Chapitre 5 : Première rencontre

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          Le pilote poursuivait sa route. Il progressait à l'ombre de préau de bois. Je distinguais sa silhouette entre les maigres branches blanches. Le chasseur de prime le suivait à seulement quelques mètres. Il comblait la distance les séparant comme si de rien n'était. Néanmoins, je n'étais plus certaine que le pilote ne l'ai pas repéré. Certes, il restait encore quelques personnes dans ces rues secondaires. Mais la coïncidence devenait de plus en plus douteuse. Et de là où j'étais, je pouvais le voir jeter des coups d'œil furtifs par dessus son épaule. Je progressais les genoux pliés pour ne pas que mon ombre se répercute sur le sable. J'espérais me faire assez discrète pour ne pas attirer l'attention. Malgré tout, mon plan avait une lacune : le moment où je devrais rejoindre la terre ferme.

Je grimaçais quand le pilote bifurqua à nouveau vers une rue encore plus sombre. Il semblait un adepte des recoins isolés et malfamés. Je rejoignis la première gouttière visible pour regarder par dessus le bord du toit. Le sol me paraissait extrêmement loin. Et les prises extrêmement instables. Pourtant, je n'avais pas le choix. Je me laissais glisser dans le vide au moment où le chasseur disparaissait à son tour.

La réception laissa à désirer. Le choc se répercuta dans mes jambes et je tombais peu gracieusement sur les fesses. Je grimaçais et me relevais en titubant. Mes chevilles supportèrent mon poids ce qui était plutôt bon signe vue ma dégringolade. Je me dépêchais de tourner au même angle que les deux hommes.

Pour tomber sur le pilote tenant le chasseur de prime par le col de sa chemise.

Je cillais, surprise pendant une demi-seconde. Sans que je ne sache trop commun, le fuyard avait réussi à maitriser le chasseur. Ce dernier était désormais adossé contre le mur, le nez en sang et les lunettes brisées. Et il se faisait secouer comme un prunier pendant que l'autre l'interroger.

- Bordel! Qui t'envoie? Pourquoi tu me suis depuis tout à l'heure?

Face à chacune de ces questions, le chasseur se contenta de répondre par un sourire. Ses yeux orange sans trace de blanc narguant le pilote. Ce qui lui valut de se prendre un crochet bien servi. Je levais les yeux au ciel, déjà agacée par cette étalage de force. Le pilote avait perdu son foulard ce qui m'offrait une vue dégagée sur son visage et sa nuque. Je glissais la main vers ma ceinture et décidais qu'il était temps de capter l'attention du pilote.

- Ce n'est pas de lui dont tu devrais t'inquiéter.

Lorsqu'il leva la tête, je braquais un pisto-laser sur lui. Le canon clairement pointé vers son crâne, il n'avait pas vraiment de moyen de me contredire. Il porta un regard noir sur le chasseur de prime.

- Vous étiez deux, j'aurais dû m'en douter.

- Pas exactement, le contredis-je.

Avant qu'il ne puisse réagir, j'avais dévier l'arme vers le chasseur. Juste assez longtemps pour tirer et la rediriger vers le pilote qui n'avait rien vu venir. Le type à la brosse s'affaissa aussitôt, de la fumée s'échappant d'une plaie sur son torse. Je ne lui portais pas plus d'attention. Je n'avais besoin que du pilote.

- Où est-il?

- Bon sang, vous êtes qui?

Je ne pris même pas la peine de lui répondre et réitérais ma question. Le pilote se redressa lentement, la mâchoire carrée. Je le laissais déplier sa haute stature sans quitter un seul instant ses yeux sombres.

- Vous êtes une femme?

Il arqua un sourcil visiblement amusé par cette idée et me décocha un sourire que j'eus tout de suite envie de lui faire ravaler.

- Vous n'êtes pas en position de poser les questions, pilote.

- Je vois que ma réputation me précède. A vrai dire, je suis en position de faire pas mal de chose.

J'allais définitivement lui faire bouffer son sourire. Je le foudroyais du regard, avant de lui envoyer un coup de grosse dans la mâchoire. J'étais assez vive pour qu'il n'ai pas vu venir le coup, ni qu'il ne me voit reprendre mon arme normalement. Lorsqu'il releva le visage vers moi, c'était avec une lèvre fendillée et du sang sur le menton. Brusquement, son envie de faire le mariol était passée. 

- Peu importe ce que vous cherchez, je ne l'ai pas.

Enfin, il avait l'air sérieux. Agressif mais sérieux.

- Je n'ai pas dis que vous l'aviez. Mais vous savez où il est. Où est le Stormtrooper qui vous a aidé à vous échapper?

Le pilote écarquilla alors les yeux de façon surprenante. Il avait l'air véritablement choqué par ma demande.

- Attendez, attendez. Vous cherchez Finn? Et pas BB-8?

Je le dévisageais longuement.

- Finn?

- Ouais. Euh... Comment il a dit qu'il s'appelait déjà...? FN-quelque chose.

- FN-2187.

- Ouais, approuva le pilote. Un truc du genre.

Je resserrais mes doigts autours de l'arme. J'avais chaud et je commençais à perdre patience.

- Le Stormtrooper, où est-il?

Je remarquais alors seulement l'air étrange du pilote, presque navré. J'arquais un sourcil.

- Il est mort, quand notre moyen de locomotion s'est écrasé.

Je secouais la tête à la négative.

- Il est vivant. Nous avons repéré deux types de traces. Les vôtres et les siennes. Elles se sont effacées dans le désert, d'où ma question. Où est-il? Ou alors où va-t-il? Vous devez bien en avoir une idée, monsieur le résistant?

Je fis un pas en avant, rapprochant le pistolet de sa jolie petite tête. On ne jouait plus. J'avais perdu suffisamment de temps.

- Nous? Vous êtes qui?

Il plissa les yeux, visiblement suspicieux. Seuls les miens dépassaient de mon foulard. Et ils lui intimaient de répondre s'il ne voulait pas finir avec une pastèque éclatée à la place du crâne. Un mouvement derrière nous, dans une rue au loin, me força à détourner momentanément mon attention.

- Le Premier Ordre. Ils savent que je suis là.

Le résistant énoncé une évidence, sans sourciller, sans paraître plus inquiet. Il plongea son regard dans le mien, de nouveau étonnamment sérieux.

- Je ne sais pas qui vous êtes, ni pourquoi vous cherchez Finn. Mais si vous voulez avoir une chance de le retrouver, il va falloir nous trouver un moyen de filer. Et vite. Sinon, vous pouvez tout aussi bien me tuer maintenant.

La mâchoire crispée, je devais admettre qu'il avait du cran. Malgré mon arme et mon hostilité évidente, il me proposait un marché sans éprouver la moindre trace de nervosité. Un amas de bruits plus proche accéléra ma décision. Je baissais mon arme et retirais mon foulard.

- Je vous emmène loin et vous m'amenez à FN-2187. Marché conclu?

S'il se laissa un instant distraire par mon visage découvert, il déglutit rapidement quand je lui lançais le foulard.

- Marché conclu.

- Bien. Enroulez ça autours de votre tête. On y va.

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