Unforgivable

Chapitre 2 : Evasion

         Mon regard était perdu dans le vide. Mes pensées tournoyaient trop vite pour que je puisse les saisir complétement. Elles apparaissaient et disparaissaient dans un ensemble discordant. Seules mes mains gardaient le contrôle. Elles répétaient les gestes déjà mille fois effectués afin de me libérer de mon arme. Sans que je ne les vois vraiment, les pièces s'étendaient une à une sur ma maigre couchette. Je devais les nettoyer. C'était le seul moyen que j'avais trouvé pour m'occuper. La seule manière pour moi de conserver mon air impassible alors que je sentais une crevasse s'étendre sous mes pieds.

FN-2187.

Le Stormtrooper.

Il fallait que je trouve un moyen de le contacter. Il fallait que je le retrouve. Il avait disparu si soudainement que j'avais crains de voir mon seul espoir réduit en poussière. Pendant plusieurs semaines, je m'étais demandée s'il n'avait pas été exécuté. Si je n'avais pas été découverte. Il avait coupé le contact si brusquement que j'en avais perdu le sommeil. J'avais fini par me persuader que j'étais compromise et que je devais m'enfuir. Avant de me convaincre que si cela avait été le cas, Kylo Ren m'aurait déjà exécuté sans tarder. Tant qu'il n'agissait pas, c'était qu'il ne savait rien. Désormais, je le savais.

Mais toutes ces nuits à paniquer, à angoisser, à craindre le pire m'avaient épuisées. Et maintenant que j'avais retrouvé ce satané Stormtrooper, elles me donnaient envie de l'assassiner. Comment cet imbécile avait-il pu disparaître si soudainement? Pourquoi? Et pourquoi réapparaissait-il ici et comme ça? Les questions s'enchainaient sans que je trouve de réponses satisfaisantes. Elles ne faisaient que grandir mon sentiment d'impuissance et ma rancune.

FN-2187 m'avait promis des informations.

Il m'avait dupé.

Désormais, je ne comptais plus le laisser s'en tirer à si bon compte. J'allais le retrouver et le faire parler. Peu importe les méthodes, peu importe le temps ou les circonstances.

Je n'allais pas renoncer. Je m'en fis la promesse en remontant soigneusement mon arme.

         Une détonation et le hurlement strident d'une alarme m'arrachèrent à mes pensées. Je basculais sur le côté alors que l'étage flanchait. Surprise, je levais les yeux vers les diodes qui s'étaient mise à éclairer le dortoir d'une angoissante lueur rouge. Je serrais les lèvres quand la porte s'ouvrit brusquement. DN-2309, une fille à la peau mate et aux longues tresses, fit irruption comme une tornade.

- Y'a du remue ménage là-haut. Fini la détente!

Avant même qu'elle ait achevé sa phrase, je m'étais élancée vers la porte. Je la bousculais dans l'étroitesse du passage. Je n'avais pas pris le temps de repasser mon armure. Le doigt près de la détente, j'avais un mauvais pressentiment.

J'ignorais royalement mes camarades de chambre alors qu'elles m'appelaient. Je fonçais tête baissée dans les couloirs. Nos dortoirs étaient près des machines, dans les niveaux les plus bas du destroyer. Néanmoins, je ne parcourus jamais aussi rapidement la distance nous séparant des hangars. Trouver le bon ne fut pas difficile, entre le mouvement des troupes, le son des tirs de plasma et celui des explosions, j'avais de quoi me guider.

Je dérapais en arrivant sur l'une des balustrades. Le poste de contrôle avait été réduit en cendre. Je ne pouvais que fixer avec étonnement ce trou béant dans l'armature du destroyer. Il ne restait plus que de la fumée, des gerbes de flammes et des étincelles. Un choc sourd détourna mon attention. Une main cramponnée à la barrière, j'assistais impuissante à l'envol d'un chasseur TIE. Le vaisseau au fuselage sombre s'élança dans l'espace pour mieux disparaître. Je serrais les poings à m'en blanchir les jointures. Instinctivement, je savais qui étaient les fuyards.