Parallèles

Chapitre 2

Quand je rouvre les yeux, je grimace immédiatement, sentant que la douleur est toujours présente.

Beaucoup moins intense, c'est certain, mais il y reste des fragments pourtant.

-          Comment tu te sens ?

Je lève lentement mon regard sur la propriétaire de cette voix, Mme Poupin, l'infirmière du lycée.

Son visage doux m'observe avec tendresse, et un instant gêné par tant de gentillesse, j'ai un petit mouvement de recul.

En l'observant soudain, je fronce les sourcils, découvrant quelque chose de réellement... Etrange.

Au-dessus de sa tête, flotte une sorte de petit nuage rose, une légère brume vaguant par intermittence au-dessus du corps de l'infirmière.

Pendant un instant, je suis tenté de lui demander ce que c'est, si elle n'a pas fait quelque chose à sa tête, mais je comprends rapidement qu'elle croirait que j'ai pris de la drogue.

Et donc que je me ferais renvoyer chez moi illico, ce dont je ne veux pas vraiment surtout le jour de mon anniversaire.

Ne parvenant pas à détacher mon regard de cette brume rose, je réponds avec certainement un air intrigué sur le visage :

-          Ça va... A peu près...

Une voix s'initie dans ma tête, brusquement, au début ce n'est qu'un écho, et puis ça devient plus fort, et mêlé à d'autres voix complètement différentes.

Des sons se mélangent, comme des chuchotements, et je plisse les yeux, tentant de chasser ces échos de ma tête.

-          Tu t'appelles Swann c'est ça ?

Je fais un effort suprême pour redresser la tête, faire mine de rien, et répondre :

-          Oui... Swann Sullyver.

L'infirmière hoche la tête, me sourit de nouveau de son petit air que je trouve soudain beaucoup trop mielleux, et puis sans sembler remarquer à quel point ma tête me fait souffrir, elle se lève, et se dirige vers la sortie.

-          Ne bouge pas, je reviens, je vais simplement te chercher des médicaments pour ta tête, tu sembles sujet à une violente migraine.

Autant pour moi, elle a bien remarqué.

Je la regarde refermer la porte derrière elle, et puis je reporte mon attention droit devant moi.

Les murs blanchâtres de l'infirmerie renvoient cette atmosphère cadavérique des hôpitaux, et soudain très mal à l'aise, je me lève.

A peine ai-je posé un pied sur le sol que ma jambe vacille, et je dois m'accrocher au lit pour ne pas tomber.

Déséquilibré, je lutte pour ne pas tomber, pris d'une soudaine envie de vomir.

Je porte ma main à ma bouche, titube jusqu'au mur alors que des dizaines d'informations de tout origine affluent dans ma tête, et progresse ainsi jusqu'au lavabo surmonté d'un miroir callé au fond de la pièce.

Je me rattrape au rebord du lavabo complètement vidé d'énergie, et puis je le fais en marche juste avant de plonger ma tête sous l'eau.

Rassemblant mes mains en coupole, je fais glisser le liquide sur mon visage, et la sensation de fraicheur m'apaise pendant quelques secondes.

Un instant, les voix semblent se taire, ou du moins s'amenuiser, et les yeux fermés, je ne vois plus ces dizaines de couleur se mêler les unes aux autres pour ne former qu'un magma indéchiffrable.