Je m'éveillai en sursaut au pied de l'arbre brisé. Le silence du sous-bois m'accueillit, plus aucun oiseau ne chantait et je ne percevais pas de mouvements dans les buissons. Le vent souffla, et je frissonnai, les mains sur les épaules. Je resserrai mon sweat-shirt contre moi, puis levai les yeux sur le ciel crépusculaire. Je n'avais pas dormi bien longtemps... Je me redressai en vacillant. À cet instant, je me rappelai mon affrontement avec la jeune kanash. Ma lèvre m'élança douloureusement, je portai une main fébrile à ma joue enflée.
— Ça guérira vite.
Je fis volte-face. La kanash se tenait juste derrière moi. Je reculai immédiatement, dans une attitude de défense mêlée de lâcheté : je ne tenais pas à subir sa morsure glaciale une seconde fois. Elle fronça les sourcils, puis croisa les bras sur sa poitrine.
— Calme-toi, je ne vais pas t'attaquer.
Me calmer ? Elle ne manquait pas d'air ! Je fronçai les sourcils à mon tour. S'imaginait-elle que je baisserais la garde aussi vite après ce qui venait de se passer entre nous ? Je réfléchis à tout vitesse : dans les bois, elle était à son avantage, mais si je parvenais à revenir vers l'enceinte du lycée, le rapport de forces s'inverserait. Je parcourus rapidement des yeux l'espace où je me trouvais : je ne pouvais regagner le lycée sans passer par elle. Si je fuyais de l'autre côté du sous-bois cependant, j'arriverais aux terrains de football et au gymnase. De là, j'alerterais un membre du personnel, ou j'appelerais la police. Je commençai prudemment à me mouvoir vers le sentier qui menait aux terrains de football.
— Je ne t'attaquerai pas... réitéra-t-elle d'un air sombre tout en me suivant des yeux.
— Excuse-moi d'en douter ? répondis-je tout en frottant ma joue douloureuse.Elle me considéra un instant sans rien dire, les yeux aussi froids que de la glace. À présent que le soir tombait, je m'apercevais qu'ils possédaient la même lueur étrange que ceux de Meori, ce qui renforça ma méfiance. Un trait particulier des kanashs, j'imagine... supposai-je tandis qu'elle me fixait de ses yeux d'azur.
— Tu en as une. Où est-elle ?
Je haussai le sourcil, incertaine d'avoir saisi sa question. Parlait-elle de l'amulette ? Elle eut un mouvement de tête impatient face à la mine d'incompréhension que j'arborais.
— Ton svarai ! reprit-elle comme si j'étais supposée comprendre ce à quoi elle faisait allusion. Si tu as pu faire appel à lui, c'est que tu en as une. Dis-moi où.
Elle attendit que je réponde puis, voyant que je n'allais pas le faire, elle s'avança vers moi. Je reculai aussitôt.
— Ne m'approche pas ! menaçai-je les poings levés.
Foudroyante, la douleur lancinante que je ressentais depuis mon excursion nocturne dans la forêt me traversa le dos. Je ne pus retenir le soupir d'inconfort qui s'échappa de mes lèvres, pas plus que la grimace de souffrance qui s'afficha sur mon visage et que la kanash ne manqua pas de remarquer. Elle ignora mon avertissement, s'approchant de moi avec légèreté. Affaiblie, je balançai au hasard de faibles coups de poings qui la manquèrent pour la plupart ; ceux qui parvinrent à trouver leur cible s'effondrèrent sur elle avec la force d'une plume percutant un bloc d'acier.
— Arrête, haletai-je tandis que les forces recommençaient à me faire défaut. Laisse-moi ou je vais... je vais...
Je n'achevai pas ma phrase. La jeune kanash venait de poser ses mains sur ma taille. Sans aucun égard pour mes protestations, elle me retourna d'un coup sec et releva le sweat-shirt et le haut noir que je portais en dessous. Le vent frais de la fin de la journée mordit ma peau révélée à l'air libre.
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Kivari #1
FantasyAprès s'être aventurée dans une forêt interdite, une adolescente développe un étrange pouvoir lié à un peuple mystérieux. *** À seize ans, le quotidien d'Eden Atwood n'est rythmé que par les cours et ses escapades avec son ami Liam. Mais leur vie tr...