Heyo ! On se retrouve pour cet immense texte qui m'a pris deux mois d'écriture. Sur un nouveau ship en plus. Wah. Bref, ici, c'est la good end, bonne lecture <3
Qu'une bataille eut été aussi rude, cela n'étonnait pas Tony Stark. En revanche, que le célèbre dieu de la Malice se soit laissé capturer aux mains des Avengers, ça n'était pas normal selon lui. Loki fut emmené dans les locaux du SHIELD et enfermé dans une prison conçue spécialement pour lui, avec l'aide de son frère et surtout du milliardaire. Le dieu avait des entraves aux poignets qui n'empêchaient pas les mouvements, bien au contraire, mais l'empêchaient d'utiliser sa magie. De toute façon, depuis son enfermement, le maître menteur n'avait pas essayé une seule fois de s'enfuir. Il restait silencieux, assis sur le lit de sa cellule, fixant soit les caméras qui le lorgnaient sans relâche, soit le vide.
Tony, lui, s'ennuyait à mourir. Soit disant parce qu'il y avait une rupture de stock des matériaux dont il avait besoin pour son armure, il ne pouvait pas réparer celle qu'il avait laissée sur le champ de bataille. Et soit disant parce qu'il s'était blessé en plusieurs endroits, à savoir quelques unes de ses côtes, son omoplate gauche et son péroné droit, il n'avait pas le droit de retourner chez lui. Fury voulait le ''garder en observation sous la main'' ce qui l'irritait qu'on le traite comme un grand blessé alors que tout allait bien. Aussi, il se retrouvait à vaquer dans les locaux du SHIELD à la recherche d'un amusement quelconque. Titiller Banner était impossible, le géant vert étant enfermé dans son laboratoire depuis que Nick lui avait donné une mission spéciale. Emmerder Rogers était tout autant délicat puisque le soldat semblait lui faire la tête à cause d'une blague un peu trop osée sur son état physique après leur dernier combat – c'est vrai que le ''tu me croyais déjà crevé ?'' après s'être fait passer pour mort était peut être de trop. Natasha et Clint ne faisait que s'entraîner, peut être blessés dans leurs égos de s'être fait mettre au tapis si vite la dernière fois, vouloir leur parler était inutile. Thor, lui, restait toujours devant les caméras de la prison de son frère pour l'observer et le génie en était agacé lui-même puisque le dieu du Tonnerre ne parlait que de Loki. Chaque mot qui sortait de sa bouche lui était destiné. Ça l'affectait visiblement de voir celui qu'il chérissait tant enfermé comme un rat en cage. Mais, n'ayant pas d'autres choix, l'homme de métal s'était résigné à tenir compagnie au dieu. Évidemment, il ne l'écoutait pas, il n'en avait que faire de ses injonctions rébarbatives, s'étonnant même que Thor ne s'en lasse pas aussi. Alors, au lieu de ça et pour occuper son esprit, il s'amusait à étudier son propre système de sécurité. Il n'avait pas pu être là pour toute la durée de création à cause d'examens de santé et avait de ce fait plusieurs questions sans réponses.
Le milliardaire trouva, par chance, de nombreuses explications à ses interrogations, bien que le fond sonore de la voix de Thor rendait l'étude plus compliquée. D'ailleurs, ce fut cette complexité qui poussa Tony à décortiquer la salle de vidéosurveillance. Après tout, personne n'y allait à part le fils d'Odin et il n'en avait cure de toute cette technologie qu'il ne savait même pas nommer. Seulement, en démontant une pièce qu'il ne connaissait ni ne reconnaissait absolument pas, l'ingénieur déclencha une alarme. Il se releva sec, se cognant et réveillant la douleur de ses côtes au passage, et regarda les écrans. Toute paroi de la prison avait disparue et même le prisonnier en semblait étonné. Tony essaya de remonter la pièce en jurant, mais rien n'y faisait : les murs ne revenaient pas. Dans sa panique et avec le bruit de l'alarme, il n'entendit même pas les maugréassions de Thor. Il ne lui jeta même pas un regard en s'élançant hors de la salle, ignorant sa jambe qui le lançait – au moins pourrait-il essayer de prétexter que c'était le dieu ignorant qui avait déclenché ça, bien qu'il en doutait.
Au tournant d'un couloir, il aperçut le fameux Fury qui semblait le juger de son œil acéré et scrutateur.
« Stark... siffla-t-il. Savez vous seulement ce que vous avez fait ? »
Le super-héros ne répondit pas.
« Vous avez libéré l'un des plus grands criminels que nous ayons connu ! continua son supérieur. Vous mériterez tout autant d'être à sa place, pour apprendre ne serait-ce qu'à vous tenir ! »
Nick devait sûrement penser que dans son état, Tony ne se débattrait pas, mais c'était mal le connaître. L'ingénieur s'enfuit vers des escaliers qui descendaient il ne savait où. En regardant derrière lui, il s'aperçut que Fury ne le suivait pas, mais il arriva vite à la conclusion qu'il avait prit l'ascenseur. ''Quel idiot !'', pensa-t-il pour lui-même. Il continua tout de même sa descente.
Quelle ne fut pas la surprise de l'homme de métal lorsqu'il se retrouva face à deux émeraudes luisantes qui le toisaient d'environ dix centimètres au dessus de lui.
« Stark, fit la voix dédaigneuse du propriétaire des émeraudes. »
Le susnommé se recula d'un pas.
« Oh, Loki, je vois que tu es en libert-
-STARK ! hurla le directeur derrière Loki, le coupant. »
Ce dernier roula des yeux.
« Mais vous n'avez que mon nom à la bouche ! Je sais que vous m'admirez mais quand m-
-Je ne suis pas sûr que ce soit la bonne situation pour ce genre de choses, le coupa le dieu devant lui en le fixant sans émotion. »
La silhouette de Fury arrivant à grand pas encadrée de Natasha et Clint confirma les mots du dieu du Mensonge – qui pour une fois ne mentait pas.
« Il faut qu'on parte ! s'exclama Tony spontanément.
-Nous ? s'étonna Loki en arquant un sourcil.
-S'ils t'attrapent, tu retournes en prison, et s'ils m'attrapent, je te rejoins, on a des intérêts commun, expliqua l'ingénieur sans réfléchir, fixant seulement la seule menace à ses yeux par-dessus l'épaule du criminel qui avait plusieurs fois tenté de le tuer. »
Ce dernier ouvrit la bouche mais ne put rien dire puisque l'humain devant lui attrapa son bras pour le tirer derrière lui.
« Romanoff, suivez les ! Barton, nous prenons l'ascenseur pour les retrouver là-haut ! Qu'on appelle le reste des Avengers ! cria Fury en furie derrière eux. »
Tony ne prit pas la peine de jeter un œil derrière, il sentait le bras de son nouveau coéquipier et c'était ce qui comptait. Il était dans la merde, certes, mais il n'y était pas seul.
Stark parvint à semer l'espionne par il ne savait quel miracle mais sa route fut coupée par un soldat à l'air fatigué.
« Casse toi Steve !
-Qu'est ce que tu f- »
Steve ne put finir sa phrase, la tête contre le mur. Tony continua sa cavale, un dieu apathique et blasé sur les talons.
Après de longues, trop longues minutes de cavale dans les locaux du SHIELD, l'ingénieur trouva enfin la sortie. Cependant, il ne s'arrêta pas au dehors du Triskelion et continua sa route. Au détour d'une rue, le dieu s'arrêta net, campant sur ses appuis si bien que l'humain blessé ne pouvait plus le tirer.
« Qu'attendez-vous de moi Stark ? demanda-t-il. »
Le susnommé se retourna, essoufflé, sans dire un mot.
« Pourquoi avez-vous libéré un criminel avant de vous enfuir ? demanda Loki. Vous ne voulez plus être un... superhéros, c'est ça ? »
Il avait une réelle lueur d'amusement dans les yeux et sa voix était moqueuse. De toute évidence, Tony avait paniqué et il le savait.
« C'est... c'était un accident... ok ? Je voulais pas te libérer... souffla-t-il, à bout de souffle. »
Il se redressa tout de même mais n'osa pas regarder le dieu dans les yeux.
« Je m'en doute, Stark, lui répondit ce dernier.
-Je voulais juste regarder un truc dans le système de sécurité... et puis j'ai enlevé un truc et l'alarme... elle s'est déclenchée... expliqua son interlocuteur. »
Loki passa à côté de lui en lui lançant :
« Je n'ai que faire de vos explications Stark, je veux seulement savoir pourquoi vous m'avez aidé à m'évader ? S'il ne s'agissait que de vous, vous seriez parti seul, n'est-ce pas ? Ou alors vous n'êtes pas le génie que vous prétendez être. »
Un rire purement moqueur encore s'éleva alors qu'il continuait à marcher. Tony le rattrapa en quelques enjambées avec une exclamation outrée, blessé dans son ego par la remarque du dieu.
« Je ne te permets pas ! Ça ne t'ai jamais arrivé de paniquer ? se défendit-il ridiculement avant de se reprendre. Tu veux retourner au SHIELD pour te refaire enfermer ? Vas y, je ne te retiens pas ! »
Il se prit un regard noir de Loki.
« Non, répondit-il.
-Je savais que tu n'allais pas résister à rester avec le grand Tony Stark, fit l'humain, montrant qu'il avait récupéré sa pleine capacité cognitive. »
Un haussement de sourcil lui répondit.
« On fait quoi ? demanda-t-il.
-C'est vous qui avez pris les devants, pas moi, Stark, déclara Loki.
-Bon, on va chez moi du coup ! décida l'homme de métal. »
Comme son nouveau coéquipier ne répondit pas, il s'avança vers la route tout heureux, pour appeler un taxi.
Dans la voiture, Loki resta silencieux. L'ingénieur avait trouvé bizarre qu'il se laisse faire ainsi, aussi il le questionnait de manière agaçante.
« Pourquoi tu parles pas ? Tu me fais la gueule ? Roh, allez, je t'ai sorti de prison quand même. Sans faire exprès, certes, mais je l'ai fait ! Eh, t'as pas l'air content hein, dis le si t'aime pas la liberté. Mais en vrai pourquoi tu me suis ? Tu peux pas retourner sur Asgard ou je ne sais où ? Ah mais c'est vrai je suis con ! T'as les bracelets ! C'est pour ça que tu me suis ? Je suis un peu ton guide du coup, tu connais pas... comment vous l'appelez déjà ? Midjard ? Mitgar ? Midgar ! C'est ça, c'est Midgard ? Bref tu connais pas Midgard... C'est con que tu puisses pas te téléporter quand même, ça irait beaucoup plus vite pour aller à ma t-
-Vos petits amis y seront avant que nous y arrivons, le coupa le dieu en soupirant, exaspéré. »
Un silence s'ensuivit.
« Merde, jura Tony, j'y avais pas pensé... T'aurais pas pu le dire avant aussi ?
-Je vous avoue avoir été amusé par votre entêtement ridicule, sourit Loki, moqueur.
-On fait quoi du coup ? interrogea l'humain.
-Vous avez dit être le guide, c'est à vous de décider, lui répondit son interlocuteur.
-On peut pas fuir éternellement en taxi, réfléchit Iron Man. Eh tu veux pas m'aider ?
-C'est vous le génie. »
Tony avait de plus en plus la désagréable impression que le dieu se foutait ouvertement de lui. Il se renfrogna, croisant les bras sur son torse, et se mit à regarder le paysage.
Après quelques minutes de silence des plus apaisantes pour le dieu de la Malice, Stark se redressa d'un coup.
« Je sais ! cria-t-il. »
L'autre lui jeta un regard en coin. L'ingénieur se tourna vers lui et posa sa main sur son épaule, un large sourire sur le visage.
« J'ai juste à acheter une voiture sous un faux nom ! s'exclama-t-il.
-Content que vous ayez trouvé seul, répliqua Loki. Mais ne me touchez pas. »
Tony retira sa main.
« Chauffeur, on change de destination, amenez nous au concessionnaire le plus proche, ordonna-t-il. »
Ledit chauffeur acquiesça et changea de direction.
« Tout le monde vous connait ici Stark, vous ne pourrez pas les tromper, remarqua Loki.
-Moi non, toi oui, sourit Tony. T'es le dieu du mensonge non ? Tu peux te transformer-
-Métamorphoser, le corrigea le dieu.
-Tu peux te métamorphoser non ? reprit l'ingénieur.
-Oui.
-Bien ! Tu iras.
-Et que dirais-je ? »
Tony Stark eut un air étonné à cette question. Il n'avait pas pensé que Loki accepterait si vite.
« Stark ? l'appela-t-il en se tournant vers lui.
-Euh, oui, oui... se reprit le milliardaire. Hum, tu choisis une voiture, n'importe laquelle, et tu demandes à l'acheter, tiens. »
Il lui tendit sa carte de crédit.
« Il va te présenter une machine, tu l'insères et tu tapes 2011, lui expliqua-t-il.
-Ils ne traceront pas... ça ? questionna Loki.
-Merde si, évidemment ! Tu sais quoi ? Attends devant la concession, je reviens. »
Les deux hommes sortirent de la voiture. Tony regarda le dieu de haut en bas.
« Tu ferais mieux... d'être discret. Et si le SHIELD arrive, tu fu-
-Stark, je ne suis pas un enfant dont vous avez la garde et je suis plus vieux que vous ne pourrez jamais l'être. Et plus intelligent aussi. »
L'homme de métal prit un air faussement blessé, ne tenant pas rigueur au dieu pour ces mots – il était ce qu'il était, et s'en alla trouver la banque la plus proche.
Arrivé devant, il entra et demanda un conseiller. Celui-ci écarquilla les yeux lorsqu'il lui demanda de retirer un million de dollars.
« Désolé monsieur, vous ne pouvez pas retirer plus de deux cent milles dollars, intervint le conseiller.
-C'est une blague ? Bon, filez moi les deux cents milles balles. »
Le conseiller s'exécuta aussi vite qu'il put.
« Au revoir monsieur Stark, lança-t-il quand ledit Stark arriva à la porte de sortie.
-Si on vous demande, je ne suis pas passé. »
Et il partit en courant presque de peur d'être déjà cerné par le SHIELD.
Les craintes de Tony s'avérèrent vraies. Quand il revint à la concession, Loki était face aux Avengers, seul et sans arme, se battant comme il le pouvait. L'ingénieur s'arrêta net et considéra la situation pour la première fois depuis la libération involontaire d'un criminel. Il regarda la concession et les connexions se firent rapidement dans son cerveau – pour la première fois aussi. Il passa par le côté et se faufila à travers les voitures. Il força la portière conducteur d'une voiture plutôt ancienne et la fit démarrer en un tour de main après avoir démonté le cache de la partie volant. Le bruit du moteur ne réussissait même pas à couvrir celui du combat. Il s'assit sur le siège et ouvrit l'autre portière, il se mit à rouler en hurlant le nom de son nouveau coéquipier qui se retourna. Il ne fut pas long à analyser ce qu'il se passait, aussi quand l'amateur de voiture arriva à sa hauteur, il grimpa prestement dans le véhicule qui accéléra. Les Avengers se mirent presque immédiatement à les poursuivre et Tony ne prit même pas la peine de regarder dans le rétroviseur pour passer la cinquième. Il quitta Washington mais se doutait que ce serait la stratégie des Avengers pour mieux le piéger. Aussi, au lieu de suivre la route, il prit des chemins détournés. Il se retrouva dans le dédale des banlieues de Washington, faisant son possible pour garder le contrôle de la voiture.
D'un habile maniement du volant – et du levier de vitesse, Tony réussit à semer les Avengers. Les deux évadés se retrouvèrent au milieu d'un golf au nord de la ville sous les regards curieux et choqués des golfeurs. Le conducteur poussa un long soupir de soulagement, l'adrénaline le quittant peu à peu. Il glissa un regard vers le dieu qui ne semblait pas au meilleur de sa forme. Il avait un hématome sur sa joue, la lèvre fendue et le coin de la bouche ensanglanté. Il se doutait que le reste de son corps n'avait pas été épargné. Ils n'échangèrent aucun mot et Tony redémarra, se dirigeant vers l'ouest.
Quand le soir tomba, l'homme de métal ne s'arrêta pas de conduire malgré la fatigue qui le consumait de l'intérieur. Il s'était habitué à combattre la fatigue. Seulement, il n'était pas aussi fort qu'il avait pu l'être, blessé comme il l'était et après avoir échappé au courroux de ses anciens alliés. Anciens... y penser le rendait nostalgique. Pas triste, mais nostalgique. Il les avait quitté depuis quelques heures seulement et il était déjà nostalgique. Il rit pour lui-même en reportant un instant son attention sur Loki qui, le visage impassible, scrutait la route. Ce ne fut l'affaire que de quelques minutes pour que Tony succombe à sa faiblesse et s'endorme sur son volant. Aussitôt, la voiture vira de bord et son acolyte eut tout juste le temps de redresser le volant avant qu'ils ne touchent les barrières de sécurité.
« Stark, l'appela-t-il. »
L'ingénieur se réveilla et jura en prenant conscience de la situation.
« Vous feriez mieux de vous arrêtez pour vous reposer, conseilla le dieu.
-Tu t'inquiètes pour moi maintenant trésor ? blagua Tony. »
La seule réponse qu'il reçut fut un roulement d'yeux et un dos tourné. Un sourire prit place sur ses lèvres alors qu'il se dirigeait vers le premier motel qu'il pouvait trouver sur la route.
S'allonger dans un lit était un luxe que Tony ne pensait pas autant apprécier. Il ferma les yeux un instant en savourant la sensation quand il sentit son acolyte s'asseoir sur le matelas. Il se redressa et le fixe, interrogateur.
« Vous auriez pu partir seul quand vous aviez volé la voiture, Stark, fit remarquer Loki.
-C'est vrai, mais Iron Man sans son armure n'est plus Iron Man, répondit-il. »
Un silence s'ensuivit. Le dieu se leva et retira sa tunique avec une grimace. L'ingénieur se leva pour se planter devant lui et constater l'ampleur des dégâts. Une plaie sur son flanc avait déjà formé une croûte, il avait plusieurs hématomes qui se formaient et quelques écorchures. Sans dire un mot, il força Loki à s'asseoir mais celui-ci se dégagea et s'enfuit dans la salle de bain.
« Tu ne veux pas que je t'aide ? demanda Tony, une pointe de vexation dans la voix. »
Le silence, encore. Il haussa les épaules en soupirant et enleva son t-shirt avant de se glisser sous la couverture pour un sommeil des plus mérité.
Quand le milliardaire se réveilla le lendemain, il remarqua que personne n'avait pris place dans le lit à côté de lui. Loki était assis sur un fauteuil, les yeux dans le vide.
« T'as pas dormi ? s'étonna Tony d'une voix éraillé à cause du réveil récent. »
Le dieu leva les yeux vers lui et le toisa un instant.
« Je n'ai pas autant besoin de dormir que vous, Stark, lança-t-il avec cet air toujours totalement neutre que son visage arborait 99% du temps.
-Il faudrait te trouver des vêtement plus... terriens, remarqua l'humain, ignorant la remarque. »
La divinité s'observa elle-même. Elle ne pouvait qu'acquiescer, il était impossible de nier son apparence si peu midgardienne.
C'est ainsi que les deux hommes se retrouvèrent dans une boutique de la ville non loin d'où ils avaient couché pour trouver de nouveaux accoutrements à l'Ase. Entre deux rayons, Tony se tourna vers ce dernier, quelques vêtements à la main.
« J'ai trouvé ! s'exclama-t-il. »
Loki roula des yeux, exaspéré par la joie inexpliquée de son coéquipier qui lui apparaissait de plus en plus comme un gamin capricieux. Cependant, il ne dit rien en prenant les vêtements et s'en alla les essayer. L'ingénieur attendit devant qu'il sorte, ce qui arriva une poignée de minutes plus tard.
Le dieu arborait un sweat vert pas très large et un jean dans tout ce qu'il y avait de plus simple. Il se demanda alors pourquoi diable cet humain riait à présent.
« Tu es tout le temps blasé comme ça ? lui demanda ledit humain en calmant ses rires.
-Quand je suis accompagné d'un idiot oui, soupira Loki. »
Tony se tut, blessé.
« Je n'aime pas, déclara-t-il en se regardant dans le miroir.
-Et tu veux quoi monsieur je-suis-au-dessus-de-toi ? demanda l'autre, boudant apparemment à cause de la remarque précédente.
-Quelque chose de plus...
-Coincé ?
-Classieux, Stark, tout le monde n'est pas aussi débraillé que vous.
-J't'emmerde, marmonna le susnommé, de plus en plus blessé. »
Cependant il partit chercher de nouveau vêtement alors que Loki disparaissait derrière le rideau de la cabine.
Quand le dieu sortit de nouveau, il semblait plus satisfait. Enfin, Tony ne pouvait pas le dire puisqu'il gardait son masque d'impassibilité, mais il avait l'air plus à l'aise. Il portait une chemise blanche, une veste de costard et un pantalon noirs. Le milliardaire l'interrogea du regard et reçut un signe de tête affirmatif.
« Attends, il manque quelque chose ! »
Il s'en retourna dans les rayons pour revenir avec une cravate bleue qu'il donna à un Loki arborant un air expectatif qui changeait de sa non-émotion habituelle.
« Quoi ? demanda Tony.
-Je ne porte jamais... ça.
-Et ça se dit meilleur que moi, lança-t-il en levant les yeux au ciel. »
Il s'approcha de dieu qui eut un mouvement de recul. L'ingénieur lui asséna un regard assassin.
« Si tu ne te laisses pas faire, je ne pourrai pas t'aider. »
D'un soupir, l'Ase consentit à se laisser faire. L'humain passa le ruban autour de sa gorge, veillant à ce qu'il soit sous le col, et le noua habilement. Il réajusta la chemise sous la protestation de celui qui la portait.
« Voilà, trésor. »
Loki grogna mais s'observa dans le miroir sans rechigner. Ils passèrent en caisse avec empressement – pour Tony du moins, achetant d'autres vêtements et un sac au passage. Le milliardaire sortit ensuite mais au lieu de se diriger vers la voiture, il longea la rue jusqu'à entrer dans un café. Loki le suivit sans poser de questions.
Les évadés s'assirent tous les deux à une table dans le café dont la décoration se trouvait être particulière... Les sièges étaient pailletés de rouge, des piliers semblables aux enseignes de Barber Shop se dressaient, une carte s'étalait sur toute la surface du plafond et les murs étaient peints de nombreux visages. Une serveuse habillée court vint à leur rencontre, s'attirant le regard le plus charmeur que l'un avait. L'autre roula des yeux en remarquant le changement de comportement de l'humain qu'il ne pouvait s'empêcher de trouver stupide – de toute façon il n'avait pas envie de s'en empêcher.
« Qu'allez-vous prendre messieurs ? interrogea-t-elle en tenant un calepin.
-Un scotch. Tu veux quoi ? demanda Tony à l'intention de l'homme face à lui.
-Désolé monsieur mais nous ne servons pas d'alcool en journée, s'excusa la serveuse.
-Eh bien... un milkshake vanille fera l'affaire, je suppose, bougonna l'alcoolique.
-Je ne prendrai rien, merci, répondit courtoisement Loki quand la jeune femme se tourna vers lui en notant la commande. »
Elle s'en alla avec un sourire, suivie des yeux par le milliardaire. Il se reprit quand elle atteignit le bar, se tournant vers le dieu.
« Bon ! Après ça, on se change, et on reprend la route ! s'exclama l'ingénieur. Il faudrait planifier un itinéraire aussi, et que je t'apprenne à conduire. Ça nous serait utile...
-Pourquoi donc ? demanda la divinité d'une neutralité sans faille.
-Quand je serai trop fatigué, tu conduiras, lui expliqua son homologue. »
Loki ne protesta pas et Tony s'en contenta.
Peu de temps après, la serveuse revint avec la consommation. Elle la posa devant le barbu qui la gratifia du même sourire que tout à l'heure.
« Voila votre commande, sourit-elle en retour.
-Merci trésor, fit le bourreau des cœurs accompagné d'un clin d'œil. »
La jeune femme rougit à ça et s'en alla voir un autre client.
« Nous nous changerons où ? demanda finalement l'Ase.
-Dans la voiture, lui répondit Tony. Ou les toilettes si tu préfères. C'est vrai que les toilettes seraient plus spacieux mais je doute qu'ils soient plus propres. Je veux dire, on est dans un bar-café, je suis sûr qu'ils font même pas le ménage ici, regarde le sol, il y a des tâches partout ! Au moins ils nettoient les tables, ça on peut pas dire qu'elles sont dégueulasses. »
Loki soupira en regardant au dehors, plus curieux de regarder les humains dans la rue qu'écouter le dialogue de son coéquipier.
« Mais bon, ils font de bons milkshake quand même, continua celui-ci après avoir goûté une gorgée. Tu veux goûter ? Ça te ferait un peu de culture sur la nourriture terrienne, tu sais. Eh, tu m'écoutes ?
-Il y a mille choses plus intéressantes que de vous écouter, Stark, soupira le dieu du Mensonge. »
Frappé dans son ego une nouvelle fois, ledit Stark ne répondit pas et but son milkshake.
Après avoir payé et être passés aux toilettes pour se changer, les deux hommes se retrouvèrent dans la voiture volée. Loki, en plus de son costard, avait noué ses cheveux en une queue de cheval basse et Tony portait un sweat gris à capuche, large, et un jean. D'ailleurs, quand il s'était montré au dieu, celui-ci avait eu un rire moqueur. Ils roulaient maintenant dans l'espérance d'une station service car le niveau d'essence était faible. Ils en trouvèrent une à la sortie de la ville où ils se trouvaient et s'autorisèrent une nouvelle halte.
Le plein fait, ils se garèrent sur le parking à côté pour entrer dans la supérette. Là, Tony attrapa quelques bouteilles d'alcool, une carte de l'état et un set de marqueurs avant de revenir vers son coéquipier qui attendait à l'entrée, droit comme un piquet. L'ingénieur étala le plan sur le capot de la voiture et sortit un marqueur, une bouteille d'alcool dans sa main libre. Il traça un itinéraire, le détaillant à l'Ase qui semblait n'en avoir rien à faire. Le ''guide'' finit par se taire et termina d'élaborer le trajet sans un mot. Ensuite, il se dirigea vers la portière conducteur et l'ouvrit sans entrer.
« Allez, monte par là, je vais t'apprendre à manier ce bolide, l'incita-t-il en le regardant dans les yeux. »
Loki s'exécuta, peu à l'aise. L'Iron Man s'installa à la place du mort.
« Bon, t'as trois pédales, lui montra-t-il. Celle à gauche, on l'appelle la pédale d'embrayage, c'est pour passer les vitesses. Au milieu, tu freines, à droite t'accélères. Laisse ton pied gauche sur la pédale d'embrayage et le droit sera pour les deux autres. Compris ? »
Le dieu acquiesça, étrangement appliqué.
« Bon, pour tourner tu tournes le volant, ça je t'apprends rien, mais si tu veux signaler aux autres que tu tournes, t'enclenches les clignotants. C'est là, fit-il en les enclenchant. »
Pendant une demi-heure encore, Tony expliqua à Loki quel bouton faisait quoi, ce qu'il fallait faire et respecter et d'autres trucs plus techniques, s'assurant toujours qu'il ait compris car sa sécurité en dépendait tout de même.
Enfin l'Ase fit ses premiers mètres sur le parking quasiment vide. Il calla peu de temps après mais redémarra vite, stoppant les rires de l'humain à côté de lui d'un regard assassin. Ce dernier se contenta alors du silence et de deux gorgée de scotch.
« T'as été bien silencieux, remarqua l'homme de métal après quelques minutes passées à boire surtout.
-Je sais me taire quand il le faut, Stark, lança Loki.
-Ouch, répondit Stark en se tenant le cœur, mimant d'être blessé. »
Le dieu eut un sourire bref pour la première fois depuis le début de leur cavale. Tony sourit également en le remarquant et reprit une gorgée de son alcool adoré.
Après avoir roulé toute la journée sans même manger, Tony décida qu'il était préférable de s'arrêter et l'Ase y consentit. Ils entrèrent dans un restaurant au charme rustique qui servait presque exclusivement de la viande. Comme Loki ne sut pas quoi prendre, l'humain décida pour lui sous son regard suspicieux.
« Ça va, je vais pas te faire bouffer des trucs horribles tu sais, se défendit le milliardaire.
-Permettez moi d'en douter, objecta le dieu.
-Permets moi de t'enculer.
-Je ne vous pensez pas avide de ces choses là, sourit moqueusement le prince d'Asgard.
-Parce que tu me connais maintenant ? »
Un bref silence s'installa. Loki l'observait comme s'il tentait de le percer à jour.
« Vous ne niez pas.
-Ça ne te regarde pas, maugréa Tony.
-Donc vous l'admettez.
-On va pas dialoguer sur ma sexualité, si ? s'énerva légèrement l'homme de métal qui se sentait légèrement pris au piège dans sa propre blague. »
Le dieu eut un nouveau rire moqueur en empoignant son verre de whisky-coca que lui avait fait commander l'humain. Il but une gorgée, le goûtant pour la première fois. Il eut d'abord un regard expectatif, avant que celui-ci ne s'éclaircisse.
« Je dois admettre que c'est plutôt bon, déclara-t-il. Un peu étrange en premier lieu, tout de même.
-Je savais que ça pourrait te plaire, sourit Tony, fier.
-Parce que vous me connaissez maintenant ? blagua ouvertement Loki, faisant référence à la médiocre défense du grand Stark. »
Celui-ci ne se sentit même pas blessé cette fois, il rit avant de prendre une gorgée de sa propre boisson, du champagne.
Le repas se finit sous les éloges du dieu pour la gastronomie midgardienne. De toute évidence, il savait apprécier les bonnes choses et cela fit sourire Tony Stark qui le découvrait sous un autre jour. Il avait toujours connu le criminel sans cœur qui voulait le tuer, mais il se retrouvait avec un homme de classe et de goût qui cachait sa curiosité pour la culture terrienne. Ça le toucha presque de voir à quel point il pouvait être comme lui et il se disait que, si le dieu n'était pas aussi renfermé, ils pourraient décidément bien s'entendre.
Une nouvelle fois, Tony se laissa choir sur le lit avec délectation. Il appréciait ce moment qui devenait un rituel où, bras en croix, il s'abandonnait au confort d'un matelas. Il fronça les sourcils en entendant l'exclamation de douleur de Loki.
« T'es sûr que tu refuses mon aide ? »
Il ne reçut aucune réponse.
« Bon bah je vais prendre une douche alors, fit-il en se dirigeant vers la salle de bain. »
En voulant verrouiller la porte, il remarqua qu'elle n'avait tout simplement pas de verrou. Il soupira et se déshabilla alors avant d'entrer dans la douche.
Alors que l'humain se détendait sous l'eau chaude, Loki entra sans prévenir. Tony poussa un cri à la fois surpris et indigné que le dieu ignora, se concentrant uniquement sur le soin de ses blessures. L'ingénieur le regarda un moment avant de pouvoir reprendre son activité, gêné par la présence de l'intrus. Il ne dit rien cependant puisque l'Ase ne semblait pas faire attention à lui – et heureusement. Il ressortit peu de temps après et Tony lâcha un soupir, soulagé, continuant de se laver.
Il sortit de la salle de bain avec un débardeur blanc et un jogging large et s'assit sur le lit.
« Tu sais Loki, il y a des moyens polis pour savoir si l'on peut rentrer dans une pièce ou si l'on dérange la personne, fit-il remarquer.
-Seulement si cela nous importe de le savoir, asséna le dieu sans ciller.
-J'étais totalement à poil ! argumenta l'humain.
-Et ? Ce n'est qu'un corps, répliqua Loki.
-Mais c'est le mien !
-Êtes-vous devenu pudique ?
-Non, je n'aime juste pas qu'on rentre dans mon intimité comme ça !
-Je le saurais pour la prochaine fois alors, Stark. »
Le susnommé leva les yeux au ciel et se blottit sous la couverture. L'Ase, lui, s'assit sur la chaise devant.
« Tu ne veux toujours pas dormir ? lui demanda Tony. »
Loki leva les yeux vers lui.
« Je dormirai quand je le voudrai. »
L'humain n'avait rien à dire, alors il s'endormit.
Tony se réveilla en pleine nuit d'un cauchemar étrange, en sueur et le cœur tambourinant douloureusement dans sa poitrine. Il cligna plusieurs fois des yeux dans l'obscurité jusqu'à voir le dieu devant lui, toujours assis sur sa chaise. Celui-ci leva les yeux vers lui mais ne dit rien, alors l'ingénieur ne dit rien non plus. Il se leva et s'en alla dans la salle de bain où il alluma la lumière. Elle lui brûla la rétine et il mit un certain temps avant de s'y habituer. Devant le miroir, il s'observa. Il se trouvait minable, incapable de se battre sans sa précieuse armure, toujours blessé, en cavale avec un dieu arrogant qui le tuerait de sang froid mais ne pouvait pas utiliser sa magie, dans un motel au nord des États-Unis fuyant ses anciens coéquipiers... Il était décidément devenu dingue. Il jura quand la douleur dans ses côtes le lança de nouveau et s'assit sur le carrelage glacé et sale, reprenant son souffle en chassant les images de son mauvais rêve. Sa tête se posa contre le mur et il soupira, en proie à un conflit intérieur. Devait-il se rendre finalement car, la panique passé, ça lui semblait la meilleure décision, ou continuer de tenter de se sauver tout en sachant ça vain ? Il ferma les yeux comme si cela allait apaiser son feu intérieur. Ce ne fut pas le cas. Et alors, il se perdit dans ses pensées, il était seul avec lui-même. Il repensa à toutes ces années à servir le SHIELD, lui qui détestait rester dans les clous et prônaient la paix en faisant la guerre. Quel échec, ça avait bien failli le tuer. Le milliardaire secoua la tête et se releva en titubant, sonné par le blanc éclatant qui frappait sa rétine et le réveil encore récent. Il se regarda encore dans le miroir. Il ne put empêcher son poing de se retrouver contre, l'éclatant. Il se contempla dans le miroir brisé. Comme lui. Sa main saignait, quelques éclats de verre plantés dedans.
L'homme de métal sortit de la salle de bain et attrapa ses affaires. Il mit son sweat en s'adressant à Loki qui n'avait même pas levé le regard vers lui.
« On se casse, j'ai pas envie de payer le miroir. »
Le dieu le suivit sans un mot. Il n'était pas aussi rapide que Tony qui courrait presque, trainant malgré tout sa jambe blessée. Il s'installa dans la voiture, attendit que Loki le rejoigne et démarra en trombe.
« Pourquoi reprenons-nous la route ? demanda l'Ase après un moment de silence.
-Si on ne veut pas que le SHIELD nous retrouve, il faut qu'on prenne plus d'avance, lui répondit-il. »
L'autre regarda une goutte de sang tomber.
« Vous ne vous soignez pas ?
-Pas besoin, cracha Tony.
-Vous avez encore du verre dans la peau, remarqua son interlocuteur.
-J'avais remarqué, pas besoin d'un stupide dieu pour me le dire ! s'énerva l'ingénieur. Et encore, t'as été adopté.
-Je le sais, pas besoin d'un stupide humain pour me le dire, répliqua Loki, neutre.
-Tu me fais sacrément chier quand même, tu veux pas mettre tes sarcasmes de côté pour cinq minutes ?
-Regardez la route Stark.
-Non putain ! J'en ai marre de regarder devant moi comme si c'était la seule chose à faire ! Depuis que je suis au SHIELD, je n'ai fait que ça, pas un pas de côté, pas le droit à l'erreur...
-Stark.
-Pas le droit d'une bavure parce qu'on est des superhéros, on doit sauver le monde, faut pas qu'on ait de sentiments en fait dans ce métier...
-Stark.
-J'pensais même pas en avoir avant de commencer... Je veux dire, j'étais l'homme d'affaire par excellence, fils du propriétaire de la plus grande usine d'armement d'Amérique, j'ai une entreprise à mon nom, des milliards sur mon compte en banque, je peux me taper qui je veux quand je veux...
-Anthony ! cria le dieu. Je n'en ai rien à faire de vos problèmes, je suis sûr qu'il y a des gens spécialisés ici pour ce genre de choses mais là vous êtes en train de conduire. Ne vous étonnez pas qu'on vous traite d'irresponsable puisque c'est tout ce que vous êtes. »
Ledit Anthony s'arrêta net de parler pendant un instant. Finalement, il brisa le silence, plus calme :
« Ça faisait longtemps qu'on ne m'avait pas appelé Anthony. »
Loki tourna les yeux vers lui.
« Je pense qu'on va s'arrêter un peu et aller boire un coup. Ça nous fera du bien... Enfin ça me fera du bien au moins. »
L'Ase ne dit rien, consentant.
Loki et Tony se retrouvèrent dans un bar qu'ils avaient trouvé quelques kilomètres plus loin. L'humain prit deux scotch et, quand la commande arriva, il en tendit un au dieu de la Malice. Celui-ci fixa le verre un instant quand le milliardaire but d'une traite le sien avec une légère grimace. Il prit une gorgée, toujours très droit. Sa bouche se tendit en une étrange ligne tordue, signe de sa dépréciation.
« T'aimes pas ? lui demanda l'alcoolique.
-C'est étrange... répondit son acolyte, incertain.
-T'inquiètes pas, on s'y fait. »
Les verres s'enchainèrent sauf que, à la différence de Stark, Loki sut quand s'arrêter. Il se retrouva alors avec un homme complètement bourré qui n'arrivait pas à aligner trois mots cohérents et semblait soudainement être malade. Il confirma cette dernière pensée en voyant le milliardaire boiter jusqu'aux toilettes comme il le pouvait. Il revint pâle. Sa tête lui faisait mal, il voyait flou, ses mains tremblaient légèrement. Il posa de quoi payer les consommations sur la table et tendit les clés au dieu.
« Tu conduis, ordonna-t-il.
-Vu votre état déplorable, il vaut lieux en effet, lui répondit le dieu sobre. »
Ils sortirent du bar.
« Eh je t'emmerde ! s'exclama Tony assez fort pour réveiller la rue. »
Loki roula des yeux et s'installa devant le volant. À côté de lui, le bourré peinait à ouvrir la portière. Il soupira et sortit lui ouvrir. L'ingénieur se laissa tomber sur le siège et rentra sa jambe avant que le conducteur ne referme et s'assoit de nouveau à sa place.
La route défilait sous les yeux alertes de l'Ase alors que celui assis à côté de lui dormait profondément, ronflant même plutôt bruyamment. Soudain, un voyant peu commun s'alluma. Loki ne savait rien de ce que cela voulait dire, aussi il se décida à réveiller le mécano.
« Il y a un problème au niveau du moteur... maugréa-t-il en se frottant les yeux. J'm'en occuperai demain. »
Il se rendormit sec. Le dieu haussa les épaules et continua de rouler toujours vers l'ouest.
Quand le soleil se leva, la voiture roulait toujours. Aux premiers rayons, Tony râla avant d'ouvrir les yeux.
« Qu'est-ce qu'on fout dans la bagnole ? demanda-t-il aussitôt.
-Vous ne vous rappelez de rien ? s'étonna Loki.
-Non... soupira l'autre. J'ai encore trop bu, c'est ça ? »
Le dieu hocha la tête.
« Merde... jura son interlocuteur. Bon arrête toi, je vais prendre le relais. »
Le conducteur s'exécuta.
« Non mais pas sur la route ! Gare toi sur le côté ! s'exclama celui à la gueule de bois. »
La voiture garée, les deux sortirent, mais Tony resta contemplatif devant le capot qui fumait. Le moteur s'arrêta alors. Curieux, il essaya de le redémarrer, mais rien ne se fit. Il jura et souleva l'habitacle. Il allait devoir le réparer sans outil ni pièce, une véritable partie de plaisir en somme. À côté de lui, l'Ase le regardait s'agiter autour du bloc moteur, démontant quelques pièces à mains nus alors que l'une d'elle était couverte de sang, réglant quelques choses à certains endroits, enlevant quelques morceaux de verre quand ils l'embêtaient. Enfin, la voiture redémarra et l'ingénieur s'exclama joyeusement.
« Eh bien voilà, ma belle, quand tu veux ! »
Un rire moqueur s'éleva derrière lui. Il se tourna vers Loki.
« Quoi ? Oui, je parle à la voiture, rentre dedans au lieu de te moquer.
-Moi qui pensais vous avoir vu au sommet de votre bêtise, vous arrivez encore à m'étonner, lui dit le dieu.
-J'ai toujours été doué pour exploser les records, sourit Tony en oubliant de s'offusquer. »
Il ne savait pas quand ces sarcasmes et ces blagues noyées dans l'ironie étaient devenues un jeu mais il devait avouer que ça l'amusait de plus en plus, ce qui était sûrement inapproprié vu le profil de l'autre joueur.
Les deux hommes reprirent alors la route, l'ingénieur conduisant cette fois-ci malgré sa gueule de bois.
« Fais moi boire de l'eau la prochaine que je bois autant, maugréa-t-il alors que sa tête semblait sur le point d'exploser. De force s'il le faut.
-Je n'y manquerai pas, si ça vous évite de devoir être un assisté.
-Assisté toi-même. »
Un silence s'installa ensuite, laissant à Tony le loisir de réfléchir à la suite des événements.
« Il faudrait qu'on regarde pour tes bracelets, lâcha-t-il au milieu du silence.
-Pourquoi cela ? questionna Loki.
-Pour te les enlever, s'expliqua le milliardaire. Tu pourras retourner sur Asgard ou je ne sais où comme ça. »
Le dieu acquiesça silencieusement. Pas une once d'émotion ne passa sur son visage, ce qui fit soupirer son coéquipier.
« Si tu ne veux pas dis le hein, râla-t-il. »
L'autre tourna la tête vers lui, ne comprenant pas.
« Tu montres jamais une seule putain d'émotion, tu pourrais être une statue qu'on verrait pas la différence. Ça te tuerait de sourire ?
-Ça a déjà failli, se défendit Loki.
-Comment un sourire pourrait te tuer ? demanda Tony, excédé.
-Quand on l'utilise contre moi, répondit son interlocuteur.
-Et qui diable pourrait utiliser le sourire de quelqu'un contre lui ?
-Mon père, mon frère et la plupart des personnes que j'ai rencontré jusqu'ici. Ce n'est pas parce que ça ne vous est pas arrivé que ça n'est arrivé à personne Stark. »
Le susnommé se tut alors, enregistrant et traitant l'information. Pour Odin, il s'en doutait, mais Thor, vraiment ? Son regard se perdit quelque part dans l'horizon sauvage et il se dit que tout était mieux là-bas. Pas de problème d'alcool, de planète à sauver, d'ordre à recevoir. Juste lui qui décide. Mais avec son passé, il ne pouvait s'émanciper aussi facilement. Toutes les polices et toutes les armées du monde devaient être au courant de son échappée avec le dieu du Mensonge. Tout le monde le savait. Il était recherché comme Al Capone et ne voyait aucun moyen d'y échapper. Mais il voulait essayer. Peut être qu'un jour on lui permettra la rédemption tout comme pour celui à côté de lui.
À force de rouler, les évadés se retrouvèrent à la frontière de la Virginie et du Tennessee. Là, un barrage se dressait au loin. Tony ne savait pas quoi faire, alors il s'arrêta avant même que les agents puissent le voir.
« Qu'y a-t-il ? s'enquit Loki qui n'avait pas remarqué le barrage devant eux. »
D'un signe de tête, l'ingénieur lui montra.
« Je pense que toutes les routes seront barrées comme ça. On fait comment ?
-Il faudrait continuer à pied, mais avec votre jambe je crains que ce ne soit compliqué.
-Tu m'as pris pour une fillette ? rit Tony. Je prends le pari.
-Quand vous n'arriviez pas à ouvrir la portière hier soir, c'était ce qu'il me semblait, se moqua le dieu.
-Oh ta gueule ! »
Le milliardaire ne se souvenait même plus de ça, forcément, rond comme il était... Il ne voulait rien savoir d'autre, ce qui s'était passé cette nuit là lui appartenait.
C'est ainsi que Tony et Loki se retrouvèrent à marcher dans la forêt bordant la ville de Bristol. Le premier boitait et le second se tenait le flanc où se trouvait la blessure. Deux éclopés incapables de se battre qui échappaient au SHIELD, voilà un beau pied de nez au directeur Fury. Tony rit pour lui-même en l'imaginant fulminer dans son bureau, se demandant où les deux criminels pouvaient-ils bien être et surtout comment arrivaient-ils à lui échapper. Et à vrai dire, même l'ingénieur ne savait pas. Depuis le début de cette aventure singulière, il n'avait pas fait particulièrement d'efforts pour se cacher, seulement changer ses vêtements et fuir sans discontinuer. Et maintenant ils étaient piégés en Virginie. Il entrevit alors la possibilité que, peut-être, c'était un ordre de Nick que de laisser les deux criminels vagabonder librement dans l'état tout en veillant à ce qu'ils ne puissent pas en sortir... Il releva la tête vers le Tennessee si proche. ''On verra si on ne peut pas en sortir'', pensa-t-il.
Après un certain temps de marche à essayer de voir une issue possible, les deux hommes s'arrêtèrent et s'assirent contre le tronc d'un arbre.
« Ça va ta plaie ? s'enquit l'humain en regardant Loki. »
Celui-ci plissa les yeux en le regardant, méfiant, comme s'il cherchait une quelconque trace de méchanceté dans ces mots.
« Ça guérit, répondit-il, prudent.
-Fais moi voir tes poignets, ordonna Tony en tendant ses mains paumes en l'air. »
Le dieu y semblait réticent mais, doucement, il approcha les bracelets des mains de Tony Stark. Son visage était figé, crispé, il n'aimait vraiment pas qu'on le touche. Alors, avec toutes les précautions du monde, le milliardaire posa ses pouces sur les bracelets sans toucher la peau en dessous et fit tourner les poignets, analysant comment les entraves étaient faites.
Pendant près de dix minutes, Loki se laissa faire jusqu'à ce que ça lui semble trop. Quand l'humain frôla sa peau, il retira vivement ses mains.
« Alors ? demanda-t-il, intéressé de son sort.
-C'est un alliage très puissant, je ne vois pas comme on pourrait les ouvrir sans la clé... soupira son compagnon de route. »
L'Ase se leva.
« Alors nous y allons. Ça a assez duré. »
Tony l'imita et le suivit comme il pouvait.
Les deux hommes s'arrêtèrent à un bar car l'alcoolique avait soif et la nuit tombait déjà. Ils s'assirent sur les tabourets cette fois-ci et commandèrent à la fois leur repas – qui n'était rien d'autre que des pizzas – et leurs boissons. Alors que Tony descendait son premier verre d'alcool comme si c'était de l'eau, Loki lui lança :
« Vous n'allez pas encore vous saouler comme hier soir ?
-L'avenir nous le dira ! répliqua l'ingénieur en réclamant au barman que son verre soit rempli. »
Son acolyte soupira, exaspéré encore.
« Comment pouvez-vous assurer être un génie et être irresponsable à ce point ? demanda-t-il, sérieux.
-J'ai construit une armure capable de réduire en miette des centaines de personne coincé dans une grotte en Afghanistan, voilà pourquoi je suis un génie, fit Tony, encore lucide. Et j'ai bien le droit d'apprécier ce qui est bon, non ?
-N'est-ce pas là-bas que vous aviez failli mourir à cause de votre propre bombe ? rétorqua l'autre.
-La ferme. »
Loki roula des yeux en attrapant une part de sa pizza. Il savait déjà comment la soirée allait se finir et était tout sauf ravi. Pourquoi avait-il consenti à le suivre déjà ?
Inévitablement, le milliardaire titubait en sortant du bar. Il glissa sur le trottoir mouillé – la pluie était passée quand ils étaient à l'intérieur – et il tomba à moitié sur la route. Le dieu le dépassa sans lui jeter un regard, le forçant à se relever et lui courir après.
« Même pas tu m'aiderais, cracha-t-il d'une voix embrouillée par l'alcool.
-Vous semblez très bien vous en sortir Stark, se défendit le dieu, moqueur et impassible à la fois. »
Celui qui titubait grogna et se dirigea vers l'hôtel le plus proche. Ils prirent la dernière chambre qui restait er s'y installèrent, Tony s'affalant sur le lit. L'Ase disparut dans la salle de bain et revint peu de temps après avec un verre d'eau qu'il posa sur la table de chevet.
« Tâchez de ne pas vomir sur le lit Stark, le prévint-il.
-Tu m'as pris pour un con ? s'exclama ledit Stark.
-Ce n'est pas moi qui me retrouve dans cet état. »
L'ingénieur ne pouvait pas répondre, le dieu avait indéniablement raison. Il se redressa et observa le verre d'eau. Il l'attrapa maladroitement et le but d'une traite avant de le tendre vers l'Ase qui leva les yeux au ciel.
« Je ne suis pas votre auxiliaire de vie Stark, vous pouvez bien aller chercher de l'eau, non ? »
Un soupir de la part du susnommé lui répondit. Il se leva et s'enferma dans la salle de bain.
« Ne réduisez pas le miroir en miettes cette fois-ci, cria Loki assez fort pour que l'autre entende. »
Et il s'assit, jambes croisées, toujours aussi droit qu'à son habitude.
Dans la salle de bain, Tony but quatre verres d'eau d'affilé avant de ressortir. Il s'assit au bout du lit, face à Loki, et l'observa un moment en silence.
« Comment ça se fait qu'les asgardiens aient une apparence humaine ? pensa-t-il à voix haute. »
Il ne reçut aucune réponse, alors il continua :
« Non pas que j'trouve ça dérangeant hein, mais juste pourquoi ? On a vu d'autres espèces aussi, et elles nous ressemblent pas du tout ! En plus physiquement vous êtes vraiment comme nous, genre il y en a des plus beaux que d'autres... Regarde toi, t'es vachement plus beau que ton frère par exemple. Moi, j'suis plus beau que Steve, Clint ou Bruce. Si ça se trouve, c'est le destin qui nous a rapproché comme ça...
-Je ne me sens pas proche de vous, Stark, remarqua Loki qui écoutait malgré lui le monologue de l'homme face à lui sans pour autant poser les yeux sur lui.
-Eh bah tu vois, ça, ça me blesse parce que je t'aide et tout, et j'ai aucune reconnaissance. C'est un peu le grand drame de ma vie, personne n'a jamais reconnu mes bonnes actions. Enfin, en tant qu'Avengers si, mais il y a toute l'équipe autour. Ça doit être un complot contre moi. Je suis sûr qu'c'est ces enfoirés d'journalistes ! Toujours là quand j'suis dans la merde ces rapaces... R'marque sans eux j'aurai pas autant d'thune parce que je s'rai pas autant médiatisé. Peut être que moins de gens auraient achetés mes armes s'ils ne m'avaient pas pris en photo au casino, en train de boire ou quoi. Puis l'fait que mon père était déjà médiatisé ça m'a aidé aussi. C'est à double tranchant : ils peuvent aider mais qu'est-ce qu'ils font chier. 'fin ça permet aussi de se taper de jolies nanas parce que là, elles viennent à toi, t'as même pas besoin d'aller les chercher. Après j'dis pas que tu dois te sentir proche de moi mais bon après ce qu'il s'est passé j'pensais...
-Vous pensez mal, le coupa le dieu.
-Eh, j'te permets pas, c'est pas moi qui m'suis fait enfermer par le SHIELD ! Si tu t'étais pas laissé faire, on en serait pas là aujourd'hui... Puis t'es tellement coincé aussi... Tu m'vouvoies tout le temps alors que je suis laaaaargement plus jeune que toi. Même Steve est plus jeune que toi, tu te rends compte ?
-Je n'ai aucunement l'envie d'écouter vos pensées, Stark, taisez-vous. »
L'Ase se leva et, enlevant sa veste et sa chemise, il se glissa dans le lit. Tony se laissa tomber à côté de lui et s'endormit sec, ronflant profondément. Son coéquipier forcé ferma les yeux, cherchant le sommeil qu'il trouva après un long moment à écouter le bruit que faisait le mec bourré juste à côté de lui. Se taper la tête contre le mur aurait été plus agréable, d'après lui.
Quand Tony se réveilla le lendemain, il eut l'agréable surprise de n'avoir aucune douleur de crâne. Par contre, il ne se souvenait de rien, mis à part qu'il avait bu. Il voulut rabattre la couette sur son visage quand il sentit qu'il ne pouvait pas. Quelque chose bloquait. Il tourna la tête pour voir que ce quelque chose n'était rien d'autre que Loki. Torse nu. Dans le même lit que lui. Endormi. Il se redressa, cela faisait assez de données inhabituelles pour que le milliardaire se pose des questions.
« Putain de bordel de merde ! jura-t-il. »
L'Ase à côté de lui ne se réveilla pas. Il soupira et retomba sur l'oreiller, passant ses mains sur son visage.
« Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
-Je peux vous dire que rien n'est arrivé hier soir, Stark, répondit la voix fatiguée du dieu.
-Explique moi alors pourquoi on se retrouve dans le même lit et que t'es à moitié à poil ? interrogea le milliardaire.
-Je suis allé me coucher dans le lit pendant que vous marmonniez je ne sais quoi encore et vous vous êtes simplement endormi à côté de moi. Et vous ronfliez, se plaignit Loki.
-Je marmonnais quoi ? s'enquit soudainement Tony, comme une prise de conscience.
-Vous me racontiez votre vie et combien vous vous trouvez beau... et aussi combien vous me trouvez beau. »
L'homme de métal pouvait sentir son sourire moqueur jusque dans sa voix.
« J'ai vraiment dis ça ? hésita-t-il, peu sûr de savoir s'il voulait la réponse.
-''T'es vachement plus beau que ton frère'', pour vous citer, se moqua le dieu.
-Bordel de merde, jura une nouvelle fois Tony. »
Un petit rire s'éleva. Incroyable, pensa celui qui essuyait sa cuite de la veille, un rire, de Loki, certainement le gars le plus impassible qu'il connaissait. Et ce n'était pas un rire moqueur et cynique comme à son habitude, non ! C'était un rire franc.
« Impensable, la statue de cire rit, ironisa-t-il.
-Vous seriez étonné de voir tout ce que je peux faire encore, sourit l'autre.
-Serais-tu gentil avec moi ?
-Ne poussez pas trop loin la chose, Stark, se renferma l'Ase.
-Je me disais aussi, marmonna l'ingénieur pour réponse. »
Il se leva et partit prendre une douche. Loki ne bougea pas, toujours allongé dans le lit, face à la fenêtre. Il regardait le paysage quand il remarqua une voiture singulière : un pick-up d'un noir immaculé et brillant sous le soleil matinal de l'automne sur la côte est. Il réagit presque immédiatement en appelant son coéquipier.
« Quoi ? râla-t-il.
-Le SHIELD est ici, Stark, et si vous ne vous dépêchez pas, non seulement ils nous captureront, mais vous serez capturé nu et je ne suis pas sûr que ce soit ce que vous voulez !
-Tu te mets à l'humour non-sarcastique maintenant ? se moqua Tony en sortant de la douche, s'habillant en vitesse. »
Il ressortit presque immédiatement et se prit un regard noir de Loki auquel il répondit avec son plus beau sourire. Ils sortirent de leur chambre et se dirigèrent vers la sortie mais trop tard : les agents étaient là, discutant avec la femme qui tenait l'hôtel. Tony tira l'Ase vers lui et ils partirent dans l'autre direction, bénissant le hasard de ne pas avoir été vus. Paniquant, l'ingénieur entra dans un ascenseur et y tira le dieu avant de refermer les portes et le lancer jusqu'au troisième étage. En route, il le stoppa net sous le regard étonné et jugeur de l'autre.
« Quoi ? Ils pourront pas nous trouver là ! répondit le milliardaire, fier de lui. »
Son acolyte haussa les épaules en levant les yeux au ciel et s'assit sur le sol de l'ascenseur. Tony l'imita, face à lui. Ils ne dirent mot pendant de longues minutes.
Au bout d'un certain temps, l'ingénieur ne semblait pas résister à son envie de parler et demanda :
« Tu es bien sûr qu'il ne s'est rien passé cette nuit hein ?
-Pourquoi ? questionna Loki en arquant un sourcil. Vous le souhaitiez ?
-Non, non ! Juste je trouvai ça bizarre que t'ai dormi déjà, puis à côté de moi... »
Le regard qui le scrutait en disait long sur ce que le dieu pensait, à savoir qu'il mentait.
« Mais vraiment hein ! continua-t-il. Je sais que t'es pas trop contact alors dormir dans le même lit que quelqu'un d'autre rentrait pour moi dans la liste des choses que tu n'aimais pas...
-Il y a beaucoup de choses que je n'aime pas mais que je suis obligé de faire, répliqua l'Ase, comme vous écouter à longueur de journée. »
Tony mima qu'il était blessé, une main sur le cœur. Il reçut un nouveau rire de son coéquipier.
« Dis donc, c'est la deuxième fois que je te fais rire aujourd'hui et on est seulement le matin, remarqua l'homme de métal, tu mentirais pas en disant que tu ne m'apprécies pas ?
-Je n'ai jamais dis que je ne vous appréciais pas, répliqua Loki.
-Ah bon ?
-J'ai dit que je n'étais pas gentil avec vous, corrigea-t-il.
-Donc tu m'apprécies, conclut l'ingénieur avec un sourire.
-Ça semble vous faire plaisir, fit le dieu. Vous espériez tant que ça ?
-Ça se pourrait, trésor, sourit de plus belle le dragueur.
-À ce jeu vous perdrez, le prévint l'Ase.
-Quel jeu ? demanda l'autre en battant des cils d'un air innocent.
-Ne jouez pas au naïf, rit-il, vous savez très bien de quel jeu je parle.
-Ça se pourrait... Mais sache que je ne tomberai pas en premier. »
Ça sonnait plus comme une promesse à lui-même qu'un avertissement mais Tony s'en foutait, le dieu face à lui, celui qui ne montrait jamais ses émotions, était prêt à jouer avec lui et quel jeu ! Un des plus délicieux et divertissant...
« Nous verrons ça plus tard, lança Loki.
-Tu penses qu'ils se sont barrés ? demanda l'ingénieur.
-Je n'en sais rien, il faudrait que nous sortions, répondit l'Ase.
-Eh bien tentons ! »
Tony remit en marche l'ascenseur et en sortit prudemment, son compagnon sur les talons.
Les couloirs de l'hôtel étaient vides, ce qui soulagea les deux évadés. Ils passèrent devant la dénonciatrice qui leur lança un regard stupéfait. Tony répondit par un large sourire et sortit.
« Je sais ce qu'on va faire ! s'exclama-t-il une fois sorti. On va percer le barrage à moto !
-Mais vous n'en avez pas, fit remarquer Loki.
-Comme je n'avais pas de voiture au début de notre escapade, rétorqua le milliardaire. »
Les deux hommes passèrent devant un magasin de cosmétique qui fit s'arrêter le dieu. Il contemplait la vitrine avec curiosité.
« Qu'est-ce qu'il y a ? demanda l'ingénieur.
-Qu'est-ce que c'est ? interrogea l'Ase en pointant un petit pot coloré. »
Tony se rapprocha pour voir.
« Du vernis, les femmes en mettent sur leurs ongles pour les embellir, répondit-il.
-Pourquoi seules les femmes pourraient en mettre ? questionna son interlocuteur en fronçant les sourcils. »
Il y eut un blanc.
« C'est bien ce qu'il me semblait, conclut Loki en entrant dans la boutique.
-Eh ! Me dis pas que tu vas en acheter ? râla Tony.
-Bien sûr que si, si j'en ai envie, répliqua le dieu. »
Son acolyte soupira, sortant déjà de quoi lui payer sous son sourire moqueur. En sortant, Loki demanda, toujours curieux :
« Comment ça se met ?
-T'as un pinceau à l'intérieur, directement intégré au bouchon, expliqua l'ingénieur en lui montrant, et tu le passes juste sur ton ongle. »
Le dieu essaya... et rata. Ses mains n'étaient pas assez précises pour mettre le vernis. Il se tourna vers son compagnon de route.
« Non, non, non, je ne te le mettrai pas Loki ! le prévint Stark. »
Il n'avait pas prévu de se retrouver dans un bar à poser le vernis sur les ongles de l'autre qui acceptait miraculeusement le contact en buvant un jus de pomme.
Les évadés sortirent peu de temps après. Les ongles du dieu était d'un noir brillant parfaitement posé.
« Je dois avouer qu'au moins, pour poser du vernis, vous êtes doué Stark, le taquina-t-il.
-Ouais ta gueule, répondit le susnommé.
-Vous aurais-je vexé ? s'enquit Loki. »
Il ne reçut aucune réponse, ce qu'il prit pour un oui. Il posa une main sur l'épaule de l'autre, se rapprochant.
« Je m'en excuse... S'il le faut, je saurai me faire pardonner en temps et en heure, lui fit-il, la voix doucereuse. »
Tony grogna et s'écarta, faisant rire l'Ase.
« Faut qu'on trouve une moto, marmonna-t-il. Et une bonne ! Une BMW... une Ducati... une Honda... pas de Harley par contre, ça fait trop de bruit. »
Loki acquiesça et s'exécuta, regardant autour de ses yeux expectatifs, imitant le milliardaire bien qu'il ne savait absolument rien sur ce qu'ils cherchaient.
Après plusieurs heures à vaquer dans la ville sous le vent d'automne, Tony trouva ce qu'il cherchait. Au détour d'une ruelle, une Ducati deux places se tenait, seule. Il tourna autour, cherchant comment il pourrait la voler, quand le propriétaire se pointa. Ce dernier se figea en voyant les deux criminels alors, par réflexe, l'ingénieur lui sauta dessus et couvrit sa bouche.
« Tu n'as pas intérêt à prévenir le SHIELD. »
L'homme secoua la tête et Tony le lâcha.
« Vous voulez ma moto ? Je vous la vends, sourit l'homme.
-Pas besoin, on vous la rendra plus tard.
-Comme vous voulez, je suis un pro-Iron Man moi ! s'exclama-t-il, fier.
-On peut avoir les équipement avec ? demanda l'autre.
-Bien sûr, sourit l'homme. Je pense que ça ira, vous semblez avoir le même gabarie que mon fils et moi. La moto est une Scrambler Ducati 1100 special avec 6 vitesses. Elle pousse pas mal mais une fois qu'on sait la manier, elle est confortable à conduire. Mon fils m'a dit que le siège arrière était confortable aussi.
-Parfait, répondit l'homme de faire en prenant les équipements tendus par le propriétaire. Et si on la casse... je repayerai.
-Je vous fais confiance là-dessus, et bonne chance ! salua l'homme. »
L'ingénieur lui fit un signe de tête en donnant un des équipements à Loki qui n'avait rien dit depuis le début de la discussion.
« Vous vous y connaissez en moto ? questionna-t-il quand l'homme fut parti.
-J'ai rien compris, avoua Tony. Mais je sais conduire, ne t'en fais pas ! Steve m'a appris.
-Dois-je me sentir rassuré ? demanda sérieusement le dieu.
-Euh... ouais ? J'ai déjà monté avec lui, acquiesça le milliardaire avant de se rendre compte du possible double sens de ses mots souligné par le regard de son camarade d'évasion. Allez, enfile le blouson. »
Il regarda l'Ase l'enfiler en riant. Il ne savait pas comment le mettre et semblait totalement perdu.
« Au lieu de vous moquez, venez m'aider Stark, objecta-t-il. »
Alors, ledit Stark qui avait déjà enfilé le sien, s'approcha de lui en riant toujours. Il referma le zip, les boutons et les scratchs de sécurité et tapota sa joue quand il eut fini.
« Voilà trésor, tu peux mettre le casque maintenant. Ça tu devrais réussir, c'est comme n'importe quel autre casque ! se moqua l'ingénieur. »
Loki lui lança un regard mauvais en l'enfilant. Puis il mit les gants, imitant son coéquipier.
« Je vais faire quelques tours avant de te faire monter, cria celui-ci dans son casque. »
Et le dieu acquiesça en le regardant enfourcher la moto et rouler maladroitement jusqu'au bout de la rue avant de faire demi-tour pour revenir. Il le fit plusieurs fois avant de s'arrêter devant l'autre.
« Allez, monte et accroche toi à moi. Pour pas qu'on tombe, faut juste que tu te tiennes contre moi et que tu suives mon corps dans les virages, lui expliqua Tony avec un clin d'œil. »
L'Ase leva les yeux au ciel en s'installant. Il s'accrocha fermement au blouson du conducteur.
La moto s'élança et rejoignit la grande route à traverser pour atteindre le barrage. C'était vide, il n'y avait personne à part les agents du SHIELD.
« T'es prêt ? s'assura Tony. »
Un hochement de tête lui répondit et, à pleine puissance, le conducteur roula jusqu'au barrage. Il chercha un endroit où passer, un interstice assez grand pour leur véhicule, et paniqua en ne trouvant rien. Il remarqua sur la droite que le barrage n'allait pas jusqu'au bout du pont. C'était étroit, mais il ne pouvait tenter nulle part d'autre, aussi, il essaya. Sa jambe racla contre la voiture qui bloquait à cet endroit là et il perdit l'équilibre mais il réussit miraculeusement à se rattraper et dépassa le barrage sous les protestations et les coups de feu du SHIELD. Son cœur battait à tout rompre, ses mains étaient crispées sur le guidon, il retenait jusqu'à sa respiration, entendant les balles siffler autour.
Après une longue course poursuite vers le sud, Tony, Loki et leurs poursuivants se retrouvèrent en pleine campagne. La jambe blessée de l'ingénieur lui faisait de plus en plus mal, elle le brûlait de l'intérieur et bientôt il fut obligé de relâcher la pression sur la pédale. Cela le déséquilibra bien trop et il vira entre les arbres. La moto se coucha et les deux hommes en tombèrent, tous les deux mal en point.
« Bordel ! jura le milliardaire en retirant son casque. »
Le dieu leva les yeux vers lui en se relevant et vit que sa jambe était justement coincée sous la moto. Il s'avança pour soulever la carcasse, étonné par son incroyable poids. Le conducteur se dégagea et tenta de se relever mais il retomba. De toute évidence, il ne pouvait plus s'appuyer sur sa jambe. Alors son acolyte attrapa son bras, le souleva et le fit passer sur ses épaules, ignorant ses protestations. Il était lourd, mais dans le feu de l'action son sauveur ne s'en souciait pas, il voulait simplement se tirer d'affaire. Courant comme il le pouvait, celui-ci se dirigea dans la direction opposée à la route où se trouvait les voitures qui les poursuivaient. Heureusement le temps était sec, la terre ferme, et un village se trouvait non loin. L'Ase atteignit les premières maisons mais continua sa route jusqu'à tomber sur une maison aux fenêtres grillagés et au terrain en friche. Il s'y aventura, pliant sous le poids de l'homme sur son dos. Il fit le tour en voyant que la porte d'entrée était condamnée par des briques. Une seconde porte se trouvait là, il tenta de l'ouvrir, en vain. Alors il recula d'un pas et y envoya son pied, près de la serrure, pour la faire sauter. Elle s'ouvrit, et Loki entra. Il remarqua que la maison était abandonnée depuis un certain temps : les plantes reprenaient possession des lieux et des petits rongeurs en avaient fait leur QG. Il s'approcha du canapé poussiéreux, l'épousseta d'une main et lâcha Tony dessus.
« T'aurais pas pu me poser doucement bordel ? râla ce dernier.
-Je ne crois pas que ce soit de ma faute si vous êtes aussi lourd, rétorqua le dieu. Et puis je vous ai sauvé alors que je pouvais très bien repartir seul, estimez vous heureux. »
Le milliardaire soupira en le regardant, détaillant ses blessures. L'une des manches du blouson était déchirée et la veste et la chemise dessous aussi, laissant voir une brûlure sur l'épaule. Son pantalon était totalement réduit en lambeau d'un côté et sa jambe, elle aussi, était brûlée. C'était bénin, certes, mais cela devait lui faire mal. Tony s'en voulut d'avoir critiqué son acolyte alors que celui-ci l'avait porté pour le mettre en lieu sûr. Il s'excusa et s'enquit :
« Ça va ?
-Je suis en vie, répliqua son sauveur. Et vous, Stark ?
-J'ai l'impression que ma jambe est un feu crépitant, mais je suis en vie aussi, alors ça va. »
Loki s'approcha de lui et déchira son pantalon au dessus de son genou. Il prit quelques mouchoirs et, avec le tissu arraché, il fit un pansement au dessus des entailles qu'arborait le conducteur à cause du véhicule.
« Merci... Fais voir tes blessures maintenant, demanda-t-il. »
L'Ase refusa et, quand Tony insista, il ne plia pas.
« Pourquoi tu veux jamais me montrer tes blessures ? s'indigna l'autre. Moi aussi je peux t'aider !
-Je ne veux pas, Stark, c'est tout ce que vous devez savoir, répliqua le dieu, ferme et froid, distant de nouveau. »
L'ingénieur ne répondit rien et ils restèrent silencieux.
Le silence fut troublé par les pas des agents à l'extérieur. Ils semblaient si proche que le dieu comme l'humain retenaient leurs respirations chaque fois qu'ils en entendaient. Mais Tony ne put retenir le bruit que fit inopinément son estomac, témoignant de sa faim. L'Ase tourna son regard vers lui et rit.
« Je vois que vous avez faim... Je vais chercher à manger.
-Non ! s'exclama immédiatement l'homme de métal qui, sans son armure, faisait moins le fier – mais le faisait quand même.
-Vous ne voulez pas manger ? demanda Loki.
-Si mais... commença son coéquipier.
-Vous ne voulez pas rester seul, devina-t-il.
-Ça s'pourrait... »
Le ventre du milliardaire manifesta de nouveau sa faim.
« Je ne serai pas long, lança l'autre en sortant. »
Son acolyte soupira et fixa le plafond. Pourquoi Loki voulait-il soudainement prendre autant soin de lui ? Mystère... Mais cela ne déplaisait pas au blessé qui semblait satisfait de sa condition, ironiquement.
Lorsque le dieu revint, il avait un sac dans les mains qu'il posa sur la table basse. Tony se redressa mais une main sur son torse le força à rester allongé. L'autre ramena une chaise et s'installa entre le canapé et la table basse. L'ingénieur le regardait ouvrir le sachet et sortir un cheeseburger quand il demanda :
« Pourquoi t'es... aussi... attentionné ? »
Loki se figea et le regarda droit dans les yeux.
« Comment ça ?
-Bah depuis l'accident, tu me portes jusqu'ici, tu me soignes, tu me nourris... rajouta Tony. Je veux dire, je t'ai toujours connu en ennemi, pourquoi tu t'occupes de moi comme ça ? »
Le dieu lui tendit le burger.
« Nous jouons à un jeu, vous ne vous souvenez pas ? répondit-il. Et je suis déterminé à le gagner.
-Pourquoi es-tu autant déterminé ? questionna le milliardaire. T'es un dieu, t'as rien à prouver !
-Je le suis toujours lorsqu'on me défie, répliqua son interlocuteur sans tomber dans le piège que l'autre semblait vouloir lui tendre. Maintenant mangez. »
Tony attrapa le burger et l'ouvrit.
« Merci, trésor, sourit-il. »
Le dieu l'ignora et mordit dans son propre burger. Son compagnon l'imita et ils mangèrent en silence, seul l'homme de métal glissait quelques regards en coin au dieu assis à côté de lui.
Quand il eut fini son burger, Tony s'essuya la bouche puis regarda Loki longuement.
« Pourquoi me regardez-vous ainsi ? Je suis si beau que ça pour que vous me fixiez avec ces yeux là ? le taquina-t-il.
-Ça s'pourrait trésor... répondit son compagnon sur un ton lascif.
-Je ne pensais pas que je vous faisiez autant d'effet... ajouta le dieu sur le même ton.
-C'est réciproque ? demanda l'homme de métal.
-Cela se pourrait... répliqua Loki en se levant. »
L'ingénieur se redressa pour se retrouver en position demi-assise. L'autre en profita pour s'asseoir sur son bassin.
« Mais je suis certain que vous serez le premier à lâcher, Stark, reprit-il.
-J'ai trop d'ego pour ça, tu le sais bien trésor, prévint ledit Stark.
-Vous aimez tant que ça m'appeler ''trésor'' ? interrogea le dieu avec un sourire en coin.
-Ça n'a pas l'air de te déplaire, riposta le dragueur.
-Évidemment non, souffla Loki dans son oreille, une main sur son torse à l'endroit de son réacteur ARK. »
Il sourit en voyant un frisson parcourir sa proie et décida de continuer.
« Imaginez seulement mon corps nu contre le vôtre, trésor... »
Un nouveau frisson, son sourire s'élargit.
« Nos peaux brûlantes...
-Ferme là, répliqua Tony.
-Et pourquoi donc ? Vous n'aimez pas cela ou vous avez trop peur de perdre ? »
Le silence lui répondit. Il mordilla l'oreille du milliardaire qui le repoussa alors.
« Ah non ! s'indigna-t-il. J'ai été fairplay moi !
-En quoi n'est-ce pas fairplay, Stark ? Nous n'avions pas imposé de règle... lui rappela le dieu en le regardant droit dans les yeux. Vous êtes sur le point de lâcher prise ? »
Comme le susnommé ne répondit pas, il se rapprocha pour que leur visage ne soit plus qu'à quelques centimètres.
« Vous avez si peur du contact ? Répondez moi, Stark. Vous êtes sur le point de perdre n'est-ce pas ? »
Si proches, la respiration des deux hommes se mélangeaient. Tony avait du mal à respirer convenablement, et l'Ase l'avait bien remarqué, s'en jouant, fier.
« Pourquoi n'acceptez-vous pas votre défaite ? continua-t-il en passant sa main sur le flanc de l'humain sous lui. Vous le savez tout comme moi, le jeu est fini. »
Lorsque Loki eut achevé ces mots, Tony ne résista plus une seule seconde et l'embrassa. Il sentit son partenaire sourire sous ses lèvres. Il avait envie de l'insulter de tous les noms comme de l'embrasser encore et encore. Ses mains défirent l'élastiques qui tenait ses cheveux pour les ébouriffer en y passant ses mains, rapprochant encore plus leurs visages. Leurs lèvres bougeaient, bouche contre bouche, et l'humain laissa glisser l'une de ses mains le long du dos de celui sur lui jusqu'à atteindre ses fesses. Il le serra contre lui sans lâcher ses lèvres, son souffle erratique, sa langue essayant de percer la barrière de ses dents qu'il prenait un malin plaisir à refermer pour l'en empêcher.
« Salop... souffla le milliardaire entre deux baisers. »
Mais il continuait de l'embrasser avec force et une passion attisée par le jeu auquel ils jouaient. Il le voulait, entier. Avec son corps aux traits fins, ses yeux pétillants, ses sarcasmes, ses peurs, ses blessures, son passé, ses envies, mais surtout son amour. Quand une langue entra dans sa bouche pour titiller la sienne, il le sut. Il était tombé amoureux de Loki Laufeyson. Un putain de dieu. Et il était en train de l'embrasser sauvagement. Son cœur rata un battement quand, cessant tout baiser, ils se regardèrent droit dans les yeux. Tony vit dans ceux du dieu une lueur qu'il n'avait jamais vue avant. Il avait ce regard amusé, certes, mais aussi un attrait sincère, un intérêt certain, et un brin de douceur qu'il ressentit jusque dans ses gestes quand sa main fraîche et pâle passa sous ses vêtements pour caresser son torse. Il soupira d'aise et bascula la tête lorsque les lèvres de l'Ase se posèrent dans son cou, juste en dessous de sa mâchoire. Il retira le blouson qu'il portait malgré le froid du soir qui tombait. Qu'importe, il bouillait intérieurement, comme s'il avait attendu ça... Le dieu enleva également son blouson, rapidement suivi de sa veste et sa chemise. Son torse était marqué de ses dernières blessures mais Tony le trouva beau. Simplement beau. Il passa ses doigts le long de sa clavicule, puis il descendit jusqu'à sa poitrine où il s'attarda un peu, ses abdominaux, les os de son bassin, plutôt saillants... Il s'arrête à l'apparition du tissu, puis il remonta. Loki posa une main sur la sienne, le regardant toujours dans les yeux. Il n'avait aucune méfiance. L'humain ne put se retenir encore et l'embrassa de nouveau avec plus de calme, plus de tendresse presque, tout en restant lascif.
Ils continuèrent ainsi un certain temps, profitant de l'autre, donnant et recevant à part égale. Quand ils s'arrêtèrent, plus fatigués que lassés, le dieu posa sa tête sur la torse de l'homme sous lui, les yeux en face du réacteur ARK, observant sa lumière. D'une main autour des épaules, Tony le retenait contre lui.
« J'avoue ma cuisante défaite, articula-t-il dans le noir du soir seulement troublé par la lumière qu'il produisait lui-même, mimant la déception.
-En êtes-vous réellement déçu, Anthony ? s'enquit Loki bien qu'il savait déjà la réponse.
-Tu m'appelles par mon prénom ? nota le susnommé. Hâte que tu me tutoies enfin.
-Répondez.
-Évidemment non, sourit l'ingénieur. »
Un silence paisible s'installa alors qu'il caressait l'épaule blessée de son partenaire. Ce dernier déclara finalement :
« Il faudra nous rendre, il n'y a pas d'alternative... Pourtant, croyez moi j'en ai cherché, mais je n'en vois pas, à part fuir éternellement ce qui serait pénible.
-On pourrait partir au Mexique, recourir à la chirurgie esthétique et changer d'identité, blagua Tony pris d'un rire nerveux car il était évident que la situation ne lui plaisait pas.
-Anthony, restez sérieux, le rappela à l'ordre l'Ase.
-Ne parlons pas de ça, profitons, demanda ledit Anthony.
-Il le faudra, maintint l'autre.
-Demain, promit son interlocuteur. »
Loki ne rétorqua pas, alors l'ingénieur risqua un regard vers lui. Il semblait pensif et même un brin triste en fixant la lumière de vie qu'il caressait du bout des doigts. Le propriétaire de la lumière se sentit triste également à cette vision. Ils pourraient être paisible, ressentir un semblant de bonheur, mais la crainte du lendemain et même de la suite de leur aventure les en empêchaient. Comme pour chasser ses pensées pessimistes, Tony releva doucement le visage de son compagnon et l'embrassa, un goût amer au creux de la gorge. Ils se regardèrent un instant et, reposant sa tête sur le torse, Loki s'endormit. Le milliardaire ne tarda pas à l'imiter.
Quand Tony se réveilla le lendemain matin, il n'y avait personne d'autre que lui dans la pièce. Il se releva tant bien que mal et sortit. Là, l'Ase était assis dans l'herbe en tailleur, comme s'il méditait. Son acolyte vint se laisser tomber à ses côtés.
« Allons-nous parler ? questionna celui qui méditait sans ouvrir les yeux.
-Bonjour à toi aussi, râla l'homme de métal, déjà de mauvaise humeur. »
Alors qu'il s'attendait à une réplique cinglante, Loki le regarda, presque désolé, et l'embrassa, une main sur sa joue.
« Tu sais t'faire pardonner au moins, sourit à moitié l'humain.
-Je m'inquiète, avoua son coéquipier.
-De quoi ? s'enquit Tony en fronçant les sourcils.
-J'ai l'impression d'avoir trouvé quelqu'un qui m'apprécie, et que j'apprécie, expliqua le dieu, flattant l'autre, mais nous ne pourrons pas continuer.
-Pourquoi donc ?
-On ne pourra pas fuir éternellement.
-Et pourquoi pas ? Je veux dire, même sans pouvoir nous battre, on a déjà tenu si longtemps ! On a semé les Avengers et le SHIELD plus d'une fois, répliqua l'ingénieur d'un sursaut d'optimisme. Et si je pouvais obtenir des outils adéquats, je pourrais te libérer de tes bracelets.
-Et ça servirait à quoi ? lança l'Ase, la mâchoire serrée.
-Tu pourrais nous sauver, nous téléporter en lieu sûr, ou un truc du genre, fit le milliardaire.
-Vous abandonneriez toutes vos connaissances Stark ? Je ne crois pas.
-Je les abandonne déjà en continuant mon petit road-trip avec toi. Et au moins, ici, j'ai aucune contraintes. »
Un silence lourd s'abattit.
« Tu veux qu'on se sépare ? Qu'on continue nos routes chacun de notre côté ? Qu'on se rende ? interrogea Tony, paraissant plus énervé qu'autre chose. »
Il ne reçut aucune réponse.
« Le problème, c'est que tu ne veux pas te battre, tu ne veux pas essayer. On pourrait s'en sortir, mais pas si t'y mets pas du tien ! Merde Loki, tu veux vraiment leur donner ta liberté ? continua-t-il. C'est vraiment ça que tu veux ?
-Tout ce que j'ai voulu je ne l'ai jamais eu Stark, répondit enfin le susnommé.
-Et là je te donne l'occasion de saisir ce que tu veux mais tu ne veux pas ! On pourrait même parler à ton frère pour qu'il nous aide, entamer des négociations avec le SHIELD ou que sais-je encore ! Essayons, au moins. Mais avant, j'aimerai qu'on profite, qu'on pense pas à l'avenir et qu'on baise, surtout. »
Un rire nerveux secoua Loki. Il sembla réfléchir à cette solution. Quand son compagnon l'attira contre lui, il murmura :
« Je veux bien essayer. »
Il releva la tête.
« Et vous faire l'amour. »
L'ingénieur resta silencieux à son tour, assimilant le sens de ces mots. Le dieu de la Malice était trop doué avec les mots pour sortir des choses au hasard et qu'il ait corrigé ''baiser'' en ''faire l'amour'' n'était pas anodin. Celui dans ses bras sourit face au trouble qu'il avait déclenché par quelques mots. Il se rapprocha de son visage et ajouta :
« Vous ai-je tant troublé Anthony ?
-Ça s'pourrait, souffla-t-il. »
Un nouveau rire, bien plus franc, éclata dans la gorge du dieu. Tony décida que c'était son nouveau son préféré, avant même le rock et pourtant dieu seul sait à quel point il éprouvait un amour inconditionnel pour ce style de musique.
« Faudra te racheter un costard, pensa le milliardaire à voix haute.
-Effectivement, acquiesça le porteur du costard déchiré. Nous pourrions y aller maintenant, si votre jambe le permet.
-Évidemment ! s'exclama son interlocuteur. Mais tutoie moi s'il te plaît, vraiment. Ça me donne l'impression d'être vieux.
-Tu l'es, affirma Loki avant de rire à nouveau. »
Stark ne put s'empêcher de rire aussi en se relevant. L'Ase l'imita et, après avoir récupéré les affaires, ils se mirent en route vers le centre ville.
Arrivés là-bas, les deux hommes ne trouvèrent pas la boutique qu'ils cherchaient. Il fallait partir dans une autre ville, ce qui était plutôt compliqué à cause de leurs blessures... Ils se mirent tout de même en chemin, il n'y avait rien à faire là où ils étaient. La route était sèche, il n'avait pas plu depuis la dernière fois, et le vent y balayait quelques feuilles mortes. Il n'y avait personne, c'était un décor sinistre dans lequel les évadés progressaient côte à côte.
Parallèlement, au SHIELD, le directeur s'entretenait avec les Avengers assis devant lui. C'était une crise majeure déclenchée par un inconscient, à savoir Tony, pour Fury.
« Je veux que vous retrouviez les fugitifs, leur ordonna-t-il. Stark, vous le mettrez en prison, et Laufeyson... »
Il sembla réfléchir un instant.
« Tuez-le.
-Quoi ?! Non ! s'indigna le dieu du tonnerre.
-Odinson, mettez vos sentiments fraternels de côté, votre frère est un danger mondial pour la Terre, lui expliqua Nick, nous ne pouvons pas le garder plus longtemps dans nos locaux.
-De toute façon il n'y est déjà plus, répliqua Natasha.
-Fermez-là Romanoff, râla leur superviseur.
-Certainement pas ! s'énerva la susnommée. Depuis le début de cette ''crise'' vous avez prouvé que vous ne savez pas diriger une équipe et que le SHIELD est incompétent. Nous connaissons Stark mieux que vous mais pas une seule fois vous nous avez laissé la parole pour trouver une solution ! Je ne tuerai pas Laufeyson et je ne capturerai pas Stark. Par contre, je pose ma démission, chef. »
Les autres Avengers été étonnés de ce discours, mais ils ne pouvaient qu'être d'accord. Un silence s'installa quand Clint décida de le briser :
« Je démissionne aussi.
-Je refuse, répliqua Fury en le regardant dans les yeux.
-Vous avez si peur que ça de ne pas avoir nos capacités sous votre contrôle ? demanda Bruce. Je démissionne également. Et je pense que c'est le cas de tous les Avengers ici. »
Steve et Thor hochèrent la tête silencieusement, laissant les mots à leurs collègues.
« Très bien, partez ! s'emporta le directeur. Mais ne revenez pas en rampant parce que vous regrettez, le SHIELD ne veut plus de vous. Et rendez vos armes.
-Certainement pas, ce sont les nôtres ! À moins que vous ne souhaitiez que je dépose Mjölnir ? »
Nick fit un geste fatigué de la main, leur intimant de partir, ce que firent l'héroïne et les quatre héros sans hésiter.
Après avoir marché presque toute la matinée, Loki et Tony trouvèrent une ville assez grande pour avoir, en son centre-ville, au moins un boutique de vêtements. Ils y entrèrent et vaquèrent entre les rayons à la recherche d'une tenue adéquate pour le dieu. Ils s'attiraient les regards horrifiés des autres clients à cause de leurs blessures apparentes et leurs tenues déchirées. L'Ase passa une main sur les costards où il était arrivé jusqu'à en sélectionner un blanc. L'ingénieur, lui, revint penaud. Quand il vit ce qu'avait choisi son compagnon, il lui indiqua les cabines.
Après quelques minutes à se changer, le dieu ressortit vêtu du costard et l'humain éclata de rire.
« C'est trop petit, attends ! Je vais te chercher la taille au-dessus ! »
Avant même que Loki n'ait pu répondre, l'autre s'était déjà enfui entre les rayons. Il soupira et referma le rideau pour enlever le costard trop petit. Tony revint et ouvrit le rideau en lui tendant un ensemble à sa taille. Il en profita pour le reluquer un brin alors qu'il ne portait que son sous-vêtement, se prenant un regard en coin.
Quand le dieu ressortit, son costard lui allait mieux et son acolyte lui adressa un signe de tête affirmatif. Il prit son ancienne cravate sans enlever le nœud pour l'enfiler avec ses nouveaux vêtements.
« Tu prends ça ? Rien d'autre ? demanda Tony.
-Non, attends ! s'exclama Loki en refermant le rideau. »
L'ingénieur entra dans la cabine et s'appuya contre l'un des murs tandis que l'autre se déshabillait. Il ne reçut aucune protestation. Après tout, l'Ase était tout sauf pudique. Il ressortit de la cabine, habillé, avant l'homme de métal en lui volant un baiser et disparut entre les rayons.
« Tu t'es trouvé une nouvelle passion pour le shopping ? se moqua Tony en le suivant. »
Le dieu ne prit même pas la peine de répondre, regardant les articles proposés avec soin. Il en sélectionnait quelques uns, les reposait parfois, en ajoutait au dessus de son costard sur son avant-bras, le tout en étant absolument silencieux. Le milliardaire le suivait en faisant des remarques sur les articles, plus pour faire parler son coéquipier que pour l'irriter.
Les deux hommes ressortirent avec leur sac plein des habits que Loki venait d'acheter, ainsi qu'un peu de ceux que Tony avait choisis. Pour une fois qu'il n'était pas la diva capricieuse. Ils se dirigèrent vers un café dans la rue plus bas et s'assirent à une table dans le fond. L'un commanda un scotch, l'autre un rhum-coca – à croire que l'alcoolique des deux avait réussi à le transmettre au dieu, sûrement par le baiser.
« On prends une chambre d'hôtel après ? questionna Tony, l'air vivement intéressé par cette idée. »
Le dieu leva les yeux vers lui et rit au regard que l'ingénieur lui lançait.
« Pourquoi pas... répondit l'Ase. »
Ils s'échangèrent un regard entendu sur leurs intentions tout sauf chaste – et de toute façon, ni l'un ni l'autre ne l'était.
Tony et Loki se retrouvèrent plus tard dans une chambre à s'embrasser, le premier bloqué contre le mur par le second.
« J'aime pas beaucoup ça, murmura l'homme de métal.
-Dommage, rit le dieu en attaquant la gorge de son prisonnier qui lâcha un soupir satisfait. »
Il mordait et embrassait la peau offerte avec délice, cette peau qu'il goûtait comme la première fois, ce qui n'était pas loin de la vérité. Ses doigts passèrent sous le haut de son cadet et caressèrent la peau offerte avec attention. Il finit par enlever le haut et sa bouche descendit le long du torse musclé.
« On pourrait s'asseoir ? souffla l'ingénieur dont la jambe le faisait souffrir.
-Bien sûr, acquiesça Loki en attrapant la main de son amant pour le faire asseoir sur le matelas. »
Il s'assit sur ses cuisses et reprit ses baisers sur la peau brûlante du milliardaire. Celui-ci n'était pas en reste. Il bascula la tête en arrière et caressa le torse, les épaules et le dos de l'Ase. Il le débarrassa également de sa veste et de sa chemise pour reprendre ensuite les caresses fiévreuses sur le corps divin à sa portée. Finalement il fut poussé et se retrouva allongé alors que son compagnon continuait ses petites attentions jusqu'à ce que ne se soit plus assez pour l'un comme pour l'autre. Ils retirèrent eux-mêmes leurs derniers vêtements, dévoilant leur nudité pour la première fois – relativement comme Loki l'avait déjà vu. Celui-ci vint s'allonger dans le lit, sa tête reposant sur les coussins, faisant signe à l'autre de venir le rejoindre. Il n'y avait aucune gêne dans leurs mouvements, leurs regards ou leurs expressions, seulement un désir profond et partagé. Tony se mit à quatre pattes pour se positionner au dessus du dieu mais ce dernier remarqua l'expression de douleur qu'il le parcourait à rester sur sa jambe blessée alors il inversa la position et lui susurra :
« Laisse moi faire trésor... »
Un sourire naquit sur les lèvres de celui appelé trésor.
« Tu es sûr que ça ira ? le taquina-t-il.
-Je sais que tu veux mener Anthony, mais crois moi, j'ai bien plus d'expérience que toi, répliqua l'Ase, et tu ne pourrais pas rester dans cette position avec ta jambe.
-Très bien, très bien, capitula ledit Anthony, plutôt emballé que son amant prenne les rennes. »
Et alors il se laissa plonger dans le plaisir que lui procurait Loki, plaisir échangé avec la même volonté altruiste d'attiser la flamme entre eux.
Quand ils eurent achevé leurs ébats, ils n'avaient même pas envie de dormir. Ils étaient là, l'un contre l'autre, Tony reprenant une respiration à peu près normale et le dieu le serrant contre lui, un sentiment de plénitude les emplissant.
« Anthony... souffla Loki.
-Oui ? répondit le susnommé. »
La réponse ne vint pas mais à la vue de la confusion sur le visage de celui qui se tenait à lui, le milliardaire s'en contenta. Cela viendra au moment venu.
Seules les respirations des deux hommes remplissaient la chambre, c'était le calme plat après le déchaînement de deux corps et deux âmes si semblables et dissociées à la fois. Tony bougea un peu, se souleva pour passer la couette au-dessus d'eux, la température baissant à présent. Le dieu ne râla pas, il ne cilla même pas. Au contraire, il se blottit un peu plus contre lui. Finalement, il se décida à parler après une grande inspiration :
« Je t'aime.
-C'était ça que tu voulais me dire tout à l'heure ? C'était si difficile que ça ? se moqua un petit peu son amant.
-J'ai appris à faire attention à ce que je dis, se renfrogna-t-il.
-Désolé, s'excusa l'homme de métal appuyé d'un baiser. »
Le dieu se détendit et ferma les yeux, reposant sa tête sur sa poitrine. L'autre l'imita et ils glissèrent ensemble dans les bras de Morphée.
Une explosion retentit non loin de l'hôtel où les évadés dormaient, les réveillant en sursaut.
« C'était quoi ça ? demanda Tony. »
Son amant ne répondit pas, regardant autour pour reprendre ses repères. Alors qu'il ouvrit la bouche pour répliquer, la porte s'ouvrit en fracas et Thor apparut.
« Mon fr- »
Il se coupa en voyant ledit frère dans les bras de son ancien collègue. Celui-ci blêmit en se demandant comment réagira le dieu du tonnerre.
« Nous ne t'avons jamais appris à frapper, mon frère ? interrogea Loki en levant les yeux au ciel.
-Je ne pensais pas que tu serais dans cette situation, répondit finalement le blond.
-Alors, je peux tout t'expliquer, glissa Stark alors que les deux frères se fixaient comme s'ils discutaient également par télépathie. »
Aucun des deux ne lui répondit.
« Que fais-tu ici ? demanda finalement le dieu de la Malice, méfiant.
-Je suis venu te chercher toi et Stark, rétorqua Thor, offensé par la méfiance de son frère.
-Pour nous ramener au SHIELD je- commença l'homme de métal.
-Certainement pas ! s'exclama l'Avengers. On a démissionné.
-Vous avez quoi ? répéta Tony sous le choc.
-On a démissionné. Romanoff est la première à l'avoir fait, nous l'avons suivie, expliqua son interlocuteur. Et je suis venu vous chercher pour les rejoindre.
-Qu'est-ce qui nous fait croire que vous n'allez pas nous tendre un piège ? interrogea le fils de Laufey, toujours méfiant.
-Je ne te ferai jamais ça, mon frère, répliqua celui d'Odin le plus sincèrement possible. »
L'autre leva les yeux au ciel et s'extirpa des couvertures pour se lever. Il était effectivement tout sauf pudique. Il attrapa ses affaires et se rhabilla.
« Très bien, accepta finalement Loki. Où sont les autres ?
-Toujours à Washington, lui répondit son frère avec un grand sourire. Je vous y emmène.
-Je préfèrerai m'y rendre seul, ajouta l'autre.
-Comment ? Tu ne peux pas te téléporter ! fit remarquer le blond.
-Je pense que Mjölnir est assez puissant pour briser les bracelets, supposa le dieu de la Malice. »
Thor regarda son propre marteau.
« Peut-être... murmura-t-il. Montre moi tes poignets. »
Son frère adoptif s'exécuta.
« Wow, wow, wow, c'est pas un peu dangereux ? intervint Tony.
-Ça devrait aller, le rassura le dieu du tonnerre.
-Devrait ?! s'exclama l'ingénieur. »
Il fut ignoré. Thor leva son marteau et l'abattit sur les entraves de son frère qui tombèrent alors avec un bruit métallique. Les poignets de ce dernier étaient brûlés, les bracelets s'étaient imprimés sur sa peau à vif. Le milliardaire les fixaient d'un air abasourdi et dégoûté.
« Ça te brûlait depuis que tu les avais ? »
Loki le regarda et se contenta d'acquiescer. Un silence emplit la pièce, pesant. Thor aussi regardait les poignets de celui qu'il aimait en frère.
« Ne me regardez pas comme ça, je ne les porte plus et c'est très bien comme ça, râla le dieu de la Malice. Pouvons-nous y aller ?
-Je suis toujours à poil moi, déclara Tony.
-Eh bien habille toi ! s'exclama son amant en se tournant vers lui. »
Le regard de l'ingénieur glissa jusqu'au blondinet. Il soupira.
« Thor, vas-y. Nous te rejoindrons. »
Le susnommé comprit et sortit de l'hôtel pour repartir en un éclair.
Lorsque l'homme de métal fut habillé, Loki l'attira contre lui, l'embrassa brièvement et les téléporta à Washington. Ils se trouvèrent devant les autres Avengers dubitatifs quant à la main du dieu de la Malice plutôt proche du fessier de leur collègue. Sauf Thor, lui souriait comme un idiot en voyant son frère en vie et libre. Celui-ci lâcha l'ingénieur qui se tourna vers ses collègues, radieux, bras ouverts.
« Je vous ai manqué ? »
Natasha et Clint lui lancèrent un regard désabusé et exaspéré, Bruce était encore trop choqué pour répondre et Thor restait obnubilé par l'autre Ase qu'il avait enfin retrouvé et qui se tenait bras dans le dos, droit à côté de Tony. Seul Steve réagit en avançant. Devant le revenant il lui fila une immense claque avant de le serrer contre lui. Le milliardaire se frotta la joue en le tenant aussi et s'adressa aux autres :
« Je lui ai vraiment manqué au Captain ?
-Faut croire, répliqua l'espionne. »
Le surprise du Docteur Banner étant passé, il s'approcha lui aussi de son collègue revenu mais sauta l'étape claque pour le prendre directement dans ses bras. Steve et Bruce le lâchèrent ensuite et revinrent à leur place.
« Il s'est passé beaucoup de choses en mon absence ? s'enquit Tony. À part bien sûr votre démission. D'ailleurs ça m'étonne que Fury vous ai laissé faire...
-Rogers s'est trouvé un copain, commença Clint, et-
-Quoi ? le coupa son interlocuteur.
-Bucky, lui répondit Romanoff, comprenant la question sous-entendue.
-D'accord je comprends mieux !
-Je peux reprendre ? demanda Œil-de-Faucon. »
Ses amis acquiescèrent. Sauf Steve qui paraissait plutôt gêné que ses amours soient exposées ainsi.
« Et pour Fury, continua alors celui qui s'était fait couper, je pense qu'il était fatigué de toute cette histoire et qu'il ne voulait pas discuter plus. Quand il va se rendre compte de sa connerie, il vaudra mieux qu'on ne soit plus aux États-Unis.
-Et vous avez pensé fuir où ? questionna Tony, visiblement sérieux quant à la situation.
-Le Mexique, lui répondit Banner.
-Et comment on y va ?
-En hélico, répliqua Steve qui avait visiblement repris toute sa contenance de soldat.
-Vous en avez un ?! s'exclama l'homme de métal.
-Non, on comptait en prendre un au SHIELD, réfuta Clint.
-J'ai une solution moins dangereuse sinon, genre mon jet, sourit Stark, fier de s.
-Ça me semble être une bonne idée, acquiesça le docteur. »
Les autres Avengers acceptèrent, la proposition était adoptée.
« Par contre, hors de question que je quitte les États-Unis sans mon armure et quelques autres affaires, déclara Tony. Alors tous à la tour ! »
Certains des Avengers roulèrent des yeux. Devoir suivre ce milliardaire arrogant n'était pas dans leurs activités favorite, mais ils étaient bien obligés s'ils voulaient quitter le pays.
À la Tour Stark, il n'y avait pas un seul agent du SHIELD. À croire que Fury avait rappelé ses sbires. Tant mieux pour les Avengers, pas de combat pour eux, ils étaient tranquilles. Tony entra et fit rentrer ses compagnons.
« Vous n'avez qu'à m'attendre dans le salon, il doit y avoir encore quelques trucs à boire, leur conseilla-t-il. »
Tous acquiescèrent et il disparut dans l'ascenseur menant aux hauteurs de sa tour.
Il prit plusieurs couloirs, entra dans plusieurs salles dont une chambre où il remplit un sac de quelques vêtements mais la pièce où il passa le plus de temps était on atelier. Il fourra ses outils, ses matériaux et tout ce qui était utile présents dans cette pièce. Il entra dans le salon presque une heure plus tard.
« C'est bon ? lui demanda Bruce.
-C'est bon, confirma l'ingénieur.
-Pourquoi n'avons-nous pas entendu JARVIS ? s'étonna Natasha.
-Je lui ai parlé un peu dans l'atelier. Mais là j'ai copié ses données sur un nouveau disque dur et j'ai désactivé le sien, vous risquerez pas de l'entendre.
-JARVIS ? répéta Loki en fronçant les sourcils.
-Un assistant informatique, lui expliqua Tony en simplifiant énormément. Si tu veux je t'expliquerai plus en détail plus tard.
-Attendez, il vient avec nous ? s'enquit Steve.
-Bien sûr, lui répondirent le dieu du tonnerre et le milliardaire en chœur. »
Il hocha la tête gravement, visiblement encore plutôt hostile à la compagnie du dieu de la Malice.
« Bon, embarquement pour le Mexique imminent, leur indiqua le propriétaire de la tour en consultant son portable qu'il n'avait pas allumé depuis qu'il avait quitté le SHIELD. »
Tous le suivirent hors de la tour jusqu'à un aéroport assez proche. Là, le jet attendait, Rhodey devant, droit, les mains dans le dos, l'allure plus militaire que jamais et pourtant amicale à la fois dans le sourire adressé au proprio. Tout le monde monta, même le soldat.
Il y avait cinq heures de vol à tuer entre Washington et Puebla, ville choisie pour l'atterrissage, cinq heures pour rattraper plusieurs jours loin les uns des autres.
« Bon, commença Tony en s'installant, racontez moi ce qu'il s'est passé pendant que je n'étais pas là. »
Tous les sièges furent pris si bien qu'il ne restait qu'une personne debout. Et cette personne demanda en cherchant une place :
« Où puis-je m'asseoir ? »
L'ingénieur regarda autour pour remarquer qu'effectivement il n'y avait plus de place. Il se leva.
« Prends la mienne. »
Le dieu de la Malice acquiesça et s'installa avec la prestance qui lui était propre, jambes croisées et mains sur les accoudoirs. Il retira l'une d'elles quand son amant s'assit dessus en poussant une exclamation de surprise et de légère douleur. Le milliardaire lui lança un regard moqueur auquel il répondit par son plus beau regard meurtrier, faisant rire Steve et Thor devant eux. Bruce toussota pour les ramener à leur réalité.
« Hum, oui, pardon, qu'est-ce qu'il s'est passé pendant que je n'étais pas là ? se reprit Tony.
-Je pense que vous avez des choses plus intéressantes à nous raconter, supposa Natasha en remarquant combien ils étaient proches depuis qu'ils étaient revenus.
-Vous d'abord, j'vous en prie, insista l'homme de métal. Racontez comment Rogers et Barnes se sont pécho. »
Un rire nerveux secoua le docteur quand ledit Rogers leva les yeux au ciel.
« D'accord, acquiesça ce dernier, mais pas sans contrepartie.
-Quelle contrepartie ? interrogea son interlocuteur.
-Tu nous racontes comment ça s'est passé pour Loki et toi, intervint l'espionne. »
Tony bloqua un instant avant de soupirer, faisant sourire le susnommé qui était amusé par la tournure de la discussion.
« Ok, Steve d'abord, accepta le milliardaire.
-Bien... soupira à son tour le super-soldat. Ta fuite m'a un peu secoué et Bucky est arrivé au même moment environ alors j'ai passé beaucoup de temps avec lui. On a commencé à parler de sujets un peu plus spécifiques et-
-Spécifiques comment ? le coupa l'autre.
-De sentiments, répondit Steve, honnête bien qu'un brin mal à l'aise. C'est lui qui a mis ça sur le tapis en me demandant ce que je pensais de l'homosexualité. On parlait beaucoup de ça, tellement qu'en fait ça m'a semblé presque naturel.
-Tellement niais, commenta Tony.
-À votre tour, lui lança Thor qui avait l'air plutôt intéressé du pourquoi du comment son frère se retrouvait avec lui. »
Loki et son amant échangèrent un regard.
« Commence, lui fit ce dernier, le faisant rouler des yeux.
-Comme tu le veux, acquiesça-t-il en se tournant vers les autres Avengers. J'ai dû écouter ses jacassements bloqués dans la même voiture que lui-
-Eh ! Je t'ai appris à conduire, t'aurais très bien voler une autre bagnole et partir ! répliqua Tony, offensé.
-Tu lui as appris à conduire ? s'étonna Natasha.
-Ouais, enfin je lui ai montré les pédales, comment on tourne, comment en mets les clignos et les phares et le passage des vitesses, c'est tout.
-Je peux continuer ? questionna Loki, irrité d'avoir été coupé. »
L'homme assis sur son accoudoir leva les mains en signe de reddition. Son expression se radoucit.
« Il se retrouvait saoul presque tous les soirs.
-Deux soirs seulement.
-J'ai dû te traîner à l'hôtel le plus proche.
-Je t'ai payé des fringues, argumenta Tony.
-Je t'ai sauvé la vie.
-... ok t'as gagné.
-Comment t'a-t-il sauvé la vie ? intervint Bruce.
-On a eu un accident de moto-
-De moto ?! s'exclama Steve, outré qu'une moto ait été impliquée.
-Ouais, pour passer le barrage au sud de la Virginie. Sauf qu'à un moment j'ai perdu le contrôle du bazard et on s'est retrouvé dans le décor...
-Comme nous étions toujours poursuivi, reprit Loki, j'ai extirpé Anthony de sous la moto puisque sa jambe été coincée... »
En réponse, ledit Anthony souleva l'une des jambes de son nouveau jean pour montrer ses bandages de fortunes inchangés pleins de sang. Ses amis grimacèrent.
« ... Je l'ai donc porté jusqu'à la ville la plus proche. Nous nous sommes abrités dans une maison inhabitée en attendant de pouvoir repartir.
-Et quand est-ce que vous vous êtes pécho ? demanda Clint en riant. Parce que vous nous avez rien dit là.
-À ce moment là, répondit Tony. Le matin même on s'est retrouvés bloqués dans l'ascenseur d'un hôtel parce qu'on nous avait dénoncé au SHIELD et on avait commencé une sorte de jeu...
-Que tu as perdu, rajouta Loki, faisant rire les autres.
-Que j'ai perdu, concéda difficilement Stark.
-Ça consistait en quoi ? interrogea Steve.
-Le premier qui craque perd, expliqua son interlocuteur. Et aussi surprenant que cela puisse paraître, l'autre con a été un excellent joueur.
-Qu'a-t-il fait pour gagner ? s'enquit Thor. »
Son frère pouffa.
« Veux-tu vraiment l'entendre, mon frère ? »
Le susnommé acquiesça.
« Il a joué à fond sur la drague, répliqua immédiatement Tony, se doutant que le dieu de la Malice raconterait avec précision les faits. »
Ledit dieu rit encore en remarquant la once de gêne chez le grand Tony Stark, chose rare pourtant.
Les cinq heures de voyage terminées, le jet atterrit. Tous foulèrent le sol mexicain, regardant autour d'eux avec curiosité. Le propriétaire du jet se retourna vers ses amis.
« On va où maintenant ? demanda-t-il.
-J'ai un contact à aller voir, répliqua Bruce en le dépassant, plus sérieux d'un coup. »
Tout le monde le suivirent à pied dans la ville surpeuplée qu'était Puebla. Le décor montagneux coloré et gorgé d'églises était aussi plaisant pour les yeux que l'odeur d'épices et de nature l'était pour le nez. Ils slalomèrent entre les grands hôtels de la ville centre puis entre les petites maisons de la banlieue. Enfin, le docteur s'arrêta devant l'une d'elle. Il frappa trois coups et un natif lui ouvrit. Il sourit, l'embrassa, et le fit rentrer avec tous ses amis. Ils échangèrent quelques mots en espagnol. Voyant que la discussion s'étendait et que la plupart des Avengers ne comprenait rien, Natasha intervint pour leur demander de parler en une langue compréhensible pour tous.
« Hum, oui, pardon, s'excusa Banner, confus. Les amis, voici un gars que j'ai rencontré lors d'un voyage ici. On a gardé contact et je me suis dis qu'il pourrait nous aider à nous loger.
-Je sais qu'il y a un grand usine dans la vallée. Elle abandonnée depuis longtemps et l'État en fait rien. Vous pouvez y vivre je pense. Je donnerai le nécessaire à vous.
-Merci beaucoup, fit Clint en inclinant la tête.
-Je emmène tout de suite, ajouta l'homme avec un sourire chaleureux.
-À pied ?! s'exclama Tony.
-Non, nous prendrons la bus. »
Son large sourire était toujours planté sur son visage, il paraissait sincèrement heureux d'aider Bruce et ses amis. Il attrapa une besace et sortit, faisant signe à tout le petit monde dans sa maison de le suivre. Un bus passa devant eux sans s'arrêter, ce n'était pas celui-là. Le mexicain remonta la route jusqu'à la ville-centre puis, devant un poteau trop sale pour voir ce qu'il y avait dessus, il s'arrêta et attendit. Un car boueux arriva. Il était presque vide. Tout le monde entra à la suite du guide et patienta sagement que l'usine soit en vue.
Dans la vallée, quand le bus s'arrêta, un immense bâtiment se dressait à côté. Quand les Avengers et l'homme descendirent, ils durent lever la tête pour voir le sommet du toit. C'était un immense cube de métal rouillé avec un autre cube plus petit en son sommet. Les tôles ne couvraient rien à plusieurs endroits, laissant voir à quel point le lieu était délabré. Des plantes couraient le long de la façade, sortaient des fenêtres et par tous les trous comme si le bâtiment les vomissaient. La troupe en resta coite, et Iron Man fut le premier à oser s'avancer. Il s'approcha du matériau en mauvais état et l'analysa avant de secouer la tête : il ne pourrait rien en faire, il fallait détruire et reconstruire, mais l'emplacement du terrain et son environnement pouvaient être propices à leurs activités. Peu de gens viendraient en ce coin un peu perdu dans la forêt et la montagne à des kilomètres de Puebla. Il revint vers ses amis avec un grand sourire.
« Tu pourras réparer ça ? demanda Steve.
-Absolument pas ! s'exclama-t-il. Il faut tout raser, le métal est trop rongé et trop frêle pour faire quoi que ce soit, la base n'est pas assez solide.
-Ça prendrait combien de temps à reconstruire ? s'enquit Natasha en croisant les bras.
-Plusieurs semaines au moins, mais j'aime bien c'terrain, sourit Tony.
-Tu veux vraiment qu'on reste ici ? interrogea Clint, blasé. Je veux dire, y'a plein d'endroits prêts à nous accueillir !
-Nous pouvons aidez vous, intervint le mexicain. J'ai des amis qui peuvent reconstruire avec vous si souhaitez.
-C'est une superbe opportunité pour construire un truc qui nous conviendrait à tous ! argumenta l'ingénieur. On n'aura qu'à aller dans un hôtel le temps de la construction, et puis après on investira les lieux, ça vous tente pas ?
-Si, carrément ! acquiesça Bruce, tout joyeux. »
Thor semblait aussi enthousiaste alors que Clint avait l'air d'y réfléchir. Natasha et Steve étaient plutôt dubitatifs.
« Allez, on pourra personnaliser notre bâtiment pour mettre la sécurité que l'ont veut où l'on veut. C'est un projet totalement viable, tenta l'homme de métal.
-Bon, ok, mais on va choisir une autre résidence maintenant, accepta l'espionne.
-Très bien ! »
Et ils se mirent en route.
Après avoir tourné et retourné aux alentours à la recherche d'une résidence qui puisse les loger tous les sept, ils optèrent pour un hôtel particulier. C'était une longue bâtisse coincée entre deux maisons familiales. On entrait par un couloir qui menait à une petite cour. Elle était ombragée grâce aux orangers qui poussaient là bien qu'ils commençaient à perdre leurs feuilles. Il y avait deux bancs en bois au fond et au centre, plusieurs tables et chaises aux couleurs chatoyantes malgré la rouille qui les rongeait peu à peu. La cour était encadrée par la première partie de l'hôtel à l'avant où les Avengers étaient entrés et par la seconde partie à l'arrière en tout point identique à la première. C'était un endroit ravissant même s'il se trouvait être assez précaire. Une femme plutôt âgée s'approcha du groupe et s'y adressa dans sa langue natale :
« Buenos días jóvenes, ¿ que quiere ?
-Una vivienda señora, por favor, répondit Natasha.
-¿ Cuánto tiempo ? demanda la femme.
-No sabemos, avoua Bruce.
-¿ Cuántos dormitorios ? questionna de suite la propriétaire des lieux.
-¿ Cuántas tienes ? interrogea Banner en retour.
-Seis, pero debo guardarlo para otros clientes si usted no sabe cuando usted se irá de nuevo, répondit leur interlocutrice.
-Tomaremos cuatro, por favor, reprit l'espionne. »
La femme acquiesça et leur fit signe de la suivre. Tony, Thor, Loki et Steve échangèrent des regards indécis, n'ayant pas compris la conversation. Seul Clint semblait suivre, bien que n'y prenant pas part.
« Vous pouvez nous expliquer ?! s'exclama Steve à l'intention des deux jeunes gens qui avaient pris la tête du groupe.
-Elle a six chambres, mais comme elle veut en garder pour d'autres comme nous ne savons pas combien de temps nous resterons, on en a demandé quatre, répondit la rousse. »
Le reste du groupe opina du chef et tous suivirent la propriétaire en silence.
La dame les emmena dans le bâtiment du fond. Quand le groupe entra, ils tombèrent sur une décoration tout à fait colorée, avec quelques tableaux accrochés aux murs. Elle monta à l'étage d'abord et s'arrêta devant la porte au bout du couloir.
« Première chambre, articula-t-elle avec le peu d'anglais qu'elle connaissait. »
Elle ouvrit la porte sur une pièce aux murs colorés avec un futon en son centre. Il y avait un bureau et deux chaises, ainsi qu'une armoire massive décorée avec de la peinture.
« Qui la prend ? demanda Bruce en se tournant vers ses amis. »
Un silence suivit causé par l'indécision. Romanoff souffla et entra en tenant Barton par le poignet.
« On la prend, déclara-t-elle.
-Quoi ?! s'exclama Clint, vexé de ne pas avoir été consulté. »
Il se tut au regard que lui lançait l'espionne. La femme rit, leur lança une clé et ferma la porte.
Toutes les chambres étaient similaires, bien qu'elles n'avaient pas toutes un futon. La chambre en face fut prise par Steve, elle comportait deux lits séparés par un guéridon et une étagère. La dernière du bâtiment, Thor voulut la prendre avec son frère mais il comprit en le voyant si proche de Stark qu'il valait mieux les laisser ensemble – après tout il vivrait déjà avec, il avait déjà de quoi être incroyablement heureux. Aussi il s'installa dans la chambre avec le docteur Banner qui avait juste l'air de s'en foutre royalement, tant qu'il avait un endroit où dormir. Ainsi, Tony et Loki se trouvaient dans le bâtiment en face et, comble de la joie pour le dieu de la Malice, dans la chambre dont la fenêtre renvoyait pile sur celle du fils d'Odin qui lui fait un signe avec un large sourire idiot sur le visage. Il leva les yeux au ciel et ferma le rideau.
Le milliardaire se laissa choir sur le futon en grimaçant à cause de sa jambe blessée récemment. Son amant se tourna vers lui et le remarqua.
« Fais voir, lança-t-il. »
Tony lui lança un regard interrogateur. Loki s'avança alors et défit les bandages de fortune. Il observa la plaie qui formait à peine une croûte. Ses doigts effleurèrent la chair abîmée.
« Respire profondément, ordonna-t-il. »
Et le blessé s'exécuta. Une force étrange lui chatouilla la jambe désagréablement. Des centaines de picotements partout dans son mollet le firent se crisper, c'étaient de mini-chocs électriques qui le brûlaient par endroit. Il sentit cependant sa plaie se refermer et la douleur disparaître de cet endroit précisément. Quand le dieu retira ses mains, il observa sa jambe guérie. Son soigneur le contempla, amusé.
« Je savais même pas que tu pouvais faire ça ! s'étonna-t-il en tâtant l'endroit où la plaie se trouvait.
-Tu ignores encore beaucoup de choses à mon propos, Anthony... lui répondit Loki. »
Le susnommé se pendit à son cou et l'embrassa.
« Merci putain. »
Le dieu rit à ces remerciements qui venaient du cœur.
« Et j'ai sacrément envie de découvrir ce que je ne sais pas encore de toi, ajouta l'ingénieur. Genre tout.
-Je suis flatté de faire l'objet d'un tel intérêt de ta part, répliqua son colocataire.
-L'intérêt est réciproque ? questionna Tony. »
Des yeux verts le fixèrent intensément.
« Cela se pourrait, répondit-il après un silence comme s'il avait pesé le pour et le contre de cette révélation. »
L'homme de métal s'allongea dans le futon en s'étirant et regarda un moment dans le vide, réfléchissant.
« Au fait, quand comptes-tu partir ? interrogea-t-il, certain que ce sera le cas.
-Pour l'instant ce n'est pas prévu, le rassura Loki en le rejoignant. Retourner à Asgard ne fait pas parti de mes priorités.
-Merde, moi qui pensais pouvoir enfin être tranquille ! blagua Tony.
-Rappelle moi qui a embrassé l'autre ? argua le dieu.
-Ce n'est pas moi qui disaient des choses aussi suggestives, tu avais clairement envie de moi, argumenta l'ingénieur. J'te comprends après hein, j'ai un corps de dieu.
-Et moi je suis un dieu, ce n'est pas étonnant que tu m'aies embrassé, sourit narquoisement l'Ase.
-Gnagnagna, j'suis un dieu du coup j'me permets de t'enculer, c'est ça ouais j'aurai dû te filmer quand t'étais en chaleur ! rit le milliardaire. »
Son amant fronça les sourcils avant d'éclater d'un rire franc et il le rejoignit pendant un instant. Le temps semblait suspendu et ils avaient tous les deux l'impression d'être en paix avec eux-mêmes. Ils n'avaient pas à se battre et là, sur ce futon, seuls dans leur chambre, personne n'attendait rien d'eux et ils n'avaient rien à prouver à personne. Tony regarda celui à ses côtés dans les yeux et murmura :
« Je crois que je suis amoureux de toi, aussi. »
Et il l'embrassa. D'abord doucement, mais comme Loki n'était pas en reste, leur baiser s'intensifia.
Ils passèrent la soirée dans leur chambre si bien que Natasha dût aller les chercher à l'heure du dîner. La propriétaire des lieux avaient une règle d'or : tout le monde mange ensemble. Alors, quand tout le monde fut assis à la grande table de la salle à manger, le repas fut apporté. Il était constitué d'une multitude de plats traditionnels, connus du grand public ou non. Ils étaient amenés dans des grandes marmites ou des grandes poêles et il fallait tendre l'assiette pour que la dame serve, comme si les Avengers étaient chez eux.
Deux heures passèrent alors sans que les héros et l'héroïne les virent passer, trop absorbées par leurs repas et leur discussion qui animait la tablée. Toustes se dispersèrent ensuite dans leurs appartements sauf Loki qui resta dehors assis sur l'un des bancs. Tony, lui, commença à travailler sur les plans de leur future base en jetant quelques coups d'œil inquiets au dehors puisqu'une forte pluie s'abattait sur Puebla et les alentours. Mais le dieu restait là, dans le vent et sous les gouttes d'eau qui devaient être glacées, sans bouger, comme s'il méditait. S'il voulait chopper la crève, il était très bien parti.
Après plusieurs heures de travail, le milliardaire décida qu'il pouvait bien faire une pause et rejoignit son ancien compagnon de cavale sur le banc, armé d'une couverture pour résister au froid.
« Qu'est-ce que tu fous ? s'enquit-il.
-Je médite, lui répondit Loki d'une voix incroyablement calme et posée.
-Sous la pluie ? s'interrogea Tony. T'es encore plus inconscient que ce que je pense.
-Tu m'as rejoint. Qui de nous est le plus inconscient ? répliqua le dieu.
-J'sais pas, et je suis pas sûr de vouloir le savoir, avoua l'homme de métal. Je veux dire, si on se lance dans ce genre de jeu, ça pourrait vraiment mal finir et je veux pas prendre de tels risques ! J'ai tendance à aimer le danger mais, bizarrement, là ça m'tente pas.
-Je crois bien que c'est moi, alors, sourit le mystificateur.
-Ça ne m'étonnerai même pas, t'arrive toujours à me surprendre, rit le génie en retour, haussant les épaules.
-Tu y arrives très bien aussi Anthony. »
Le susnommé posa sa tête sur l'épaule de celui à côté de lui.
« J'aime bien quand tu m'appelles Anthony, songea-t-il à voix haute.
-Comment ça ? demanda Loki en soulevant un sourcil.
-Tout le monde m'appelle Tony, répondit son interlocuteur. Genre vraiment tout le monde. Dans les médias, au boulot, mes amis, Pepper aussi m'appelait comme ça. Même mon père ! Bon après lui c'est une autre histoire...
-On a tout le temps qu'il faut, je pense, le coupa la voix calme de son amant pour l'encourager à se confier.
-Ok, mais je termine avec mon prénom, reprit l'autre. Donc tout le monde m'appelle Tony, mais ça me dérange absolument pas, forcément j'aurai déjà gueulé sinon... Mais j'sais pas, le fait que tu m'appelles Anthony ça te rend plus particulier. »
Loki roula des yeux, un petit sourire aux lèvres.
« Et pour mon père, continua Tony, bah on a pas eu vraiment de relation. Pour lui, j'étais juste un successeur. Il a toujours vu mes succès en disant que ce n'était pas assez et j'ai tout fait pour qu'il soit fier de moi. Je sais pas si tu comprends.
-Moi aussi. Moi aussi j'ai tout fait pour qu'il soit fier de moi. Mais j'étais le fils de Laufey, j'étais pas son ''vrai'' fils, il n'avait d'yeux que pour Thor.
-Un œil, si je me souviens bien, blagua l'ingénieur, faisant rire son acolyte.
-Oui, un œil. J'ai tué Laufey, j'ai voulu détruire Jotunheim, pour lui, pour lui prouver que j'étais un véritable Ase, en quelque sorte.
-Attends, j'ai pas compris les histoires de famille là.
-Le Père de Toute Chose m'a enlevé à Jotunheim après avoir vaincu son peuple, expliqua Loki. J'étais l'héritier.
-Le fils de Laufey... conclut Tony. C'est ça ?
-Exactement. Et je l'ai appris de moi-même. Alors j'ai compris pourquoi il avait toujours préféré Thor, un Géant du Givre ne pouvait pas se retrouver sur le trône d'Asgard. Alors, j'ai tenté, plein de choses, pour me rendre digne d'être l'égal de Thor.
-Un Asgardien... »
Le dieu hocha la tête.
« Comment as-tu appris que tu étais un Géant du Givre ? questionna le milliardaire, curieux.
-En allant sur Jotunheim avec Thor et d'autres guerriers. Les autres se faisaient brûler le bras quand les Jotuns les touchaient. Moi, je devenais comme eux. Ma peau devenait bleue.
-Attends, attends, attends, tu peux littéralement devenir un Schtroumpf et j'étais pas au courant ? s'étonna l'Iron Man. »
Au regard que lui lança Loki, il comprit qu'il avait été maladroit.
« Tu voudras bien me montrer comment c'est ? tenta à la place l'humain. »
Il y eut un silence que seule la pluie battante et le vent dans l'oranger brisaient. Son homologue réfléchissait.
« D'accord, finit-il par articuler, la voix basse, comme un chuchotement. Mais pas ici. D'ailleurs rentrons, tu trembles. »
Il se leva et se retourna en lui souriant, tendant la main. Tony renifla et l'attrapa.
« Carrément d'accord, je meurs de froid.
-Tu aurais dû le dire, soupira le dieu. »
L'homme de métal haussa les épaules et l'Ase roula des yeux. Ils rentrèrent dans leur chambre pour se sécher car la pluie les avait plus que trempés.
Le dieu se contenta d'une serviette quand son amant, lui, décida de prendre une douche. Loki profita d'être de nouveau seul, mais dans la chambre cette fois-ci, pour tenter des sorts. Ses capacités avaient été affaiblies à cause des menottes qui entravaient ses poignets et il était rouillé maintenant, ça allait prendre du temps avant de se remettre correctement en place. Il se concentra notamment sur la magie qui l'entourait, la captant comme il le pouvait, retrouvant sa complicité avec elle après tant de temps sans pouvoir la sentir. Il aimait la savoir près de lui, comme une garantie qu'il n'était pas seul. Elle le suivait aussi loin qu'il allait, sous différentes formes parfois mais toujours fidèle au mage. C'était une sorte de certitude de sa propre sécurité et il en appréciait la présence, elle le rassurait. Il s'était déjà trouvé de longs moments sans pouvoir utiliser la magie et ça avait toujours été un paisible soulagement de la retrouver, cette fois-là n'y dérogea pas. Alors il se balada dans la chambre, toucha quelques objets qu'il cristallisait du bout du doigt, affichant un léger sourire pour lui-même en voyant les réactions physiques à son toucher.
Quand l'Ase se tourna finalement vers la porte de la salle de bain, il vit que Tony était appuyé contre le mur et l'observait de ses yeux curieux et scrutateurs, depuis un moment peut être. Ils ne prononcèrent pas un mot et aucun des deux n'en semblaient dérangés. Pour une fois que Stark laissait de côté les paroles et babillements parfois de trop... Le regard de celui-ci paraissait de plus en plus perdu dans le vide. Son esprit semblait tourner à plein régime, réfléchissant sûrement à comment la magie fonctionnait, comment les entraves empêchaient le dieu de l'utiliser et d'autres trucs du genre mais tout ce qu'il réussit à conclure était qu'il n'en savait foutrement rien et que ça l'agaçait. Un regard résolu se leva vers Loki qui, d'une main posée, glaçait le bureau. Il sourit en retour et lança en premier :
« Tu brûles d'envie de me poser des questions, vas-y.
-Dis moi comment ça marche, répliqua immédiatement l'humain. Je veux dire, depuis le début de notre escapade, je me demandais comment les menottes marchaient, et du coup comment ta magie marchait. J'arrive pas à expliquer ça scientifiquement, ça m'énerve, j'ai l'impression qu'aucun calcul ne pourrait correspondre. Comment tu fais pour créer de la glace juste avec tes doigts ? T'as pas si froid que ça quand même ? Et puis pour régénérer les blessures, hein ? C'est impossible que la science puisse expliquer ça ! »
Son colocataire eut une exclamation amusé. Pour une fois, il laissa son homologue parler, le laissant énoncer et détailler ses théories tout en gesticulant, s'approchant peu à peu. Le bruit n'arrêta pas l'ingénieur :
« Genre tu la crées du bout de tes doigts ? Mais ça vient d'où dans toi ? De tout ton corps ? De ton cœur ? Ton cerveau ? Ou alors c'est une aura autour de toi que... je sais pas... tu aspires pour la recracher sous une espèce de forme plus concrète...
-C'est presque ça, intervint finalement l'être divin.
-Sérieusement ? s'emballa Tony. Genre t'as une aura autour de toi que t'aspires ? Mais comment ? Tu peux le faire aussi rapidement ? Ou tu emmagasines pour la stocker quelque part et refais tes réserves de temps en temps ? Parce que je connais tes réflexes, ça peut pas être un processus aussi long qu'aspirer et recracher en fait. À moins que t'aies des réflexes de fou, ou un don de voyance... C'est ça en fait t'es un voyant ?
-Non, rit l'Ase, moqueur. La magie n'est pas qu'une aura, elle est tout autour à vrai dire. Je comprends que ça doit être compliqué à concevoir pour un humain comme toi.
-Eh ! s'indigna l'homme de métal, mimant la vexation.
-Ose me dire que tu le conçois, répondit son interlocuteur.
-Je suis sûr que je peux trouver des choses compliquées à concevoir pour toi, déclara Tony d'une lueur de défi.
-Donc tu admets que ça l'est, souligna Loki d'un sourire suffisant.
-Je.. Non ! Mais... T'es chiant, soupira-t-il, soutirant de nouveau un son moqueur de son compagnon. »
Ils se regardèrent encore un instant, le dieu avec son air satisfait et le milliardaire toujours vexé. Mais ce dernier admit tout de même :
« Ok, j'ai un peu de mal à le concevoir. Je veux dire, de la magie ? Partout ? C'est dément qu'on ait jamais trouvé ça avant. Mais du coup tout le monde peut l'utiliser ?
-Non, répondit le mage. Si tu ne la sens pas, tu ne peux pas. À vrai dire, elle n'est pas qu'autour de nous, elle est en nous et c'est une entité. Mais tu es humain, tu ne l'as pas. »
Le dieu vint s'asseoir sur l'une des chaises et Tony l'imita en se plaçant sur le lit, face à lui. Ils discutèrent longuement. Loki répondait aux interrogations de l'humain qui débattait de la possibilité et de la folie de tout ça, prenant conscience pour la réelle première fois d'à quel point les esprits humains pouvaient être obtus.
Cela prit une partie de la nuit, mais l'ingénieur mit finalement fin à la discussion en se levant.
« Je pense que j'ai assez d'informations à traiter pour ma vie entière là. Allez, repose toi, tu l'as mérité et t'as l'air exténué.
-Et toi ? s'enquit le dieu qui avait une expression neutre, habituelle, mais avec une lueur inoffensive, amicale même, qui relevait presque de l'innocence plus que de la carapace.
-Je dois commencer à travailler sur les plans pour avoir un truc à proposer aux autres demain.
-Tu n'as pas d'obligations, rappela Loki.
-Mais je préfère m'y mettre au plus vite, argumenta Tony. »
L'Ase céda et s'allongea dans le lit, se blottissant sous la couette. L'humain le contempla un instant avant de saisir du papier et un crayon pour s'installer sur le bureau éclairé d'une lampe précaire. Il avait beaucoup à faire, et pas d'IA pour l'assister. Ça allait être fun.
Le cerveau de Stark bouillonnait. Les calculs et suppositions s'étalaient sur les feuilles qu'il avait, accompagnant quelques traits abstraits, des ébauches. Des dizaines de boulettes se trouvaient à côté de la corbeille, il les avait jetées sans même regarder où il visait, d'où le résultat. Tantôt il dessinait une tour, tantôt un complexe souterrain, ou alors un bâtiment semblable à l'usine, mais pas grand-chose lui convenait. Il cherchait à ce que ça plaise à tout le monde, malgré l'impossibilité de la chose. Ses collègues étaient tellement différents... Alors il bossa tout le reste de la nuit et tout le début de la matinée même, et quand Loki se réveilla, il travaillait encore. L'Ase s'approcha de lui.
« Tu n'as pas dormi, remarqua-t-il, grave.
-Bravo Sherlock, se moqua Tony. J'arrive pas à trouver quelque chose qui pourrait plaire à tout le monde... »
Le dieu haussa un sourcil au nom inconnu, visiblement une référence midgardienne.
« Tu n'as rien à leur proposer ? s'enquit-t-il.
-Non, et pourtant j'ai dessiné tellement de trucs différents ! Mais y'a toujours un détail qui me perturbe ! s'énerva l'ingénieur, visiblement irrité par son incapacité à trouver une idée convenable, et le manque de sommeil.
-Tu pourrais leur demander, suggéra l'Ase.
-Ouais, mais ça me fait chier de pas avoir une ébauche de bonne !
-Calme toi.
-Non, je me calmerai pas ! J'ai passé toute la nuit dessus !
-Anthony. »
Son nom prononcé par la voix profonde et pénétrante de celui devant lui le réduisit au silence.
« Ne te prends pas la tête et allons prendre le petit-déjeuner, conseilla Loki. »
Tony le regarda un instant puis sourit. Il s'approcha, releva la tête pour l'embrasser et le dépassa.
« T'as raison... »
L'autre sourit également et le suivit.
Quand les deux hommes entrèrent, tous étaient là sauf Rogers.
« Le Capitaine pleure son soldat qui n'est pas encore revenu du front ? blagua Tony avec un large sourire en s'asseyant à la table. »
Loki s'assit à côté de lui et malheureusement il se retrouvait à côté de l'espionne qui le regardait d'un œil mauvais. Il sut parfaitement lui rendre son sourire, remarquant avec amusement qu'elle avait posé sa main sur son arme qu'elle portait toujours quand il tira sa serviette.
« Tu as déjà commencé à réfléchir pour la future base Stark ? s'enquit le docteur Banner. »
Le susnommé roula des yeux et le dieu rit. Des regards remplis d'incompréhension se tournèrent vers lui, alors il expliqua :
« Il n'a pas dormi de la nuit et notre corbeille est ensevelie sous ses essais. »
L'ingénieur remarqua que Barton semblait amusé par ça lui aussi, l'enfoiré.
« Pas ma faute si vous êtes chiant à contenter, répliqua-t-il en le regardant dans les yeux.
-Eh ! Tu ne nous as rien demandé en même temps ! fit remarquer l'archer.
-Et qu'est-ce que vous voulez ? »
Les réponses fusèrent en même temps et l'Ase se retint de rire devant l'expression exaspérée de son petit-ami.
« Répétez mais pas tous en même temps s'il vous plaît... souffla ce dernier.
-Un labo, commença Banner.
-Une salle d'entraînement, demandèrent Clint et Natasha en chœur.
-Et toi Thor ? demanda l'homme de métal en voyant que le dieu du Tonnerre ne demandait rien. »
Un large sourire apparut sur le visage de celui-ci et il répondit vivement avec une sincérité à toute épreuve :
« Tant que mon frère est là, je n'ai besoin de rien d'autre. »
Ledit frère leva les yeux au ciel.
« J'vous donnerai une chambre pour deux, blagua le milliardaire.
-Tu ne serais pas capable de faire ça, avança Loki en lui lançant tout de même un regard noir.
-Et pourquoi pas ?
-Parce que tu m'aimes trop, lança-t-il en se penchant sur l'humain. »
Clint se racla la gorge et tous deux reprirent leur place, le cadet des dieux avec un regard malicieux et Tony redevenu plus sérieux.
« Bon, j'ai noté vos demandes- commença-t-il avant de se faire couper par Thor.
-Tu n'as rien écrit, homme de métal, remarqua-t-il.
-... Et je vais travailler là-dessus, reprit l'autre en l'ignorant après un soupir qui amusa le dieu de la Malice. »
Sur ces mots, le Capitaine arriva finalement, l'air à moitié endormi.
« Aye Captain ! T'as pas entendu le clairon sonner ce matin ? blagua Stark. »
Le susnommé marmonna et lui lança un regard noir en s'asseyant. Il attrapa une tartine grillé qu'il beurra et trempa dans le café que venait de lui apporter la femme qui les hébergeait. Vu la rapidité de son service, Tony pensait sérieusement qu'elle attendait, bol en main, à l'entrée de sa cuisine, ce qui ne l'étonnerait même pas. Elle était incroyablement professionnelle et chaleureuse à la fois, bien qu'elle aimait qu'on respecte ses règles puisque c'était sa maison, ferme et amicale en même temps. L'apprécier n'était pas difficile, elle pouvait vous regarder avec un regard dur empli de toute sa vieillesse qui n'était pas prête à fléchir et l'instant d'après sourire gentiment, ses traits ridés s'apaisant et devenant aussi pacifique qu'un lapin. Elle posait de temps en temps quelques questions, pour mieux connaître ses clients, mais ne répondait jamais à celles qu'on lui posait. Elle se taisait simplement ou reposait une autre question.
« Bucky arrivera demain normalement, prévint le Capitaine après avoir terminé sa première tartine.
-Alors tu étais en communication avec ton cher et tendre, sourit narquoisement Tony. Ça explique ton retard. »
Natasha roula des yeux mais Steve soutint le regard amusé de l'ingénieur qui avait l'air bien trop heureux de pouvoir lancer des piques à ses collègues de nouveau.
« À vrai dire il m'a prévenu hier soir, démentit le super-soldat.
-Alors c'est parce que t'as fait nuit blanche avec ton soldat que tu t'es pas réveillé ce matin ? Ça a changé les Desperate Housewives...
-Quoi ? répliqua Rogers en fronçant les sourcils, ne comprenant pas la référence.
-Faut vraiment que tu te remettes à la page, déclara Tony, sérieux.
-Si c'est pour devenir aussi idiot que toi je passe mon tour.
-Tu risques de finir aussi idiot que bouclettes, le mit en garde le milliardaire, fier lorsque le dieu de la Malice à côté de lui lâcha un rire qui n'était pas feint. »
Ledit bouclettes ne sembla pas relever qu'on parlait de lui, se contentant de manger et boire sans même écouter ce qu'il se disait. Quant à Loki, il semblait un peu plus détendu d'avoir était vraisemblablement oublié mais ses yeux étaient toujours très alertes et ses épaules tendues.
Lorsque le petit-déjeuner fut fini, tout le monde se dispersa. Natasha intercepta cependant Tony avant qu'il n'entre dans le bâtiment où le dieu de la Malice s'était engouffré. Elle fixa la porte que ce dernier venait justement d'emprunter.
« Écoute Stark, je ne doute pas que tu connais mieux Loki que moi mais... penses-tu que c'est raisonnable ? »
L'interlocuteur étouffa un rire mais la laissa continuer. Raisonnable, lui ? La question ne se posait même pas.
« Je ne pense pas qu'on puisse lui faire confiance, il aurait très bien pu te tromper et t'utiliser pendant votre cavale. À vrai dire, c'est ce qui me paraît le plus probable. Moi, je lui fais pas confiance. Depuis que je l'ai vu, surtout aussi proche de toi. C'est dangereux.
-Attends, attends, attends, je t'arrête tout de suite Romanoff, intervint-il finalement. Comme tu l'as dis, je le connais mieux que toi. Il a été sincère, il a accepté de me parler de ses faiblesses-
-Dis-moi alors, coupa l'espionne. Quelles sont ses faiblesses ? »
Elle semblait agacée d'avoir cette conversation et voulait en finir au plus vite, omettant volontairement ses manières de soutirer des informations pour quelque chose de plus direct. Les bras croisés, elle tapait du pied face au silence de Stark.
« Non, répondit-il et jamais il n'avait semblé aussi ferme et résolu. Il m'a fait confiance et je ne veux pas briser ça. Beaucoup de personnes l'ont fait avant moi et je ne veux pas faire partie d'elles. Tu n'obtiendras rien de moi et si tu souhaites des informations, tu lui demanderas toi-même. Je n'ai aucun ordre à recevoir de toi, quand bien même tu le trouverais dangereux. Je sais qu'il ne l'est pas, il m'a aidé et m'a sauvé. Il m'a même guéri. Alors je ne peux pas le trahir.
-Tes sentiments pourraient te perdre, répliqua la rousse en levant les yeux au ciel, abandonnant visiblement. »
Et elle tourna les talons, disparaissant dans le bâtiment où elle avait sa chambre. Un sourire satisfait s'afficha sur le visage de Tony, bien que la méfiance de l'agent Romanoff ne lui plaisait pas. Mais il se doutait qu'elle serait comme ça vis-à-vis de Loki, aussi il n'était pas surpris. Il quitta la cour et rejoignit justement ce dernier.
Quand l'ingénieur entra dans la chambre, le dieu était visiblement en train de méditer. Il fronça les sourcils à cette vision, peu habitué à le voir ainsi et se demandant surtout à quoi cela rimait. Il ne dérangea pas son colocataire et s'installant au bureau encore couvert de quelques essais de la nuit. Il prit une nouvelle feuille et y nota les contraintes. Cela lui prit aisément deux heures car il réfléchissait avec attention à n'importe quel problème qui pourrait survenir comme une attaque d'aliènes souterrains, ou d'un taré de l'espace, ou juste d'une dispute entre Hulk et Natasha... Loki ne bougea pas pendant ce temps, Tony entendait à peine sa respiration au début, avant qu'il ne lance une playlist de rock. Il commença ensuite quelques esquisses de plans en silence, bercé par sa musique. Il sursauta seulement quand il sentit des doigts fins saisir ses épaules suivis d'un rire moqueur. L'ingénieur siffla de dépréciation.
« Tu es un enfoiré d'espion en fait ! s'exclama-t-il en comprenant que l'Ase était derrière lui depuis un certain temps déjà.
-Peut-être... »
Tony se tourna un instant vers lui et, regardant ses mains pâles qui l'avaient lâché, déclara plus sérieusement :
« Tu ne m'as pas montré ton autre forme hier soir. »
Le visage de Loki devint grave. Il s'écarta légèrement.
« Ce n'est pas mon 'autre forme', c'est ma véritable forme.
-Ça ne change rien pour moi, lança le milliardaire en haussant les épaules. Elle est si terrible que ça pour que tu sois si réticent ? T'as une corne qui te pousse ? »
Le dieu soupira.
« Désolé, s'excusa son interlocuteur en remarquant sa maladresse. »
Il se leva et attrapa les mains de son compagnon.
« Tu veux bien me montrer ? ajouta-t-il d'une voix doucereuse. »
Loki poussa un nouveau soupire mais n'objecta pas. Il fit asseoir Tony sur le lit et se plaça devant lui. Ils se regardèrent droit dans les yeux tandis que la peau du plus grand se transformait progressivement pour passer du blanc habituel à un bleu prononcé et intense. Des lignes parcouraient le corps découvert et ses yeux devinrent d'un rouge pénétrant. Il paraissait mal à l'aise, se ratatinant sur lui-même, attendant simplement de pouvoir reprendre sa forme Ase.
« Wow... c'était pas exactement ce que j'imaginais... souffla l'homme de métal.
-Je te l'avais dit, cracha le dieu de la Malice, sincèrement en colère mais pas contre son amant. »
Ce dernier se releva.
« Hey, non, je disais pas ça dans ce sens là ! se défendit-il. Je pensais que tu serais juste bleu, pas que t'aurai un putain de Picasso imprimé en relief sur la peau et les yeux de Dracula.
-Es-tu au courant que je ne comprends absolument rien de ce que tu dis ? questionna Loki avec la même véhémence qui ne lui était toujours pas destinée.
-On s'en occupera plus tard... Et hum.. je peux toucher ? demanda poliment Stark. »
Son interlocuteur ne lui répondit pas, le fixant de ses orbes rubis. Un léger mouvement de tête lui répondit et il posa une main sur la joue du Jotun devant lui. Il n'y avait aucune crainte, aucun dégoût quand les yeux de celui-ci croisèrent ceux de l'ingénieur, seulement une étrange douceur et une curiosité naissante. La peau était fraîche mais pas froide, différente mais pas inconnue, parsemée de lignes en relief mais pas rêche, une toute nouvelle sensation. Elle se tendit sous les doigts de l'humain, la mâchoire du dieu se crispant de frustration. Il voulait crier mais se retenait, crier que ce n'était pas lui, qu'il ne faisait pas parti de ces monstres, qu'il n'avait jamais voulu l'être, qu'il avait essayé de s'en défaire, crier qu'il ne voulait pas que le monde le sache. Mais il était là, devant Tony Stark, un 'simple' humain qui le regardait avec calme, qui caressait sa peau du bout des doigts, comme de la porcelaine, qui lui avait même demandé la permission de le toucher... Quelqu'un qui faisait attention à lui. Le dieu ferma les yeux et se détendit un peu. Il les rouvrit en sentant le souffle de son cadet sur ses lèvres, étonné de le voir si proche et surtout tactile... Mais il ne pouvait pas lui refuser ce baiser, il baissa légèrement sa tête pour que leurs lèvres se rencontrent. Cependant il ne se détendit pas, aussi il se recula et considéra un instant l'homme devant lui.
« Comment fais-tu pour regarder un être tel que moi sans dégoût ? murmura-t-il, sincère.
-Comment ça ''tel que toi'' ? questionna Tony en fronçant les sourcils.
-Un monstre. Je s-
-Oulà, attends, je te coupe mais tu n'es pas un monstre. Tu n'as pas fait que des belles choses, certes, mais ça ne fait pas de toi un monstre. »
Loki ne répondit pas. Il se contenta de baisser son regard sur ses mains, les observant avec dédain. Remarquant cela, l'ingénieur posa les siennes dessus et les baissa.
« Tu n'es pas obligé de te regarder, toi. Pas tout de suite. Si tu n'es pas prêt, je ne vais pas te forcer.
-Tu veux que j'accepte cette forme, en déduisit l'Ase.
-Oui, parce que, que tu le veuilles ou non, ça fera toujours parti de ton identité, et tu dois bien vivre avec. »
Son interlocuteur planta ses yeux dans les siens en revenant à sa forme habituelle. Il dût subir l'air réprobateur mais c'était toujours moins douloureux que d'être sous sa forme Jotun pour lui.
« Loki... Tu ne pourras pas avancer si tu fuis, tu le sais ça ? lança Tony.
-Si tu crois qu'après des années à détester ça seront balayées par tes mots c'est accorder trop d'importance à ton égo, rétorqua le susnommé d'un ton sec.
-Mais je sais bien que ça va pas prendre deux minutes juste parce que j'te dis que t'es beau ! Je suis pas con ! Je te demande seulement d'essayer... supplia Stark. »
Loki se retourna pour lui faire dos.
« Et moi je ne veux pas.
-Tu ne peux pas faire comme si ça n'existait pas.
-Je l'ai bien fait pendant plus d'un millénaire, pourquoi je ne pourrai pas continuer ?
-Parce que ça ne ferait que te blesser plus profondément, répliqua l'ingénieur. Et je ne le permettrai pas. »
Il y avait cette détermination dans la voix et dans les mots de son amant qui résonnèrent dans la tête du dieu. Il tomba plus qu'il ne s'assit sur le lit.
« Je ne peux pas... murmura-t-il.
-Quoi ? Tu ne peux pas t'accepter ? Tu ne peux pas te dire que, ouais, t'es né comme un Jotnar mais ça ne fait pas de toi un monstre ? Tu ne peux pas imaginer que tu puisses être quelqu'un de bien ? C'est pour ça que tu te sens forcé de foutre la merde partout où tu passes ? »
Le milliardaire s'énervait de plus en plus, bien que ce n'était pas contre celui qui disait être un monstre mais contre ceux qui l'avaient fait se sentir ainsi.
« Arrête de penser que c'est de ta faute et bats toi bordel ! Montre leur qu'ils peuvent aller se faire foutre ! Odin, ton frère, tes sujets, tous ! Parce que t'es pas ce que tu prétends et même penses être, c'est eux qui t'ont foutu ça dans le crâne et t'as pas à t'en blâmer.
-Arrête...
-Pourquoi ? aboya l'humain aussitôt. Parce que j'ose dire ce que personne n'a jamais pensé à te dire ?! Parce que je veux juste que tu te sentes bien ?! »
Il pouvait continuer longtemps ainsi, à s'énerver tout seul face à l'Ase qui avait revêtit son masque d'indifférence, mais il s'arrêta subitement en prenant conscience de ses mots. Il la vit alors, l'unique larme sur la joue de Loki. Il remarqua aussi le déchaînement d'émotions qui passait dans ses yeux, seules fenêtres sur ses pensés à présent vu que le reste de son visage était entièrement et hermétiquement fermé. Il y avait de la colère, de l'incompréhension, une once de tristesse et de la peur. Mais Tony ne s'en voulut pas, il n'avait fait qu'énoncer une vérité longtemps passée sous silence et il savait que le message passerait. Il voulait que le dieu essaye... Il se baissa à son niveau, sécha la larme, et reprit doucement :
« Après tout ce que tu as traversé, tu as le droit de te sentir bien. Tu peux au moins t'accorder ça, même s'il y a encore du chemin. Tu ne p-
-Je ne pourrais pas être en paix avec moi-même tant que je n'accepterai pas cette partie de moi, le coupa le mage à voix basse.
-Exactement, acquiesça Tony. »
Il le prit dans ses bras ensuite parce que voir ce visage impassible lui faisait trop de mal, il savait ce qu'il y avait derrière.
Les deux restèrent longuement enlacés avant que Tony ne reprenne son travail et Loki sa méditation. Ils restèrent totalement silencieux, mais ils étaient soulagés que la tension soit redescendue. Ce n'était pas pesant, puisque l'homme de métal avait relancé sa musique, aussi ils pouvaient s'en sentir satisfaits même s'ils auraient encore à parler de ça.
Bucky arriva le lendemain et ce fut un grand événement pour Steve vu combien il l'attendait impatiemment. Le soldat arriva devant l'hôtel des Avengers et sonna. Ce fut bien sûr la propriétaire qui lui ouvrit après avoir sévèrement réprimandé le Capitaine qui avait voulu ouvrir à sa place. Bucky salua María qui lui avait ouvert chaleureusement avant de sentir un poids l'emporter en arrière qui n'était autre qu'un blondinet édition années 20 de type super-soldat.
« À peine quelques jours sans te voir et je te retrouve comme un désespéré, se moqua l'arrivant.
-Je m'en fiche, tu m'as manqué, marmonna Steve dans son cou. »
Son meilleur et petit ami rit et le serra contre lui un instant avant de s'écarter pour saluer le reste de la troupe. Il s'arrêta cependant devant le renégat et le déserteur du SHIELD, les sourcils froncés. Visiblement, son amant ne lui avait pas tout raconté.
« Que faites-vous là ? Le SHIELD ne vous cherche plus ? demanda-t-il sans les saluer. »
Tony haussa les épaules. De toute évidence, il ne savait pas non plus. Le regard que Bucky lui portait était empli de colère directement tournée vers lui – pour une fois que ce n'était pas envers le dieu à ses côtés – et il savait alors qu'il y avait des non-dits desquels il n'était pas au courant... Le soldat les dépassa alors pour dire bonjour aux autres, ignorant le regard assassin de Loki. Lui et l'ingénieur s'en allèrent alors, n'appréciant pas d'être mis à l'écart, pour travailler plutôt...
Les jours se succédèrent et le grand Tony Stark était plongé dans ses plans tout le temps. Son amant s'en contentait, ils se retrouvaient toujours le soir, dans le lit, enlacés, et passaient quelques instants soit à discuter, soit à s'embrasser, soit à faire bien plus que ça... Tout le monde savait que si la propriétaire, n'était pas là, l'ingénieur ne mangerait pas. Il était vraiment trop absorbé par son travail, comme il en avait la fâcheuse habitude depuis toujours et de ce fait, personne ne pouvait le changer. Mais son acharnement porte ses fruits puisque, une semaine plus tard, le milliardaire put présenter les plans finis accompagnés même de quelques visuels griffonnés. Ceux-ci présentaient la façade en 1, une vue du dessus en 2, une vue de l'intérieur d'une salle commune en 3, une vue de la machinerie en 4 et une vue d'une possible future chambre en 5. Le dessin 1 montrait une tour d'une cinquantaine de mètres de haut avec un héliport à son sommet et un bâtiment plus large accroché qui lui faisait plutôt une hauteur d'une vingtaine de mètres. Le dessin 2, lui, montrait juste des bâtiments formant une forme circulaire autour du noyau centrale qu'était la tour avec son appendice. Quand aux dessins 3, 4 et 5, ils n'avaient rien de spécial par rapport à ce que les Avengers avaient déjà vu. Et Tony se tenait devant eux, fier d'avoir trouvé un compromis pour tous.
« Ça me paraît vraiment bien, fit Bruce en premier. Ça prendra combien de temps selon toi ?
-Selon mes calculs, pas plus de trois mois pour le bâtiment principal. Le reste passe en second plan et en tout ça devrait durer sept mois environ pour que tout soit bâti, décoré et aux normes.
-Nickel, sourit Steve bien qu'il était introspectif face aux plans, et son sourire s'élargit en remarquant ceux de la salle d'entraînement.
-Ça me va, répliqua le dieu du Tonnerre bien que Tony était certain qu'il ne comprenait pas grand-chose, comme Steve finalement, et peut être même Natasha et Clint. »
Ils avaient beau être intelligent.e.s, déchiffrer l'écriture de Tony sur une telle feuille où se trouvaient également tous ses calculs n'était pas une chose aisée. Même l'auteur semblait à peine pouvoir se relire, mais il n'avait pas vraiment mieux. Les Avengers firent tous part de leur approbation après une courte étude de ce qui leur était présenté, seul Loki n'avait pas émis son avis. Il ne s'en sentait pas légitime, aussi fut-il surpris quand le milliardaire se tourna vers lui pour demander :
« Et toi, t'en penses quoi ?
-Je pense que tu n'as pas besoin que je fasse enfler tes chevilles plus que tes amis ne l'ont déjà fait, chéri, répondit le dieu de la Malice d'un petit sourire.
-J'aime totalement ça, sourit Stark en faisant référence au surnom. »
Steve toussa, Tony se reprit.
« Bien, donc si vous n'y voyez pas d'objections, je pourrais lancer les travaux prochainement. »
Il regarda ses amis en l'attente d'une réaction, tous acquiescèrent. Sauf Bucky, mais de toute façon ce n'était pas son ami. D'un sourire ravi, le milliardaire rangea son bordel personnel et disparut dans le bâtiment où il dormait, suivi de son compagnon.
« Le Grand Méchant Loup, là, il le suit partout comme sa pute, remarqua le soldat en référence à Loki, il s'est passé quelque chose dont je ne suis pas au courant encore une fois ? »
Il se prit un regard dur de Steve et leva les mains en signe de reddition. Il se leva de suite pour aller à l'étage, sûrement pour rejoindre sa chambre, et le super-soldat soupira, s'enfonçant dans sa chaise parce qu'il n'aimait vraiment pas cette situation.
Tony posa ses plans éparpillés sur le bureau et attrapa son téléphone mais il ne fit rien, le fixant comme si c'était un objet qu'il n'avait jamais vu avant.
« Qu'y a-t-il ? s'enquit Loki.
-Il faut que j'appelle Pepper, lui répondit l'ingénieur.
-Et quel est le problème ?
-Ça fait longtemps que je ne lui ai pas parlé, j'avoue avoir un peu peur de sa réaction...
-Tu n'as qu'une façon de le savoir... »
L'humain souffla et tapota sur son écran avant d'amener le combiné à son oreille. Quelques secondes de silence s'imposèrent jusqu'à ce qu'un ''allô'' incertain soit lancé. Le dieu ne pouvait qu'entendre Stark dans un monologue amusant...
« Hey, Pepper ! Oui, je sais, je sais, ça fait longtemps... Non je suis pas là, je suis plutôt loin même... Au Mexique... Arrête d'hurler dans mes oreilles s'il te plaît... Je ne reviendrai pas non... La Tour ? J'en sais rien, fais-en ce que tu veux... La Villa ? Non, j'aurai encore des choses à aller chercher plus tard... Non, n'y touche pas... Non, je t'en défends... JARVIS ?... J'ai pris son disque... Non, je l'ai pas encore rallumé, j'en ai pas eu l'occasion... Je suis avec les Avengers et... Non, je n'ai pas livré Loki au SHIELD... Oui il s'appelle Loki et pas ''le dieu malfaisant''... S'il est avec moi ? Eh bien... ouais... Hey, hey, non, ne viens pas... J'ai besoin de toi pour diriger Stark Industries tu le sais bien... Reste à New York, ok ? Je viendrai te rendre visite... Je peux pas te le promettre Pep'... Pourquoi je t'appelle ? Eh bien, j'aimerai que tu contactes une compagnie pour construire un c-... Arrête d'hurler je t'ai dis... On va s'établir ici au Mexique... Le SHIELD est pas content mais c'est pas nouveau... Si Loki reste avec nous ? Bien sûr !... Bah... on est ensemble... »
L'ingénieur écarta le téléphone quand la voix de Pepper s'éleva plus que les autres fois, ce qui fit rire le susnommé.
« Pep', calme toi... continua l'autre au combiné. Je sais que j'aurai dû te le dire avant mais pendant la cavale je pouvais pas te contacter et une fois au Mexique il m'a fallut travailler sur les plans... Bien sûr que non je t'ai pas oublié... Bon, tu appelleras une compagnie ? Je t'envoie les coordonnées par message juste après... Bien, merci Pepper... Ok je passerai, mais pas tout de suite... Salut Pep'... »
Il raccrocha et souffla, lançant un regard meurtrier au dieu devant lui qui semblait des plus amusés. Après avoir envoyé comme promis un message à Pepper, il vint s'asseoir sur les genoux de celui sur le lit et passa ses bras autour de son cou.
« Qu'est-ce qui te fait rire ? demanda-t-il d'un air sérieux et Loki ne pouvait que remarquer que ce n'était qu'un air.
-Ta ''Pepper'' ne semble pas apprécier ta requête...
-Et comment, elle dit que j'abandonne mon pays mais hey, avec le SHIELD au cul on peut pas faire grand-chose.
-Tu comptes la voir quand ? questionna alors le mage.
-Je sais pas, peut être une fois que la compagnie sera là... Ou après... De toute façon il faudra que j'en parle aux autres.
-Je n'aime pas beaucoup l'ami du Capitaine, déclara son interlocuteur aussitôt.
-Il n'a pas l'air de nous apprécier c'est vrai, mais Steve doit avoir ses raisons de l'avoir choisi lui... Il faudrait que j'essaye de lui parler pour savoir pourquoi il semble me haïr autant.
-Dans l'immédiat je crois qu'il y a des choses plus intéressantes qui nous attendant, souffla Loki en glissant ses doigts sur les hanches de Stark sous son t-shirt. »
C'était l'une de ses techniques pour changer un sujet qui ne lui plaisait pas. Il ne l'utilisait pas systématiquement mais Tony ne semblait pas la déprécier puisqu'il répliqua presque immédiatement en laissant glisser ses lèvres le long de la mâchoire finement dessinée du dieu. Il descendit dans son cou et lâcha un ''et comment'' à peine audible. Sa bouche et ses mains se perdirent rapidement dans la redécouverte du corps sous lui avec un intérêt tout à fait réciproque.
Dans le bâtiment en face, une dispute semblait prête à éclater. Les Avengers étaient restés au rez-de-chaussée sauf Steve qui avait rejoint Bucky dans leur chambre. Il semblait toujours en colère mais le soldat n'en était pas inquiété. Il croisa les bras en voyant son amant entrer et lui lança un regard dur, prêt à répliquer à ses remarques désapprobatrices. À sa grande surprise, le Capitaine secoua la tête en soupirant fortement pour se faire entendre avant de s'asseoir sur le lit. Son meilleur ami se tenait devant lui, le fixant toujours sans dire un mot. Après un instant de silence, Rogers demanda enfin :
« Qu'est-ce qui ne va pas ?
-Je sais pas, peut-être le fait que tu t'allies aussi facilement à des putains de criminels ! s'exclama Bucky.
-On est tous dans le même bateau et Stark n'a rien fait de mal puis s'il pense que Lauf-
-Oh il n'a rien fait de mal ! le coupa-t-il. Il a juste libéré l'un des plus grands dangers pour la Terre, s'est enfui avec lui et maintenant il le fout dans son lit et ça ne t'inquiète pas le moins du monde !
-J'ai confiance en son jugement et le ''danger'' ne s'est pas montré hostile...
-Évidemment qu'il ne s'est pas montré hostile, c'est pour mieux vous poignarder dans le dos ! Et tu vois pas que le jugement de ton cher ami est biaisé ? Je trouvai déjà que c'était un bel enculé pour t'avoir blessé comme il l'a fait mais là ça dépasse toutes mes espérances ! Ce mec est un connard.
-Bucky.
-Je sais même pas pourquoi vous l'acceptez encore dans l'équipe ! Je veux dire, regarde le, tu vois bien qu'il est à la merci du Grand Méchant Loup ! Il lui offre du sexe et ça y est, il est sous son ordre !
-Bucky !
-Pire qu'une pute.
-Écoute, tu connais pas toute l'histoire, moi non plus je ne la connais pas ! Mais Stark avait ses raisons, ok ? Il a fait des erreurs mais Laufeyson l'a sauvé ! Alors je comprends qu'il puisse lui faire confiance et ce n'est pas parce qu'ils étaient ennemis que ça ne peut pas changer aujourd'hui !
-Ça n'explique pas qu'il lui ait fait confiance si rapidement.
-Il a toujours flirté entre l'un et l'autre côté de la ligne... »
Bucky mit quelques secondes à comprendre l'ampleur de ce sous-entendu. Il s'assit à côté de Steve en soupirant également.
« Je le connais pas aussi bien que toi, alors moi je peux pas lui faire confiance. Je suis franc, au moins, et ce mec là je le sens pas.
-Je ne t'y obligerai pas, mais il faudra bosser avec lui. »
Le super-soldat posa sa tête sur l'épaule de son compagnon qui l'enlaça en silence. Jamais il ne pourrait faire confiance à Stark, mais si Steve voulait qu'ils travaillent ensemble, il pourrait bien faire quelques efforts, tant qu'on ne censurait pas sa verve.
La compagnie arriva une semaine plus tard et Tony fut prêt à les accueillir à l'usine désaffectée, accompagné de Bruce qui avait insisté pour venir ainsi que Clint. Ils saluèrent le représentant en charge de la construction et firent l'état des lieux tous ensemble. Quand le verdict tomba, l'ingénieur ne fut pas surpris : il fallait détruire et recommencer. Il montra alors ses plans que le représentant détailla de longues minutes durant tout en posant quelques questions à Stark. Le scientifique et le tireur d'élite se trouvaient vexés d'être ignorés comme ils l'étaient mais ils ne pouvaient rien faire à part attendre la fin de l'inspection qui arriva près de deux heures plus tard.
« Bien, merci monsieur Stark pour les plans, nous les étudierons plus amplement avec l'équipe, déclara poliment l'homme. Les travaux commenceront dans une semaine, le temps de dépêcher une équipe et les matériaux et outils nécessaires. Sachez que le coût de la construction sera élevé, mais je suppose que vous n'avez pas de problèmes avec ça. »
Ledit Stark acquiesça.
« Parfait, je m'entretiendrai de nouveau avec vous pour le début des travaux. Au revoir monsieur Stark, salua le représentant en serrant la main du susnommé, puis il se tourna vers les eux autres hommes en retrait. Monsieur Barton, monsieur Banner, au revoir. »
Ils le saluèrent en retour d'un signe de tête respectueux et suivirent Tony qui le raccompagnait jusqu'au pick-up dans lequel le conducteur attendait. Le véhicule s'en alla sur la route terreuse et disparut derrière des maisons.
« Génial, on va bientôt pouvoir détruire ce tas de ferrailles rouillées ! s'exclama le milliardaire en regardant l'usine.
-Ça sera prêt pour quand ? s'enquit Banner.
-Il n'a pas encore fait d'estimation, il lui faudrait plus de temps pour savoir. Et je propose que ce soir, on sorte à Puebla se bourrer la gueule pour fêter ça ! »
Clint soupira, un brin amusé cependant en imaginant la soirée qui se profilait. Bruce semblait du même avis que lui vu le regard qu'ils échangèrent.
Le bar où se trouvait les Avengers était un bar apparemment populaire. Il y avait beaucoup de gens autour d'eux qui discutaient dans cette langue si différente de l'anglais qu'était le mexicain. Certains s'approchaient timidement, une serviette ou une feuille trouvée rapidement et un stylo qui n'était peut être même pas à eux pour demander des autographes et des photos. Heureusement, il y en avait peu, alors c'était gérable. Ils étaient tous assis à une table au fond, chacun une boisson devant lui. Pour Natasha c'était de la vodka, Clint une grenadine à l'eau, Bruce du Coca, Tony un bon vieux scotch – qui lui avait définitivement manqué, Steve, Bucky et Thor une bière et Loki du rhum-coca comme Stark lui avait déjà fait goûter. Ils discutaient tous joyeusement mis à part les quelques tensions entre Bucky et le couple qu'il préférait ignorer bien qu'il leur lançait toujours des piques basses et parfois plutôt violentes. Le dieu et l'ingénieur se faisaient une joie de répliquer avec le cynisme et le sarcasme qui leur étaient propres. Le pire, pour Steve surtout, c'était de remarquer que ça les amusait au final et qu'ils ne s'en lassaient pas tous les trois.
Le groupe, dont la moitié se sentait au moins un peu éméché, rentra à l'hôtel vers trois heures du matin après avoir trinqué de nombreuses fois à leur nouvelle base et à la future reprise de leur boulot. La propriétaire dormait déjà et ce fut un miracle si elle n'était pas réveillée par tout le bruit que la bande faisait, riant haut et fort. Thor, qui avait désespérément plus bu que tous les autres, chantait de sa voix forte les louanges de son frère en s'accrochant à lui. Loki était des plus blasé, certainement sobre, et même un peu agacé, sûrement à cause du rire de son compagnon devant la scène grotesque. Le dieu de la Malice savait que celui du Tonnerre ne le lâcherait pas à moins d'être mortellement blessé, aussi il ne sembla rien tenter pour se libérer de la prise de l'Ase. Tony jura même avoir vu un brin d'amusement passer dans le regard de celui aux cheveux d'encre quand, plusieurs fois, la voix de Thor déraillait ou qu'il trébuchait, se retenant de justesse. Une seule fois il tomba, étalé au sol, certainement poussé par son frère. Il ne semblait pas lui en tenir rigueur puisqu'en entendant le rire de Loki, son expression colérique se calma, et il rit aussi.
C'était effrayant à quel point la fratrie était différente. L'un en noir jusqu'à la chevelure avec la peau d'un blanc éclatant, l'autre blond, la peau bronzé et brillante de paillettes d'or, des habits colorés... Jusque dans leur façon de parler et de rire... Loki parlait lentement et doucement et avait un rire bas, profond, qui s'apparentait même à des expirations amusées plutôt qu'un rire – bien que l'éclat de ses yeux prouvait son hilarité – alors que Thor, lui, parlait haut et fort, assuré et maladroit à la fois, toujours sincère et solennel, avec un rire tonitruant qui déchirait le ciel comme le grondement après un éclair.
Quand Loki et Tony se retrouvèrent isolés dans leur chambre, ce dernier fixa son amant silencieusement, un léger sourire sur le visage.
« Quoi ? s'enquit le dieu en haussant un sourcil.
-En fait tu peux bien t'entendre avec ton frère sans essayer de le tuer, souffla Stark, la voix basse, presque un murmure. Je suis sûr que si vous essayiez de discuter, vous pourriez aboutir à quelque chose.
-Je n'en serai pas si sûr, répliqua l'Ase en fronçant les sourcils d'un air désapprobateur, ne semblant pas vouloir s'engager dans une telle discussion au contraire de son homologue.
-Moi si, insista le milliardaire. J'ai vu comment tu t'étais détendu au fur et à mesure, j'ai vu et entendu ton rire quand il est tombé. Tu étais amusé, pas exaspéré comme le frère que tu parais être le serait. Je suis sûr que si vous vous désarmiez et essayiez de parler calmement, vous seriez capable de vous faire un minimum confiance et même de vous apprécier. Enfin, pour Thor, je ne vois pas de problème, il t'aime vraiment fort et te fait complètement confiance même après tout ce temps. Tu devrais essayer.
-Je l'ai sincèrement apprécié, murmura Loki, les yeux baissés, et Tony comprit qu'il allait s'ouvrir à lui alors il ne dit rien. J'ai sincèrement aimé sa compagnie pendant de longues années... Quand j'ai commencé... tout ça... beaucoup ont cru à une espèce de crise d'adolescent et de la jalousie pure et simple. »
Les yeux du dieu brillaient d'une pointe de colère à ces mots.
« Mais je ne peux plus maintenant, lâcha-t-il dans un souffle. »
L'humain attrapa sa main et l'attira à lui pour qu'il s'assoie sur le lit, juste à côté de lui.
« Pourquoi tu ne pourrais plus ? demanda Stark.
-Trop de choses ont changées... Nos liens ne peuvent plus être rétablis.
-Et pourquoi pas ? T'as essayé ? Peut être qu'en prenant le temps de reconstruire, vous pourriez retrouver la complicité de quand vous étiez gamins... Ça te tente pas ? »
Un silence pensif suivit la proposition de l'humain. L'Ase lança finalement un ''si'' tellement bas que l'autre l'entendit à peine. Un sourire prit place sur son visage.
« Alors je veux que t'ailles lui parler. Essaye. Vous êtes en terrain neutre, avec ni l'influence de Grand Papa, ni l'influence de ton peuple, c'est votre meilleure chance je crois. »
Loki sembla y réfléchir un moment avant de se tourner vers Tony. Il le remercia avant de l'embrasser, l'enlaçant même. Au bout de quelques minutes, ils se libérèrent de la moitié de leurs vêtements et se glissèrent sous leur couverture pour un sommeil relativement calme pour leurs antécédents.
Quelques jours passèrent et c'était le calme plat jusqu'à ce qu'un dieu nordique blond entre dans la chambre où se trouvait Tony, seul, pour le prendre dans ses bras. Il le serra si fort en riant fortement aux oreilles du pauvre humain qui tentait vainement de se dégager.
« Huh, ravi de te voir si heureux mais si tu pouvais me poser ce serait sympathique, fit-il. »
Thor s'exécuta, riant toujours.
« Mon frère est venu me parler ce matin ! s'exclama-t-il alors, expliquant enfin le comment du pourquoi.
-Eh ben c'est pas trop tôt ! Vous vous êtes battu ? sourit l'ingénieur.
-Presque, répondit le dieu, perdant son sourire qu'il reprit aussitôt. Mais ça s'est bien passé ! Nous avons ressassé beaucoup de souvenirs, d'heureux souvenirs... Et je sais, homme de métal, que tu n'y es pas pour rien alors je te tenais à te remercier.
-Content pour toi bouclette, marmonna Stark quand ledit bouclette l'attira dans une nouvelle puissante accolade qui lui coupa le souffle. »
Thor le tint encore un moment avant de le lâcher enfin.
« Que veux-tu en retour, Tony Stark ? demanda l'Ase avec le plus grand sérieux du monde.
-J'ai pas fait grand-chose mon grand, mais si tu veux me payer un coup un jour n'hésite pas, répliqua le susnommé.
-Très bien ! »
Le dieu repartit, s'arrêtant à la porte pour lancer :
« Je te revaudrai ça tout de même, homme de métal. »
Lorsqu'il fut de nouveau seul, le milliardaire rit doucement. Ses mots avaient eu un impact au de-là de ses espérances.
Les maçons arrivèrent quelques jours plus tard. C'était une équipe d'une cinquantaine d'hommes aussi larges que hauts. Ils commencèrent immédiatement à détruire la ruine qu'était l'usine avant de poser les nouvelles fondations de la future base des Avengers. La vie allait de son train pendant la longue construction du complexe. Bucky insultait toujours Tony et Loki qui lui rendaient avec la même passion. À force, les autres Avengers se demandaient s'ils ne s'appréciaient pas en réalité, et que le soldat ne voulait pas aimer l'ingénieur seulement parce qu'il avait blessé Steve. Pour Loki, les mois qui suivirent furent une découverte entière d'une partie de lui qu'il avait toujours préféré ignorer. Son compagnon lui demandait régulièrement de paraître sous sa forme Jotun, espérant que chaque heure passée ainsi lui montrerait qu'il n'est pas un monstre et qu'il était capable de vivre avec cet héritage, basé sur des mensonges certes. Chaque fois, le dieu apprenait un peu plus sur ses capacités, les formes de cet autre corps, pas si différent du sien au final, mais il apprenait qu'il pouvait être aimé ainsi aussi. Le premier à lui montrer fut Stark, forcément. Il ne rechignait jamais à le toucher, le caresser, l'embrasser, le prendre dans ses bras voire plus même si son apparence était différente... Contre toute attente, Thor lui montra également. Lui qui pourtant avait si longtemps nourri la haine des Jotnar – tout comme Loki, d'ailleurs – ne fit aucun commentaire la première fois qu'il vit son frère avec sa peau bleue profonde, même si cela semblait dur pour lui. Après tout, il avait vécu des siècles avec le dieu de la Malice et l'avait toujours connu sous son apparence Ase donnée par Odin, la nouvelle de son ascendance était encore récente et il devait s'y faire, bien plus que Tony. D'ailleurs, à l'agréable surprise de ce dernier, les deux frères ne semblaient plus traverser leur crise existentielle d'adolescents. Ils se retrouvaient, rarement certes mais cela arrivait, sur l'un des bancs de la cour à discuter. Personne ne savait de quoi, c'était toujours des histoires qui restaient privées même si le fils d'Odin y faisait parfois référence aux repas. Ces derniers étaient un moment à part. Chaque jour, tous les Avengers se réunissaient dans la grande salle à manger au rez-de-chaussée du bâtiment arrière avec parfois quelques autres clients de passage qu'ils apprenaient à connaître jusqu'à ce qu'ils disparaissent. María était toujours là, ne fatiguant ni ne se lassant pas de servir ses clients avec ses règles et elle ne pliait pas quand bien même elle avait devant elle les plus grand super-héros et la plus grande super-héroïne de son ère. Deux dieux nordiques, deux espions, deux soldats de la Seconde Guerre Mondiale qui semblaient avoir 30 ans à peine, un génie de l'ingénierie et de l'armement, un docteur qui devenait vert et énorme et tapait sur des trucs ? Même pas peur. Toute la troupe devait bien avouer qu'elle ne pouvait que se faire respecter.
Achevé, le complexe Avengers était grandiose. Le bâtiment central était une tour plus haute que ce à quoi ses futurs habitants s'attendaient. Il y avait une barre qui formait une courbe accrochée à sa base, comme sur les plans. L'infrastructure contenait toutes les salles communes : au rez-de-chaussée, il y avait un centre de contrôle pour le complexe. Un étage en dessous, c'était un atelier et un labo. Encore en dessous se trouvait des prisons dotées d'une sécurité renforcée. Au premier étage, c'était encore des bureaux de contrôle, mais extérieurs cette fois-ci avec tout ce qu'il fallait. Il y avait même des écrans affichant les fiches des plus grands méchants et un autre où JARVIS indiquait les données qui lui semblaient importantes. Au deuxième étage, c'était une espèce de salle de repos commune avec canapés, télés, frigo, et tout ce dont on peut avoir besoin pour se détendre. L'étage au dessus était une infirmerie complète avec plusieurs salles pour passer tout un tas d'examens et un équipement entier. Le dernier étage, lui, comportait une salle d'entrainement flambant neuve devant laquelle Steve bava au moins vingt bonnes minutes. Il y avait une vue imprenable sur les environs jusqu'à l'entrée du village voisin. Enfin, le toit était une plateforme d'atterrissage pour de nombreux genres d'engins différents, notamment un hélico, ou un homme en armure rouge, ou même un dieu nordique... Autour du bâtiment central, il y avait les quartiers personnels, que chacun pouvait personnaliser à son goût. Le tout était assez impressionnant par la taille et la technicité. C'était peut être l'un des chefs d'œuvre de Tony Stark, un bijou de technologie à lui entier et l'un des lieux les plus sécurisés du pays. Et ça avait l'air de plaire aux autres... Il en était fier.
« Monsieur, je tiens à vous informer que les Avengers vous attendent dans la salle commune. Cela semble urgent, vous feriez mieux de vous dépêcher.
-Merci JARVIS... »
L'ingénieur bougonna en se redressant de son établi et retira ses gants. Il s'étira pour faire craquer son corps endolori par les heures de travail sur une version plus performante de propulseurs puis se leva. Il sortit de l'étage -1 par l'ascenseur et se retrouva dans la salle commune. Effectivement, tout le monde était là, armes au poing. Ils s'arrêtèrent de discuter quand ils virent Iron Man arriver. Il se stoppa net dans son avancé en remarquant que Natasha était en train de discuter avec Loki. Elle n'avait même pas l'air sur ses gardes...
« On reprend du service, sourit Clint, l'air d'un gamin le jour du Noël.
-Va enfiler ton armure, ordonna Steve beaucoup plus sérieusement. »
Et il s'exécuta en courant parce que putain que le terrain lui manquait, il ne pouvait décidemment pas attendre plus. Quelques minutes plus tard, il se retrouva à voler avec son armure, souriant comme un dément, en direction de leur première mission depuis très longtemps. Le show allait enfin pouvoir reprendre et ça promettait d'être explosif...Okay, on est à 28 000 mots et j'ai réussi à faire buguer wattpad... adieu.
Merci à Sun de m'avoir fait découvrir ce ship et Elisa et Kiara de m'avoir relu ❤PS : J'ai imaginé ce texte à partir de cette photo :
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