Chapitre 25 : Prise de risques

533 46 12
                                    

Un peu tard, voici votre lecture du soir! ^^
En espérant que ce chapitre ne vous semblera pas trop lent.

***

            Frôlant les murs, je traversais les corridors avec la discrétion d'une ombre. Mes doigts suivaient la courbe des murs. Mes pas se perdaient dans l'obscurité. Je me laissais guidé par mon instinct et l'habitude. Au final, tous les destroyers se ressemblaient. Il me suffisait de le trouver, reprendre ce qui m'appartenait et repartir. Plus j'opérerais vite, moins je rencontrerais de difficultés. Plus je me ferais discrète, plus vite je pourrais fuir. 

Une pointe de panique et de culpabilité me serrait la gorge. Je la rejetais et me concentrais sur ma respiration. Poe et Finn m'avaient fais sortir de ma cellule et je m'apprêtais à me jeter tête baissée dans une autre. Je n'étais plus certaine que le jeu en valait la chandelle. Mais je ne pouvais pas m'empêcher de progresser dans ces couloirs déserts. Comme attirée, je savais que je devais récupérer cette clé. Il le fallait. 

Dans le silence opaque, différentes émotions se débattaient dans ma poitrine. L'absence de son ne faisait que les rendre plus présentes, plus intenses. Je les muselais en m'appuyant contre un mur. Leur laisser le champ libre n'aurait fait que me noyer un peu plus dans un tourbillon trouble. Mes mains se mirent à trembler alors que j'inspirais profondément. Ne plus penser. Ni à l'avant, ni à l'après. Juste avancer. 

Je serrais les dents et me concentrais sur mon objectif. Trouver cette foutue clé.

Mes doigts serrèrent une dernière fois la crosse du blaster dissimulé dans mon dos. Comme pour s'assurer de sa présence. Comme pour y puiser le courage qui me manquait tandis que je m'arrêtais devant une porte bien particulière. Aucun signe extérieur ne semblait dénoter de l'importance de celui qui occupait ces appartements, si ce n'est le système de sécurité ronronnant dans le couloir silencieux. Malgré moi, je savais qu'il était là. Je sentais que ce que je cherchais était de l'autre côté de ces larges battants.

J'hésitais une seconde plus. Une seconde durant laquelle le métal froid du blaster imprégna ma paume. Une seconde pendant laquelle je tentais de faire taire la peur qui engluait mes pieds au sol. Puis, je forçais le verrou et pénétrais dans l'antre du monstre.

Mes yeux scrutaient la pièce tandis que les battants se refermaient sans un bruit dans mon dos. Consciente que je prenais des risques inconsidérés, je retins mon souffle. Je voulais me faire le plus discrète possible alors que je longeais l'un des murs. La pièce principale était de taille raisonnable. J'en avais déjà vu d'autres avec des proportions plus importantes et un étalage de luxe plus conséquent. La sobriété du lieu était presque choquante en comparaison de ce que mon esprit avait pu imaginer. Je ne voyais pas du tout le repère du Seigneur des Chevaliers de Ren ainsi. Inconsciemment, je laissais mes doigts glisser sur le report d'un meuble lustré. La seule chose qui ne me surprenait pas était la présence écrasante de noir. A croire qu'il ne pouvait s'en passer. Tout chez lui semblait vouloir tendre vers les ténèbres. Il n'y avait pas de place pour la lumière ou l'éclat. Pas de place pour ce qui pouvait distraire l'œil.

Un sentiment étrange m'enserra. Je refermais mes bras autours de moi et tentais de chasser la vague de chagrin qui me submergea. Elle était si dense qu'en fermant les yeux je pouvais la sentir m'entourer. Je frissonnais. Ce sentiment n'aurait pas du être profond au point de creuser ma poitrine. Il n'aurait pas du être si présent qu'il m'absorbait entièrement.

Un bruit soudain fit éclater ma bulle. Je déglutis difficilement en jetant des coups d'œil nerveux au quatre coins de la salle. J'étais toujours seule, sans l'être totalement. De l'eau s'écoulait en un filet continu. La partie raisonnable de mon esprit cria à nouveau à l'urgence alors que j'avisais une porte menant à une autre pièce. Malgré moi, je m'étais laissée distraire. J'aurais du m'apercevoir que cet endroit ne correspondait pas à une chambre. Il n'y avait pas de trace de lit, pas plus que d'une douche. Suivant le son clair de l'eau, je progressais dans la seconde partie de la suite. La chambre était aussi banale que le salon, si ce n'est le casque déformé qui me défiait de son socle de sable. 

Ma gorge s'assécha aussitôt. Une impulsion subite me poussait à faire demi-tour et fuir le plus loin possible de cet endroit. Je n'avais pas besoin de savoir à qui appartenait ce masque. J'avais entendu suffisamment d'histoires pour pouvoir le reconnaître. Et même sans elles, je n'aurais pas pu échapper à la sensation de froid qui s'en dégager. Chaque parcelle de ma peau sentait la menace qu'il avait représenté. Il était encore emprunt de terreur et de mort. 

Je frissonnais et me forçais à traverser la pièce, sans pour autant lui tourner le dos. Je m'adossais discrètement dans l'encadrement d'une autre porte. Bien qu'elle soit également noir, celle-ci contenait un rectangle semi-transparent qui laissait s'échapper la lumière. Retenant mon souffle, je me focalisais sur l'eau qui coulait toujours. Les gouttes chutaient inlassablement, me procurant un certain réconfort. Tant que ce bruit persistait, je bénéficiais d'une couverture. Lorsqu'il s'arrêterait, je devrais être loin d'ici.

Je croisais brièvement le regard vide du casque de Dark Vador, avant d'empoigner la poignée. Je tentais de ne pas réfléchir en faisant coulisser lentement la porte, centimètres par centimètres. Je me plaquais à nouveau contre le mur lorsque de la buée s'échappa de la pièce close. Tendant l'oreille, je percevais encore l'écoulement distinct. Je soufflais sans me rendre compte que j'avais retenu ma respiration. Revenant doucement vers le léger écart, je jetais un rapide regard à l'intérieur. Je ne savais pas à quoi m'attendre et je soupirais soulagée en constatant que la douche se trouvait de l'autre côté. Près de moi, il n'y avait qu'une grande vasque clair sous un miroir. Malgré la vapeur d'eau, mes yeux trouvèrent tout de suite ce qu'ils cherchaient. 

Ma chaîne en argent se détachait nettement sur le rebord du lavabo. 

Ma chaîne et ses deux pendentifs. 

Je ne pus me retenir de me mordre la lèvre, à la fois soulagée et désespérée. Il fallait que je les récupère. 

Un mouvement sur la gauche me fit sursauter et reculer. Le rideau sombre avait bougé. Je retins mon souffle. Après ce qui me sembla une éternité, je me remis à respirer. Avec les mêmes précautions que plus tôt, j'entrouvris un peu plus la porte. Je la voyais coulisser et percevais les légers grincements de ses roues, avec la désagréable impression que chacun d'eux allaient trahir ma présence. Lorsque l'écart me parut suffisant pour risquer d'y passer la bras, je jetais un nouveau regard vers le fond de la salle de bain. Je m'attendais à tout moment à voir le rideau s'ouvrir. Je m'attendais à ce que l'eau cesse brusquement et qu'il soit arraché de ses gonds. La vision était si présente dans mon esprit qu'elle me paraissait réelle. 

J'inspirais avant de tendre une main tremblante vers l'objet tant convoité. Avec une dextérité que je n'avais pas pu acquérir au sein du Premier Ordre, j'attrapais délicatement la chaîne entre mes doigts. Je la levais avec prudence afin d'éviter qu'elle ne racle contre la vasque. Lentement, maillon par maillon. La sueur glissait dans mon dos et mon esprit me hurlait que j'y étais presque. Tant de petits facteurs qui poussaient le soulagement à se répandre dans ma poitrine, à éteindre mes peurs.

Jusqu'à ce qu'un coup violent ne soit porté contre un mur.

Je sursautais et lâchais un petit cri. Je m'immobilisais presque aussitôt, une paume sur la bouche, l'autre tenant mon collier en équilibre précaire. Les secondes s'égrenèrent au rythme des gouttes. Rapides, bruyantes, inévitables. Je les laissais filer avec une conscience accrue du poids qui pesait au bout de mes doigts. Finalement, je récupérais mon butin entre mes mains tremblantes. Appuyée contre la porte, je tentais de reprendre mon souffle. Tentais de taire la frayeur qui contrôlait les battements de mon cœur. Lorsque je me relevais, j'étais enfin prête à quitter cet endroit.

UnforgivableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant