XXIV : N'importe où, où tu veux aller.

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SPENCER

Pour lui parler de moi, je pensais qu'une partie de moi suffisait, mais en réalité, j'ai besoin de tout lui dire. Du début à la fin.

_Je ne sais pas comment ça va être à l'intérieur alors prépare-toi. Me dit Dean lorsque nous arrivons devant chez lui.

Nous avons fait un rapide détour par chez moi afin que j'emprunte quelques affaires pour la nuit que je m'apprête à passer chez Dean et j'ai déjà mis les choses aux clairs dans ma tête : ce soir, il ne se passera absolument rien. On va juste dormir ensemble comme deux bons copains. Du moins, c'est ce que j'essaie de me faire croire. Dean passe la clé dans la serrure de la porte d'entrée.

Je n'aurais jamais cru qu'il habiterait ici, dans un petit quartier résidentiel, un peu plus haut que la station essence et pas loin du garage où travaille son frère. C'est mignon et paisible. Très différent des bruits de la ville, de notre ville. Ici, les jardins ont de l'herbe fraîche et coupée court, des dalles sont posées dans l'allée de la maison et les buissons sont taillés, rempli de minuscules baies rouges et les fleurs du type géranium sont mises en pot dans de grands vases de terre cuite. Il ne manquerait plus qu'une fontaine et autres statuts décoratives. J'observe l'arc de l'entrée, la grande porte blanche en Plexiglas et le système de sécurité. Même le grand portail bleu par lequel nous sommes entré est impressionnant. On pourrait croire à une maison de millionnaire.

_Je suis étonnée que tu n'es pas de nain de jardin. Dis-je à Dean avec l'air ironique.

_J'ai essayé, mais les gosses s'en servaient pour faire des minis Pères Noel.

La porte s'ouvre enfin et j'entre en pouffant de rire.

_Eh bien, ce n'est pas trop mal.

Je me décale, la vue mettant caché par son dos et aperçois un salon-cuisine ouvert, spacieux et agréable. Les murs de la cuisine sont dans les tons saumon et tout le reste est d'un blanc immaculé. Dean vit vraiment dans un autre monde que le mien. Puis j'aperçois les coussins en désordre et de nombreuses petites pilules au sol. J'attrape le tube et lis l'inscription dans ma tête. C'est quelque chose que je connais bien.

_Tu veux dire à part ça.

_Oh, non, ça c'est moi. Je me suis légèrement énervé.

_Légèrement, hein ?

_D'accord : j'ai pété un câble. Alors, ça te plaît ?

_C'est très joli, mais ce n'est pas avec mon salaire de juriste que j'aurais pu me payer une baraque comme celle-là et toi comment as-tu... ?

_Staton paie mieux ses enseignants que Liberty et on avait le droit à une prime tous les ans. Maintenant, c'est un peu plus difficile d'entretenir cette maison.

Dean m'attrape le flacon des mains et va chercher de quoi ramasser les pilules qui sont au sol. Il m'ordonne de prendre une douche et de me mettre à l'aise. Je pars donc dans la chambre de Dean.

Entré en ce lieu, même sans les affaires de Camille dans la pièce, c'est encore trop bizarre pour moi. Je veux dire qui pourrait croire que je passerais après ma pire ennemie et que je dormirais dans son lit ? Je jette un coup d'œil à celui-ci et grimace. Il est totalement exclu que je dorme dans les mêmes draps que cette traînée. Dean apparaît au bon moment sur le seuil.

_Quelque chose ne va pas ?

_Il faut changer les draps, dis-je. En fait, on devrait passer la totalité de la maison sous l'eau de javel et la désinsectisation. 

Again and More [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant