Chapitre 25 : Phase 2 - La colère

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Chapitre 25 : Phase 2 – La colère

Le vendredi, c'était la cérémonie. J'avais mes béquilles c'est tout ce dont je me souviens pour ma tenue. Je me souviens que l'église était grande, et surtout qu'elle était pleine. Tout le monde n'avait pas pu entrer, certains étaient restés à l'extérieur. Je me souviens que ma tante avait tout fait pour que le prêtre accepte de laisser entrer des gens non catholiques, et elle avait réussi. Dans l'église, presque toutes les religions étaient représentés : catholiques, musulmans, juifs, témoins de Jéhovah (pas de débat sur les religions s'il vous plait, je me fous que les TJ soient une religion ou pas, c'est une croyance donc je les mets avec les religions.). Il y a eu un discours du prêtre, des chansons, et des discours des proches. Sandrine a ouvert les discours. Je ne sais pas comment, mais elle a réussi à aller jusqu'au bout de ce qu'elle avait écrit... Ensuite, d'autres membres de la famille. Je me souviens que j'étais assise côté droit, et sur le mur il y avait des photos de lui qui étaient projetées. Le voir, insouciant, souriant, en bonne santé c'était juste intenable...

Avant le début de la cérémonie, je me souviens que ma mère m'avait donné des espèces de gouttes qui soi-disant t'empêchent de trop pleurer. Ouais bah ça n'a pas fonctionné hein --'. 

Un peu avant la fin de la cérémonie, ma mère m'a dit de me lever et de suivre 2 filles que je connaissais et mon frère. Je ne savais pas encore pourquoi. J'ai suivi, on s'est dirigé vers le fond de l'église, et là je ne sais plus qui nous a donné des paquets de bonbons. En fait, mon oncle était dingue des bonbons, il en avait tout le temps sur lui, dans sa voiture, dans sa chambre, etc... Du coup, ils avaient décidé que des enfants distribueraient des bonbons à la sortie de l'église.

Je me suis donc mise à la sortie, la jambe gauche posée sur mes béquilles. Et on a distribué des bonbons. J'ai vu tous les gens sortir, les expressions de visage allaient de désolées à dévastées... Mais tout le monde a eu un petit sourire en voyant les bonbons... 

Ensuite, on est allés dans un bar en face de l'église parce que mon oncle devait être incinéré et que ma mère m'avait interdit d'y aller (tout comme elle m'avait interdit d'aller voir le cercueil à la fin de la cérémonie...). Après, on est allés chez la sœur de Sandrine pour le « repas des proches ». Il y avait pas mal de monde, que je connaissais ou pas. Parmi les enfants, je me souviens qu'il y avait Guillaume bien sûr, Benjamin son cousin, et Valentine dont les parents étaient très proches de Sandrine et Sylvain et que je ne connaissais que vaguement. Benjamin avait 1 mois de plus que Guillaume, et Valentine 1 an de moins que moi. Ce soir-là, j'ai appris à la connaître, on a beaucoup parlé, beaucoup pleuré. 

Petit passage dans mes pensées de ce moment-là : j'étais donc passé à la phase 2 du deuil. Il était mort, d'accord. Mais j'étais en colère. J'avais juste envie de frapper tout c'qui bougeait tellement j'étais énervée. Je ne savais même pas contre qui ou quoi, je crois que je l'étais contre tout et tout le monde en fait. Contre Sylvain parce qu'il s'était pas bien attaché, parce qu'il était tombé, parce qu'il avait pas survécu, contre cette maison où il travaillait au moment de l'accident, contre le toit qui s'était effondré, contre les ambulanciers qui avaient mis du temps à arriver, contre les médecins qui avaient pas été foutus de le sauver après toutes leurs années d'études, contre son entreprise qui l'avait envoyé aussi loin (à plus de 150 km), contre Sandrine parce qu'elle l'avait laissé partir, parce qu'elle se souvenait de la dernière fois où il lui avait parlé, contre mon père d'avoir été aussi con, d'avoir été aussi nul avec moi parce que s'il l'avait pas été je n'aurais pas considéré Sylvain comme un père, contre ma mère de pas m'avoir laissée lui dire au revoir, contre mon frère de pas réagir, contre moi de réagir aussi violemment, de pas me souvenir de quand je l'avais vu et de quand je lui avais parlé pour la dernière fois, contre moi d'être encore en vie alors qu'il le méritait plus que moi...

Cette chanson a une signification particulière. C'est un hommage à lui. On l'a écoutée, à fond, le soir du repas en pensant à lui parce qu'il l'adorait. C'était sa chanson du moment, mais personne ne savait que ça serait sa dernière...http://www.youtube.com/watch?v=RFaatpzqll0 ♥

AIMEZ si vous avez lu que je voie combien lisent vraiment ♥

Chronique d'une vie legerement differente des autresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant