Chapitre 11

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Il est près de onze heures du matin quand Astrid et moi arrivons dans la fameuse pièce sombre, celle appelée apparemment tout simplement l'accueil.

En fait cette pièce est si sombre car c'est celle de camouflage en cas d'invasion, elle est là pour faire croire qu'il n'y a rien ici, et c'est pour ça qu'elle est vide de meubles et totalement sans dessus dessous, personne n'y reste jamais, et les accès aux couloirs sont camouflés, mais pas celui du balcon.

En fait la sortie est à côté, je l'ai ratée la veille en voulant sortir, mais elle était près du balcon.

La voix est libre, et lorsque nous passons par la porte, nous accédons à quelques escaliers descendants.

Arrivés en bas, juste avant qu'Astrid ouvre cette fois la dernière porte, elle se tourne vers moi, son regard glacial me passant au rayon X.

- Avant de sortir, il faut que tu prennes gardes à tout ce qui va se passer dans ta tête. Et surtout que tu restes focalisé sur ma tête, et seulement ma tête. Si tu te sens à l'aise, ce qui m'étonnerait quand même mais sait-on jamais, tu pourras essayer de trier les informations que tu reçois pour faire abstractions de certaines.

- Ne doute pas de mes capacités, je réponds d'un petit air espiègle.

Elle affiche un sourire carnassier et réplique, moqueuse :

- C'est ça, je vais bien me marrer quand t'auras mal comme un chien dès que tu seras sorti.

Son visage ne change pas d'expression lorsqu'elle ouvre la porte, et je la suis à l'extérieur.

Astrid concentrée, elle s'applique à changer mon apparence, mais je n'ai aucune idée d'à quoi je ressemble, et comment elle m'a représentée.

Lorsque l'air frais s'engouffre sur mon visage, je mobilise toute mon attention sur Astrid, de toutes mes forces.

Je sens immédiatement les informations affluer autour, mais je les empêche de m'atteindre, uniquement focalisé sur la tête qui me paraît vide d'Astrid.

Lorsque l'atmosphère semble changer de formes, je l'ignore.

Même chose lorsque les voix reviennent, et pendant un instant, je suis si concentré que je suis Astrid sans lever les yeux, mon regard glissant sur l'horizon sans identifier ce qu'il y a autour de moi.

Je n'ai jamais été aussi attentif sur une chose, et en quelques secondes, j'ai l'impression de repousser toutes ces énergies qui papillonnent autour de moi, et cherchent à se frayer un chemin dans me synapses.

Je ne sais pas combien de temps nous progressons en silence, sans que je ne lève les yeux de ma tâche, le visage fermé et les muscles bandés.

Au bout d'un moment qui me paraît une éternité, Astrid se retourne vers moi.

- Ça va petit ?

Pendant un instant sa voix se confond avec d'autres au ton plus atone, et puis je parviens à les dissocier, et toujours concentré, je réponds :

- Au poil, vieille.

Ben oui écoutez, même si elle a onze ans de plus que moi, je n'aime pas qu'on me traite de « petit », alors tant pis si je la vexe.

Elle rit d'un air moqueur, et chuchote :

- Continue sur ce ton et je te redonne ta réelle apparence.

- Tss, comme si t'allais risquer que je me fasse attraper, je rétorque.

Je me sens réellement bien, je suis au grand air, je sens toutes ces informations tenter d'accéder à mon cerveau, mais pourtant j'ai le sentiment de réussir à les éviter et les repousser, simplement car j'ai un port d'attache, un point où me rattacher : Astrid.

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