Son sang bouillait dans ses veines. Sa fureur écorchait sa peau. Son esprit s'émoussait sous une brûlure qu'il ne parvenait pas à atteindre. Il avait l'impression de se consumer. Lentement, presque doucement, mais sûrement. Sa chair craquait sous la braise, rougeoyaient sous l'apport d'oxygène et s'embrasait sous la colère. Elle le déchirait littéralement, se fendait avec la finesse d'une feuille malgré l'attache de son casque.
Fermant les yeux, il le sentait toujours, cet écartèlement.
Celui qui avait toujours été là, présent comme une déchirure à l'arrière plan d'une photographie. Il avait tenté de l'ensevelir de bien des manières. Sa rage et sa haine n'avaient colmaté la brèche que temporairement, sa violence s'était déversée dans ce gouffre sans le combler, il en prenait conscience à présent. Malgré toute sa volonté, malgré sa soif de puissance, cette blessure-là n'était pas de celle qu'il pouvait refermer. Elle était faite de tout ce qu'il rejetait depuis si longtemps. De ces sentiments qu'il avait si ardemment espéré voir détruits.
Dans l'obscurité rassurante de son masque, il se demandait comme une simple présence avait pu les ranimer si vivement. Comme une étincelle mettant le feu aux poudres, celle qu'il avait percuté avait ravivé ce qu'il pensait avoir si bien dissimulé sous la cendre, au point de l'avoir définitivement éteint. Il ne la haïssait que d'avantage pour cela. Il se devait de la haïr. Peu importe cette pulsation sous la pierre rigide de sa poitrine, peu importe cette tension dans son esprit qui le poussait à ne vouloir qu'une chose.
Il avait encore le goût du sang dans sa bouche et la sensation de brûlure contre son flanc. Il sentait toujours son corps tendu contre le sien et sa langue caressant la sienne. Pendant un instant, il avait espéré se fondre en elle. Pendant quelques secondes, il avait perdu tout repère, se contentant de ressentir, d'être.
A présent ne restait que l'aigreur de la trahison, l'amertume de la frustration, et l'acidité de la désillusion. Il s'était fais avoir. Elle s'était servie de lui. Il n'y avait rien eu de vrai. Tout n'était que mensonges.
Encore une fois, il était déçu. Par lui-même et sa faiblesse. Par les autres et leur fourberie.
La navette marqua un sursaut, l'arrachant temporairement à ses ruminations. Jetant un regard à la ronde, il remarqua ce qu'il savait déjà. Personne n'osait l'approcher. Son humeur était des plus inégales depuis... Depuis que Rey s'était échappée et Tasha libérée. Depuis qu'elle l'avait planté dans la plus vulnérable des positions. Ses états d'âme ne faisaient que le tirer plus profondément vers les ténèbres. Sa rage de s'être laissé prendre si facilement et son aversion pour celle qu'il n'arrivait pas à occulter semblaient se déployer autour de lui en une brume opaque qui dissuadait quiconque de se tenir trop proche.
Kylo Ren était le gaz auquel il ne manquait plus qu'une flammèche pour exploser. Tous l'avaient compris et faisaient en sorte de ne pas être le prochain sur sa liste.
L'appareil se posa dans un gargouillement de métal, avant que son ventre ne s'ouvre sur l'épaisse couche neigeuse. Le Chevalier de Ren serra les poings. Sa silhouette d'encre se détacha sur la poudreuse. Le vent claqua contre son casque. Face à lui, au bord d'une crevasse, se trouvait ce qu'il avait déjà senti.
Le Faucon Millénium.
L'objet de bien des fantasmes, synonyme de liberté et de rêves, reposait silencieux comme un jouet abandonné. Les mâchoires crispées, ses yeux survolèrent les courbes du vaisseau. Il aurait été capable de le décrire même sans le voir, de le dessiner de mémoire. A l'instar d'un vieux souvenir, la Faucon Millénium s'était gravé sur ses rétines il y a longtemps. Mais comme la relique qu'il était, il méritait de brûler. Pendant des années, il avait lui-même recherché l'appareil disparu. Après avoir rêvé de le piloter toute son enfance, son désir s'était mué en une haine sourde. Il n'avait espéré le retrouver que pour mieux le démonter, pièce par pièce, un boulon après l'autre.
VOUS LISEZ
Unforgivable
FanfictionNous sommes tous libres de nos choix. Libre de nos actions. Libre de prendre les bonnes ou les mauvaises décisions. Libre de de faire le bien ou le mal. J'ai choisi de faire tous ce qui était nécessaire pour atteindre mon objectif. Quitte à violer...