[Ironfrost - Notre-Dame AU] La rédemption

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Joyeux Noël ! Quoi de mieux qu'un petit Ironfrost (qui finit mal) pour fêter la naissance de Jésus ! (Ouais jsuis catho)

Il avait brûlé mon cœur jusqu’aux cendres et les avait balayées en faisant tourner sa robe colorée. Depuis que je l’ai vu, cet homme du voyage, demandant asile dans Paris, je ne m’en étais pas remis. Il m’avait atteint profondément, plus que quiconque avant, et a provoqué en moi des envies contre ma foi. Mes écarts passés avec des femmes étaient de notoriété publique, je le savais, mais jamais avait-on entendu parler d’écarts avec des hommes. Pourtant Dieu sait que j’ai pu en avoir plus jeune avant de me repentir.

Un coup à la porte qui résonna dans toute la cathédrale fit sursauter Anthony Edward Stark. Il posa sa plume, se releva et descendit les marches jusqu’au rez-de-chaussée. Il se rendit compte que d’autres coups étaient portés, plus timides. Il accéléra le pas et approcha de la petite porte creusée dans la plus grande, puis il se figea : on entendait des pleurs de l’autre côté. Un cri apeuré surgit en même temps qu’il ouvrit la porte. La pauvre âme se précipita contre lui et referma derrière elle d’un coup de pied. Son souffle était court, elle avait le front ensanglanté où ses cheveux noirs collaient et pleurait toujours. Anthony se figea. Ses cheveux noirs. Il reconnut contre sa peau celle blanche du bohémien, et la chevelure ne pouvait appartenir qu’à une seule personne : Loki. Il passa ses propres bras autour de lui et le serra pour le consoler.
« Qu’y a-t-il mon enfant ? demanda-t-il d’une voix détachée.
-La cour… sanglota Loki.
-Quelle cour ?
-La cour des Miracles… »
Le prêtre se figea de nouveau. Il la connaissait, cette cour, il l’avait fréquentée, avant. Dans son ancienne vie.
Anthony tira le bohémien pour qu’il se relève.
« Viens, il fait froid, ne restons pas ici. »
Il se laissa docilement faire jusqu’aux quartiers du prêtre où l’âtre brûlait. Il se laissa tomber devant et se blottit contre la pierre de la cathédrale de Notre-Dame. Il regarda les flammes, longuement, hypnotisé.
« Que s’est-il passé ? demanda le religieux. »
L’étranger sursauta, tiré de ses pensées. Il se tourna vers l’autre lentement, lui montrant sa face meurtrie de coups.
« Je ne parle pas bien le français, déclama-t-il avec un fort accent. Je viens de Norvège.
-Donc tu n’es pas bohémien ? s’étonna le prêtre. Attends-moi là, je vais chercher de quoi te soigner. »
Le français disparut, puis revint peu après. Il s’agenouilla devant Loki et commença les soins.
« Non, j’ai fui la Norvège. Je trouvé les bohémiens et eux savaient le français. Ils m’ont appris un peu. »
Anthony acquiesça.
« Je vois, dit-il en norvégien. Heureusement, je connais un peu ta langue. J’ai fui l’Italie, moi. Quand j’étais enfant.
-Comment est l’Italie ? demanda le norvégien d’un air intéressé. »
Son interlocuteur baissa les yeux.
« Je ne me souviens pas. J’étais trop jeune. »
Comme une main se posa sur son bras, il releva la tête. Loki lui souriait, un sourire à damner littéralement les saints.
« La Norvège, et plus particulièrement mon village, sont bien différents d’ici, commença-t-il doucement. Déjà, en cette période de l’année, la neige serait déjà là. Et puis la pierre qui sert à construire nos maisons n’est pas la même qu’ici. Chez nous, elle est plus colorée. Pas aussi grise et terne. Il y a bien plus d’arbres aussi, des forêts entières par-delà la campagne.
-Nous avions beaucoup de forêts aussi, avant, fit remarquer Anthony.
-Qu’en sont devenus les arbres ? Et les animaux qui vivaient là ? interrogea le jeune homme. »
Le prêtre se pinça les lèvres. Le ton de son homologue était un peu cassant, accusateur. Il savait déjà la réponse et son regard indiquait qu’il l’attendait. Qu’il attendait que ce soit dit.
« Les hommes les ont coupés, lança-t-il en fuyant le regard de son cadet. Les animaux, tués.
-Au nom de quoi, mon père ?
-Ne m’appelle pas- soupira Stark. Au nom du roi. Dieu l’a choisi et l’a placé là, à notre tête. Ses décisions sont divines mon f-, Loki. Il a ordonné la coupe des arbres comme Noé l’a fait pour bâtir l’arche.
-Quelle arche a-t-il bâti pour vous, mon père ? Est-ce celle de la vie ? »
Anthony cligna des yeux, étonnés par le changement d’attitude de son interlocuteur.
« Oui, car il bâtit le toit au-dessus de nos têtes et le plancher que nous foulons. Il renforce les coques de nos bateaux, les charrettes de nos caravanes et les armes de nos guerriers. »
Après ces mots, Loki resta silencieux, les yeux dans le vide. Le temps s’écoula comme au ralenti sans qu’aucun des deux hommes ne brise ce moment. Le feu crépitait joyeusement à côté d’eux, bien qu’il s’affaiblissait. Le maître des lieux remis une bûche, et son invité le regarda faire.
« Aimez-vous les hommes ? demanda soudainement ce dernier. »
Anthony écarquilla les yeux en le regardant.
« Avez-vous une quelconque once de connaissance pour notre religion ? C’est un péché mortel !
-La cour des miracles parle. »
Le prêtre resta interdit un instant. Puis il soupira. Loki en profita pour se rapprocher.
« Je me suis repenti maintenant. Celui qu’ils connaissent n’est plus moi, déclara Anthony.
-Et pourtant… laissa planer l’étranger en prenant sa main et la caressant. »
L’autre retira sa main subitement, comme s’il avait été brûlé.
« J’observe. La voix peut mentir, mon père, mais le corps non. N’est-ce pas pour cela que le Christ fut sacrifié sur la croix ? »
L’ecclésiaste recula légèrement, fixant Loki comme une abomination. Celui-ci se braqua alors. Il tendit la trousse de soin, qui était de son côté, à son homologue en s’excusant :
« Pardonnez-moi mon père… mais votre corps ne ment pas. »
Au lieu de prendre ma trousse, Anthony attrapa son poignet et l’attira à lui, abandonnant la partie. Loki sourit.
« Tu es le diable incarné, lui dit son interlocuteur.
-Pourtant je n’ai rien fait pour vous charmer, se défendit innocemment le jeune homme. »
L’autre l’observa intensément pendant quelques secondes.
« Que mon âme soit damnée une seconde fois… »
Il avança la tête, comme Loki, et ils s’embrassèrent. La main du prêtre attrapa ses cheveux, défit les tresses qui les composaient, tint son crâne avec une forte poigne alors que celles du norvégien agrippait son visage, le griffait légèrement.
Les deux hommes finirent par s’écarter. Loki avait les yeux fermés, et l’italien le contemplait. Ses joues étaient légèrement rouges, ses lèvres humides et entrouvertes pour laisser échapper un souffle archaïque et ses cheveux défaits par les mains d’Anthony.
« Mon P-
-Anthony, le coupa celui-ci. Appelle moi Anthony. »
L’étranger acquiesça.
« Anthony, réitéra-t-il, puis-je rester cette nuit ? Seulement cette nuit…
-Je ne le voyais pas autrement. »
Les mains du chef de Notre-Dame effleurèrent le contour des pansements qu’il avait lui-même posés. De longs doigts fins se posèrent sur les siens, et il fut attiré dans un nouveau baiser. Loki le fit reculer de force jusqu’à ce qu’il soit allongé, dominé par le corps frêle du norvégien. Ce dernier maintint ses poignets au sol, s’assit sur son bassin et l’embrasse passionnément. Il donna un coup de bassin qui fit gémir celui sous lui.
« Depuis combien de temps n’as-tu plus goûté les plaisirs de la chair ?
-Trop de temps, gémit de nouveau Anthony, car son amant avait encore donné un coup de bassin. »
On embrassa son cou, sa poitrine, tout en retirant sa chemise, son ventre… Loki s’arrêta là. Il fit alors le chemin en sens inverse.
Une chose était sûre, Anthony Stark n’avait pas perdu ses atouts pour le sexe. C’était profond et lent et Loki se cambrait sous lui. Les mains se caressaient, les corps se touchaient, les lèvres se trouvaient… Rien n’aurait pu les arrêter. Rien, sauf le grincement d’une porte qu’on ouvre…
« Mon père ! hurla un moine effaré. »
Le susnommé se redressa et tenta de cacher sa nudité comme son amant, mais le jeune homme face à lui le vit tout de même.
« Mon dieu ! Mon dieu, le diable est parmi nous ! »
Et la porte fut claquée. Le prêtre se rhabilla en vitesse et partit à la poursuite de son disciple, laissant l’amant là.
Le lendemain déjà, on vint les chercher. Un procès fut ouvert quelques jours après, seulement pour Stark. Celui-ci se trouvait devant le parvis de Notre-Dame, face à plusieurs magistrats de la Cour et de l’Église. En observant un peu, on pouvait voir l’ensemble des moines attachés à la cathédrale à gauche du prêtre, et la Cour des Miracles de l’autre côté.
« Qu’avez-vous à dire pour votre défense ? demanda le procureur. »
Anthony inspira, prépara son discours et récita d’une voix calme :
« Ce n’est pas moi, et celui avec qui j’ai été trouvé n’était pas humain. C’était le diable en personne qui est venu me voir. Si je suis tombé dans l’un des sept péchés capitaux, c’est par la faute du péché originel, de la tentation. Il est le serpent qui propose la pomme à Ève, et moi un simple humain, création de dieu. Compte tenu de ces faits, le désirer fait-il de moi un criminel ? Alors que c’est lui le coupable ? »
Les juges chuchotaient entre eux pendant qu’il parlait. Et même quand il se tut, ils continuèrent. Puis la voix du procureur résonna :
« Pour péché face à l’Église, acte de bougrerie et utilisation de la magie, nous, la Cour, condamnons Loki Friggarson à la sentence maximale : le bûcher. »
Anthony souffla, laissant retomber sa nervosité.
« Et pour péché face à l’Église, acte de bougrerie et manquement à ses fonctions au sein de l’Église, nous condamnons Anthony Stark à la même peine. »
Le susnommé se figea. Son souffle se coupa alors qu’il réalisait : on avait demandé sa mort. Et les cris du publics, des cris de joie, rendaient ça plus douloureux encore. On l’emmena aux cachots.
Là, la réalisation de sa situation frappa le pauvre prêtre : il allait mourir. Et pire encore, il allait mourir en ayant trahi son amant. Peut être que les flammes lui apporteraient la rédemption qu’il n’avait jamais réussi à trouver…

LA JOIE !!!

Recueil de textes gaysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant