CHAPITRE 3 - La Fête

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Alby vient tout juste de finir de me présenter le Bloc, au moins maintenant, je connais mon environnement.

Je me demande si on est pareil qu'avant notre arrivée ici. Si on a les mêmes goûts, les mêmes centres d'intérêts ou si le fait de ne plus être dans la même civilisation et ne plus avoir les mêmes normes que dans notre ancienne vie nous a fait changer. Ou est-ce qu'il va falloir qu'on se crée une nouvelle identité ? Est-ce que cette nouvelle vie va nous faire changer fondamentalement ?

-Parfait, j'ai fini de tout te montrer. Tu dois avoir faim ? Viens, on va manger.

Je le suivis bien que je ne sois pas d'humeur à rester assise, je crois que mon esprit est encore un peu sous le choc de toutes ces découvertes. Quand on arriva au réfectoire, on y vit plusieurs longues tables, au moins quatre ou cinq.

-Combien êtes-vous ? Demandais-je tout d'un coup, la question venait tout juste de me frapper.

-Cinquante, au départ, on était plus nombreux, mais on a vite perdu quelques hommes à cause de notre maque d'organisation.

-Et il n'y a jamais eu d'autres filles avant moi ?

-Non jamais, dit-il en souriant. Je te présente Poêle-à-frire notre cuistot.

-Salut la nouvelle. Tenez vos assiette, bienvenu parmi nous.

Poêle-à-frire est un garçon d'environ 17 ans, ils ont d'ailleurs à peu près tous mon âge. Enfin j'ai l'impression, jusqu'à là je n'ai rencontré que Gally, Alby, et Poêle-à-frire, et à pars Alby qui doit être un peu plus âgé, on est tous plutôt pareil. Mais j'ai quand même aperçu des gosse de 12 ou 11 ans tout à l'heure.

Dans l'assiette qu'il nous tendit se trouvait un ragoût fumant, qui sentait plutôt bon ce qui compensait l'apparence. Je marmonna un "merci" distrait et suivis Alby à une table. J'y reconnus Gally, il y avait avec lui un grand asiatique et un blondinet.

-Salut bande de tocard, dit Alby avec entrain.

Il s'assit en face de moi à côté de Gally et du blondinet. Moi, on m'assit entre un dénommé Winston et l'Asiatique qui avait un air assez sympathique.

-Bon plus qu'à préparer la fête de ce soir, dit le blondinet.

-Une fête ? Pourquoi ? Demandais-je.

-Ta fête à toi, chaque nouveau à le droit à sa fête, on passe tous par là ! C'est une sorte de rite de bienvenu, répondit Winston.

-Euh non... Ce n'est pas la peine. Ce n'est pas trop mon truc les fêtes.

-Qu'est-ce que t'en sais ? Demanda Gally.

-Intuition !

Tout le monde rigola et je compris que je n'y échaperais pas, ils devoient avoir l'habitude que les nouveaux soient réticents. On a tous fini notre ragoût qui était plutôt délicieux, ce qui est assez étonnant vu l'aspect et la couleur de départ. On commençait déjà à organiser la fête et pour me faire la surprise, ils me firent aller choisir un hamac avec Blondinet.

-Je ne me suis pas présenté, moi c'est Newt, me dit-il avec un sourire.

-Oh, le second d'Alby ? J'ai entendu parler de toi.

-En bien j'espère ? Dit-il en rigolant.

On entra dans le dortoir, je ne l'avais vu que de loin et je pus regarder plus en détail. Il y avait plusieurs hamacs accrochés à des poteaux, avec une fine couverture et un oreiller.

-C'est simple, choisi celui que tu veux. Si les couvertures ne sont pas pliées, ça veut dire que le lit est occupé, dit-il.

Je rigola doucement, ce garçon est plutôt drôle. Blond, avec des yeux marron intenses, il me dépassait largement et je me sentais assez petite ses côtés. Je détacha mes yeux de lui et je choisis un hamac d'où on peut voir la lune et les étoiles. Un peu sur le côté, je ne peux pas dire à l'écart tellement les hamacs sont serrés, il y en a beaucoup dans un endroit restreint.

-Tiens, tu as choisi celui à côté du mien.

-Vraiment ? Dis-je avec un petit sourire.

-Éh Newt ! La nouvelle ! Venez faire la fête ! Nous cria quelqu'un.

-On arrive, lui répondit Newt.

Et on se dirigea vers la fête et je dois dire que c'est assez impressionnant. En moins d'une heure, ils ont métamorphosé une petite parcelle de pelouse en un grand lieu convivial et accueillant.

Des bancs en troncs ont été installés en cercle, et de nombreuses personnes assise regardaient Gally et quelqu'un que je ne connaissais pas se battre. D'autres parlaient et buvaient une sorte d'alcool douteux. Il y avait aussi de la musique et je me demanda un instant d'où est-ce qu'elle pouvait provenir. Pour toute réponse, je vis deux ou trois gars faire de la musique avec des instruments improvisés. D'ailleurs certaines personnes dansaient à coté de la bagarre amicale de Gally, qui avait déjà mis sont adversaire à terre. En tout cas, c'était fantastique. On alla s'asseoir à côté de l'Asiatique avec qui on a mangé tout à l'heure, il était tout seul sur un tronc à réfléchir, un peu à l'écart.

-Salut Minho, dit Newt en se laissant tomber à ses côtés.

Le dénommé Minho sorti de sa torpeur en un petit sursaut. Il était musclé comme un bœuf, avec les yeux légèrement plissés, d'un noir profond.

-Ah, salut Newt. Tiens la nouvelle, tu profites bien de la fête ? Me demanda-t-il d'une voix à moitié étranglé.

-Bof, ce n'est pas spécialement mon truc, trop de gens sûrement, mais ça va merci. Qu'est-ce qui ne va pas ?

Il me regarda avec des yeux étonnés et tourna la tête pour croiser le regard de Newt, toujours avec le même air.

-Comment tu sais que quelque chose ne va pas ?

-Bah tout à l'heure t'avais l'air plus joyeux, mais après je ne sais pas, je ne suis pas sûr, si ça se trouve tu vas parfaitement bien et c'est juste moi qui raconte n'importe quoi... Dis-je, assez gênée de devoir me justifier.

Newt, qui nous regardait en silence, éclata de rire.

-Et bah, tu me surprends la nouvelle, d'habitude, les nouveaux sont toujours intimidés par Minho.

-Non, je ne trouve pas Minho intimidant, rétorque-ai-je.

-Vraiment ? Répondit l'intéressé.

J'allais répondre quand Alby demanda le silence.

-Bonsoir à tous, comme vous le savez la fête est pour la nouvelle, je ne vous apprends rien. Mais une chose aujourd'hui a changé, c'est une fille. Et je veux que tout le monde la respecte et fasse d'elle son égal, est-ce que j'ai été bien clair ? Je ne veux pas de matcho qui se sent au dessus de tout le monde ici.

-Et pour les douches ? Demanda un gars dans le fond que je ne connais pas.

Tout le monde éclata de rire. "Ah ouais ! Pour les douches ? ", "On va bien se marrer". Je me sentis rougir. Évidemment, tout le monde le vit et les cris redoublèrent. Seul Alby, Newt, Minho et quelques autres personnes semblaient mécontents.

-Taisez-vous. Elle prendra une douche le matin et nous prendrons nous douche le soir. Maintenant que tout le monde ouvre bien grand ses petites oreilles, voici la quatrième règle. Tous ceux, je dis bien tous ceux, qui la toucherons, serrons automatiquement bannis.

Les cris de protestation fusèrent. " Hein ? T'es pas sérieux là ? ", "C'est une blague ? ", "Elle va nous servir à quoi alors ?". C'était horrible d'entendre toutes ces remarques, toutes plus horrible les unes que les autres et un violent mal de crâne m'assaillit.

-Je... euh... Merci Alby, lui chuchotai-je en un souffle.

Il me regarda et me fit un petit sourire, puis se retourna vers la foule de garçons qui parlaient maintenant d'autre chose, c'est impressionnant comme ils sont futiles.

-Que la fête continue !

La fête recommença comme s'il ne s'était rien passé. La musique repris, les bagarres aussi. Je m'assis sur un banc, bientôt rejoint par Newt et Minho qui étaient allés chercher un tronc pour s'installer en face de moi. Mon mal de crâne était maintenant devenu insupportable. À tel point que je ne pouvais même plus me concentrer sur ce que Minho disait. Puis d'un coup, je n'entendis plus rien. Je voyais, je sentais, mais je n'entendais plus. C'était comme si j'étais dans une autre pièce et que je regardais ce qu'il se passait à travers une vitre. Puis, dans ce silence de mort, j'entendis un prénom. C'était comme un souffle, comme une brise matinale qui venait me titiller les oreilles. Je savais que c'était le mien, je le sentais.

"Larra... Ton nom est Larra."

Puis la voix se tut, d'un coup. Elle était douce pourtant, j'aurais aimé qu'elle reste. Mais la musique reprit et ma tête tourna quelques secondes. Mon mal de tête était partit en même temps que la voix ce qui me soulagea et me permis de réfléchir. Larra. C'est mon nom, j'en suis sûr, je le sens et la voix la dit.

-La..Larra, chuchotais-je.

-Quoi ? Demanda Newt.

-Larra, je m'appelle Larra ! Dis-je plus fort pour que tout le monde l'entende. Je m'appelle Larra !

Il y eu un silence où personne ne parla ou ne bougeait. Puis une voix cria "Larra ! ", et tout le monde suivit son exemple en scandant mon nom.

-Larra !

-Bienvenue Larra !

-Bienvenue parmi nous !

Certain se contentait d'une tape amicale dans le dos, tandis que certain venait m'embrasser, ce qui me mettais assez mal à l'aise d'ailleurs. Puis Alby, en parfait casseur d'ambiance nous annonça que la fête été terminée et qu'il était temps de dormir. Je ne fus pas de ceux qui protestaient, car j'étais vraiment fatiguée. Au moment de m'endormir, je vis Newt qui me fit un sourire avant de se mettre dans son hamac en face du mien. On s'observa quelques instants, puis, sous la fatigue, je ferma les yeux, en me disant que je pourrais sans doute me faire à cette vie.

Le LabyrintheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant