Again and More [Terminée]

IV : Ils te croient tous fragile comme une petite chose apeurée.

SPENCER

Il y a des accrochages comme lorsqu'on se retrouve coincé au vêtement l'un de l'autre et puis il y a les accrochages comme une voiture qui à foncer dans une autre.

L'air ennuyé, je marche à travers les rayons du supermarché. Travaillant le samedi et parfois même le dimanche matin, le lundi est mon seul vrai jour de repos. Enfin ça, c'était avant. Ainsi donc c'est la même corvée qui revient: ménage, lessive, repassage, et courses pour terminer cette belle journée vraiment très reposante, n'est-ce pas. Le comble : j'ai dû passer chercher mon tailleur au pressing, celui que j'avais taché de café. Le truc c'est que je n'en ai plus besoin maintenant que je me suis fait virer. J'ouvre l'une des armoires réfrigérantes et en sort un petit pot de glace. Je souffle exaspérée par moi-même. Ces choses ne sont pas bonnes pour moi, ni pour mon taux de cholestérol qui grimpe en flèche à mesure que je mange ces choses du matin au soir, du jour ou de la nuit. Par contre, c'est bien l'unique chose avec quoi j'accepte de prendre toutes les pilules que mes nombreux médecins me forcent à ingérer et ce qui en même temps répare mon cœur brisé. Je soupire une nouvelle fois en balançant d'une main leste, mon pot de glace au fond du cadi. Un petit vieux sur la gauche me regarde tandis que me traîne jusqu'à la caisse et il ne me lâche pas du regard. Quel vieux con. Ils ont vraiment un problème les gens dans cette ville. Et son regard de pitié, il peut se le garder! J'enrage silencieusement et cherche une caisse libre, ou du moins pas trop rempli, des yeux. J'ai un faux mouvement quand je crois apercevoir l'enfoiré de l'autre soir, oui je veux bien dire Dean, le frère de Peter. Seulement de dos, je ne suis pas capable de dire s'il s'agit bien de lui. Je me rapproche donc bien décider à entrer dans sa file et pique la place d'une jeune maman qui allait s'installer. Je détail l'homme devant moi de dos, sa chemise blanche semble trop grande pour sa taille fine, mais comble parfaitement ce qu'il y a à combler de la musculature de ses épaules et de ses bras. Son jean est classique, mais renferme deux jolies petites fesses bien rebondies et enfin mon regard s'arrête sur ses boots. Bingo ! En me mordant la lèvre, je cherche une tactique pour lui faire payer ce qu'il m'a fait pendant que ce crétin regarde les chewing-gums goût fraise présenter sur le présentoir. Je manque de ricaner et cherche des yeux un peu partout puis enfin je vise ses fesses. Avec un petit coup, il ne devrait pas sentir grand-chose vu comment ses fesses sont rembourrées. D'un coup de bassin, je fais avancer mon cadi qui rebondit contre lui. Dean se retourne passablement excédé au vu des deux plis qui traversent son front comme les rails d'un chemin de fer et je commence mon numéro.

_Oups désolée, je n'avais pas vu.

Dean ouvre la bouche, prêt à contre-attaquer, mais la referme au dernier moment. Il penche ensuite la tête sur le côté et m'étudie minutieusement pendant plusieurs minutes...durant lesquelles je me liquéfie. OK, il fait flipper comme ça, peut-être que ce n'était pas le bon jour pour me venger finalement. Plus le temps passe, plus son analyse se fait insidieuse et le silence gênant. Compte-il me gêner jusqu'à ce que je meure de honte ? Dans ce cas, il ne sait pas à quel point je peux me montrer sans gêne. Je décide de le regarder droit dans les yeux.

_Spencer, quelle agréable surprise. Dit-il enfin.

_Pas réciproquement malheureusement.

_J'en suis désolé, je pensais plutôt qu'on avait bien accroché la dernière fois, et aujourd'hui...j'ai cru que c'était un signe. Dit-il en désignant le coup de cadi que je lui ai porté.

Il ne tarde pas à me montrer son fessier d'un doigt puis me sourit. Je plisse les yeux, à quoi est-ce qu'il joue ?

_Il y a des accrochages comme lorsqu'on se retrouve coincé au vêtement l'un de l'autre et puis il y a les accrochages comme une voiture qui à foncer dans une autre. Le nôtre était le deuxième cas. Répondais-je aussi sec.