11- Résolutions

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— Pas vrai ? relança anxieusement Liam.
— On peut toujours espérer oui, murmurai-je sombrement.

Nous nous arretâmes près du bâtiment principal. L'orientation allait bientôt reprendre. Je jetai un œil sur ma brochure et suivis des yeux le programme de la journée : quatorze heures trente à l'auditorium, pour la cérémonie de bienvenue. Je fronçai les sourcils à la mention «obligatoire» surlignée en rouge et en gras.

— Et l'amulette ? demanda subitement Liam tandis que nous nous rapprochions de l'entrée du bâtiment.
— Dans ma poche, je voulais te la montrer justement. Il y a un truc gravé dessus, regarde...

Ses traits se crispèrent.

— Tu l'as toujours ? Jette-la et le plus vite possible, d'accord ? rétorqua-t-il sans même jeter un regard à l'objet que je lui tendais.

Je l'attirai dans un recoin que peu d'élèves fréquentaient. Non loin de nous, un garçon s'esclaffait en gesticulant devant le jardinier. Simple d'esprit, Sam Walker n'était pas très communicatif mais, dans l'ensemble, les élèves l'aimaient bien. Excepté Scott Matthews, un crétin notoire dont la triste réputation n'était plus à faire et se vérifiait à l'instant même: l'adolescent s'amusait à pousser des cris d'animaux tout en imitant la démarche du jardinier. Je reportai mon attention sur Liam.

— Je vais m'en débarrasser, promis-je. Mais pas tout de suite.

Les yeux de Liam s'agrandirent d'effroi. Et je ne le comprenais que trop bien. Après le flash télévisé, ma première réaction avait été de passer au crible tout ce qui pouvait bien me relier à Meori : je ne devais avoir aucun lien, ni de près ni de loin, avec ce qui avait bien pu se passer dans cette foutue forêt. À la seconde où ma mère avait quitté notre maison pour effectuer quelques courses, je m'étais ruée vers la poubelle verte, près du portail en fer forgé. Et bien entendu, j'y avais jeté l'amulette, préalablement enveloppée dans un papier bulle usagé. Mais dès l'instant où mes mains avaient laissé tomber l'objet au fond de la poubelle... Je levai les yeux vers Liam. Son effroi se muait petit à petit en irration. Je considérai un instant l'éventualité de suivre ses conseils. Détruire l'amulette et de continuer ma vie. Comme si de rien n'était. Presque aussitôt, un étrange sentiment de culpabilité s'empara de moi. Tout comme la veille, lorsque je m'étais séparée de l'amulette. Je m'étais éloignée de la poubelle, non sans difficulté car chaque pas m'avait paru plus lourd que le précédent. Sur le pas de la porte, alors que j'avais à peine effleuré la poignée, mon corps avait cessé de m'obéir. Un phénomène similaire à celui qui s'était produit dans la forêt s'était enclenché. Un appel, sourd et profond.

L'amulette.

Avec la pénible impression de nager à contre-courant, j'y avais résisté dans un premier temps mais, très vite, mes efforts s'étaient avérés vains. L'appel s'était intensifié, au point de devenir l'unique perception que je pouvais bien avoir du monde. Toutes mes pensées s'étaient brusquement focalisées sur l'amulette qui m'appelait, encore et encore.  À partir du moment où je m'en étais séparée, j'avais su que plus rien d'autre ne pouvait compter: elle était devenue une certitude absolue dans tout ce que j'ignorais, le centre de tout ce que je devais comprendre si je voulais percer l'énigme que m'avait laissée Meori. Aucune autre certitude ne pouvait exister dans mon esprit tant que celle-ci ne serait pas résolue.

— Avant ça, j'ai besoin de comprendre... repris-je en dépit de l'expression de panique qu'arborait Liam. Il faut que je sache ce que cette amulette signifie, il le faut absolument.
— Eden... commença Liam sur un ton d'avertissement.

Kivari #1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant