit hein ?
-Pourquoi ? questionna Loki en arquant un sourcil. Vous le souhaitiez ?
-Non, non ! Juste je trouvai ça bizarre que t’ai dormi déjà, puis à côté de moi… »
Le regard qui le scrutait en disait long sur ce que le dieu pensait, à savoir qu’il mentait.
« Mais vraiment hein ! continua-t-il. Je sais que t’es pas trop contact alors dormir dans le même lit que quelqu’un d’autre rentrait pour moi dans la liste des choses que tu n’aimais pas…
-Il y a beaucoup de choses que je n’aime pas mais que je suis obligé de faire, répliqua l’Ase, comme vous écouter à longueur de journée. »
Tony mima qu’il était blessé, une main sur le cœur. Il reçut un nouveau rire de son coéquipier.
« Dis donc, c’est la deuxième fois que je te fais rire aujourd’hui et on est seulement le matin, remarqua l’homme de métal, tu mentirais pas en disant que tu ne m’apprécies pas ?
-Je n’ai jamais dis que je ne vous appréciais pas, répliqua Loki.
-Ah bon ?
-J’ai dit que je n’étais pas gentil avec vous, corrigea-t-il.
-Donc tu m’apprécies, conclut l’ingénieur avec un sourire.
-Ça semble vous faire plaisir, fit le dieu. Vous espériez tant que ça ?
-Ça se pourrait, trésor, sourit de plus belle le dragueur.
-À ce jeu vous perdrez, le prévint l’Ase.
-Quel jeu ? demanda l’autre en battant des cils d’un air innocent.
-Ne jouez pas au naïf, rit-il, vous savez très bien de quel jeu je parle.
-Ça se pourrait… Mais sache que je ne tomberai pas en premier. »
Ça sonnait plus comme une promesse à lui-même qu’un avertissement mais Tony s’en foutait, le dieu face à lui, celui qui ne montrait jamais ses émotions, était prêt à jouer avec lui et quel jeu ! Un des plus délicieux et divertissant…
« Nous verrons ça plus tard, lança Loki.
-Tu penses qu’ils se sont barrés ? demanda l’ingénieur.
-Je n’en sais rien, il faudrait que nous sortions, répondit l’Ase.
-Eh bien tentons ! »
Tony remit en marche l’ascenseur et en sortit prudemment, son compagnon sur les talons.
Les couloirs de l’hôtel étaient vides, ce qui soulagea les deux évadés. Ils passèrent devant la dénonciatrice qui leur lança un regard stupéfait. Tony répondit par un large sourire et sortit.
« Je sais ce qu’on va faire ! s’exclama-t-il une fois sorti. On va percer le barrage à moto !
-Mais vous n’en avez pas, fit remarquer Loki.
-Comme je n’avais pas de voiture au début de notre escapade, rétorqua le milliardaire. »
Les deux hommes passèrent devant un magasin de cosmétique qui fit s’arrêter le dieu. Il contemplait la vitrine avec curiosité.
« Qu’est-ce qu’il y a ? demanda l’ingénieur.
-Qu’est-ce que c’est ? interrogea l’Ase en pointant un petit pot coloré. »
Tony se rapprocha pour voir.
« Du vernis, les femmes en mettent sur leurs ongles pour les embellir, répondit-il.
-Pourquoi seules les femmes pourraient en mettre ? questionna son interlocuteur en fronçant les sourcils. »
Il y eut un blanc.
« C’est bien ce qu’il me semblait, conclut Loki en entrant dans la boutique.
-Eh ! Me dis pas que tu vas en acheter ? râla Tony.
-Bien sûr que si, si j’en ai envie, répliqua le dieu. »
Son acolyte soupira, sortant déjà de quoi lui payer sous son sourire moqueur. En sortant, Loki demanda, toujours curieux :
« Comment ça se met ?
-T’as un pinceau à l’intérieur, directement intégré au bouchon, expliqua l’ingénieur en lui montrant, et tu le passes juste sur ton ongle. »
Le dieu essaya… et rata. Ses mains n’étaient pas assez précises pour mettre le vernis. Il se tourna vers son compagnon de route.
« Non, non, non, je ne te le mettrai pas Loki ! le prévint Stark. »
Il n’avait pas prévu de se retrouver dans un bar à poser le vernis sur les ongles de l’autre qui acceptait miraculeusement le contact en buvant un jus de pomme.
Les évadés sortirent peu de temps après. Les ongles du dieu était d’un noir brillant parfaitement posé.
« Je dois avouer qu’au moins, pour poser du vernis, vous êtes doué Stark, le taquina-t-il.
-Ouais ta gueule, répondit le susnommé.
-Vous aurais-je vexé ? s’enquit Loki. »
Il ne reçut aucune réponse, ce qu’il prit pour un oui. Il posa une main sur l’épaule de l’autre, se rapprochant.
« Je m’en excuse… S’il le faut, je saurai me faire pardonner en temps et en heure, lui fit-il, la voix doucereuse. »
Tony grogna et s’écarta, faisant rire l’Ase.
« Faut qu’on trouve une moto, marmonna-t-il. Et une bonne ! Une BMW... une Ducati… une Honda… pas de Harley par contre, ça fait trop de bruit. »
Loki acquiesça et s’exécuta, regardant autour de ses yeux expectatifs, imitant le milliardaire bien qu’il ne savait absolument rien sur ce qu’ils cherchaient.
Après plusieurs heures à vaquer dans la ville sous le vent d’automne, Tony trouva ce qu’il cherchait. Au détour d’une ruelle, une Ducati deux places se tenait, seule. Il tourna autour, cherchant comment il pourrait la voler, quand le propriétaire se pointa. Ce dernier se figea en voyant les deux criminels alors, par réflexe, l’ingénieur lui sauta dessus et couvrit sa bouche.
« Tu n’as pas intérêt à prévenir le SHIELD. »
L’homme secoua la tête et Tony le lâcha.
« Vous voulez ma moto ? Je vous la vends, sourit l’homme.
-Pas besoin, on vous la rendra plus tard.
-Comme vous voulez, je suis un pro-Iron Man moi ! s’exclama-t-il, fier.
-On peut avoir les équipement avec ? demanda l’autre.
-Bien sûr, sourit l’homme. Je pense que ça ira, vous semblez avoir le même gabarie que mon fils et moi. La moto est une Scrambler Ducati 1100 special avec 6 vitesses. Elle pousse pas mal mais une fois qu’on sait la manier, elle est confortable à conduire. Mon fils m’a dit que le siège arrière était confortable aussi.
-Parfait, répondit l’homme de faire en prenant les équipements tendus par le propriétaire. Et si on la casse… je repayerai.
-Je vous fais confiance là-dessus, et bonne chance ! salua l’homme. »
L’ingénieur lui fit un signe de tête en donnant un des équipements à Loki qui n’avait rien dit depuis le début de la discussion.
« Vous vous y connaissez en moto ? questionna-t-il quand l’homme fut parti.
-J’ai rien compris, avoua Tony. Mais je sais conduire, ne t’en fais pas ! Steve m’a appris.
-Dois-je me sentir rassuré ? demanda sérieusement le dieu.
-Euh… ouais ? J’ai déjà monté avec lui, acquiesça le milliardaire avant de se rendre compte du possible double sens de ses mots souligné par le regard de son camarade d’évasion. Allez, enfile le blouson. »
Il regarda l’Ase l’enfiler en riant. Il ne savait pas comment le mettre et semblait totalement perdu.
« Au lieu de vous moquez, venez m’aider Stark, objecta-t-il. »
Alors, ledit Stark qui avait déjà enfilé le sien, s’approcha de lui en riant toujours. Il referma le zip, les boutons et les scratchs de sécurité et tapota sa joue quand il eut fini.
« Voilà trésor, tu peux mettre le casque maintenant. Ça tu devrais réussir, c’est comme n’importe quel autre casque ! se moqua l’ingénieur. »
Loki lui lança un regard mauvais en l’enfilant. Puis il mit les gants, imitant son coéquipier.
« Je vais faire quelques tours avant de te faire monter, cria celui-ci dans son casque. »
Et le dieu acquiesça en le regardant enfourcher la moto et rouler maladroitement jusqu’au bout de la rue avant de faire demi-tour pour revenir. Il le fit plusieurs fois avant de s’arrêter devant l’autre.
« Allez, monte et accroche toi à moi. Pour pas qu’on tombe, faut juste que tu te tiennes contre moi et que tu suives mon corps dans les virages, lui expliqua Tony avec un clin d’œil. »
L’Ase leva les yeux au ciel en s’installant. Il s’accrocha fermement au blouson du conducteur.
La moto s’élança et rejoignit la grande route à traverser pour atteindre le barrage. C’était vide, il n’y avait personne à part les agents du SHIELD.
« T’es prêt ? s’assura Tony. »
Un hochement de tête lui répondit et, à pleine puissance, le conducteur roula jusqu’au barrage. Il chercha un endroit où passer, un interstice assez grand pour leur véhicule, et paniqua en ne trouvant rien. Il remarqua sur la droite que le barrage n’allait pas jusqu’au bout du pont. C’était étroit, mais il ne pouvait tenter nulle part d’autre, aussi, il essaya. Sa jambe racla contre la voiture qui bloquait à cet endroit là et il perdit l’équilibre mais il réussit miraculeusement à se rattraper et dépassa le barrage sous les protestations et les coups de feu du SHIELD. Son cœur battait à tout rompre, ses mains étaient crispées sur le guidon, il retenait jusqu’à sa respiration, entendant les balles siffler autour.
Après une longue course poursuite vers le sud, Tony, Loki et leurs poursuivants se retrouvèrent en pleine campagne. La jambe blessée de l’ingénieur lui faisait de plus en plus mal, elle le brûlait de l’intérieur et bientôt il fut obligé de relâcher la pression sur la pédale. Cela le déséquilibra bien trop et il vira entre les arbres. La moto se coucha et les deux hommes en tombèrent, tous les deux mal en point.
« Bordel ! jura le milliardaire en retirant son casque. »
Le dieu leva les yeux vers lui en se relevant et vit que sa jambe était justement coincée sous la moto. Il s’avança pour soulever la carcasse, étonné par son incroyable poids. Le conducteur se dégagea et tenta de se relever mais il retomba. De toute évidence, il ne pouvait plus s’appuyer sur sa jambe. Alors son acolyte attrapa son bras, le souleva et le fit passer sur ses épaules, ignorant ses protestations. Il était lourd, mais dans le feu de l’action son sauveur ne s’en souciait pas, il voulait simplement se tirer d’affaire. Courant comme il le pouvait, celui-ci se dirigea dans la direction opposée à la route où se trouvait les voitures qui les poursuivaient. Heureusement le temps était sec, la terre ferme, et un village se trouvait non loin. L’Ase atteignit les premières maisons mais continua sa route jusqu’à tomber sur une maison aux fenêtres grillagés et au terrain en friche. Il s’y aventura, pliant sous le poids de l’homme sur son dos. Il fit le tour en voyant que la porte d’entrée était condamnée par des briques. Une seconde porte se trouvait là, il tenta de l’ouvrir, en vain. Alors il recula d’un pas et y envoya son pied, près de la serrure, pour la faire sauter. Elle s’ouvrit, et Loki entra. Il remarqua que la maison était abandonnée depuis un certain temps : les plantes reprenaient possession des lieux et des petits rongeurs en avaient fait leur QG. Il s’approcha du canapé poussiéreux, l’épousseta d’une main et lâcha Tony dessus.
« T’aurais pas pu me poser doucement bordel ? râla ce dernier.
-Je ne crois pas que ce soit de ma faute si vous êtes aussi lourd, rétorqua le dieu. Et puis je vous ai sauvé alors que je pouvais très bien repartir seul, estimez vous heureux. »
Le milliardaire soupira en le regardant, détaillant ses blessures. L’une des manches du blouson était déchirée et la veste et la chemise dessous aussi, laissant voir une brûlure sur l’épaule. Son pantalon était totalement réduit en lambeau d’un côté et sa jambe, elle aussi, était brûlée. C’était bénin, certes, mais cela devait lui faire mal. Tony s’en voulut d’avoir critiqué son acolyte alors que celui-ci l’avait porté pour le mettre en lieu sûr. Il s’excusa et s’enquit :
« Ça va ?
-Je suis en vie, répliqua son sauveur. Et vous, Stark ?
-J’ai l’impression que ma jambe est un feu crépitant, mais je suis en vie aussi, alors ça va. »
Loki s’approcha de lui et déchira son pantalon au dessus de son genou. Il prit quelques mouchoirs et, avec le tissu arraché, il fit un pansement au dessus des entailles qu’arborait le conducteur à cause du véhicule.
« Merci… Fais voir tes blessures maintenant, demanda-t-il. »
L’Ase refusa et, quand Tony insista, il ne plia pas.
« Pourquoi tu veux jamais me montrer tes blessures ? s’indigna l’autre. Moi aussi je peux t’aider !
-Je ne veux pas, Stark, c’est tout ce que vous devez savoir, répliqua le dieu, ferme et froid, distant de nouveau. »
L’ingénieur ne répondit rien et ils restèrent silencieux.
Le silence fut troublé par les pas des agents à l’extérieur. Ils semblaient si proche que le dieu comme l’humain retenaient leurs respirations chaque fois qu’ils en entendaient. Mais Tony ne put retenir le bruit que fit inopinément son estomac, témoignant de sa faim. L’Ase tourna son regard vers lui et rit.
« Je vois que vous avez faim… Je vais chercher à manger.
-Non ! s’exclama immédiatement l’homme de métal qui, sans son armure, faisait moins le fier – mais le faisait quand même.
-Vous ne voulez pas manger ? demanda Loki.
-Si mais… commença son coéquipier.
-Vous ne voulez pas rester seul, devina-t-il.
-Ça s’pourrait… »
Le ventre du milliardaire manifesta de nouveau sa faim.
« Je ne serai pas long, lança l’autre en sortant. »
Son acolyte soupira et fixa le plafond. Pourquoi Loki voulait-il soudainement prendre autant soin de lui ? Mystère… Mais cela ne déplaisait pas au blessé qui semblait satisfait de sa condition, ironiquement.
Lorsque le dieu revint, il avait un sac dans les mains qu’il posa sur la table basse. Tony se redressa mais une main sur son torse le força à rester allongé. L’autre ramena une chaise et s’installa entre le canapé et la table basse. L’ingénieur le regardait ouvrir le sachet et sortir un cheeseburger quand il demanda :
« Pourquoi t’es… aussi… attentionné ? »
Loki se figea et le regarda droit dans les yeux.
« Comment ça ?
-Bah depuis l’accident, tu me portes jusqu’ici, tu me soignes, tu me nourris… rajouta Tony. Je veux dire, je t’ai toujours connu en ennemi, pourquoi tu t’occupes de moi comme ça ? »
Le dieu lui tendit le burger.
« Nous jouons à un jeu, vous ne vous souvenez pas ? répondit-il. Et je suis déterminé à le gagner.
-Pourquoi es-tu autant déterminé ? questionna le milliardaire. T’es un dieu, t’as rien à prouver !
-Je le suis toujours lorsqu’on me défie, répliqua son interlocuteur sans tomber dans le piège que l’autre semblait vouloir lui tendre. Maintenant mangez. »
Tony attrapa le burger et l’ouvrit.
« Merci, trésor, sourit-il. »
Le dieu l’ignora et mordit dans son propre burger. Son compagnon l’imita et ils mangèrent en silence, seul l’homme de métal glissait quelques regards en coin au dieu assis à côté de lui.
Quand il eut fini son burger, Tony s’essuya la bouche puis regarda Loki longuement.
« Pourquoi me regardez-vous ainsi ? Je suis si beau que ça pour que vous me fixiez avec ces yeux là ? le taquina-t-il.
-Ça s’pourrait trésor… répondit son compagnon sur un ton lascif.
-Je ne pensais pas que je vous faisiez autant d’effet… ajouta le dieu sur le même ton.
-C’est réciproque ? demanda l’homme de métal.
-Cela se pourrait… répliqua Loki en se levant. »
L’ingénieur se redressa pour se retrouver en position demi-assise. L’autre en profita pour s’asseoir sur son bassin.
« Mais je suis certain que vous serez le premier à lâcher, Stark, reprit-il.
-J’ai trop d’ego pour ça, tu le sais bien trésor, prévint ledit Stark.
-Vous aimez tant que ça m’appeler ‘’trésor’’ ? interrogea le dieu avec un sourire en coin.
-Ça n’a pas l’air de te déplaire, riposta le dragueur.
-Évidemment non, souffla Loki dans son oreille, une main sur son torse à l’endroit de son réacteur ARK. »
Il sourit en voyant un frisson parcourir sa proie et décida de continuer.
« Imaginez seulement mon corps nu contre le vôtre, trésor… »
Un nouveau frisson, son sourire s’élargit.
« Nos peaux brûlantes…
-Ferme là, répliqua Tony.
-Et pourquoi donc ? Vous n’aimez pas cela ou vous avez trop peur de perdre ? »
Le silence lui répondit. Il mordilla l’oreille du milliardaire qui le repoussa alors.
« Ah non ! s’indigna-t-il. J’ai été fairplay moi !
-En quoi n’est-ce pas fairplay, Stark ? Nous n’avions pas imposé de règle… lui rappela le dieu en le regardant droit dans les yeux. Vous êtes sur le point de lâcher prise ? »
Comme le susnommé ne répondit pas, il se rapprocha pour que leur visage ne soit plus qu’à quelques centimètres.
« Vous avez si peur du contact ? Répondez moi, Stark. Vous êtes sur le point de perdre n’est-ce pas ? »
Si proches, la respiration des deux hommes se mélangeaient. Tony avait du mal à respirer convenablement, et l’Ase l’avait bien remarqué, s’en jouant, fier.
« Pourquoi n’acceptez-vous pas votre défaite ? continua-t-il en passant sa main sur le flanc de l’humain sous lui. Vous le savez tout comme moi, le jeu est fini. »
Lorsque Loki eut achevé ces mots, Tony ne résista plus une seule seconde et l’embrassa. Il sentit son partenaire sourire sous ses lèvres. Il avait envie de l’insulter de tous les noms comme de l’embrasser encore et encore. Ses mains défirent l’élastiques qui tenait ses cheveux pour les ébouriffer en y passant ses mains, rapprochant encore plus leurs visages. Leurs lèvres bougeaient, bouche contre bouche, et l’humain laissa glisser l’une de ses mains le long du dos de celui sur lui jusqu’à atteindre ses fesses. Il le serra contre lui sans lâcher ses lèvres, son souffle erratique, sa langue essayant de percer la barrière de ses dents qu’il prenait un malin plaisir à refermer pour l’en empêcher.
« Salop… souffla le milliardaire entre deux baisers. »
Mais il continuait de l’embrasser avec force et une passion attisée par le jeu auquel ils jouaient. Il le voulait, entier. Avec son corps aux traits fins, ses yeux pétillants, ses sarcasmes, ses peurs, ses blessures, son passé, ses envies, mais surtout son amour. Quand une langue entra dans sa bouche pour titiller la sienne, il le sut. Il était tombé amoureux de Loki Laufeyson. Un putain de dieu. Et il était en train de l’embrasser sauvagement. Son cœur rata un battement quand, cessant tout baiser, ils se regardèrent droit dans les yeux. Tony vit dans ceux du dieu une lueur qu’il n’avait jamais vue avant. Il avait ce regard amusé, certes, mais aussi un attrait sincère, un intérêt certain, et un brin de douceur qu’il ressentit jusque dans ses gestes quand sa main fraîche et pâle passa sous ses vêtements pour caresser son torse. Il soupira d’aise et bascula la tête lorsque les lèvres de l’Ase se posèrent dans son cou, juste en dessous de sa mâchoire. Il retira le blouson qu’il portait malgré le froid du soir qui tombait. Qu’importe, il bouillait intérieurement, comme s’il avait attendu ça… Le dieu enleva également son blouson, rapidement suivi de sa veste et sa chemise. Son torse était marqué de ses dernières blessures mais Tony le trouva beau. Simplement beau. Il passa ses doigts le long de sa clavicule, puis il descendit jusqu’à sa poitrine où il s’attarda un peu, ses abdominaux, les os de son bassin, plutôt saillants… Il s’arrête à l’apparition du tissu, puis il remonta. Loki posa une main sur la sienne, le regardant toujours dans les yeux. Il n’avait aucune méfiance. L’humain ne put se retenir encore et l’embrassa de nouveau avec plus de calme, plus de tendresse presque, tout en restant lascif.
Ils continuèrent ainsi un certain temps, profitant de l’autre, donnant et recevant à part égale. Quand ils s’arrêtèrent, plus fatigués que lassés, le dieu posa sa tête sur la torse de l’homme sous lui, les yeux en face du réacteur ARK, observant sa lumière. D’une main autour des épaules, Tony le retenait contre lui.
« J’avoue ma cuisante défaite, articula-t-il dans le noir du soir seulement troublé par la lumière qu’il produisait lui-même, mimant la déception.
-En êtes-vous réellement déçu, Anthony ? s’enquit Loki bien qu’il savait déjà la réponse.
-Tu m’appelles par mon prénom ? nota le susnommé. Hâte que tu me tutoies enfin.
-Répondez.
-Évidemment non, sourit l’ingénieur. »
Un silence paisible s’installa alors qu’il caressait l’épaule blessée de son partenaire. Ce dernier déclara finalement :
« Il faudra nous rendre, il n’y a pas d’alternative... Pourtant, croyez moi j’en ai cherché, mais je n’en vois pas, à part fuir éternellement ce qui serait pénible.
-On pourrait partir au Mexique, recourir à la chirurgie esthétique et changer d’identité, blagua Tony pris d’un rire nerveux car il était évident que la situation ne lui plaisait pas.
-Anthony, restez sérieux, le rappela à l’ordre l’Ase.
-Ne parlons pas de ça, profitons, demanda ledit Anthony.
-Il le faudra, maintint l’autre.
-Demain, promit son interlocuteur. »
Loki ne rétorqua pas, alors l’ingénieur risqua un regard vers lui. Il semblait pensif et même un brin triste en fixant la lumière de vie qu’il caressait du bout des doigts. Le propriétaire de la lumière se sentit triste également à cette vision. Ils pourraient être paisible, ressentir un semblant de bonheur, mais la crainte du lendemain et même de la suite de leur aventure les en empêchaient. Comme pour chasser ses pensées pessimistes, Tony releva doucement le visage de son compagnon et l’embrassa, un goût amer au creux de la gorge. Ils se regardèrent un instant et, reposant sa tête sur le torse, Loki s’endormit. Le milliardaire ne tarda pas à l’imiter.
Quand Tony se réveilla le lendemain matin, il n’y avait personne d’autre que lui dans la pièce. Il se releva tant bien que mal et sortit. Là, l’Ase était assis dans l’herbe en tailleur, comme s’il méditait. Son acolyte vint se laisser tomber à ses côtés.
« Allons-nous parler ? questionna celui qui méditait sans ouvrir les yeux.
-Bonjour à toi aussi, râla l’homme de métal, déjà de mauvaise humeur. »
Alors qu’il s’attendait à une réplique cinglante, Loki le regarda, presque désolé, et l’embrassa, une main sur sa joue.
« Tu sais t’faire pardonner au moins, sourit à moitié l’humain.
-Je m’inquiète, avoua son coéquipier.
-De quoi ? s’enquit Tony en fronçant les sourcils.
-J’ai l’impression d’avoir trouvé quelqu’un qui m’apprécie, et que j’apprécie, expliqua le dieu, flattant l’autre, mais nous ne pourrons pas continuer.
-Pourquoi donc ?
-On ne pourra pas fuir éternellement.
-Et pourquoi pas ? Je veux dire, même sans pouvoir nous battre, on a déjà tenu si longtemps ! On a semé les Avengers et le SHIELD plus d’une fois, répliqua l’ingénieur d’un sursaut d’optimisme. Et si je pouvais obtenir des outils adéquats, je pourrais te libérer de tes bracelets.
-Et ça servirait à quoi ? lança l’Ase, la mâchoire serrée.
-Tu pourrais nous sauver, nous téléporter en lieu sûr, ou un truc du genre, fit le milliardaire.
-Vous abandonneriez toutes vos connaissances Stark ? Je ne crois pas.
-Je les abandonne déjà en continuant mon petit road-trip avec toi. Et au moins, ici, j’ai aucune contraintes. »
Un silence lourd s’abattit.
« Tu veux qu’on se sépare ? Qu’on continue nos routes chacun de notre côté ? Qu’on se rende ? interrogea Tony, paraissant plus énervé qu’autre chose. »
Il ne reçut aucune réponse.
« Le problème, c’est que tu ne veux pas te battre, tu ne veux pas essayer. On pourrait s’en sortir, mais pas si t’y mets pas du tien ! Merde Loki, tu veux vraiment leur donner ta liberté ? continua-t-il. C’est vraiment ça que tu veux ?
-Tout ce que j’ai voulu je ne l’ai jamais eu Stark, répondit enfin le susnommé.
-Et là je te donne l’occasion de saisir ce que tu veux mais tu ne veux pas ! On pourrait même parler à ton frère pour qu’il nous aide, entamer des négociations avec le SHIELD ou que sais-je encore ! Essayons, au moins. Mais avant, j’aimerai qu’on profite, qu’on pense pas à l’avenir et qu’on baise, surtout. »
Un rire nerveux secoua Loki. Il sembla réfléchir à cette solution. Quand son compagnon l’attira contre lui, il murmura :
« Je veux bien essayer. »
Il releva la tête.
« Et vous faire l’amour. »
L’ingénieur resta silencieux à son tour, assimilant le sens de ces mots. Le dieu de la Malice était trop doué avec les mots pour sortir des choses au hasard et qu’il ait corrigé ‘’baiser’’ en ‘’faire l’amour’’ n’était pas anodin. Celui dans ses bras sourit face au trouble qu’il avait déclenché par quelques mots. Il se rapprocha de son visage et ajouta :
« Vous ai-je tant troublé Anthony ?
-Ça s’pourrait, souffla-t-il. »
Un nouveau rire, bien plus franc, éclata dans la gorge du dieu. Tony décida que c’était son nouveau son préféré, avant même le rock et pourtant dieu seul sait à quel point il éprouvait un amour inconditionnel pour ce style de musique.
« Faudra te racheter un costard, pensa le milliardaire à voix haute.
-Effectivement, acquiesça le porteur du costard déchiré. Nous pourrions y aller maintenant, si votre jambe le permet.
-Évidemment ! s’exclama son interlocuteur. Mais tutoie moi s’il te plaît, vraiment. Ça me donne l’impression d’être vieux.
-Tu l’es, affirma Loki avant de rire à nouveau. »
Stark ne put s’empêcher de rire aussi en se relevant. L’Ase l’imita et, après avoir récupéré les affaires, ils se mirent en route vers le centre ville.
Arrivés là-bas, les deux hommes ne trouvèrent pas la boutique qu’ils cherchaient. Il fallait partir dans une autre ville, ce qui était plutôt compliqué à cause de leurs blessures… Ils se mirent tout de même en chemin, il n’y avait rien à faire là où ils étaient. La route était sèche, il n’avait pas plu depuis la dernière fois, et le vent y balayait quelques feuilles mortes. Il n’y avait personne, c’était un décor sinistre dans lequel les évadés progressaient côte à côte.
Parallèlement, au SHIELD, le directeur s’entretenait avec les Avengers assis devant lui. C’était une crise majeure déclenchée par un inconscient, à savoir Tony, pour Fury.
« Je veux que vous retrouviez les fugitifs, leur ordonna-t-il. Stark, vous le mettrez en prison, et Laufeyson… »
Il sembla réfléchir un instant.
« Tuez-le.
-Quoi ?! Non ! s’indigna le dieu du tonnerre.
-Odinson, mettez vos sentiments fraternels de côté, votre frère est un danger mondial pour la Terre, lui expliqua Nick, nous ne pouvons pas le garder plus longtemps dans nos locaux.
-De toute façon il n’y est déjà plus, répliqua Natasha.
-Fermez-là Romanoff, râla leur superviseur. »
La susnommée obéit mais lança néanmoins un regard noir.
« Vous le tuerez car c’est un ordre, Laufeyson n’est qu’une menace pour notre terre. Il n’y a pas à discuter, compris ? Et vous me laisserez Stark. Dispersez-vous maintenant, et préparez-vous, on les aura bientôt. »
Sans un mot mais d’un pas furieux, chaque Avengers s’en alla de son côté.
Pour Tony, la route était tout simplement infinie. Il n’en voyait pas le bout à travers cette campagne.
« Attends, fit-il à Loki, on va se reposer un peu.
-Il y a un problème ? s’enquit l’Ase en haussant un sourcil.
-J’ai soif. »
L’alcoolique sortit du sac une bouteille d’alcool qu’il ouvrit sous le rire silencieux de son compagnon. Il but trois gorgées avant de tendre la bouteille au dieu.
« T’en veux ? »
Une voiture passa derrière eux. Loki secoua la tête avant de regarder l’horizon. À son expression, l’ingénieur comprit qu’il était préoccupé, mais il commençait seulement à sentir les doux effets de l’alcool alors il ne s’en soucia pas.
Les deux renégats restèrent un moment sur le bas-côté de la route, en silence. Enfin, ç’aurait été un silence si les babillements un brin alcoolisées et surtout égocentriques de Stark ne couvraient le bruit du vent. Cela ne dura qu’un instant cependant puisqu’il finit par se taire en se rendant compte de combien son acolyte semblait inquiet. Il ne lui avait même pas lancé une pique pour le faire taire, il s’était simplement contenté de lui lancer un regard appuyé, sans même soupirer. Puis il avait repris sa contemplation bien plus intéressante que son petit-ami de l’horizon.
Irrité, Tony se pendit au cou de Loki et embrassa sa mâchoire. Celui-ci se tourna vers lui avec un regard dur puis, en voyant les yeux de chiens battus de son compagnon réclamant un baiser, se détendit visiblement. Il lui accorda alors un long et langoureux baiser, passionné et lascif. Gémissant, l’humain attrapant les hanches de son homologue pour le tenir fermement contre lui. Malgré tout, il sentait une amertume dans le baiser et en se séparant, il croisa le regard résolu de l’Ase. Il voulut demander à quoi il pensait mais des pick-up noirs les encerclant furent plus rapides. Là, Stark s’écarta significativement du dieu qui se tenait dos à la route, à genoux sur le sol. Il dessaoula immédiatement en voyant toutes les armes pointés sur eux et ses anciens amis en position de combat devant lui et non à ses côtés. Ouais, ça lui faisait un putain de choc. Il regarda Loki qui se levait doucement, tête baissée, et comprit.
« Tu le savais enfoiré ! Pourquoi tu m’as rien dit ? On est une équipe merde, on aurait eu le temps de fuir ! s’énerva le milliardaire.
-Mais on ne peut pas fuir éternellement, Anthony. »
Ledit Anthony ne répondit pas, considérant avec horreur son ancien ennemi qui le considérait d’un regard dur. Il croisa les bras avec la même expression.
« Je refuse. Je refuse de me laisser prendre sans me battre.
-Je me suis trop battu. »
Tony aurait eu mille choses à répondre, mais une paire de lèvres désespérées le prirent de court. Il savait que, derrière, les Avengers étaient incrédules face au baiser qu’ils échangeaient, mais il s’en foutait royalement, il avait juste le cœur qui battait à mille à l’heure et putain de peur. Lui, le grand Tony Stark, avait peur. Parce qu’il était piégé, ne voyait pas d’issus et encore une fois se sentait trahi.
Loki se détacha après plusieurs secondes. Le ciel est bien gris, il va pleuvoir, remarqua Stark en détournant le regard. Parce que c’était peut être la dernière fois qu’il verrait le ciel. Le vent se leva encore, fouettant son visage et, quand il revint au dieu, il ne put que remarquer ses cheveux volants sur son visage.
« N’oublie pas que je t’ai aimé, murmura le dieu en regardant dans les yeux l’ingénieur qui était décidément en train de retenir des larmes. »
Sur ces mots, il se retourna et s’éloigna, avançant vers les Avengers mains en l’air. Ceux-ci semblaient trop perturbés puisqu’ils ne bougeaient pas. Loki esquissa un sourire de contentement alors qu’il s’avançait inexorablement vers sa perte. Un coup de feu retentit et un clin d’œil le dieu se retrouva face contre le béton de la route, le sang se répandant en une auréole autour de lui.
« LOKI ! hurla Tony à s’en déchirer les poumons. »
Il fonça sur le corps de son amant, le retournant pour voir son visage serein et blanc tâché de son propre sang et orné d’un trou au front.
« Enfoiré ! ENFOIRÉ ! Tu le savais hein ?! Tu savais qu’on allait te tuer ! Pourquoi t’as rien dit… Je t’aime aussi, moi… »
Et cette fois-ci, l’humain autorisa les larmes à dévaler ses joues. Même si Loki semblait apaisé, il ne voulait pas y croire, il ne voulait pas penser que celui qu’il aimer s’était laissé faire comme ça. Parce qu’il le savait. Et il s’était juste laissé mourir. Pourquoi ? Tony ne pouvait pas comprendre. Peut-être parce qu’il avait trop blesser et surtout avait trop été blessé, peut-être qu’il ne voulait juste pas accepter son destin, peut-être même qu’il valait mieux que ce soit ainsi.
Derrière les Avengers tous plus choqués les uns que les autres, avec un dieu du tonnerre pleurant et s’avançant vers le couple, se tenait Nick Fury qui n’arborait pas une once de remords. Quand l’ingénieur releva des yeux furieux et le vit, ils échangèrent un regard meurtrier. Et Tony Stark promit qu’il ne laisserait plus jamais cet homme dormir en paix.14'000 mots quand même... J'espère que vous n'avez pas trop pleuré
Des bisous ❤
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Recueil de textes gays
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