XXIII : Panser les plaies et échapper à la réalité.

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DEAN

C'est comme une reconnaissance de deux âmes, de deux esprits perdus qui après s'être cherché l'un autre, se retrouvent enfin.

Le gazouillement des oisillons me parvenant de la fenêtre extérieure est la seule chose qui brise le silence religieux et apaisant de la pièce. Je souris en fermant les yeux pour écouter attentivement ce son, et pendant quelques instants, j'oublie que je viens sans doute de passer la pire nuit de ma vie. Tout tourne en boucle dans ma tête comme un horrible vieux film d'amour en noir et blanc. Qu'on ne se m'éprenne pas, je suis amateur du genre, mais pas dans la vie réelle. Je me revois toquer à la porte de Spencer avec l'air de me demander ce qui se trame. Si j'avais su, je n'y serais jamais allé.

Tout n'est que mensonge, m'a-t-elle dit.

Mais elle aussi a menti. Ils ont tous menti. Erin à prétendre vouloir être simplement mon amie, Spencer pour couvrir mes arrières alors qu'elle me laissait en plein danger et Camille pour...absolument tout ce qui a constitué les cinq dernières années de ma vie.

Je me souviens avoir foncé en voiture jusque chez moi, du moment où j'ai poussé la porte. Je savais qu'elle était à la maison, à m'attendre et faire semblant. Et dire que j'ai laissé faire ça pendant des années alors qu'elle m'a toujours mené par le bout du nez.

_Tu rentres enfin, je t'ai attendue toute la journée.

Encore un mensonge, me suis-je dit alors qu'elle quittait son plat de salade pour venir m'enlacer sur la pointe des pieds, les mains accrochées autour de mon cou.

_Quelque chose ne va pas ? Ma t-elle demandait en voyant que je ne répondais pas à son baiser. Par automatisme, je suppose, j'avais tout de même placer une main sur sa taille.

Une tonne de choses à vrai dire, mais je me suis contenté de répondre :

_J'ai quelque chose à te demander : est-ce que tu connaissais Spencer auparavant ? je veux dire avant de l'avoir rencontrée à Noël ?

Elle a penché la tête sur le côté et a émis un petit rire en secouant les épaules. Ce même petit rire que lorsque je lui demande toujours où elle a passé la journée et si elle était avec un mec. À chaque fois, elle ment.

Cette conclusion me serre la gorge et j'aurais préféré recevoir un coup de poing dans le ventre.

_Dean voyons, de quoi tu parles ? Bien sûr que non.

_Vraiment ? Demandais-je. Alors vous n'aviez pas fait vos études dans le même lycée ? Tu ne l'as jamais traitée de monstre ou ne l'as jamais laissée endosser la responsabilité d'un incendie que tu avais provoqué ? Tu n'as jamais dit à tes copains d'emmerder son frère et de se venger sur elle par la suite ?

Mes yeux m'ont brûlé comme jamais. J'étais sur le point de craquer en comprenant ce qu'avaient été les actes de Camille. Je suis sorti avec Camille lorsqu'elle était en dernière année de lycée, à ses 19 ans et je ne m'étais pas douté un seul instant de ce qu'elle faisait dans mon dos alors que j'allais la récupérer en voiture après les cours. Jamais, elle n'avait prononcé le nom de Spencer devant moi, jamais elle n'avait parlé d'une fille qu'elle n'aimait pas. Non, rien n'aurait pu me laisser croire à quelque chose comme ça.

C'est atroce. La douleur qui me pince le cœur, même pas en pensant que ma copine est un monstre, mais en réalisant tout ce qu'à du enduré Spencer par sa faute.

_Dean, a-t-elle dit. Je ne sais pas ce qu'elle t'a raconté, mais elle délire.

Elle a reculé de quelques pas, le teint plus blanc qu'à l'habitude et la voix plus aiguë. Malheureusement pour elle, je ne croyais plus un mot de ce qu'elle me disait. Je ne pouvais pas continuer à me voiler la face et ignorer les signes qui sont juste devant moi.

Again and More [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant