50- Improvisation

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« ... dans une heure, pas plus ! »

Je flottais dans un demi-sommeil. Il me semblait qu'une voix s'évertuait à me tirer hors du nid dans lequel je reposais. Un sourire béat accroché aux lèvres, je laissai ma joue au contact d'une épaule nue. Sans réfléchir, je la flairai comme un félin s'enquiert de son espace immédiat.

C'est l'odeur de ta femelle.

J'ouvris les yeux sur une chambre baignée par la lumière du soleil. Il faisait beau aujourd'hui, je sentais la chaleur des rayons filtrer à travers la fenêtre. L'un d'entre eux tombait sur le visage paisible de Kila, et tandis que la kanash dormait encore à poings fermés, je m'autorisai un court instant de répit. Et de tendresse. Kila dormait profondément. Elle s'était débarrassée de son blouson de cuir et ne portait qu'un débardeur bleu uni. Sous la couverture, je pouvais sentir la peau de sa cuisse contre la mienne. Douce et chaude. Je me mordis la lèvre, le désir refluait déjà ! N'en avais-je pas eu assez la veille ?

Du doigt, je traçai la ligne de son visage et m'arrêtai à sa mâchoire. D'habitude serrée, elle était aujourd'hui détendue. Il était rare de voir ses traits si apaisés ; je mémorisai l'image, la verrouillai précieusement dans mes souvenirs, puis repris ma petite exploration matinale. J'étais d'humeur joueuse à présent. Je remontai jusqu'à son nez pour y poser un index taquin. Elle renifla brièvement mais n'ouvrit pas les yeux. J'entrepris alors de lui chatouiller les narines, certaine qu'au plus profond de son sommeil, la kanash devait probablement discerner ma présence.

Elle eut un grognement de protestation, sa main gauche se dressa comme pour repousser un ennemi éventuel puis retomba mollement sur le matelas. Son visage exprima une petite moue boudeuse qui trahissait son mécontentement de voir son sommeil ainsi perturbé. L'instant d'après, une tranquillité folle s'imposait de nouveau sur ses traits. Je ris tout bas ; il était si inhabituel pour moi de capturer de telles expressions chez elle ! Pas moyen de laisser passer l'occasion. Je recommençai donc mon manège jusqu'à ce qu'une Kila faussement agacée s'éveille.

— Je ne te savais pas paresseuse, glissai-je d'une voix amusée.
— Je ne te savais pas audacieuse, répliqua-t-elle aussitôt.

En moins d'une seconde, je me retrouvai sur le dos. Kila me surplombait de sa hauteur, ses mains posées de part et d'autre de ma tête. Sans mot dire, elle me prit le menton et m'attira jusqu'à elle dans un baiser qui dura aussi longtemps que je le craignais, c'est-à-dire pas suffisamment.

— Quelle heure est-il ? demanda-t-elle en brisant notre baiser à mon grand désarroi.

Je la ramenai à moi et l'emprisonnai dans une nouvelle étreinte plus tendre encore que la première. Cette fois-ci, je la tins fermement contre moi : elle ne m'échapperait pas. Je compris qu'elle n'en avait jamais eu l'intention quand une bouche fiévreuse s'aventura au sein de mon cou.

— Aïe ! laissai-je échapper lorsque les crocs de la kanash s'imprégnèrent de ma chair.

Kila s'employait activement à me faire savoir de quelle manière les loups jouaient. Je resserrai les cuisses autour de sa taille, comprimant un gémissement involontaire tandis que les reins de Kila entamaient un mouvement impossible à supporter en silence.

— Pas ici... parvins-je à exhaler entre deux soupirs.

La morsure de la kanash devint plus douce. Sa langue tiède se mêla à ma peau, transformant notre jeu en une exquise torture des sens. Sa main remonta lentement le long de ma cuisse, électrisant au passage chaque parcelle de mon corps, pour s'arrêter au carrefour de mes envies. Une complainte factice s'échappa de mes lèvres lorsqu'elle effleura mon short de nuit. Le tissu était si fin...

Kivari #1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant